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Les progressistes doivent-ils avoir peur de l’histoire de France ? par Georges Gastaud #identité #nationale

 

Doit on avoir peur de lhistoire de France ? Georges Gastaud philosophe et secrétaire national du PRCF propose une construction progressiste du récit national

Par Georges Gastaud [1]

Alors que la direction « eurocommuniste » du PCF-PGE a renié le drapeau rouge frappé des « outils » et qu’elle tient soigneusement le drapeau tricolore à l’écart des manifs populaires –, alors que le NPA n’a jamais remis en question le mythe trotskiste et supranationaliste des « Etats-Unis d’Europe » (que Lénine dénonçait déjà en 1916 comme une duperie social-impérialiste), la proposition de J.-L. Mélenchon d’affronter pcf-logo-pgepubliquement Sarkozy sur la question de l’histoire de France, a donné prétexte à MM. Laurent, Chassaigne et Dartigolles (PCF-PGE), ainsi qu’à M. Olivier Besancenot (NPA), tous unis dans un même élan mélencho-phobique, pour dénoncer un candidat « indépendantiste » trop attaché selon eux à la nation et au « récit national » français[2]. Mais de vrais progressistes, et a fortiori, des communistes, doivent-ils avoir peur de l’histoire de France ? Ne convient-il pas au contraire d’associer dialectiquement l’approche progressiste de l’histoire de la nation aux débats urgents sur les perspectives d’avenir du mouvement populaire ?

1. De l’arrière-plan politicien des polémiques euro-« communistes » sur la question nationale.

PCF pierre laurent hollande droite européenneLe tir de barrage déclenché par les milieux eurocommunistes sur la question de l’histoire nationale est principalement nourri par ceux qui, à la direction du PCF-PGE, travaillent aux « retrouvailles des deux gauches », notamment à l’occasion des présidentielles. C’est ce que vient de rappeler André Chassaigne, le chef de file des députés PCF : du même mouvement, le député du Puy-de-Dôme a annoncé sa possible candidature au présidentielles et a vertement attaqué Mélenchon, érigé en principal diviseur de « la » gauche. Mais pour conforter la stratégie électorale « unitaire » du PCF-PGE, qui vise clairement à rabouter la gauche populaire (laquelle combat les directives européennes), à la « gauche » atlantico-maastrichtienne de Valls (laquelle exécute, voire aggrave les euro-diktats !), le PCF-PGE doit évidemment continuer de célébrer l’introuvable « Europe sociale, pacifique et démocratique » (un mot d’ordre qu’elle partage avec le PS), de vendre au bon peuple la dérisoire « réorientation progressiste de l’euro », et de promouvoir la non moins improbable « refondation démocratique de l’Europe » dans le cadre de l’UE : un exercice acrobatique au moment où l’UE assume agressivement son ancrage impérialiste en affichant, contre la Russie, son « partenariat stratégique avec l’OTAN ». Porteuse d’un tel paquet « euro-constructif »[3], la direction du PCF-PGE ne peut évidemment que refuser tout ce qui l’amènerait à lutter si peu que ce soit pour la reconquête plénière de notre souveraineté nationale (politique, monétaire, budgétaire, sociale, économique, militaire, diplomatique… et, plus largement, culturelle au sens gramscien du mot !). Impossible donc pour cette direction euro-compromise et socialo-dépendante de relever le gant pour combattre frontalement la relecture xénophobe que les Wauquier, Guaino et autres Sarkozy voudraient imposer de l’histoire de France avec plusieurs « buts de guerre » ultraréactionnaires : diviser les travailleurs, concurrencer le FN sur sa droite, et surtout, susciter une diversion pseudo-patriotique et pseudo-historique, voire pseudo-mémorielle, à la dissolution rapide de la République française dans l’Empire euro-atlantique du capital…

juncker UE dictature europePourtant, le caractère foncièrement inamendable de la « construction » euro-atlantique, au principe de laquelle adhèrent, PCF-PGE en tête, les dirigeants boboïsés d’une certaine gauche dite alternative, relève de l’évidence la plus textuelle : si l’on en doute, que l’on veuille bien nous expliquer comment une UE que ses traités constitutifs définissent comme une « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée  », pourrait tolérer la moindre évolution de l’ainsi-dite « Europe », ou simplement, de l’un de ses Etats-membres, vers le socialisme, voire vers une forme timide de néo-keynésianisme ou de nationalisation démocratique… Sauf pour MM. Laurent, Chassaigne et Dartigolles, il est clair que le dispositif supranational de l’UE est verrouillé de manière totalitaire[4] pour prohiber la marche au progrès social ; c’est d’ailleurs ce que reconnaissait naguère l’ultralibéral Alain Madelin quand il présentait cyniquement Maastricht comme une « assurance tous risques contre le socialisme ».

plan A plan B sortie de l'UE europe PRCFDès lors, épouvanté(s) par la formule (en progrès mais pas encore dénuée d’équivoque…) de Jean-Luc Mélenchon selon laquelle « l’UE, on la change ou on la quitte ! », le PCF-PGE (et, plus anecdotiquement, le NPA) redoutent surtout que progresse si peu que ce soit dans les masses, à la faveur d’une candidature « indépendantiste de gauche » talonnant ou devançant le candidat PS, l’idée virtuellement révolutionnaire d’une sortie de l’UE-OTAN par la porte à gauche : car les vertueux « internationalistes » bleu-étoilés qui dirigent le PCF-PGE veulent à tout prix préserver les prébendes institutionnelles du Parti de la Gauche Européenne (PGE) que préside P. Laurent[5] ; les dirigeants euro« communistes » veulent en outre ménager leurs bonnes relations avec les gens bien de la petite gauche « alter-européiste », quand bien même celle-ci dispose actuellement d’une audience très voisine de zéro dans la classe ouvrière. Enfin, il leur faut collaborer (sous des prétextes ostensiblement « antinationalistes ») au démontage euro-libéral de l’Etat-nation français et des conquêtes qui lui sont historiquement attachées à la suite de plusieurs siècles de luttes humanistes, laïques, démocratiques et prolétariennes conclues notamment par les grandes avancées sociales que portèrent notamment le Front populaire, puis les ministres communistes de la Libération. Et comme un refus ostentatoire d’indépendance (nationale) à l’égard de l’UE peut cacher un refus (inavouable…) d’indépendance (politique  !) à l’égard du PS maastrichtien, on ne peut comprendre ces polémiques d’apparence théoriques sur l’histoire de France sans les rattacher à la volonté acharnée de certains appareils prébendiers en perdition d’atomiser, non pas « la gauche », mais la gauche de gauche au premier tour des présidentielles, de refuser la salutaire rupture entre les « deux gauches » (la première, tendanciellement populaire, républicaine et patriotique, et en cela virtuellement capable d’unir les classes populaires aux couches moyennes contre le grand capital ; la seconde, qui inclut l’appareil d’Europe-Ecologie, incorrigiblement euro-fédéraliste, atlantique, voire va-t-en-guerre[6] !), de travailler à « unir toute la gauche »[7].

PRCF affiche départementales UE vallsDès lors, qui ne voit qu’au-delà des polémiques pseudo-théoriques sur l’histoire de France et sur la « question nationale », le but que poursuivent certains apparatchiks euro- et socialo-dépendants est de plomber toute forme de dynamique franchement patriotico- progressiste se déployant sur la gauche du PS ? Ainsi permettraient-ils à Hollande d’accéder in extremis au second tour et de gagner à l’arrache contre le FN avec le soutien d’un « front républicain » jetant ses derniers feux[8]. Dans un tel schéma, les leurres politiques conjoints d’une « identité communiste » dé-marxisée (autour d’une candidature Chassaigne), d’un « rassemblement de la gauche »… derrière le PS, d’une « refondation européenne » en barbe-à-papa et d’un « barrage antifasciste » hollando-juppéiste au second tour, permettraient in fine à ceux qui, dès longtemps, ont préféré au combat de classe la lutte des places et ses « donnant-donnant », de quémander auprès du PS, pour juste prix de leurs efforts « unitaires », de salvatrices « candidatures uniques de la gauche ». Lesquelles sont censées préserver de l’élimination définitive (du moins certains le croient-ils !) les ultimes députés du PCF : comme disait Bachelard, l’expérience ne peut rien contre le rêve…

Bref, derrière le baratin pseudo-internationaliste et « antinationaliste » des dirigeants du PCF-PGE, les communistes et les progressistes doivent apprendre à décrypter les manigances d’appareils cherchant à sauver leur part de marché politico-idéologique sans le moindre souci de la classe ouvrière, de la nation et de l’urgente reconstruction d’un vrai parti communiste !

