« IVG mon amour ! »
Nous étions le 17 Janvier.
Il y a 40 ans était promulguée la loi Veil, qui donna lieu à cette intervention de Simone Veil :
« Je le dis avec toute ma conviction : l'avortement doit rester l'exception, l'ultime recours pour des situations sans issue. Mais comment le tolérer sans qu'il perde ce caractère d'exception, sans que la société paraisse l'encourager ? Je voudrais tout d'abord vous faire partager une conviction de femme - Je m'excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d'hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement. Il suffit d'écouter les femmes. »
Les 40 années qui suivirent furent l'effondrement de cette "conviction de femme" exprimée. Alors que l'IVG est brandie comme un droit inaliénable de la femme, aucun renoncement ni de la science, ni ni de la morale, ni de la raison, ni de la considération, ni du respect, ni de la compassion, ni de la mesure, ni de l'alternative, ni de la remise en cause n'aura été épargné, et n'aura eu raison du broyeur infernal. Comme tout passe-droit mortifère, l'IVG était une boîte de pandore, devenu un engrenage.
Ce qui devait être un texte de loi est devenu dogme, précepte, religion.
L'IVG n'est et ne peut être un droit. Mais le dire, c'est blasphémer.
Pour vous ici, je blasphème.
D'une souffrance niée par personne...
Je n'ai aucune prétention à vouloir remettre en question les douleurs et les souffrances d'une société qui en est arrivée à autoriser l'IVG. Nous le verrons plus loin, l'ambition de cet article n'est pas de légiférer dans le but de pénaliser, et encore moins de manière lourde, la pratique de l'IVG.
Le coeur de cet article est de dissiper les enfumages répétés autour de la question de l'IVG. Le simple fait que ces enfumages persistent s'explique sous la clé du bon sens. L'IVG ne peut être exalté que si on l'enrobe et on l'entoure d'une foultitude de considérations proprement erronnées, si on cache sous le tapis ses effets pervers et néfastes, et si on fait taire ceux dont la voix est discordante. Dont la mienne ici. Et nul doute que les innombrables défenseurs des "droits de la femme" d'agoravox et du web se lâcheront suite à cet article. En effet, l'IVG est une vache sacrée, un Dieu, un dogme, symbole même d'une vision mortifère érigée en principes humanistes, de surcroit exhaustifs. Et ils ont réussi, il est vrai, à faire de cette question un point unanime de la liberté des femmes.
Oui, il est des situations ou l'interruption volontaire d'une grossesse est nécessaire. Nous verrons lesquelles sont défendables, lesquelles sont ambigües, lesquelles sont douteuses, et lesquelles sont scandaleuses. Oui, il est vrai que des femmes gagnent à subir un avortement dans des conditions cliniques dignes plutôt que de le faire artisanalement, dans des conditions déplorables. Et j'avoue volontiers que la détresse de certaines femmes laissent parfois peu de places aux alternatives. Et comme à l'accoutumée, il est difficile de préserver intacte la raison quand l'émotion et la souffrance sont brandies en armes incontestables et fondement de certitudes.
Pour autant, il y a un écart, pour ne pas dire un grand écart, entre la volonté de répondre à des situations exceptionnelles, objet de la loi Veil, et ce qu'on vit aujourd'hui. Ce grand écart, c'est entre celui de la compassion et du cynisme, et entre celui de la civilisation et de l'archaïsme.
Une société civilisée ne répond pas à la détresse par le déni. Elle cherche à répondre aux situations individuelles sans porter atteinte au bien commun. C'est un équilibre délicat, pour ne pas dire chirurgical. En clair : l'avortement devait être une réponse d'orfèvre. Aujourd'hui, là où il eut fallu l'habileté au bistouri, le planning familial opère à la hache et au taille-haie.
...Au reniement de l'être.
Je veux reprendre ici le fondement. En commençant par le début du début de la vie. Nous sommes tous d'accord : légalement, le code civil est attribué à la naissance, qui fait que la personne est reconnu comme membre à part entière de la société quand elle parvient à s'extraire, vivante, du ventre de la mère. Ceci est le cadre de la loi.
Mais la loi n'est pas la science, et la loi ne décide pas du fait qu'un organisme soit un être humain ou non.
Je laisse les ânes brandir des convictions religieuses pour répondre à cette question, dans un camp comme dans l'autre. Il n'y a pourtant aucune ambiguïté. Et s'il est encore quelque esprit parvenu à s'extraire du déni contemporain, pas ou peu de personnes saines d'esprit peuvent défendre le fait que l'oeuf, l'embryon ou le foetus n'est pas un être humain. Tout ceux qui disent l'inverse s'y cassent les dents. Certains évoquent le moment où le coeur bat (4ème semaine), d'autres la constitution du cerveau (à la 5ème semaine). Déjà à ce stade, on pourrait se questionner des délais d'autorisation des IVG. Mais la loi n'en a que faire. La loi se fiche de ce à quoi on touche. La loi a fixé 23 semaines en France, d'autres délais ailleurs, complètement arbitraires, qui suggère plutôt un délai en dessous duquel il n'est pas encore trop horrible d'intervenir.
