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Accueil du site > Actualités > Société > Quarante ans après, que sont devenues les filles de mai 1968 (...)

Quarante ans après, que sont devenues les filles de mai 1968 ?

Enfin un sujet oublié dans cet anniversaire de mai 68, alors que plus de cent ouvrages sortent pour son quarantième anniversaire ! Quarante ans après, les filles de mai sont grands-mères : J’ai eu envie de prendre le risque du débat, en ce dimanche, et à la lumière d’une étude et d’un ouvrage que je publie à partir d’une enquête sur « Ces jolies filles de mai 1968, une génération pas comme les autres. »

« Odéon, don, don, tu as de la chance, mon ange, tu n’iras pas goûter rue Spontini, le dimanche, tu ne baisera pas la main des vieilles mémères, tu ne feras pas de première communion, tu ne seras pas photographié en aube blanche, tu ne chuchoteras pas tes péchés à monsieur le curé, le péché n’existe plus, le péché n’existe pas. Dis donc, Sophie, quel prénom avez-vous donné à ce môme ? Il n’a pas encore de prénom ni de nom : son père a dit qu’il ne pouvait pas se préoccuper de futilités, en un moment pareil » ( Anna de Céspedes, Chanson des filles de mai, écrit au quartier latin pendant les évènements Seuil, 1968)

Si le désir d’enfant ne peut être dissocié du regard que la société porte sur lui, ce bébé de 68 exprime parfaitement le paradoxe de 68 : Une rupture vers quoi ? Un pont vers quelle rive ?

Laissons nous guider vers ces filles de mai, habillées soit de mini jupes courtes donnant une silhouette à la Paco Rabanne, ou de fripes colorées à la mode hippies, toujours là, revendicatrices, mais veillant à être séduisantes, n’hésitant pas à faire les sandwich. Ces héroïnes de la révolte parfois matraquées, violentées, mais oubliées par les ténors du mouvement. Elles ont été le symbole éclatant d’un combat qui allait changer la société en changeant la condition des femmes.

Mai 68 n’a jamais été une révolution mais un point d’orgue, une fête et une crise, ou plutôt une crise et une fête. Le point d’orgue d’une société en mutation, et dont les avancées sont surtout le fait de la génération née avant la première guerre et autour de 1920. Au-delà des nuits d’émeutes, 1968 fut aussi la fête d’une jeunesse qui voulait vivre avec son époque, pour qui la liberté était plus importante que l’autorité, pour qui l’acte d’amour sexuel était un bonheur de la vie contraire aux valeurs d’une société qu’il fallait changer d’urgence. C’est le 29 avril 1968 que la production musicale Hair est présentée pour la première fois à Broadway ; Elle tiendra l’affiche à 1 742 reprises jusqu’au premier juillet 1972. On y retrouve notamment les chansons Aquarius, Let The Sunshine In et Good Morning Starshine. C’est ce même moi d’avril 1968 que sort le succès du duo, Simon et Gartfunkel “Mrs Robinson”, une composition de Paul Simon pour le film Le Lauréat, (en anglais, The Graduate). Oui, il y eu des histoires d’amour sur les barricades, des débats sur l’érotisme et l’amour vrai qui produit le plaisir vrai, même si le slogan dont on se souviens est « jouissons sans entrave ». Période esthétique, mai 68 fut, surtout dans sa part existentialiste, prolixe en mots et en slogans entrés depuis dans la mémoire collective, de « sous les pavés, la plages » au célèbre « Soyez réaliste, demandez l’impossible » [i]. C’est dans la Sorbonne occupée que le chanteur Renaud écrit sa première chanson. Mais au-delà de cette liberté, et même de ce pseudo libertanisme, il y avait aussi une crise, une crise à trois étages, culturelle, universitaire, et sociale. Culturelle car les codes établis étaient devenus obsolètes, universitaire car le mandarinat et la sélection l’étaient aussi, sociale, car l’action des ouvriers y a trouvé le débouché d’acquis sociaux. Ce ne fut qu’une courte - mais sévère - crise politique, le pouvoir étant conforté après la dissolution de l’assemblée du 30 mai et la majorité absolue donnée par les urnes au pouvoir Gaulliste. Aujourd’hui, nous pouvons évaluer le quatrième étage, sans doute le plus profond, en tous cas le plus long à mesurer : La crise générationnelle. 68 fut une succession de petits faits sur un lit de braises. Révélée le 8 janvier 1968, par la manifestation de quelques étudiants de l’université Nanterre criant au ministre François Missoffe venu inaugurer la piscine du campus « Vous inaugurez une piscine, mais que faites-vous pour les problèmes sexuels de la jeunesse ? », puis le 7 février à la suite d’une répression policière d’une manifestation contre la guerre du Vietnam, et déclenché le 22 mars, par l’occupation, toute une nuit, de la tour administrative du campus de Nanterre. S’il ne reste que des souvenirs des nuits des barricades, ce mouvement, fut à l’occasion d’une jonction inédite entre le mouvement des étudiants et les ouvriers donnant les grandes grèves et les accords de Grenelle du 27 mai sur l’augmentation des salaires, la réduction des horaires et l’abaissement de l’âge de la retraite. Même contredit par les urnes ce mouvement, qui n’a pas eu d’équivalent, a aussi été marqué, dans tous les milieux, par une prise de pouvoir de la jeunesse, rejetant les normes d’une société et ses modèles d’éducation. C’était donc aussi une crise de génération. Bien-sûr, celle-ci avait éclaté avant les évènements, mais nous ne pouvions en prendre la mesure qu’au terme d’un cycle. Et, c’est bien quand une génération prend le relais que ce temps s’accomplit. Et ce sont les femmes, ces filles de mai, présentent dans les manifs mais oubliées comme porte-paroles, qui révèlent la portée, le poids et les bienfaits de cette crise qui a appelée une classe d’âge la « génération de mai 1968 ».