2. A propos des reproches contradictoires adressés à J.-L. Mélenchon par les dirigeants du PCF-PGE

Concernant l’acte d’accusation dressé contre J.-L. Mélenchon par les étoiles de l’euro-trotskisme et de l’euro-« communisme » rose vif, notons d’abord leur formulation syntaxiquement douteuse (M. Dartigolles « préfère un débat entre historiens qu’un débat instrumentalisé », M. Besancenot cultive un faux « parler-peuple », comme si les ouvriers auxquels il s’adresse méprisaient la langue française autant que lui ! – Cf document reproduit ci-dessous). Remarquons en outre que ces accusations sont pétries de mauvaise foi. Débattre avec Sarkozy a-t-il jamais signifié le cautionner ? Aborder une question signifie-t-il écarter les autres ? Et l’ex-député communiste André Lajoinie n’a-t-il pas débattu jadis avec Le Pen dans le but de le démasquer ? Du reste, l’éloquent André Chassaigne se déroberait-il au devoir d’affronter Sarkozy si ce dernier lui faisait l’improbable « fleur » politique de lui accorder un face-à-face télévisé ?

europe sociale PCFQuant au reproche dartigollien adressé à J.-L. M. de mettre au centre du débat politique le faux problème de l’identité nationale (sous-entendu, aux dépens du débat social), il contredit tout l’héritage du PCF patriote et internationaliste de Pierre Sémard, de Jacques Duclos, de Danielle Casanova et de Missak Manouchian, lesquels n’eurent de cesse d’associer la défense de l’indépendance nationale à celle du prolétariat mondial. Que l’on consulte l’article lumineux Race, peuple et nation de Georges Politzer, qui sera par la suite fusillé par les nazis ; que l’on relise les écrits tout à la fois scientifiques et vibrants de patriotisme qu’écrivit l’historien-résistant Marc Bloch, et l’on verra si Politzer – qui était issu de l’immigration – , ou si M. Bloch, qui était d’origine juive et que persécutèrent les pseudo-patriotes de Vichy, refusaient d’évoquer haut et fort la question de l’histoire nationale, de la lier sans PCF-PartiDesFusilléssimplification ni caricature à l’histoire socio-économique de notre pays, de rappeler que « la nation, c’est le peuple » (Politzer) ou de citer le mot de Jaurès « un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup d’internationalisme y ramène ». Qu’on se souvienne aussi que Maurice Thorez fut ovationné par le VIIème congrès de l’Internationale communiste (1935) pour avoir, avec ses camarades Cachin, Duclos et Frachon, disputé aux faux patriotes fascistes le drapeau tricolore, en assumant dans sa totalité contradictoire l’histoire de la nation. C’est sans le moindre complexe que le jeune secrétaire du PC-SFIC, arborait alors le drapeau bleu-blanc-rouge de Valmy et en associant la Marseillaise à l’Internationale, comme le firent si souvent par la suite les résistants communistes que les nazis conduisaient au poteaux d’exécution de Châteaubriant, du Mont Valérien ou de la Citadelle d’Arras…

commune-de-paris-patriotismeEn réalité, de même que les Communards de 1871 défendirent Paris assiégé contre Bismarck et contre ce Kollabo avant la lettre qu’était le bien prénommé Adolphe Thiers, de même les Francs-Tireurs et Partisans de France et leurs frères immigrés des FTP-MOI furent-ils le fer de lance de la Résistance patriotique armée contre l’Occupant ; comme l’a écrit l’écrivain gaulliste Mauriac, «  seule la classe ouvrière est alors restée fidèle, dans sa masse, à la France profanée  » ; ce furent bien pour l’essentiel les ouvriers communistes qui « montaient de la mine » et les paysans rouges qui « descendaient des collines » qui, à l’avant-garde des Forces Françaises de l’Intérieur, menèrent l’insurrection parisienne de 1944 en bousculant certains faiseurs de « trêve » qu’effrayait plus que tout l’appel du PCF clandestin aux « armes citoyennes »… Relisons, ou plutôt, redécouvrons – comme devraient le faire ces Jeunes Communistes auxquels la direction du PCF-PGE cèle leur grandiose héritage patriotique – le rapport historique prononcé par Georges Dimitrov devant le Congrès de l’Internationale communiste en 1935 : en écho au Front populaire, antifasciste et patriotique qui se dessinait alors en France sur la proposition politique du PCF, cette figure de proue de l’antinazisme[9] qu’était Dimitrov adjura les partis communistes de chaque pays européen de disputer aux fascistes les figures héroïques qui, aux yeux de chaque peuple, ont historiquement incarné le devenir-nation de leurs pays respectifs[10].

Bref, attelons-nous de nouveau au grand chantier politico-culturel qu’a délaissé l’euro-« gauche » établie : reconstituons du point de vue de la classe ouvrière et des forces progressistes en lutte, sans rien gommer ni idéaliser, sans forcer les continuités et sans durcir les inéluctables ruptures, un récit national non falsifié par les classes dominantes. A partir d’une étude scientifique du devenir des modes de production et des hégémonies culturelles, redécouvrons l’ensemble des figures et des évènements nationaux qui ont pu porter et scander les luttes de libération dans notre pays, qu’il s’agisse de l’émancipation nationale stricto sensu (car comme le disait Jaurès, « l’émancipation nationale est le socle de l’émancipation sociale  »), de l’émancipation politique – ce fut l’œuvre, encore inachevée aujourd’hui, des Sans Culotte et de Robespierre – ou de l’émancipation sociale[11], sans omettre l’émancipation anticoloniale  : car les anticolonialistes communistes Henri Martin et Henri Alleg n’eurent jamais la sottise d’opposer l’émancipation de « nos » colonies à l’honneur de notre pays, que déshonoraient alors les profiteurs des guerres coloniales et autres « trafics de piastre »…

3. Histoire de France : « Notre » histoire nationale et la « leur ».

la marseillaise

La Marseillaise est le second film de Jean Renoir dédié au Front populaire, après La vie est à nous. Le film est financé en partie par une souscription publique de la CGT dont le prix plancher est fixé à deux francs par personne, tarif d’une place de cinéma à l’époque

C’est pourquoi, quand Olivier Dartigolles prétend que « nous sommes les filles et les fils de ce qui émancipe et libère  » et qu’en conséquence il faudrait boycotter tout débat portant sur la nation, donc abandonner ce chantier incontournable à la fascisante idéologie sarko-lepéniste, le porte-parole officiel du PCF-PGE profère un sophisme grossier. Et puisqu’il est question des Gaulois ces temps-ci, rappelons ceci au nanti Sarkozy de Nagy-Bocsa : lorsque Vercingétorix souleva et unifia une majorité de peuples gaulois contre César, quand – selon son historien Camille Jullian – ce noble arverne longtemps isolé dans son milieu social reçut surtout le soutien de la campagne et des petites gens (ce que César signale avec mépris dans ses Commentaires), quand la résistance celtique à l’occupant romain affronta, non seulement les légions de César, mais une partie de l’aristocratie gauloise (qui apprenait le latin et rêvait d’intégrer le Sénat…), quand, lors de la reddition d’Alésia, Vercingétorix eut l’élégance, pour tenter de sauver la vie des Gaulois assiégés, de se livrer aux Romains en renonçant aux facilités d’un suicide[12], il n’incarnait pas seulement les promesses d’unification et d’indépendance des tribus celtes asservies, mais l’honneur de tous ceux qui, en tout temps, préfèreront toujours s’exclamer « patria o muerte ! », plutôt que le navrant « j’aime mieux être un Allemand vivant qu’un Français mort » que proférera Jean Giono à la veille de l’invasion hitlérienne.

