Du haut de ces pyramides (de Ponzi), il ne nous reste plus 40 siècles
Du haut de ces pyramides (de Ponzi), il ne nous reste plus 40 siècles.
Préambule
Après ce petit jeu de mot sur la phrase célèbre de Napoléon Bonaparte (reprise par le Jules César d'Asterix et Obélix) et avant d’attaquer le cœur de l’article il semble de bon ton de rappeler la définition d’une pyramide (ou chaîne) de Ponzi dans notre très usité mais parfois un peu léger Wiki (pédia pas leaks).
« Une chaîne de Ponzi est un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements effectués par les clients, essentiellement au moyen des fonds procurés par les nouveaux entrants, le système étant découvert et s'écroulant quand les sommes procurées par les nouveaux entrants ne suffisent plus à couvrir les rémunérations des clients1. Elle tient son nom de Charles Ponzi qui est devenu célèbre après avoir mis en place une opération basée sur ce principe à Boston dans les années 1920. »
Il y a suffisamment d’articles en tout genre pour détailler ce système, décrié depuis fort longtemps et pourtant régulièrement redécouvert avec une surprise quelque peu feinte.
http://www.sec.gov/answers/pyramid.htm
Les dernières en dates furent aux USA le tristement célèbre Bernard Madoff et plus récemment en France des ex gérant de portefeuille ou ex employé de banques peu scrupuleux.
On peut aussi soupçonner certains systèmes de « multi level marketing » d’être en fait des Ponzi.
Mais ces exemples de fraudes condamnables et condamnés ne sont que la partie émergée d’un iceberg qui n’est pas seulement lié à la finance.
Coté argent donc le système de Ponzi permet d’empiler la spéculation, permettant à celui qui l’organise et chacun des participant au moins des premiers) de récupérer plus que sa mise et de filler le bébé et l’eau du bain au suivant, le ou les derniers en lice se prenant tout dans la figure. Ces derniers souvent étant les dupes qui ne sont pas dans le secret du système.
La blague d’Attali sur les pantalons à une jambe qui ne sont fait que pour être achetés et vendus sans être portés est un exemple assez pertinent. (Dommage que Soral l’ai récupéré dans ses podcast …)
Vu la manière dont la dette et aussi les banques fonctionnent, on peut considérer que le système pyramidale est bien plus répandu que quelques escrocs identifiés.
C’est une bête fuite en avant dont on ne considère « hélas » qu’une des formes comme répréhensible.
Chapitre 1 l’Immobilier.
Les USA ont déjà vu s’effondrer leur marché mais nul doute que celui-ci vacille déjà dans d’autres pays et tout particulièrement leurs capitales.
Le principe est simple, récupérer les économies des gens et les faire emprunter un maximum à des taux usuriers pour leur permettre d’acheter des biens dont les prix flambent même si leur valeur en tant que produit ou leur qualité fait notablement défaut. De préférence cela marche encore mieux si les politiques encouragent par de l’argent public (lui-même issue d’un emprunt).
Si en plus les dits logements sont sur des zones inondables, qu’importe l’élu local agent immobilier facilitera les choses. La fraude pyramidale est donc aussi une affaire de lobby et de délit d’initié.
Comme traditionnellement la pierre est considérée comme sûre (allez donc dire ça aux habitants des zones de guerres et vous verrez) ces logements concernent de plus en plus les investissements ou résidences secondaires (placements pour résumer) et amplifient le phénomène y compris sur le marché de la résidence principale.
Le logement social est un échec cuisant (sauf pour les quelques élus en profitant), les gens se rabattent donc sur l’achat ou la location dans le privé ce qui accentue le mécanisme de l’investissement locatif spéculatif.
Cette fuite en avant continue de fonctionner pendant plusieurs cycle achat / vente tant que les vendeurs retombent sur leurs pieds grâce à la plus value fictive (pour emprunter plus encore) ou arrivent à louer au prix fort pour rentabiliser l’investissement jusqu’au moment ou il n’est plus possible de continuer. Les logements les plus surévalués sont alors les premiers à tomber et les propriétaires endettés se voient contraints de garder ou de vendre moins cher et donc de faire faillite au moins en partie.
L’effet est plus ou moins fort en raison des permissivités accordées (taux d’endettement accordé et revente des emprunts pourris) ou du marché de l’immobilier disponible. Mais à l’échelle globale le résultat est le même.