Ce sont donc ces femmes, ces filles de mai dont la vie va être bouleversée par l’évolution des mœurs et des mentalités qui a précédé et va suivre mai 68 qui nous intéressent. Celles qui ont été en avant, féministes, écrivains, mais aussi les anonymes et toutes celles qui sont restées en dehors du mouvement. C’est avec elles que nous allons essayer de retracer ces quarante ans, cet espace de temps qui nous sépare aujourd’hui du moi de mai 1968, à Paris, rue Gay Lussac ou boulevard Saint-Germain.

Le 6 mai 1968, des heurts violents entre étudiants et policiers font 900 blessés - 600 étudiants et plus de 300 policiers - b au quartier latin, à Paris... Dans la nuit du 10 mai, c’est une nuit d’émeute, avec plus de soixante barricades et une charge violente des CRS vers deux heures du matin qui fera plus de mille blessés des deux cotés. Heureusement, et malgré le nombre de blessés, aucun mort ne sera à déplorer. Le pouvoir vacille, le monde s’inquiète, le 15 mai, après la Sorbonne, le théâtre de l’Odéon est occupé, en même temps que l’usine Renault de Cléon. Curieux mois de mai ! En quelques années, et sans rappeler mai 1981, le vingtième siècle a en effet connu de nombreux mois de mai marquants. Le 4 mai 1924 Hitler les nationaux-allemands font une poussée remarquée aux élections du Reichstag. Il sera élu le 30 janvier 1933. Le 5 mai 1930, Gandhi est arrêté en Inde par les Anglais. Le 11 mai 1931, la crise économique touche l’Europe avec la faillite du Kreditbank à Vienne. Le 3 mai 1936, le Front Populaire gagne les élections législatives en France. Le 14 mai 1940 l’armée Allemande passe Sedan. Le 15 mai 1943, constitution du Conseil National de la résistance française, De gaulle quitte Londres pour Alger. Le 8 mai 1945 le IIIe Reich capitule sans condition à Reims, puis à Berlin. Le 14 mai 1948, l’Etat d’Israël est proclamé. Le 9 mai 1950 Robert Schumann, ministre français des affaires étrangère, lance la communauté européenne par l’idée d’un « pool charbon-acier ». Le 17 mai 1954, la Cour suprême des Etats Unis déclare inconstitutionnelle la discrimination raciale dans les écoles. Le 14 mai 1955 le pacte de Varsovie d’assistance mutuelle est signé entre l’URSS et les républiques populaires, à l’exception de la Yougoslavie. Le 28 mai 1957 le FLN massacre trois cents partisans de Messali Hadj à Mélouza, en Algérie. Le 13 mai 1958 Salan « prend en main les destinées de l’Algérie Française lors de l’insurrection d’Alger. Le 29, Coty fait appel à de Gaulle, qui sera investi des pleins pouvoirs. En mai 1961 une vague d’attentats OAS et FLN secoue l’Algérie. Mai 1962, début de l’exode des Français d’Algérie. Le 25 mai 1963 la charte de l’unité africaine (OUA) est adoptée à Adis Abeba. Le 18 mai 1967 les troupes sud-vietnamiennes et américaines pénètrent dans la zone démilitarisée séparant les deux Vietnam. Le 1er mai 1970 Nixon intervient au Cambodge et reprend le 3 les bombardements sur le Nord Vietnam. Le 9, 100 000 étudiants manifestent à Washington contre l’intervention au Cambodge. Le 9 mai 1972 Nixon ordonne le blocus total du Vietnam du Nord et mine ses ports. Le 17 mai 1973, le Sénat américain ouvre une enquête sur le scandale du Watergate.