Pour la suite de ce passage, considérez que l'usage du terme "embryon" vaut aussi pour l'oeuf, et le foetus. Car les questions ne concerne pas le stade de développement, mais le début de la vie (ou non).
Qu'on considère qu'ils s'agisse d'une personne ou non, la première question est en réalité : l'embryon est-il un être humain ? Et ne prétendez pas qu'on se fiche de la réponse à cette question, car elle est fondamentale dans la perspective des questions et réponses qui suivront.
Et la réponse est sans appel.
1. S'il est un être vivant, comment peut-on affirmer que l'embryon n'est pas humain ? Nous parlons ici de l'espèce. Elle ne fait aucun doute dès les premiers instants de la vie. C'est une réalité scientifique, bien que bon nombre de personnes aient renoncé à la science quand on parle de l'IVG. En clair, si on souhaite mettre en doute la question de l'être (sous-entendu "être vivant"), il est tout à fait déraisonnable de nier l'espèce de cette "chose" dont on parle, à savoir l'embryon.
2. La question est alors : s'agit-il d'un être vivant ? C'est là que commence le début du cirque. Dans toutes les autres espèces (à quelques exceptions près, mais je n'ai pas souvenir que l'homme en fasse partie), un gamète mâle rencontre un gamète femelle qui fusionne en un zygote. On apprend cela au lycée. C'est ainsi que s'opère alors la fécondation, point de départ d'une nouvelle vie.
En réalité, à l'issue de la fécondation, on a bien un être vivant.
Je ne vous fait pas de dessin. Un être vivant de l'espèce humaine, on appelle cela un être humain.
Il y aura sans doute des plus scientifiques que moi pour dire : "N'importe quoi !".
Francis Kaplan en a même fait un bouquin, dont le subterfuge est tellement grotesque qu'il aura vite fait de confirmer plutôt que d'infirmer ce que j'affirme là. Kaplan nous explique, en résumé, que l'embryon n'est pas un être vivant car hors de sa mère, il ne peut pas vivre. Kaplan rejoint alors tous les théoriciens de l'IVG d'il y a 20 ou 30 ans ans. L'explication est nette et précise : l'embryon est un être humain si la mère le souhaite (qui devient alors le "projet parental", qui a pouvoir de faire ou défaire l'être), car c'est ainsi qu'il sera mené à son terme. Sinon, c'est un "amas de cellule". Je dois avouer que la science a beaucoup de mystères. La bêtise aussi. Ce qu'il ne dit, pas, c'est ce qui se passe si l'embryon sort de sa mère ? Et je me permets de vous le dire : à n'importe quel stade, il meurt. Sans vouloir gâcher le travail ce de ce grand "scientifique" (au final plutôt philosophe), pour mourir, il faut être vivant.
Peu de gens racontent ces âneries de Kaplan aujourd'hui, l'IVG étant communément admise comme un droit sensationnel de la "liberté de la femme", on n'en a plus besoin. Seuls quelques extrémistes féministes ou LGBT sont assez bien form(at)és pour croire que l'intention fait l'être, et pour sortir encore ce type d'argument. Pathétique et stupide s'il en est. Je ne poursuivrai pas l'analogie avec quelqu'autre théorie tout autant stupide affirmant que l'intention fait l'être. Suivez mon regard.
En réalité, on fait semblant de croire qu'il y a un doute. Mais il n'y en a aucun. Dès la fécondation, nous avons à faire à un être vivant, dont on connait scientifiquement l'espèce sans la moindre hésitation : un être humain.
Le point de départ de la vie est la fécondation, en tout cas sans ambiguité chez l'être humain. La question concernant l'IVG n'est donc pas de savoir si on tue un être vivant : c'est bel et bien le cas, ne vous en déplaise. Et mes convictions religieuses ou les vôtres n'y changeront rien. La nature et le réel sont coriaces. 40 ans n'y ont pas suffit : le procédé d'apparition d'une vie ne s'est pas adapté à la modernité...
La seule question concernant l'IVG est celle-ci : est-il légitime de tuer l'embryon ?
La question elle-même peut être légitime. Le fait d'avoir le droit ou non de tuer l'embryon peut se poser en fonction des circonstances, et rentre cette fois-ci non pas dans le champ scientifique, mais dans le champ philosophique.