Chapitre 2 Second exemple : les études et prêts contractés
Avec les études de plus en plus longues dans des villes de plus en plus chères, les étudiants qu’ils soient inscrits dans des études privées payantes ou pas n’ont pas toujours d’autre choix que de souscrire des emprunts ou de travailler. Là encore c’est outre atlantique que la pyramide est sur le point de péter.
Souscrire un emprunt étudiant s’appuie sur le paradigme suivant : faire des études valorisantes permettant d’obtenir un poste rémunérateur pour rembourser.
Cela ne marche que tant que le marché de l’emploi fonctionne, les pays industrialisés ont bien vu leurs emplois peu qualifiés être délocalisés, mais la majorité des gens n’a pas anticipé que les pays émergents ont désormais eu aussi des ressources qualifiées. La mondialisation, les études à l’international et le marché des pays des ex blocs communistes sont en train de se positionner sur le marché des cadres.
Si le marché de l’emploi s’effondre alors les emprunts ne peuvent être remboursés, si certains emprunts sont liés à des états ou institutions (encore de l’argent de la dette publique) la situation est déjà très gênante, mais les banques outre atlantique ont aussi proposé des emprunts usuriers en rapport avec le coût des études là bas et ce cocktail explosif ressemble fort à des « mini » subprime.
Tant que l’on conçoit et commercialise des voitures qui ne sont plus faites en France, c’est tant pis pour les ouvriers mais les cadres s’en foutent … mais c’est sans compter que tôt ou tard les pays moins chers sont ou seront capable de les concevoir, les vendre. Que nous restera-t-il ? Des maisons à vendre et des familles sur la paille ?
Chapitre 3 Coté dette des états :
La mode moutonnière des ultralibéraux et les lobbies associés de faire passer la dette dans le giron des banques a eu pour effet d’amplifier les taux que les états doivent. C’est surtout flagrant à partir de 1973 et des différents traités (souvent entérinés dans le mépris de l’expression des peuples).
Ajoutez à cela le fait que les banques furent autorisées à prêter bien plus qu’elles ne disposaient en liquidités (un rapport de 6x).
Arrêtez-moi si je me trompe mais les états se doivent de bien gérer l’argent mais ce ne sont pas des entreprises …
Du coup le raisonnement est de considérer que la croissance à toux prix sera le levier pour payer. Bref comme pour le logement tabler sur une plus value non garantie pour rembourser.
Au final alors que nous aurions du rembourser déjà la dette, nous n’arrivons qu’à payer des intérêts qui s’accumulent. Tout cela pour quoi ? Pour au final redécouvrir que les banques fédérales ou nationales peuvent racheter la dette …
Au final les banques une fois de plus se retrouvent avec de l’argent dont elles ne reverront sans doute pas la couleur ou alors au prix fort payé par les populations. Or avec la manie de manipuler les dettes et vendre les emprunts cet argent quasi virtuel a servis pour enrichir certains mais aussi permettre les banques de proposer d’autres emprunts aux citoyens qui se retrouvent alors cernés de toute part.
Le must du must est peut être d’encourager les traders à dépasser les limites quitte à les réprimander si ils échouent. Si en plus on peut profiter du scandale pour faire passer comme une lettre à la poste d’autres pertes allons-y.
Dans cette histoire les banques ne sont pas seules responsables, les politiques y sont mêlés.
Les conflits d’intérêts mêlant politiques et affairistes sont tout aussi impliqué dans la fuite de l’argent de l’état. Rémunération des nombreux élus, emplois fictifs, fausses facturations, entreprises liées à des hommes politiques qui récupèrent des marchés permettent de ponctionner l’état toujours un peu plus.
Si en plus on peu lancer des guerres pour enrichir les sociétés de certains et le tout aux frais de l’état alors c’est tout bénéfice.
Il suffit même seulement surfer sur les tensions et les besoins sans cesse croissant de la défense pour demander des sommes astronomiques sur des projets dont on ne sait quelle proportion a réellement servi ni quelles corruptions ils ont entrainés. Alors tout le monde est content, enfin tous les initiés de la question, nous autres nous signons juste les chèques au trésor.
Chapitre 4 Coté environnement :
C’est une belle pyramide que de sans cesse repousser au lendemain en l’occurrence aux générations futures des questions de fond qui risquent de prendre des décennies pour être résolues.
Fabriquer des objets durables ? Surtout pas il faut pouvoir suivre la croissance aveugle et donc vendre encore les dits objets plutôt que de les changer. Beau gaspillage de matières et d’énergie. Peu importe si l’employé travaille que son petit fils tombe malade.