Les méprises de mai 68

Aujourd’hui Mai 68 continue à alimenter des débats - nous l’avons vu lors d’un épisode de la dernière élection présidentielle - et à provoquer autant d’interrogations, et de questions quarante ans après. Est-il possible de tourner la page de 68 comme nous y invitait Nicolas Sarkozy il y a quelques mois, en campagne ? Sa concurrente socialiste pouvait-elle lui répondre que ce qui avait eu lieu il y a quarante ans ne comptait plus aujourd’hui ? Ou sommes- nous toutes et tous des enfants de 68 ? Ou les victimes d’une génération égoïste et névrosée ? Quelle est la réalité ou le cliché du péjoratif « soixante-huitard » ? Les idéaux de 68 restent-t-il à défendre aujourd’hui ? Lesquels, où, par qui et comment ? Ces différentes questions ont plus d’une fois été posées, sans que jamais il ne soit donné de réponse irréfutable, consensuelle ou durable.

Notre prétention n’est pas de faire le bilan de mai 1968, quarante ans après, mais d’écouter la parole de ceux et surtout de celles qui l’on vécu et d’approcher certaines permanences historiques. Cela pour tenter de révéler les enjeux d’un mai 2008 bien différent. Car il faudrait d’abord considérer que la société a changé depuis quarante ans, de façon de plus en plus accélérée, et que, en 68, elle avait déjà considérablement changé par rapport aux quarante dernières années, c’est-à-dire 1928 ! Il faut aussi être prudent avec l’histoire contemporaine, car avons-nous suffisamment de recul par rapport aux années 60 ? Nous arrivons juste à avoir des débats dépassionnés sur 1936, qui fut un bouleversement plus grand que 68, et nous avions même encore des débats passionnés sur la Révolution française, à l’occasion de son bicentenaire, en 1989. Alors, quarante ans, c’est à la fois loin et très proche et la mémoire vivante se porte bien. Les enfants des baby-boomer ayant fait des enfants plus tard que leurs parents, on ne peut pas dire que 40 ans, c’est deux générations. Retenons juste que c’est une génération et demi et que cela peut donc devenir un sujet de transmission entre les générations. D’autant plus que celles et ceux qui avaient vingt ans en 1968 arrivent aujourd’hui à l’âge de la retraite et même de la grand-parentalité. A eux aussi de se dégager d’accusations, de dénégations, ou de mythes. A eux aussi de se saisir de ce sujet si actuel, en profitant du fait que le débat n’a jamais autant tourné autour de ces Baby-boomers nés à partir de 1946 et qui deviennent mamy boomeuses et papy boomers.

Quelles qu’aient été les proclamations d’hier, on le sait, cette révolution fut surtout une révolution culturelle. Elle eu une influence réelle et forte sur les modes d’éducation, et surtout sur la condition des femmes. Le mouvement social qui la accompagné fut aussi pour la seconde fois au cours du vingtième siècle, après 1936, la démonstration que un mouvement, des grèves, peuvent changer le cours de la condition concrète des salariés et des ouvriers. En cela les « accords de Grenelle » que l’on a connus à la fois en 36 mais aussi en 68, en sont une illustration. Cette possibilité d’agir et d’obtenir des résultats collectivement s’est conjuguée avec le droit à l’autonomie pour les individus. Ce droit à l’autonomie a été décliné tout au long des années 70, notamment avec les métamorphoses de la famille, l’acceptation du célibat, des familles monoparentales, et bien-sûr la généralisation des divorces après 1975.

Mais cette autonomie qui était une revendication forte des étudiants de 68, cette liberté de créer et de produire sa propre individualité s’est heurtée dès 1973, plus sévèrement en 1979 puis en 1993, à la crise économique, au chômage et à la montée des solitudes et de l’exclusion.