Une IVG indéfendable.
Or, s'il est acté que nous avons là affaire à un être humain (et c'est le cas), il me semble un peu présomptueux d'affirmer qu'indépendament des circonstances, l'IVG est légitime, et qu'il existe un droit transcendant les situations difficiles, pour autoriser n'importe quelle femme à supprimer n'importe quelle vie humaine pré-natale, pour n'importe quel motif.
Fondamentalement, il semblait qu'"aucune femme ne recourt de gaïeté de coeur à l'avortement". Je n'ai aucun mal à le croire. Par contre, certaines s'en donnent à coeur joie pour en faire l'alpha et l'oméga de la liberté des femmes, dans une spirale où l'avortement n'est plus le dernier recours d'une voie sans issue mais la banale contraception de ceux qui auraient mal maîtrisé la leur.
Seulement, l'IVG n'est pas une contraception. On y revient toujours : il s'agit de supprimer une vie, et c'est pour cela que le motif est essentiel.
En réalité, nous pouvons discuter de ces situations. Je m'excuse auparavant auprès des femmes ayant avorté qui me liront. J'ai à coeur de décrire cette réalité non pour culpabiliser qui que ce soit, mais pour enfin lever le lièvre des fumisteries féministes concernant l'avortement. Je ne sais pas quelles pressions subissent celles qui avortent, et je n'ai pas la prétention d'en juger. Je parle des faits, objectifs, quitte à parfois être pénibles.
- Les situations légitimes : lorsque la vie de la mère est en danger, entre alors une concurrence entre la vie de 2 être humains. Et face à ces situations, aucune solution n'est bonne ou mauvaise. L'avortement est l'une de ces solutions, au choix d'un personnel médical ou de la volonté de la mère, si elle est consciente et lucide. Il n'y a pas débat selon moi, personne n'aurait à être poursuivi dans une telle situation.
- les situations ambigües : certains actent que le viol débouchant sur une grossesse devrait autoriser l'avortement de l'embryon. Fondamentalement, l'embryon n'est pas responsable de ce qui a pu se passer. Alors certes, la douleur est immense, je n'en doute pas. Certes aussi, la vie de cet enfant n'en sera pas facilitée. Mais quelles autres solutions s'offrent si l'on souhaite préserver la vie de cet enfant ? (Et pour le coup, celui qui s'en moque me semble tout autant inhumain que celui qui méprise la détresse de cette femme). Notre société n'a-t-elle aucune autre solution à offrir que l'IVG ou laisser la mère livrée à elle-même ? En l'état, notre société poussera à l'avortement sans autre forme de procès. On ose tout de même prétendre qu'on aide à un choix libre pour ces femmes ?
La situation est délicate, et entre dans des champs psychologiques lourds, d'accompagnement et de discernement. IVG ou non, nie-t-on que les femmes subissant un viol aient besoin d'être accompagnée. Quelle place (et quelle chance) donne-t-on à l'enfant et au lien intrinsèque avec sa mère ?
- les situations douteuses : une carrière ? des problèmes financiers ? des projets compromis ? Il n'est pas nouveau de constater que l'arrivée d'un enfant, surtout inattendu, créé des contraintes. A mes yeux, cela ne justifie absolument pas d'avorter en de telles situations. Il s'agit d'un être humain, qui n'est pas arrivé là par hasard. Les situations sont nombreuses, mais qu'on ne me fasse pas croire qu'un enfant non désiré et inattendu n'a d'autres solutions que de se voir être supprimé. Revoir ses projets et intégrer cette nouvelle donne, parfois au prix de sacrifices, cela s'appelle la civilisation. Supprimer ce qui dérange est le mécanisme même de l'archaïsme. Je m'excuse si j'heurte les sensibilités féministes (et si peu féminines), mais affirmer en 2014 qu'un enfant est un problème, ou un accident est proprement sidérant, et relève d'une régression sociale choquante. L'enfant imprévu n'a rien demandé à personne, et quoiqu'on dise, la personne revoyant à la baisse ses ambitions, portant sur elle le poids de nouvelles dépenses, et relativisant ses projets, celle-là est adulte et responsable devant les faits, bien plus que celles et ceux qui poussent à recourir à l'avortement, banalisé et donc systématisé en pareilles situations. Bien souvent d'ailleurs, la volonté d'IVG ne vient pas en premier lieu de la femme en de telles circonstances.
J'ai découvert que ce type d'avortement avait un nom. Un nom à vomir. On appelle ça les avortements "LifeStyle".
Quand je pense qu'on blamait ceux qui parlaient d'"avortement de confort"...