gg20101De même y avait-il bien de l’émancipation nationale dans l’air (même si on peut discuter l’épithète étant donné l’époque) voire, en puissance, de l’émancipation sociopolitique quand, à Bouvines (1214), le Capétien Philippe-Auguste qui, pour l’occasion, avait déserté la Croisade, s’allia aux milices communales antiféodales pour battre la coalition formée par Jean Sans Terre, l’Empereur romano-germanique, le Comte de Flandres et plusieurs grands feudataires révoltés contre le roi de France. C’est en effet à Bouvines que les milices communales picardes alliées à Philippe contre les prédateurs impériaux et seigneuriaux jetèrent les bases populaires du sentiment national français, qualitativement très différent bien sûr du patriotisme républicain qui triomphera bien plus tard à Valmy aux cris de « vive la Nation ! ». De même, des progressistes actuels peuvent-ils être sensibles aux efforts convergents de François 1er et du poète Joachim du Bellay pour « défendre et illustrer » la langue française et pour l’établir aux dépens du latin d’Eglise qui n’était compris que des clercs. Et comment ne pas savoir gré à l’effort salvateur d’Henri IV et du « Parti des politiques » que fréquenta Montaigne, pour sortir la France des Guerres de Religion, reconstruire le pays ruiné et distinguer enfin (Edit de Nantes) le statut de sujet du roi de France de celui de membre de l’Eglise romaine ? Oui, Colbert créant l’industrie française d’Etat, oui, Vauban fixant et fortifiant le territoire national tout en proposant un système fiscal injuste, oui, le Dunkerquois Jean Bart brisant le blocus anglo-hollandais et sauvant la France de la famine, ou encore, pour nous tourner vers les classes dominées de l’Ancien Régime, les Croquants du Limousin, les Jacques du Nord, les Parisiens insurgés d’Etienne Marcel (1358), les Bonnets rouges bretons (dont le symbole est aujourd’hui dévoyé par le MEDEF breton), les Va-Nus-Pied normands, les Camisards cévenols, sans oublier cette Fronde du peuple parisien qui inventa les barricades, méritent bien l’estime des républicains éclairés et même des communistes, que Lénine invitait à pratiquer l’ « assimilation critique » de leur héritage national et international.

a0014-bataille-de-valmy-300x2791Car évidemment, la réalité objective de la France et le sentiment national qu’elle a suscité à la longue n’ont pas surgi du néant à Valmy, même si ce sont bien les combats de l’An II inspirés par le Contrat social de Rousseau qui ont accouché de la nation moderne[13]. C’est pourquoi la nation s’identifie désormais à la République, et plus encore à l’aspiration communarde à la République sociale  : au point que lorsque la République sociale est démontée par les euro-régressions du type Loi Travail, quand de surcroît les représentants du « communisme » officiel s’alignent sur l’idéologie dominante et qu’en conséquence, le monde du travail délaissé peine à s’organiser politiquement pour stopper l’offensive euro-patronale, c’est toute la France républicaine qui est menacée de déchéance nationale !

Tout cela ne nous incline nullement à donner tête baissée, non pas dans le récit national, mais dans un infantile roman national sarko-lepéniste qui, tel un conte de fées pour banlieues assagies, estomperait les contradictions de classes, enterrerait les séquelles du colonialisme et la réalité du néocolonialisme, ignorerait que nombre de rois furent aussi de féroces oppresseurs, ou méconnaîtrait le fait que la bourgeoisie révolutionnaire de 1789 ne tarda pas à accoucher d’une oligarchie impérialiste avide de piller les peuples africains que l’odieux discours de Dakar prononcé par Sarkozy osait sommer de « rentrer dans l’histoire »… dont la traite négrière et le colonialisme avaient voulu les sortir ! Non, il n’y a en soi rien de scandaleux à ce que, cum grano salis s’il le faut, nos compatriotes d’origine maghrébine ou subsaharienne acceptent de se reconnaître dans le malicieux anti-impérialisme d’Astérix : si et seulement si par ailleurs, leurs condisciples blondinets apprennent aussi à honorer l’Antillais Toussaint Louverture, figure mondiale de l’antiesclavagisme noir ou s’ils apprennent dans des manuels d’histoire enfin respectueux de la Commune, que cette insurrection à la fois patriotique et internationaliste compta parmi ses chefs de file le Hongrois Frankel, le Polonais Dombrowski ou la Bulgare Dmitrieva… A l’inverse, ne tombons pas symétriquement dans le mépris anachronique et faussement « progressiste » pour ce « prophétisme féminin », que partagèrent Jeanne d’Arc et d’autres jeunes patriotes du Moyen Âge finissant, sous prétexte que ce dispositif politico-religieux[14], archaïque à nos yeux postrévolutionnaires, s’inscrivait dans une culture fort différente de celles qui verront germer l’humanisme d’un Rabelais, le rationalisme d’un Descartes… ou l’athéisme communisant que diffusa clandestinement l’étonnant curé de campagne Jean Meslier à l’orée du Siècle des Lumières !

marx-histoire-lutte-des-classesAjoutons que MM. Laurent et Dartigolles, qui font la fine bouche à l’idée de reconstruire une forme (pourquoi pas critique et progressiste ?) de récit national (et international)[15], travaillent sans cesse eux-mêmes à recomposer de tels récits… sur les bases politiquement lisses que délimitent désormais le néo-communisme décaféiné dont ils se réclament. Par exemple, accompagnant le processus de dé-bolchévisation, de dé-communisation et d’euro-rangement du PCF qui s’est successivement nommé « mutation » puis « métamorphose », les dirigeants successifs du PCF-PGE dé-marxisé ont peu à peu purgé la nomenclature des allées de la fête de l’Huma, cet itinéraire fléché de l’histoire nationale et mondiale, de toute une série de noms malsonnants : exit Lénine, exit Stalingrad, ou, pour rester en France, au Purgatoire Marat, en enfer Thorez et tous ces communistes français trop rugueux que l’histoire officielle, qui criminalise l’URSS et ses amis français, les Duclos, Frachon, Tillon, Martha Desrumeaux et autres héros nationaux incontestables, a à jamais proscrits du Panthéon national[16]. De même la manchette de la nouvelle Huma a-t-elle été purgée de toute référence aux anciens dirigeants du journal que furent Cachin, Vaillant-Couturier, Péri ou Fajon (dont les noms voisinaient naguère avec l’emblème ouvrier et paysan), pour ne conserver qu’un seul nom, jugé consensuel parce que « reconnu »… par la gauche non communiste, celui du grand Jean Jaurès[17].

georges gastaud marxisme et universalisme nationIl faut donc en finir avec l’hypocrisie à propos du « récit national » : toute nation, en tant qu’elle résulte d’un choix politique collectif ancré sur un ensemble de données objectives de nature historique, socio-économique, linguistico-culturelle, voire psychique, mais aussi tout citoyen d’un pays donné, participent nécessairement, voire inconsciemment – y compris quand ils prétendent le refuser ! – d’un récit national… ou à l’inverse, d’un récit antinational, d’un récit infranational[18], voire d’un récit supranational (le plus souvent euro-atlantique et/ou « françallemand ») relevant de cet autodénigrement maladif que nos médias anglo-complexés nomment le « French Bashing »[19].

En effet cette même bourgeoisie française qui enseignait jadis, dans les manuels d’Ernest Lavisse d’histoire de France, que « nos ancêtres (blonds, de préférence…) s’appelaient les Gaulois » (tant il est vrai que l’impérialisme français prenait alors appui sur l’Etat-nation et sur ses prolongements impériaux), ce dont se gaussèrent fort justement Boris Vian et… Henri Salvador !, se reconnaît aujourd’hui pleinement dans le honteux Manifeste qu’a publié le MEDEF en décembre 2011 ; dans ce texte lourdement antinational, le grand patronat appelle sans détour à construire « les Etats-Unis d’Europe », à précipiter à leur avantage un maximum de « transferts de souveraineté », à projeter la nouvelle Franceurope dans l’ « Union transatlantique » préfigurée par l’OTAN et par le TAFTA, à sacrifier notre langue si ringarde au tout-anglais érigé en « langue de l’entreprise et des affaires » (selon les fortes paroles du baron Seillière, 2004), à « reconfigurer » le territoire national en supprimant les communes et les départements (dixit Pierre Gattaz) et à substituer à la République une et indivisible et à ses services publics d’Etat les nouvelles « euro-métropoles » assorties de grandes régions à l’allemande, si possible transfrontalières » (Grande Catalogne, Grande Flandre, Alsace-Rhénanie, etc. ?). Mais le mot France évoquera-il alors autre chose que ce « couteau sans manche dont on a perdu la lame » que raillait jadis Lichtenberg ? Cette même grande bourgeoisie objectivement nostalgique de Vichy en appelle même désormais, toute honte bue, à « démanteler le programme du CNR » (Denis Kessler, Challenges, nov. 2007) et sans attendre, elle privatise, délocalise et brade à l’étranger les derniers fleurons industriels nationaux (Alstom, France-Télécom, Renault, EDF…) ; et avec l’aide du Parti Maastrichtien Unique au pouvoir, ce « PMU » malfaisant composé du PS, de l’UDI et des LR, elle dépiaute l’Education « nationale », les conventions collectives, le Code du travail et la Sécu et contourne de plus en plus la loi de 1905 séparant l’Etat des Eglises. Bref, à la faveur d’un rapport des forces mondialement et nationalement contre-révolutionnaire, où le monde du travail s’est vu réduire à la défensive, elle tente d’araser tout ce qui a permis aux couches populaires d’apposer leur marque indélébile sur cette nation française incorrigible dans laquelle continue de résister, selon le mot de Marcel Paul, « un noyau révolutionnaire irréductible »…

4. Briser l’étau de la xénophobie et de l’auto-phobie nationale, réarticuler la dialectique universaliste au récit national, dialectiser histoire-récit et histoire-science

Dans des conditions délétères, faut-il s’étonner si se met en place une savante division du travail historico-idéologique entre divers secteurs de l’oligarchie « française » ?