La brise de 68

Il est important de comprendre à la fois ce qui a changé et ce qui n’a pas changé depuis 1968. Nous pourrions nous demander si les conditions sociales et économiques sont pas au moins aussi favorable qu’à l’époque à une insurrection, et si d’autre part, le système éducatif mis en cause il y a quarante ans, n’est pas aujourd’hui, encore plus en question. Mais la grande différence avec 1968 est peut-être l’harmonie qui existe aujourd’hui entre les générations. Hier, il s’agissait véritablement de s’affronter à des rigidités incarnées par d’autres générations, à commencer par les parents, le professeur et toutes autorités. Aujourd’hui il ne s’agit plus de cela. Il ne s’agit plus non plus de s’engager dans une idéologie totale, d’inspiration maoïste ou autre, mais de réagir par rapport à des questions précises sur lesquelles peuvent se greffer des mouvements collectifs. Ces débats sont d’autant plus importants que nous entrons dans une période ou des réformes qui ont été engagées ou reportées devront être mises en œuvre. La réforme de l’Etat providence pourra-t-elle ignorer le fait que cette génération dite « de 68 » en réalité, les baby-boomers, vont être demain les générations du grand âge et qu’elles auront besoin, alors, du soutien de la collectivité, parce que elle sont aussi les générations qui ont fait le moins d’enfants, et qui aura donc le moins d’aidants familiaux ?

Il y a donc un certain nombre de questions d’actualité, et même des questions majeures, que nous devront traiter à partir d’une culture qui s’est exprimée au cours des années 60 et qui arrive au bout d’un cycle. Quel pourrait être aujourd’hui une nouvelle donne ? C’est aussi une autre question que nous posons dans cet article. En tentant de comprendre l’actualité de l’esprit de mai, notre réflexion nous invite à repenser la place de l’enfant dans la famille, l’école et la société, à retrouver l’esprit original des lumières tel que Condorcet l’exprimait, et donc à mettre en œuvre une éducation tout au long de la vie, facilitée aujourd’hui par les nouvelles technologies de la communication. Mais le souvenir des luttes passées ne peux faire l’économie d’une réflexion sur l’individu dans la société et donc de la démocratie susceptible de libérer les initiatives, de créer du lien social et des richesses nouvelles.

Quarante ans après 1968, atteignant les limites de la société de consommation mondialisée, l’homme peut-il s’abstraire de son prochain et de environnement ? Non. C’est alors que l’on prend conscience de la permanence et de la pertinence de l’esprit de révolte, intemporel et impérieux par delà les générations successives. Sans entrer dans les différentes « chapelles » des maoïstes, des trotskystes, des surréalistes, de la gauche prolétarienne ou des communistes, combien étaient-ils, ces étudiants révolutionnaires de 1968 ? Combien sont-ils aujourd’hui ? Et combien le revendiquent-ils ? Qui sont-ils ? Quels sont les points communs de leurs parcours depuis quarante ans ? De leurs engagements. Y-a-t-il d’ailleurs d’autres points communs que cette jeunesse partagée ? Certains étaient ou son devenus célèbres, comme Daniel Cohn-Bendit, député vert européen, Bernard Kouchner, ministre ou Serge July, ancien patron de Libération. Certaines figures emblématiques de l’époque, comme Alain Geismar, se sont tournés vers l’éducation. D’autres se sont révélés dans le domaine artistique, comme le peintre Gérard Fromanger. Il ya aussi des intellectuels, compagnons de route de Sartre, Foucault ou Deleuze. Si nous nous limitions aux personnalités « visibles », comment ne pas retenir un point commun : la modernité ? Un peu comme si le désir de changer le monde et les pratique, de rechercher une certaine vérité ne les avait jamais quittés, quitte à assumer, de façon pragmatique, et pour certains, des contradictions, qui sont en fait des expériences et des tentatives. Si je prends le cas de mon ami Gérard Fromanger, je retiendrai aussi une maturité dynamique, toujours partante pour faire bouger les lignes.