Je ne m'étends pas sur le sujet qui en découle. Les conséquences traumatiques sur les femmes sont connues. Là encore, les féminisites ont leur réponse toute faite. Ces salauds qui pensent comme moi culpabilisent, et forcément, elles sont alors traumatisées. Quand bien même ce serait le cas, quelles réponses leur apportent-on ? Hormis le bine fondé du "droit à l'IVG"..
Encore des souffrances piétinées dont on se fiche. Belle la vision de la "femme libre" féministe. Avortons, c'est l'essentiel.
- les situations scandaleuses : en français, on appelle ça de l'eugénisme. Autrefois, cela avait une conotation péjorative. Mais on a déjà tellement franchi le rubicon dans ce domaine qu'on aurait bien tort de se formaliser. Le constat est simplement effroyable. Ce sont 96% des enfants détectés comme étant trisomique qui passe sous la faux du droit à l'IVG. D'autres sont supprimés pour des becs-de-lièvre, quand on sait ce que fait la médecine de nos jours... C'est une belle réussite. Supprimer les handicapés plutôt que les handicaps, avant qu'ils naissent, voilà une idée excellente. Le fait de voir s'isoler de plus en plus les familles accueillant des personnes handicapées est une autre affaire. Et certainement pas celle du planning familial.
Sur ce point, nous en sommes arrivé à une monstruosité. Je pèse mes mots : il est inconcevable dans un pays civilisé de juger de la vie d'une personne sous prétexte qu'elle serait handicapée. Les contre-exemples sont récurrents. En réalité, c'est notre propre horreur du handicap qui achève un par un ceux dont le génôme ne convient pas, où dont on détecte les risques de problèmes futurs. Triste réalité d'un eugénisme noyé dans les responsabiltiés collectives. Il faudra bien un jour que nous regardions cela en face.
Cependant, afin d'évoquer les responsabilités, j'en appelle en tout premier lieu au planning familial. Qu'il cesse de mentir et tromper les femmes sur la contraception, l'avortement, et les conséquences. Les femmes sont libres si elles savent et comprennent. Quand je consulte le site internet http://ivg.planning-familial.org/ pour le voir manipuler et mentir aux jeunes femmes avec ce genre de questions aux réponses affligeantes :
http://ivg.planning-familial.org/articles/des-idees-recues-0029
je me demande bien où est la satisfaction à voir se multiplier les avortements. Qu'on laisse les femmes choisir, vraiment. L'avortement est une réalité difficile, pénible, et Simone Veil le savait. Le planning familial se fiche de ce que deviennent les femmes qu'elles poussent au bloc. Ces vieilles femmes aigries pour la plupart n'ont que faire de ce qu'adviennent les jeunes filles. Leur combat est idéologique.
L'IVG n'est pas un droit.
S'il s'agit de laisser le champ libre à qui souhaite avorter, s'il s'agit d'un droit, alors soyons cohérents : ne remboursons plus les IVG. Ce n'est plus du ressort de la "santé".
Si vous n'êtes d'accord avec rien de ce que j'ai écrit auparavant, alors ce passage vous achèvera. La femme qui brandit l'IVG comme droit n'est pas celle qui subira des pressions si elle n'avorte pas. Ce n'est pas elle qui subit le traumatisme post-ivg. Ce n'est pas elle qui se formalise de la dérive eugéniste de ce droit.
J'ai écrit cet article, et je vais maintenant me faire lyncher. J'ai touché à l'IVG comme si on avait touché à la femme. Peu importe que certaines vivent encore dans leur chair les IVG passées. Peu importe que d'autres s'entendent dire que cet enfant trisomique qu'elles ont choisi de garder aurait dû y passer. Peu importe qu'elles soient jugées, femmes seules, d'avoir gardé un enfant supplémentaire à s'occuper. Peu importe que des hommes baisent puis partent. Peu importe que d'autres souffrent du poids d'un IVG. Peu importe que des médecins vivent mal de les pratiquer. Peu importe qu'on jette les jeunes filles dans une contraception mal maîtrisée (la sacro-sainte pilule) puisqu'elle pourront ensuite avorter. Peu importe qu'un père n'ait aucun poids dans la suppression d'une vie qu'il a engendrée. Peu importe, peu importe, peu importe...
On ne libère que si on informe, certainement pas quand on cache, nie, manipule, ment ou transforme la réalité des choses.
Quoi qu'on en pense, la réalité, factuelle, demeure celle-ci : l'IVG coûte 220 000 vies par an. Cela dépasse toutes nos désespérances.
En conclusion, je vous partage ce poème réalisé il y a quelques temps. Je me fiche de ceux qui passeront à côté. Le talon d'achille de l'avortement est l'avortement lui-même. Et il existe assez de femmes libres dans ce pays pour entendre un autre discours que les manipulations de certaines excitées.
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