LR fascisme FND’un côté, on trouve les ultra-réacs Sarkozy et Wauquier qui rabattent vers une version figée, métaphysique, mystique ou naturaliste de la France éternelle (alors que l’identité est dialectique, « négation de la négation », intégration et refonte permanente) dont le but revendiqué est de concurrencer le FN sur sa droite, de stigmatiser les enfants d’immigrés, de les contraindre au déracinement et non au pluri-racinement, de diviser la classe ouvrière sur des bases ethniques (et de renforcer, par contrecoup, les communautarismes religieux et les séparatismes régionaux !) au lieu de « mettre le monde du travail au centre de la vie nationale ainsi qu’y invitait le programme du CNR intitulé Les Jours heureux. Symétriquement, toute une partie de l’historiographie contemporaine travaille très politiquement et de manière fort peu « scientifique », à dénationaliser l’histoire et la géographie enseignées en classe, non pas en relativisant et en complexifiant le simpliste « nos ancêtres les Gaulois », non pas en montrant, comme le faisait Thorez avec les mots de son temps que « vingt races ont fait la France », mais en promouvant le grotesque « Nos ancêtres les Européens » qui – au nom même de l’esprit critique ! – devient peu à peu la nouvelle doxa « post-nationale ». Sans oublier d’exalter un Empereur fanatiquement catholique, ce Charlemagne qui extermina des milliers de « païens » pour convertir la Saxe ; c’est ainsi que beaucoup d’« historiens » bien en cours mériteraient de recevoir le Prix Charlemagne, annuellement décerné par l’UE, tant ils préfèrent au trop local Vercingétorix, à la Pucelle « illuminée » et au « monstre froid » Robespierre, le précurseur de la Nouvelle Carolingie à laquelle l’oligarchie rêve d’intégrer les contrées les mieux nanties de l’Europe occidentale : Benelux, RFA-Autriche, Axe Lille/Paris/Lyon/PACA, Suisse, Savoies et Italie du nord (« Padanie ») détachée de la Péninsule… En avant donc, Brexit oblige, pour une fraternelle Europe à plusieurs vitesses, vivent les « coopérations renforcées » et tant pis pour l’Europe du sud essorée, pour l’Europe de l’Est recolonisée, voire pour les parties périphériques, appauvries et potentiellement « inutiles » de l’Hexagone qui n’auraient pas intégré à marche forcée l’identité nationale et la mondialisation « heureuses » chères à MM. Alain Juppé et Alain Minc !

Car de cette nouvelle historiographie là, qui s’impose pas à pas dans les manuels, la gauche « euro-bobo » ne pipe mot. C’est pourtant avec l’argent des contribuables allemands et français et sur la commande politique expresse de MM. Kohl et Chirac que s’écrit et se répand un « manuel d’histoire » franco-allemand officiel qui – la « paix » a bon dos ! – vise clairement à pré-formater l’« histoire » enseignée aux futurs petits « Françallemands ». Qu’y faire ? A « communauté de destin » européen, reformatage mythique d’un passé commun où le 11 novembre et le 8 mai deviennent subrepticement de grandes dates de l’amitié franco-allemande ! Tout cela ne vérifie que trop hélas l’adage ironique qui affirme qu’ « en histoire on ne sait jamais de quoi hier sera fait »… Comme si la « distanciation » propre à l’historien devait se fixer pour tâche unique la « déconstruction du récit national » tout en fermant les yeux sur le nouveau roman supranational européen qu’une myriade de cercles idéologiques mettent en place avec l’appui des d’institutions !

Car quitte à dépasser « scientifiquement » (ce qui ne signifie pas liquider, mais insérer, situer et recadrer) le « récit national », autant ne pas s’enfermer par avance dans une visée « européenne » étriquée : autant voir large, partir de loin et viser haut. Ce pour quoi il faut assumer à la fois le patriotisme français, l’universaliste humaniste, la déconstruction des idéologies coloniales et sexistes et, pourquoi pas, le souci environnemental devenu incontournable en situant notre histoire nationale, non seulement dans celle de l’humanité, « préhistoire » incluse (le peuplement de l’Hexagone n’a commencé ni avec les Celtes, ni même avec les Ibères ancêtres des Basques !), mais, pourquoi pas, dans celle du devenir général de la nature sur lequel la zoologie de l’évolution, la botanique, la géologie et le climatologie, l’astrophysique et la cosmogonie ont accumulé les connaissances les plus solides[20]

5. User du doute méthodique à l’encontre de l’idéologie contre-révolutionnaire et anti-progressiste

eurofascisation europe anticommuniste UEEnfin il est impossible de négliger le fait massif qu’à notre époque, où « le vent d’Ouest » (celui de l’euro-atlantisme néolibéral) l’a provisoirement emporté sur le « vent d’Est » (celui que soufflèrent successivement Octobre 17, Stalingrad et les luttes révolutionnaires des peuples chinois et vietnamien, sans parler des révolutions cubaines et africaines), tout est fait pour désigner la « passion révolutionnaire » comme l’ennemie principale de l’impartialité historique. On occulte ainsi le fait que désormais, les préjugés anticommunistes, l’acharnement anti-« jacobin » et la fureur contre-révolutionnaire que nourrissent cent officines idéologiques et mille fabriques pseudo-historiques menacent davantage l’objectivité historique que ne l’a jamais fait le progressisme naïf de jadis lequel, malgré ses limites de classe et d’époque, restait historiquement lié aux Lumières et à leur optimisme historique. Comment par ex. ne pas voir qu’aujourd’hui, déchaînées par la défaite… historique du camp socialiste et par la montée concomitante des Empires transatlantique et « trans-pacifique » (USA, Japon, Corée du sud…) centrés sur Washington, des forces mondialement porteuses d’un négationnisme historique généralisé s’acharnent à extirper des mémoires, non seulement cette Russie rouge qui ébranla le capitalisme mondial et qui vainquit Hitler, non seulement cette France jacobine qui défit l’Europe monarchique, non seulement cette Italie du Risorgimento qu’usurpent et bafouent les Monti et autre Berlusconi, mais cette civilisation hellénique qui, de Milet à Alexandrie en passant par Athènes, engendra les premières Lumières (Thalès, Démocrite, Euclide…), et dont les soldats-citoyens firent échec à l’ « invincible » Empire achéménide ?

Quel beau rêve c’est déjà, pour l’oligarchie mondiale, qu’une Europe devenue « historiquement correcte », qui perd ou renie la mémoire du Grec Solon abolissant l’esclavage pour dettes, des Gracques luttant pour la loi agraire, de Spartacus baladant les légions de Crassus, des Soldats de l’An II dispersant la Coalition monarchique et ses relais chouans, de Toussaint Louverture affrontant Bonaparte, de Garibaldi fusionnant en sa personne le patriotisme italien et le cosmopolitisme progressiste, des Soviets repoussant dix-huit armées impérialistes, de Clara Zetkin unissant pour l’Egalité le combat des femmes à celui du prolétariat, de toutes ces histoires nationales si diversement porteuses d’émancipation générale que l’on somme aujourd’hui de se dissoudre dans l’acide de la « mondialisation heureuse » chère aux idéologues de la « fin de l’histoire »[21]. Mais à l’inverse, quel cauchemar pour les classes exploitées et pour les peuples dominés, tous gavés dès l’enfance de l’idée nihiliste que l’émancipation sociale et l’affranchissement national mènent au pire… alors que la « bonne gouvernance » reposerait à jamais sur une totale abdication de soi : auto-phobie des « communistes », hier huïstes et aujourd’hui laurentins, reniant l’« illusion » bolchévique, auto-phobie nationale de nos élites s’acharnant sur l’« exception française » (toujours « franchouillarde », « franco-française » et « hexagonale »…), et plus généralement, mauvaise conscience achevée des « damnés de la Terre » promis à la servitude volontaire éternelle par la croyance que toute lutte progressiste n’enfantera jamais que des lendemains qui chantent… Le tout mâtiné de xénophobie et de diabolisation de l’Autre, le Russe au Poutine entre les dents, le Nord-Coréen au missile entre les dents[22], le Mollah irano-libanais, l’Envahisseur islamo-prolétarien, sans oublier le Chinois plus rusé et sournois que jamais…

Tant il est vrai que, comme l’a montré Sartre, la haine d’autrui est inséparable du mépris de soi et que la xénophobie et l’auto-phobie nationales se nourrissent aux mêmes racines de classe antipopulaires…

Résumons-nous :

En matière historique, la position progressiste ne consiste ni à mythifier le passé national ni à l’ignorer ; pas plus qu’elle ne mène à le nier, à le dénigrer ou à le diaboliser en dissimulant ses contradictions objectives, ses complexités, ses racines diverses et ses dynamiques contradictoires.