On retrouve aussi l’esprit de mai dans le courant altermondialiste, en France, comme partout dans le monde. Les congressistes de Porto Allègre trouvent dans la dénonciation des échanges commerciaux internationaux qui dominent par la dette et ses intérêts les pays les moins avancés, pillent leurs richesses minières et agricoles sans leur offrir l’autosuffisance alimentaire et la dignité une voie qui fait écho aux écrits de mai 68, comme chez tous les militants anti-guerre du Vietnam dans le monde. Les théorie du « village-monde », cette engagement dans l’internationalisme, avant que la mondialisation ne se réalise par la monnaie et l’économie, puis par l’accélération des rythmes des échanges, donne, d’une certaine façon, raison à la parole de 68, même si la plupart de ses références idéologiques ont été démenties par les faits, que ce soit en Chine, en Union Soviétique, et aussi à Cuba. Mais, après tout, les revanches du peuple Chilien, la démocratie portugaise et espagnole, et, en France, l’alternance de mai 1981, ne donnent-elles pas raison à ceux qui pensent que le monde peut et doit être changé. Alors, bien-sûr, le temps se charge de distinguer le grain de l’ivraie. Qu’est devenu, en 2008, l’esprit du mouvement Solidarité de la Pologne des années 80 ? Que sont devenus les idéaux de la gauche française des années 70 et les premières années du pouvoir socialiste fasse aux contraintes de la rigueur économique de 1983 ? Et le pragmatisme Rocardien des années 90 ? Et l’équilibre cher à Lionel Jospin à la fin des années 90 ? Des réformes considérables, comme le RMI ou les 35 heures ont été réalisées, non sans débats persistants, mais jamais le PS n’a su levé l’ambigüité ancestrale qui l’accompagne depuis 1905 : Accepter ou non l’économie de marché, agir national ou penser mondial. Jugés « hors du coup » en 68, Mitterrand et Mendès France ont perçu le décalage qui existait entre des jeunes idéalistes et leur expérience du pouvoir comme leur pratique de la politique. Nous pourrions tout de même nous demandé si celles et ceux qui ont été les contemporains de 1968, on eu une expérience militante minoritaire, au PSU ou chez les trotskystes l’OCI, et on rejoint le PS dans les années 70, comme Jospin et Rocard notamment, n’ont pas gardé cette méthode et souvent cette force d’engagement combinée avec la volonté d’agir vrai avec pédagogie et lucidité, que l’on retrouve chez de nombreux ex-68. Ces engagements ne sont pas sans dérives, avec la déprime de nombreux jeunes, et l’agissement terroriste d’une minorité, notamment dans les groupuscules violents d’extrême gauche allemands ou italiens. A à un autre niveau est à partir de 68, aussi, alors même que les principaux leaders de 68 étaient juifs, que le glissement de certains engagements pour le peuple palestinien vers un antisionisme avec des dérives antisémites qui font toujours débat aujourd’hui. Mais dans sa profondeur, ce mouvement apparait surtout comme généreux. Généreux pour les plus faibles, contre le racisme, pour les peuples opprimés, pour la libération de la femme, les droits de l’enfant, la justice sociale et la liberté d’expression. Il y a sans doute eu beaucoup de temps et de salive perdus dans ces assemblées générales où chacun s’exprimait librement, mais, avec le recul, et à part le Front populaire de l’été 1936, cette utopie mobilisatrice n’a pas eu son égal, au point de devenir désormais un rituel dans tout cursus étudiant..

En repensant à eux, à leur génération, à leurs rêves passés, leur bilan et la justification de leurs politiques, il me vient en tête ce vers du poète René Char : « La lucidité est une blessure proche du soleil ». Ce faisant, nous n’expliqueront jamais pourquoi certains sont morts à 30 ans, morts mentalement ou physiquement, ces filles et ces garçons qui n’ont pu trouver leur unité personnelle, des raisons de survivre à la force de ce qui avait façonné leur adolescence et leur avait laissé croire que l’on pouvait changer la vie adulte. On ne peut résumer l’esprit de mai 68 à la France. Ce mouvement se voulait d’ailleurs plus large que les clivages sociaux, mais aussi plus large que toutes les frontières et tous les continents. A ce titre, l’expulsion de Daniel Cohn Bendit, n’a pu de rajouter au mythe de ce combat. Le slogan « Nous sommes tous des juifs Allemands » est en lui-même une alliance des temps et des causes. En 1968 Israël était un pays rescapé de la guerre des six jours, dirigé par Ben Gourion et Golda Meir, qui forçait l’admiration. On était loin de septembre noir et du massacre des palestiniens en Jordanie, des camps de réfugiés, et du relais de la cause palestinienne par une extrême gauche anti-israélienne. Mais ce mouvement a-t-il été aussi cohérent que l’on a pu le dire ?, Violement anti capitaliste, mais aussi anti raciste, anti xénophobe. Si l’esprit des barricades avait un peu l’esprit de la solidarité des tranchées, de l’union des résistants, des fronts communs qui transcendent les différences, c’était surtout par son aspect joyeux, et non en conscience. Car ce bouillonnement des années 60, ne se limitait pas à la France. On trouve notamment une profonde volonté de rupture chez les anglo-saxons, les américains confrontés au Vietnam bien sûr, mais aussi au racisme, aux outrances de la société de consommation et aux hypocrisies du puritanisme. Mais aussi, de l’autre coté de la manche, les britanniques en lutte contre une société figée jusqu’à la caricature.