Soignons le cancer plutôt que de pointer du doigt les causes. Si un produit n’est pas toxique à court terme vendons le, nous pourrons en vendre un max au moins jusqu’à ce qu’il soit interdit et ce même si l’on a déjà des soupçons.
Si vous avez acheté dans une zone sinistrée par un désastre écologique c’est bête, enfin peut-être les assureurs auront-ils encore des sous … Rassurez vous la faillite personnelle est autorisée cela aurait pu être pire.
Le paradigme presque « shadokien » du secteur automobile fut extraordinaire : appuyons-nous sur le fait que ceux qui fabriquent les véhicules les achèteront. Qu’importe si les ressources énergétiques ne sont pas illimitées on pourra toujours faire des intérêts d’ici là.
Chapitre 5 En entreprise :
Dans cette ambiance de pression sans cesse croissante teintée de crainte du déclassement, les gens surfent sur les turn-over ou les inerties. Pourquoi avancer mes tâches si mon chef saute dans 3 mois ? Puisque je suis prestataire vendu par un marchant de viande pourquoi m’impliquer ? Si je peux faire de la rétention d’information pour éviter qu’on me remplace autant le faire.
Le commercial n’est rémunéré que sur le contrat qu’il gagne, pas sur la faisabilité de ce qu’il a vendu. Après l’on s’étonne que les airbus se fissurent, sont livrés en retard. Ce n’est pas son problème.
Chapitre 6 L’alimentation :
Produire des matières premières alimentaires avec sans cesse plus de pression contraint à choisir entre le modèle bio risqué et la course aux pesticides et OGM.
Qu’importe que l’on achète loin à des prix dérisoires des produits dont la traçabilité est douteuse, cela permet de faire baisser les prix.
Reste à l’état ou les fédérations d’aider les agriculteurs à boucler les fins de mois puisque leur travail ne permet pas toujours d’en vivre.
Combien de gens s’empilent au dessus des producteurs pour gratter un peu de marge ? Distributeurs, transporteurs, commerciaux, géants de l’agro alimentaires surfant sur la mode du bio à grande échelle ou jouant sur les étiquetages.
Comme la population augmente et que les autres placements sont surfaits, ajoutons donc les spéculateurs et autres traders de tout poil. Spéculer sur les biens élémentaires de vie/survie c’est légal mes amis ... mais peu moral.
Chapitre 7 Cerise sur le gâteau en France nous avons le système de retraite par répartition ! Une autre pyramide !
Ce système au point au lendemain de la guerre ne peut plus fonctionner comme jadis.
Le paradigme fut simple : beaucoup d’actifs jeunes payant les retraites des vieux.
Sauf que … plus de vieux et des jeunes travaillant de plus en plus tard (pour ceux qui y parviennent) … le tout dans des pays où l’emploi ne va pas en allant mieux sauf à coup d’emplois subventionnés encore par la dette.
Alors évidemment vous allez me dire la fin de la répartition a déjà été anticipée, oui mais auprès de qui ? Banques et assurances à travers des produits plus ou moins viables ou l’achat de la pierre ô joie et allégresse la boucle est bouclée !
Conclusion :
Toutes ces pyramides aussi peu viables les unes que les autres sont visiblement la preuve que notre société, obstinée qu’elle est de faire de l’argent avec l’argent ou du vide dans l’instant présent, laisse aux suivants ou en tout cas à d’autres le soin de se démerder lorsqu’il sera trop tard.
Après moi le déluge comme le disait parait-il Louis XV, il ne s’était pas trompé d’ailleurs…
Et justement l’ambiance actuelle de fébrilité laisse penser que nous arrivons à une impasse où plusieurs des pyramides vont s’effondrer.
Avec une population croissante arrivant à saturation et des agitateurs de tous poils cela ne saurait tarder. Trop peu de ressources, trop de spéculateurs et tant de tensions la recette de la régulation démographique la plus vieille du monde : la guerre civile ou étatique peu importe.
Avec un peu de chance les profiteurs sauront louvoyer entre les coups, profiter des évènements pour détourner le regard des peuples sur d’autres priorités, et peut-être même s’enrichir.
Un doute m’assaille avec les millénaires avons-nous sélectionné au fil de l’évolution les profils profitant par nature sur système dès qu’ils le peuvent, parasitant des sociétés complexes au contraire des microsociétés chères à Levi Strauss chacun doit avoir sa place.
Mais que mangerons nos descendants ? Des serveurs bancaires, des billets, des déchets ou encore leurs semblables comme dans « la Route » ou « soleil vert » ?
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