Il ne peut s’agir davantage de nier a priori, au nom d’un marxisme primitif, que les classes dominantes aient pu, dans des conditions toujours relatives et transitoires qui semblent avoir fait leur temps en France, jouer un rôle progressif partiel même si, sur la longue durée, ce sont bien les peuples opprimés, les classes exploité(e)s et, ne l’oublions jamais, le sexe si longtemps dominé, qui portent structurellement ce que Hegel appelait superbement la « patience du négatif ».

L’attitude progressiste ne peut non plus consister à substituer une mémoire orientée, ni a fortiori une hagiographie, fût-elle révolutionnaire – convenons qu’aujourd’hui, ce n’est pas, et de loin s’en faut, le risque méthodologique principal ! – à l’approche en droit objective de l’historien exerçant méticuleusement son métier. C’est-à-dire à une approche matérialiste partant des faits[23] et s’efforçant de dégager de grandes tendances socio-historiques, voire, quand cela s’y prête et sans forcer le trait, des constantes et pourquoi pas, des lois du devenir social. Le grand PCF du Front populaire et de la Résistance antifasciste avait entrepris ce travail de reconquête éclairée de l’histoire nationale, avec de grands historiens comme Albert Soboul ou avec des philosophes comme Politzer ou Lucien Sève[24]. Qui reprendra aujourd’hui cette tâche où l’intérêt national, le service du peuple travailleur et celui de la recherche objective, sont en droit solidaires ?

Georges Gastaud, livre marxisme et universalismeGeorges Gastaud, philosophe marxiste, est notamment l’auteur de

  • Marxisme et Universalisme, Classes, Nations,Humanité paru aux Editions Delga en 2015,
  • et de Lumières Communes, cours laïque de philosophie à la lumière du matérialisme dialectique, à paraître en 2016 aux Editions Delga

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source : http://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/les-progressistes-doivent-ils-avoir-peur-de-histoire-de-france/?pk_campaign=feed&pk_kwd=les-progressistes-doivent-ils-avoir-peur-de-histoire-de-france&ct=t%28RSS_EMAIL_CAMPAIGN%29


[1] Professeur agrégé de philosophie, militant du PRCF. Dernier livre paru, Marxisme et universalisme, Delga 2015. A paraître incessamment sur souscription chez le même éditeur Lumières communes, Traité de philosophie générale à la lumière du matérialisme dialectique.

[2]Et pourtant l’organisation unitaire de combat mise en place par le PCF clandestin sous l’Occupation se nommait bien Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France… Dans le célèbre film de Jean Renoir intitulé « La vie est à nous » et commandé par le PCF en 1936, on voit à tout instant l’élan patriotique voisiner avec le souffle internationaliste, le drapeau rouge voisiner avec le drapeau tricolore et l’Internationale prolonger subtilement la Marseillaise… Mais avant de se prononcer sur l’histoire de France, les actuels dirigeants du PCF devraient faire se réapproprier l’histoire qui fut celle de leur parti avant que ce dernier n’ait « muter » pour devenir l’antenne hexagonale du Parti de la Gauche Européenne…

[3] Voire « atlantico-réceptif ? A ce propos, le PC de Grèce, KKE, vient de dénoncer un début de collusion du PCF-PGE avec l’OTAN dans le cadre de cette auberge espagnole qu’est devenue la Fête de l’Huma.

[4]Ce mot suscite de légitimes suspicions méthodologiques. Nous l’employons tout de même ici pour renvoyer à leurs contradictions les anticommunistes qui dirigent l’UE « libérale » : étrange « antitotalitarisme » qui a gravé dans le marbre des Traités la prohibition définitive de toute espèce d’alternative sociale et de pluralisme politique effectifs.

[5] … qui figurait sur la liste commune PS/PC aux municipales parisiennes, et dont le siège de sénateur francilien dépend d’ailleurs objectivement du futur bon vouloir du PS…

[6] Combien de ces « écolos » qui ne disent mot contre le nucléaire militaire quand ils sont au pouvoir et qui « engueulent » ouvertement les « lâches » dirigeants « munichois » de l’Occident, coupables de ne pas intervenir à tous propos manu militari, et de préférence, au sol dans les Etats du Sud… et avec les jolis résultats que cela a donné du Mali à l’Irak en passant par la Syrie, par l’Afghanistan et par la Libye !

[7] M. Chassaigne s’est apitoyé sur ces « élus socialistes ou écolos » qui « souffrent » tant de la politique élyséenne… Il nous permettra de plaindre davantage les ouvriers, employés, chômeurs, profs de collège, paysans, etc., qui souffrent durement de la politique de Hollande que soutiennent ces « malheureux » élus PS et écolos bourrés d’états d’âme !

[8] Cette recette a déjà maintes fois servi pour grimer en « antifascistes » les politiciens pro-Maastricht dont les reniements (du gaullisme, du jauressisme, du communisme…) ont tour à tour gonflé les voiles du FN. On l’a encore vu lors des Régionales où le PS et le PCF-PGE ont appelé à voter pour les « antifascistes » C. Estrosi et X. Bertrand…

[9] Accusé mensongèrement au procès des incendiaires du Reichstag, Dimitrov ridiculisa Göring et le procureur nazi !

[10] A l’adresse du PC français, Dimitrov citait Jeanne d’Arc, l’héroïne populaire à laquelle les dramaturges allemands B. Brecht et A. Seghers consacreront par la suite, en vrais marxistes, la pièce intitulée Le procès de Jeanne d’Arc)

[11]C’est en France que la Conspiration pour l’Egalité de Babeuf et de Buonarotti accoucha du premier mouvement politique au monde, précurseur des partis marxistes, qui appelât à la lutte révolutionnaire pour une société sans classes…)

[12] Il paya ce geste de sept ans de détention et d’un humiliant « triomphe » dans les rues de Rome, aussitôt suivi par une strangulation.

[13] Comme l’avait signalé Engels quand il montra comment la Révolution a su favoriser la fusion dans un unique creuset citoyen de composantes régionales marquées par une grande diversité linguistique, culturelle et juridique

[14] C’est en effet le « prophétisme féminin » qui, selon la médiéviste Colette Beaune, structure largement la geste patriotique, populaire et messianique de Jeanne. Ce dispositif politico-charismatique était alors la seule « entrée en politique possible pour une femme du peuple… Par ailleurs, il semble que la famille de Jeanne, qui n’était pas noble, se nommait Darc, et non d’Arc, ce qui signifie… du Pont dans le patois de la marche lorraine.

[15] Selon eux, l’incontournable débat civique sur l’histoire de France doit être courageusement abandonné aux « historiens » : comme s’ils étaient tous des scientifiques impeccables et comme si certains d’entre eux n’étaient pas passionnément engagés dans la révision contre-révolutionnaire et euro-formatée de l’histoire nationale et mondiale… Ils sont scientifiques, voyons, et la preuve, c’est qu’ils le disent !

[16] Panthéon dans lequel ne figure même pas Croizat, le fondateur communiste de la Sécu, ni Marcel Paul, déporté-résistant, organisateur d’un réseau militant à l’intérieur d’un camp allemand, secrétaire de la Fédération CGT de l’Energie, créateur d’EDF et du statut des électriciens-gaziers…

[17] Lénine voyait plus large : dans la liste des noms qui lui était soumise et qui devait figurer sur un monument dédié aux précurseurs du socialisme, Lénine avait conservé les noms de Proudhon, de Jaurès ou de dirigeants anarchistes français, et il n’en avait retiré qu’un : le sien.