Les témoignages de celles et ceux qui « ont fait 68 », ou qui ont été sympathisants du mouvement, m’invitent à corriger les clichés et à bannir les généralisations. Combien de fois a-ton pu lire cette question « Les soixante-huitards étaient-ils des d’authentiques révoltés ou bien des étudiants bourgeois d’abord préoccupés par leur égocentrisme ? Comment peut-on considérer que « jouir » est un programme ? S’ils ne sont pas partis cultiver des champs et élever des moutons dans le Larzac ou dans le Tarn, leur procès s’attarde aussi sur leurs reniements, sur ce qu’ils sont devenus dans la société, cadres, PDG, hommes d’affaires... Dès lors, une autre question est posée : N’y avait-il pas aussi un trait commun entre les années 80, années frics ou la réussite matérielle était l’essentiel, et l’esprit de 68 ? N’était-ce pas les mêmes ? Dès lors, la caricature d’enfants gâtés, de je-sais-tout faussement décontractés, alternant libéralisme et sectarisme, surfant sur les modes intellectuelles et ayant renoncé à changer une société, qu’après tout, ils trouvaient confortable, s’est imposée. Le « Nous » pouvait se diluer dans le « Moi je », et des repères fondamentaux disparaitre dans l’éducation, dans le couple, bref dans la cellule de base de la société. Avec 68 seraient apparus les intellectuels précaires, les célibataires endurcis, et les bourgeois bohèmes... A-t-on oublié de revisité aussi les autres socio-types, comme ceux des jeunes bourgeois de « Neuilly-Auteuil-Passy » avec leurs certitudes et leurs fréquentations tranchées, mais aussi le français moyen, râleur et tenté par le racisme et la xénophobie... Non, la société des individus laisse aujourd’hui à chacun la liberté de construire son propre personnage, une personnalité que la vie se charge aussi de sculpter. On ne peut dissocier un espace de temps de plus de dix ans - c’est aussi la durée de validité d’une carte d’identité - des cycles de vie et des marqueurs de vie. On ne peut abstraire de l’évolution d’une personne les changements intervenus dans sa vie et dans ses vies, vie personnelle, vie professionnelle, vie familiale. Son environnement quotidien l’influence, logement, cadre urbain, et même les nouvelles technologies comme le téléphone portable et Internet, ou le mode de transport choisi, individuel ou collectif, voiture, moto ou vélo. Le régime alimentaire aussi compte, tout comme l’assimilation de codes culturels, l’impact des voyages, des lectures, du cinéma ou de la télévision. Mais c’est surtout dans son rapport à l’autre, à ses parents, à son ou sa conjoint(e), à ses amis et bien-sûr à ses enfants, qui guident dans l’existence, que cette sculpture intime va prendre progressivement sa forme. Alors oui, il faut bien dépasser sa jeunesse et même ses références de jeunesse pour simplement vivre.

On a aussi mis sur le dos de 68 la métamorphose de l’autorité, désormais partagée et acceptée, ou refusée. Mais il serait trop facile de mettre au débit de 68 le déclin des usages, de la politesse et du savoir-vivre. Mais là encore, il y a concordance des temps, et la tolérance plus grande pour des comportements plus libre, a été constatée dans tous les pays. Mais, parce qu’elle était aussi au cœur de l’esprit de 68, nous ne pouvons échapper à une question de fond. L’autorité est-elle une nécessité ? Et est-elle d’abord une question de modèle, de conception de l’image de soi et de respect des autres ? Il est vrai que cette question a plus fait l’objet de slogans « Il est interdit d’interdire » que de débats dans les amphithéâtres... et le rejet de l’uniforme synonyme de service militaire obligatoire, a entrainé avec lui le rejet de tout autoritarisme, sans que la notion d’autorité soir redéfinie.