[18] C’est le cas des différents séparatismes régionalistes et des divers communautarismes religieux, pour n’évoquer que deux facteurs actuels de décomposition nationale, sans parler du négationnisme fasciste…

[19] Ajoutons qu’un certain antipatriotisme anarchisant qui, de manière parfois bien sympathique, brocarde l’armée, la police, l’école, l’ « autorité » et la nation elle-même (Prévert, Brassens, Renaud, voire, au début de leur carrière, les futurs patriotes Aragon ou Eluard…) appartient typiquement, quoiqu’à son insu, à l’héritage de la gauche française alors que, dans tant de pays, même la gauche est terriblement patriote…

[20] Comme l’a noté Michel Serres, et bien avant lui Friedrich Engels, les sciences modernes, y compris les « sciences dures », se font de plus en plus « historiennes ». Loin d’invalider à jamais les « grands récits » (le théorie de l’Atome primitif et de l’expansion de l’univers, dont le cosmogoniste belge Georges Lemaître dessina de manière fulgurante les grandes lignes ne date pas d’hier, sans parler des hypothèses de Kant et de Laplace sur la formation du système solaire !), c’est sur des bases vérifiables que les sciences cosmo-physiques, planétologiques, géologiques, biologiques, anthropologiques, reconstituent pas à pas la chronologie de l’univers, du système solaire, de la Terre, de l’évolution biologique, sans oublier l’hominisation, n’en déplaise aux idéologues postmodernes et anti-progressistes qui dévaluent toute idée de sens ou qui l’abandonnent aux religions. Et dire que dans certains milieux historiques et philosophiques, on se croit encore d’avant-garde quand on prétend, contre le marxisme qui n’a d’ailleurs jamais réduit l’histoire à du récitatif, que le « temps des grands récits » est forclos !)

[21] … qui, pour peu que l’on parle, non de l’historicité humaine mais de la discipline historique, ne croient hélas pas si bien dire !

[22] Et puisqu’il est question de guerre atomique, rappelons que jusqu’à nouvel ordre, ce n’est pas le « dictateur fou de Pyongyang » qui a ordonné d’atomiser Hiroshima et Nagasaki… Mais une fois encore, sait-on jamais de quoi hier sera fait ? L’Obs ne fait-il pas sa Une, d’une brûlante actualité, sur « Mao le plus grand criminel de l’histoire » pendant qu’à Tokyo, le gouvernement ultra-droitier minimise les menées génocidaires antichinoises du Japon militariste et entreprend d’en finir avec la constitution pacifiste imposée au Japon après 1945…

[23] La recherche historique doit certes reconstruire rationnellement les faits et se méfier des fausses évidences de l’empirisme, comme c’est le cas dans toute science, mais la vérité historique n’est jamais seulement une « construction », ni une « fabrique de l’histoire » : sans cela, nul n’aurait rien à objecter au révisionnisme historique !) et d’une démarche dialectique prenant en compte toutes les contradictions et toutes les bifurcations du devenir humain. Mais hélas, nous décrivons là l’historien idéal plus que la triste réalité qui domine aujourd’hui, où, comme ledit l’historienne Annie Lacroix-Riz, l’histoire, spécialement l’histoire contemporaine, est « sous influence » et suit majoritairement le sillon contre-révolutionnaire lourdement partial tracé par Courtois et par feu François Furet.

[24]Cf, malgré quelques simplifications reconnues ultérieurement par l’auteur, son grand livre des années soixante sur L’histoire de la philosophie en France de 1789 à nos jours.


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12 réactions à cet article    


  • taktak 11 octobre 2016 11:38

    Bravo. Merci pour cette réflexion qui dit clairement les choses et nous sort de la boue ambiante.
    A méditer par tous les travailleurs que l’appareil du parti capitaliste unique LR Pen S prend pour des idiots en agitant des peurs moyenâgeuses.
    A en tirer les conséquences pour tous les syndicalistes, républicains, progressistes, militants de la vraie gauche ou communiste qui ne veulent pas laisser liquider notre pays et les progrès démocratiques et sociaux obtenus par des siècles de luttes populaires.


    • Paul Leleu 11 octobre 2016 13:47

      bon... j’ai pas réussi à tout lire mais il est clair qu’il n’est pas utile d’ignorer le passé pour être progressiste... puisque par définition c’est par rapport à un passé qu’on cherche à progresser ! De même que nous n’oublions pas nos chaînes dont nous cherchons précisément à nous émanciper, dans un élan naturel, bien humain. 

      D’autant qu’il y a plein de gens comme nous dans le passé, qui essayaient de s’en sortir, là où ils étaient. Donc prenons leur exemple, et essayons d’en tirer des leçons pour le temps présent. 
      Inutile d’essayer de séparer de manière hermétique (et illusoire) des « cheptels » électoraux comme sont tentés certains... il faut plutôt agir dans le réel... après tout nous sommes tous humains et c’est de cela dont on parle. Ce qui implique aussi d’apprendre à distinguer les pentes savonneuses qui nous éloignent de notre quête. 

      • rogal 11 octobre 2016 14:10

        Comme les Corses et quelques autres, Français, soyons nationalistes. Ça vous choque ? (fasciste ! nazi !etc., etc.) Tant mieux, vous n’en réfléchirez que mieux.
        Le mot Nation est partout : dans la bouche de nos gouvernants, et au départ dans la Constitution elle-même.
        Mais le nationalisme serait le mal. On s’efforce de lui substituer « patriotisme ». Patrie, Nation...
        Peu importe qu’il y ait eu dans le passé des excès de nationalisme (à commencer par l’éternel chauvinisme). Il faut bien sûr les condamner et éviter leur retour. N’y a-t-il pas eu aussi quelques excès de patriotisme ?


        • Hervé Hum Hervé Hum 11 octobre 2016 23:02

          Il y a quelques années, j’aurai sans doute plébiscité cet article, mais plus aujourd’hui.

          Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir, dit le proverbe. Il s’applique, malheureusement aussi, à cet article.

          Une dialectique portant sur le communisme, ne peut pas prêcher ailleurs que sur la relation première, matricielle qui le définit ; Autrement dit, l’intérêt commun, qui interdit dans son principe l’exploitation des uns par les autres, car on est alors dans l’intérêt particulier.

          Or, le communisme ne s’appuie pas sur un sentiment humain, mais sur une relation purement logique. Donc, sur un raisonnement qui suit sa propre relation de causalité.

          C’est à dire, que le principe communiste aboutit à considérer l’humanité toute entière dans le système économique, politique et social. La mondialisation !

          Que le capitalisme aboutisse à la même chose n’importe pas quand à la raison d’être du principe communiste ; l’antagonisme n’est pas ici, c’est plus subtil que cela.

          La différence est que l’un commence là où s’arrête l’autre.

          En effet, le capitalisme repose sur le principe de l’appropriation du temps de vie d’autrui à son profit, car le temps de vie ne peut pas s’accumuler comme les richesses matérielles, tout en étant la richesse la plus précieuse. Pour accroître son propre temps de vie il n’y a donc qu’une seule manière, exploiter celle d’autrui à son profit. Le prédateur humain ayant atteint la satisfaction de ses besoins primaires ne mange plus sa proie pour vivre, il l’a fait travailler pour lui.

          Le principe capitaliste ne commence pas avec l’industrialisation de l’économie, c’’est absurde, il commence avec la relation de causalité qui le définit, soit, l’exploitation du temps de vie d’autrui à son profit.

          Cette exploitation commence avec la monarchie et peut être même avant, avec la religion.

          Toutefois, un principe acquis ne peut plus être supprimé, il peut simplement être abaissé en degré de vitalité. Autrement dit, passer du 1er degré au second degré, selon un processus bien définit.

          Mais si vous ne voulez pas de la mondialisation, renoncez à être communiste et accepté d’être capitaliste !

          Enfin, il vous faudra finir par admettre que la mondialisation n’est pas une théorie, c’’est une réalité, un fait acquis depuis au moins le XIXème siècle pour les milieux intellectuels et bourgeois. La mondialisation est ce qu’on en fait, donc, selon qui détient la force.

          Je vais vous donner une clé de compréhension, le système capitaliste est très efficace dans un monde en expansion, non parce qu’il est meilleur pour le développement technique, mais parce qu’il pousse à cette même expansion.

          Maintenant, lorsque l’environnement exige une économie de gestion, alors, il devient un cancer mortel.

          Le capitalisme ne peut donc pas dépasser le stade du nationalisme sans s’effondrer. Entendons nous bien, l’impérialisme est le stade ultime du principe nationaliste, c’est à dire, un monde divisé en entités collectives antagonistes. Sans opposition entre les entités collectives, le principe nationaliste finit par s’émousser et mourir.

          Sans concurrence entre nations, l’idée de nation s’effondre. Or, la concurrence est le domaine, par excellence, des capitalistes et non des prolétaires. Ceci, parce que la guerre nécessite des chefs de guerres, ceci, car en état d’urgence il n’y a pas la place pour le temps des discussions démocratiques. Et enfin, parce que le principe nationaliste est celui de la souveraineté monarchique, où le roi était l’équivalent d’un oligarque d’aujourd’hui quant à son pouvoir d’exploitation de la vie d’autrui.

          Le capitalisme ne peut aller plus loin que le nationalisme, mais il peut faire comme Orwell le prophétise dans 1984, diviser le monde en au minimum deux entités antagonistes. Pendant que les occidentaux pérorent vouloir la mondialisation d’un coté, ils attisent le feu de la division de l’autre. Invoquer leur bêtise, révèle surtout la sienne propre.

          Le communisme lui, réclame l’adhésion de tous les peuples dans son principe. L’intérêt commun est la somme des utilités particulières à l’accomplissement de la volonté générale.

           Le système économique, social et politique, découlent directement du principe premier communiste. Et on retrouve comme conséquence première directe, l’abolition de la propriété économique et sa transposition en responsabilité économique. Responsabilité définit comme étant la capacité de répondre de ses droits et devoirs envers autrui.

          Enfin, il est le meilleur garant de la préservation de la culture des peuples, tout simplement parce que le but n’est pas la concurrence, mais la coopération.

          Si vous ne l’avez pas encore compris, vous êtes face à une aporie. Vous ne faites que l’éluder !
           


          • mmbbb 12 octobre 2016 09:05

            @Hervé Hum le capitalisme moderne a commence sous la renaissance avec la creation de la banque et les lettres de change et de creance et aussi en Hollande patrie par nature tournée vers le commerce ou les bourses ont ete crees naissance du Droit commercial moderne J’habite pres de Lyon A st jean vieux quartiers subsiste le palais du change ou avec une lettre de change les commercant pouvaient avoir de la liquidite On peut citer ligue hanséatique qui a fait la fortune des pays du nord On a strictement rien invente hormis les moyens moderne de paiement Par ailleurs vous omettez ceci : la différence entre un pays capitalisme et un pays communisme est le droit Lors de l’avènement de la démocratie aux ameriques ce pays s’est dotée d une constitution en URSS ce pays a derivé vers une dictature bien que les intello nous soutenaient que ce pays etait un paradis sure terre. Lenine voulait apporter une certaine liberte a l ’economie NEP Rappel a cet auteur Quant au communiste en france il n’existe plus hormis Robert Hue qui sera expose au musée de l homme . ce parti a perdu sa base populaire qui vote plutot FN . Les partis de gauche melechon et authin sont pour une ouverture des frontieres et sont les idiots utiles du patronat . Melenchon est un apparatchik et raisonne comme tel Quant a l internationale les ouvriers francais ne chantent plus puisque c’est l ouvrier chinois ou du bangladesh etc qui lui ont pique son job . c est la force du capitalisme qui a su trouver comme pendant la revolution industrielle une main d’oeuvre peu chere Ces pays du sud on vu leur population doublee depuis 40 ans un reservoir inépuisable de main d’oeuvre ou la mort de 1 000 ouvriers au bangladesh est un épiphénomème . Cet auteur vit dans ces chimeres Par ailleurs je pense que vous faites une confusion entre mondialisation ( qui a toujours existee route de la soie par exemple ) et mondialisme je pense plutot que nous sommes dans cette derive


          • taktak 12 octobre 2016 10:39

            @Hervé Hum

            Les faits vous donnent tort hervé Hum. Chacun voit que la (re) mondialisation capitaliste n’a rien à voir avec de l’internationalisme, avec une mondialisation solidaire, communiste. Oui la mondialisation capitaliste c’est le nationalisme. on voit d’ailleurs bien que le FN ou les LR et même le PS diffusent un discours nationaliste, xénophobe, tout en soutenant en réalité et dans leurs actes cette même mondialisation. Ses structures comme l’Union Européenne

            Cette « mondialisation » n’a rien de neuf. A la renaissance, le monde était déjà en passe d’être mondialisé. Une mondialisation déjà effective au 19e siècle (les empires coloniaux, c’était une autre forme d’organisation de cette même mondialisation capitaliste). Et elle a débouché sur deux guerres mondiale. Non ce que nous avons vécu pendant 20 ans, c’est la RE mondialisation après la chute du bloc soviétique. Une remondialisation achevée et dont la fin a brutalement renforcée la crise structurelle du capitalisme.

            On peut gigoter sur sa chaise en disant que la mondialisation capitaliste engendre la destruction du système capitaliste car cette mondialisation est incompatible avec l’Humanité (un cancer dites vous). Cela ne veut pas dire qu’elle engendre ou favorise le communisme. Non juste que le capitalisme est un exterminisme. Alors oui Gastaud a raison, il ne faut pas avoir peur de se saisir du cadre national pour agir, pour résister, pour révolutionner et défendre tout simplement la vie, le bonheur, le progrès face aux capitalismes qui détruit les hommes et leur écosystème.


          • Hervé Hum Hervé Hum 12 octobre 2016 10:42

            @mmbbb

            Une très bonne technique de manipulation, consiste à faire perdre de vue le principe premier d’un système logique, en l’occurrence, le fait que le principe premier du capitalisme, sans lequel on ne peut parler de capitalisme, est l’exploitation du temps de vie d’autrui à son profit exclusif (nécessitant un système de capitalisation). Tout le reste est une conséquence directe ou indirecte. Ladite exploitation nécessitant de manière absolue, un échange déséquilibré entre le propriétaire économique et le prolétaire économique. Sans cela, il n’y a pas de capitalisation possible. C’est structurel et je défi quiconque de le réfuter.

            Bref, je me contrefous de votre histoire de lettre de change, de votre vieux quartier de Lyon ou autre, c’est de la poudre aux yeux, qui n’a d’autre but que de faire perdre le fil logique de la pensée capitaliste et pouvoir la montrer sous un faux jour. Ce qu’on appelle aussi des chausses trappes.

            Ensuite, votre distinction entre mondialisation et mondialisme est, là aussi, de la poudre aux yeux.

            La mondialisation, en tant que fait acquis, pose la question de son organisation et gestion. Que l’on reste sur la base des nations, antagonistes par principe (sinon, il n’y a plus de nations au sens qu’on lui donne, soit, de la souveraineté), et dont l’impérialisme est son stade ultime. Antagonisme qui supère et conditionne tout accord de coopérations (lesquels ne concerne que les capitalistes). Ou que les prolétaires économiques renoncent à une souveraineté qui n’a jamais et ne peut être la leur, pour placer au dessus une organisation mondiale basé sur des principes communs et non sous la domination d’une élite, même élu, est la réponse à la même question posé par la réalité de la mondialisation économique imposant un système de gestion et non d’expansion. Cette dernière ne pouvant se faire qu’au delà de la Terre et en conséquence de la réalité terrestre.

            Bref, le mondialisme est la conséquence de la mondialisation, or, il ne peut y avoir de véritable mondialisation que communiste et en aucun cas capitaliste, ce dernier ne pouvant dépasser le stade nationaliste et impérialiste sans s’effondrer.

            Autrement dit, le PRCF de Georges Gastaud défend, mordicus, le capitalisme tout en affirmant, mordicus, le contraire.

            j’attends une contre réponse argumenté du PRCF,


          • Hervé Hum Hervé Hum 12 octobre 2016 11:10

            @taktak

            Vous donnez le bâton pour vous faire battre, d’autant que mon premier commentaire invalide le votre, mais vous glissez dessus ! Je vais donc essayer de dissiper une confusion que vous entretenez avec ferveur, tout comme Georges Gastaud.

            vous écrivez :

            Chacun voit que la (re) mondialisation capitaliste n’a rien à voir avec de l’internationalisme, avec une mondialisation solidaire, communiste.

            Comment la mondialisation capitaliste pourrait être la mondialisation communiste ? Aberration de votre esprit !

            Je vais vous expliquer sommairement ce qui vous échappe, pour ne pas vouloir le voir. Ce ne sera sans doute pas suffisant.

            La mondialisation économique est un fait acquis depuis au moins le XIXème siècle, ce qui ne l’est pas, c’est la mondialisation politique et sociale. Sur ces deux points clés, la mondialisation n’existe pas et n’a encore jamais existé.