Dépassons tous ces clichés pour retenir un acquis de ces années 60 et 70 : Le droit à l’impertinence, et son corollaire, la vraie liberté de la presse et des ondes par rapport au pouvoir politique. Mis en musique par l’Atelier des Beaux Arts, qui fut tout à fois un atelier de création de mots, un laboratoire d’art contemporain, un ferment de cultures urbaine, donnant la parole aux murs par le pochoir ou l’affiche, avec des pictogrammes et des slogans qui ont traversés les années. Ce droit à l’impertinence a en fait remis à jour une vieille tradition française du « portrait à charge ». Charlie Hebdo ou Hara Kiri ont eu leur publicité faite par les procès et le saisies périodiques de leurs numéros comme celui sur la mort du Général de Gaulle en 1970 : « Bal tragique à Colombey : 1 mort » Si le Canard Enchainé, journal de tranché créé en 1915, n’a jamais abandonné le terrain de l’indépendance, de la liberté de ton, de l’enquête et de l’humour, si son alter-égo anarchiste de droite « Le Crapouillot » a lui-aussi sorti des dossiers explosifs, l’esprit de mai a renouvelé l’expression libre et créative. La « figuration narrative », courant d’art contemporain mélangeant la photo, le dessin, la peinture et l’art urbain, lui doit beaucoup, comme la vague des journaux de lycées, les Fanzines, ou la nouvelle vague de la bande dessinée. Mais l’esprit de mai a aussi été rapidement récupéré par la publicité commerciale moderne. Combien d’ex-68 ont été recrutés dans les teams créatifs d’agences, comme photographes ou comme commerciaux ? Et combien les dirigent aujourd’hui ? Les codes de mai 68 sont restés ceux d’une génération qui a aussi créé ses propres codes de communication et de consommation, jusqu’à en faire la marque d’une époque. Aujourd’hui, la question est plutôt de savoir si il y a eu ou non overdose...

D’ailleurs, curieusement, cet espace temps 1968-2008, est celui de l’explosion de la consommation de masse, des hypermarchés, de la voiture, de l’équipement des foyers. A titre d’exemple, c’est aussi le temps qu’il a fallut à McDonald’s pour conquérir le monde. En 1967, Ray Kroc, qui avait racheté l’enseigne aux frères McDonald’s en 1955 avait 1000 restaurants aux Etats Unis. Il en a près de 32 000 aujourd’hui dans le monde, dont 13 774 aux Etats Unis.

Individus, couples, enfants et générations

Seule une minorité de femmes ont participé aux évènements du quartier Latin, mais toutes ont vue leur vie changer en quarante ans.[ii][iii] Oubliée l’époque du film « Diabolo menthe » avec les écoles pour filles séparées des garçons, les avortements à l’étranger, les mariages obligatoires, les études courtes et l’astreinte à la maison pour élever une famille nombreuse. Ce n’est qu’en 1965 qu’une femme a eu le droit de travailler sans l’autorisation de son mari, et d’ouvrir seule un compte en banque. Ce n’est qu’en 1967 que la contraception a été légalisée, avant l’avortement, en 1975. Le divorce par consentement mutuel date, aussi de 1975. Plus encore que la maitrise du corps et la libéralisation des mœurs, c’est un renversement de valeurs qui s’est opéré. Ce n’est plus le couple mais l’enfant qui structure la famille, et ce ne sont plus les normes mais la qualité des liens qui la fédère. Le fait d’être ensemble tout en étant soi-même, de bouleverser les calendriers de vie, en quittant plus tard le domicile parental et en faisant des enfants plus tard, l’allongement de l’espérance de vie, de 15 années depuis 1950, ont modifié aussi les pyramides familiales en créant la « famille verticale » en référence à la tour que représentent davantage de générations, avec moins d’enfants à chaque étage...

La forte reprise de la natalité après la guerre (baby-boom) avait été obtenue avec le recul de la mortalité infantile, la baisse régulière et lente de la mortalité générale grâce aux progrès médicaux et à la hausse des niveaux de vie et une forte immigration .Depuis, notre population vieillit et notre croissance démographique lente ne permet pas le renouvellement des générations. En effet, si la France connait depuis deux ans un taux de. natalité élevé (voir en annexe le bilan publié par l’INSEE en janvier 2008) depuis la fin des années 60, les statistiques de tous les pays occidentaux ont accusé une baisse de la nuptialité et de la natalité et une hausse des divorces surtout demandés par les femmes. En France, le seuil de natalité a été l’année 1974 Mais si elles ne sont plus contraintes au mariage comme leurs mères, on observe aussi que plus le niveau d’éducation des femmes s’élève, moins elles se marient et plus elles divorcent. Il s’agit cependant moins d’un rejet du mariage que des relations d’inégalité à l’intérieur du couple, en particulier la charge exclusive des tâches domestiques. C’est ainsi que l’union libre et de la famille monoparentale se sont banalisés, tout comme la recherche d’une vie amoureuse y compris ailleurs que dans l’hétérosexualité En comparant les recensements de la population de 1968 et 1999, sur un nombre de ménages passant de 15,8 à 23, 8 millions, le pourcentage de femmes seules est passé de 13,8 % à 18,5%, de familles monoparentales de 2,9% à 7,4 % , de couples sans enfant de 21,1% à 24,8% alors que le nombre de couples avec enfant passait de 36 % à 31,5 %.