            Bref, comment pouvez vous parler d’une re-mondilasation parlant de quelque chose qui n’a jamais encore existé ? La société des nations après la première guerre mondiale était un enfant mort né. Et pour cause !

            Absurde et surtout, manipulatoire. Mais je mettrai cela sur le compte de la confusion.

            Dites moi donc où Georges Gastaud parle d’une mondialisation politique et sociale ayant existé historiquement ? En mélangeant cause et conséquence, vous pouvez certes abuser et surtout vous abuser vous même, mais n’espérez pas me tromper. Ce qui préside au système économique, c’est le système politique, sauf lorsqu’un système politique est soumis à un autre système politique. Je ne vais pas l’expliquer ici, mais un esprit libre peut très bien le comprendre sur la seule base de mes articles postés sur Agoravox.

            votre commentaire est donc du pur sophisme, que Georges Gastaud prétend pourtant pourfendre !

            Cela dit, je suis d’accord sur un point fondamental, il faut en passer d’abord par le cadre national, mais le but est, pour tout communiste, d’atteindre à l’universalité où un travailleur chinois ou du Bengladesh ont la même dignité et soumis aux mêmes règles économiques, sociales et politique.

            Ce n’est ni vous ni moi qui en décidons, mais la logique interne au principe communiste. Si vous refusez cette logique, alors, vous refusez le principe communiste et n’êtes pas communiste, car vous limitez votre raisonnement là où vous placez votre intérêt personnel au dessus de la logique communiste. Bref, vous n’êtes alors qu’un capitaliste honteux !



          • fred.foyn 12 octobre 2016 08:01
            En voyant le résultat, pas de quoi être fier il me semble..c’est valable pour tous les pays de la planète d’ailleurs...Nous vivons sur des montagnes de déchets dans un air pollué à l’extrême en surpopulation, des guerres aux quatre coins de la planète faisant des millions de morts.. ?
            Faut être un peu juste du bulbe pour être fier de son histoire ?

            • mmbbb 12 octobre 2016 09:19

              @fred.foyn j’habite en france pays devenu tres sale Le matin a la part Dieu lorsque je me rends au travail, un employé municipal nettoie les ecuries d’augias . Sur les pelouse vertes amenagees le long du Rhone ou pourtant ce sont une certaine classe sociale ( etudiants cadres etc ) cette pelouse est un cendrier a ciel ouvert ou les capsules de bouteilles de biere jonchent le sol Si vous interrogez ces personnes elles seront à l’évidence contre Monsato les multil nationales ect alors qu elles ont le meme comportement de négligeance a leur échelle. Reportage amuse d’un journaliste du Poin Lewino a Paris d’une conference sur l’environnement exactement le même comportement ( megots jetes ). comme la plupart des ecolos bo bo qui il y a une semaine a Paris celebraient la nuit blanche ( festivite de Lumiere ) et une semaine après enjoignaient les villes et le citoyen a eteindre ses lumieres . Le comportement de l homme n’ a pas change fondamentalement il est toujours aussi bourrin .


            • Méc-créant (---.---.206.23) 12 octobre 2016 21:40

               Je partage une part de votre analyse quant à la notion de...nation. Dans le blog « Immondialisation : peuples en solde ! », je présente des textes dont le contenu, bien qu’articulé sous une forme différente — car peu référencé à des événements ou personnages historiques— exprime une teneur de fond conciliable sinon comparable à celle de votre article. Déjà, certains intertitres peuvent indiquer à vos lecteurs des éléments de réflexion qui entrent en résonance avec vos propos. « Une intégration, désintégration » - « L’Etat sans la nation ? » (à propos de Contrefeux de Bourdieu) - « Souveraineté, identité, indépendance nationales : un acquis des peuples et des individus » - « Nation et ethnie : consciente ou inconsciente con-fusion » - « Euromondialisation : ultra-impérialisme et recolonisation totalitaires » - « Nation et indépendance : coupables d’anti-mondialisation » - « Mondialisation et internationalisme » - Peut-être est-il possible d’y trouver des éléments utiles à la réflexion.
               D’un autre texte, rédigé pour les élections au parlement européen (pas présent sur le blog), dans lequel je défendais l’abstention, je peux tirer ces quelques lignes.
                « Construire l’Europe » - « Europe nouvelle » - « la France ne pourra rester un grand Etat qu’avec la nouvelle Europe » - « faire fraterniser les peuples » - « travailler dans toute l’Europe » - « économie puissante » - « tenir tête aux Américains » - « les français à l’étranger travailleront d’un même coeur pour notre patrie commune : l’Europe ». « Ces expressions n’auraient rien de surprenant à se rencontrer dans la bouche des défenseurs de L’Europe. Elles ne datent pourtant pas des années 1980 ou 90. Elles ont été prononcées et martelées en France à une autre période : la période 39-45 (on en retrouve quelques-unes, parmi d’autres, dans les films »Pétain« et »L’oeil de Vichy« ). Cette mise en parallèle peut paraître pure provocation ou démagogie. Elle permet cependant de rappeler ce que marmonnent quelques vieux de la vieille : faire cette Europe, c’est faire ce qu’Hitler n’a pas pu faire. Un coup de gueule qui ne saurait suffire à résoudre une telle question mais qui a le mérite de montrer, en liaison avec l’histoire, que guerre et économie peuvent faire se confronter les peuples de différents pays et, qu’après tout, un des aspects du Reich était aussi l’établissement d’un Marché unique... »
                Je ne suis pourtant pas un patriote fanatique. Je fonde essentiellement mon attitude sur le droit à la liberté pour chaque individu, pour chaque citoyen, donc sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (incompatible avec le droit des actionnaires à disposer des peuples). Pour longtemps encore la nation reste le premier —souvent le seul— cadre de résistance possible pour les populations.
               Méc-créant.


              • Méc-créant (---.---.206.23) 12 octobre 2016 22:44

                 Je m’adresse là directement au philosophe. Ai-je bien saisi le contenu de votre note 20 ? Vous entérinez la théorie des origines avancée par le sieur Lemaître (qui, abbé de son état, pouvait aisément en maîtriser la « révélation ») ? Nous abordons un domaine philosophiquement important. Comment un « matérialiste conséquent » (!) peut-il accepter sans barguigner (un peu de respect pour nos anciens...mots...) une théorie accouchant d’un Big-bang (originel, sinon ce ne serait que petitement génial) ? C’est pourtant là une conception créationniste de l’univers qui n’a rien à envier aux religions (particulièrement monothéistes) nous ayant asséné cette vérité révélée depuis qu’elles existent. Peut-être n’envisagez-vous pas d’en débattre parce que vous n’êtes pas un super mathématicien (ce que tiennent à nous imposer les relativistes, en effet) ? La belle affaire ! Moi non plus, loin s’en faut (j’avais du mal avec les équations du second degré, c’est vous dire). Pour ne prendre qu’un exemple parmi des tas d’autres, ne pas être un expert atomiste est-ce que cela nous interdit de refuser qu’on enterre les déchets nucléaires dans notre jardin ? Je vous invite (en fait, à vos frais, j’ai pas les moyens...) à aiguiser votre réflexion quant à la Relativité telle qu’elle nous est contée (et, au bout de l’irrationnel, à son avatar big-bangueux). Comment un processus de pensée matérialiste peut-il s’accommoder d’une théorie prétendant dilater, contracter, creuser, plier,...des abstractions ? Abstractions fondamentales, s’agissant du temps et de l’espace, pour tenter d’approcher la réalité. C’est nier par là-même le rôle déterminant des abstractions dans la compréhension et l’élaboration d’une pensée scientifique de la nature. C’est bien d’une autre relativité qu’il est question. La nature (la réalité), duale, nous révèle ses deux aspects fondamentaux pour avoir une possibilité de l’approcher sans trop d’erreurs : le concret et l’abstrait. Le physique et le conceptuel. Concepts, notions, sont l’intégration intellectuelle, mentale des relations (abstractions) que nous apprend l’étude de la réalité. Aussi est-il indispensable de concevoir les bonnes relations, les réelles relations, les réelles... abstractions.
                 Tous les plus grands hyper-ultra-mathématiciens n’y pourront jamais rien : ce qui n’est pas formé ne saurait être ni dé-formé ni trans-formé. Quant au tissu magique (d’espace-temps) des Relativistes forcenés il se pourrait qu’ils finissent dans quelque temps par s’y faire tailler un costard dans l’irrationnel.
                 Bon, abrégeons : je suis autant anti-relativiste qu’anti-capitaliste...primaire.
                 Cordialement matérialiste. Méc-créant

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