C’est ainsi que, comme sociologue, j’ai proposé une étude sur les « filles de mai ». Avec le soutien de l’association « Fête des Grands-mères », et dans la perspective de la fête du 2 mars prochain, DRS Dialogues et Relations Sociales a donc lancé il y a deux mois, sous ma direction une enquête sociologique sur le Thème « Ces filles de mai 1968 qui sont grands-mères aujourd’hui ». Cette enquête, dont le terrain s’achèvera dans les prochaines semaines, et sera rendue publique début février.

Quelle est sa problématique ? Comment les filles de 68, les avant-gardistes, les anticonformistes, vivent-elles aujourd’hui le fait d’être grands-mères ? A l’image d’une Jane Birkin, qui se dit ‘mère, grand mère et adolescente’, ces femmes qui ont vécu leur jeunesse dans les années 60, réinventent l’art et la manière d’être grand-mère. Entre souvenirs de révoltes, d’innovations et de conformisme revisité, un sujet vivant, à la veille du 40ème anniversaire de mai 68 Notre premier sujet de recherche portent donc sur le regard de ces jeunes grand-mères sur leur histoire, leur vieillissement et la façon dont elles vivent leur statut de grand-mère.

Sont-elles devenues des " grands mères innovatrices " ? Cette expression suggère qu’elles ne sont pas passives mais actives, dans leur relation avec leurs petits enfants. Quels types de relations veulent établir avec leurs petits-enfants ? En quoi ces relations sont-elles marquées par leur passé‘soixante-huitard et par les transformations de la société et de la famille qui ont marqué leur jeunesse ? Que veulent-elles transmettre de leur histoire ? Se comporte-t-elles de la même façon avec les petites filles et avec les petits-fils ? Ont-elles le sentiment d’avoir contribué et réussi à changer les rapports homme/femme, les rapports parents/enfants, grands-parents/petits-enfants ? En quoi la figure de la grand-mère qu’elles incarnent peut-elle être héritière de 68, ou en réaction à 68 ?

Notre deuxième sujet de recherche porte sur le décryptage de cet héritage de 68 dans le lien privilégié que la grand-mère noue avec un petits-enfants. Ces deux angles nous permettront de faire un portrait vivant de ces ex "filles de mai" devenues Grands Mères., dans la diversité de leurs origines et de leurs styles. Nous n’interrogerons pas que des femmes ayant été sur les barricades. C’est toute une génération qui nous interéresse, celle des femmes ayant vécu leur jeunesse dans les années 60 , qu’elles aient été dans ou en dehors du mouvement de cette époque. Il s’agissait d’étudiantes ou de jeunes travailleuses, elles étaient lycéennes ou en apprentissage, révoltées ou traditionnelles, parisiennes ou provinciales, vivant en communauté ou dans le conformisme bourgeois, créatives ou passives... etc... Ces portraits donneront lieu aussi à un livre, publié aux éditions Jacob-Duvernet

Il sera donc intéressant de consacrer ce focus à ces différentes « filles de mai devenues grands-mères » à l’occasion de la fête des grands-mères 2008, avec un échantillon significatif, et un questionnaire ouvert portant à la fois sur l’expression libre de leur personnalité, mais aussi sur l’approche de la vie qui est la leur à leur âge et dans le temps de leur grand-parentalité, la projection qu’elles font de leur avenir et ce qu’elles aimeraient transmettre à leurs petits enfants, avec des relances sur l’éthique, la nourriture, le savoir-vivre, les valeurs, etc... En croisant avec quelques parents, et à partir des nombreux travaux que nous avons déjà réalisés et publiés, nous pourrions tracer un portrait solide de ces "générations actives" de grands mères innovantes et vigilantes.

En effet, ces femmes du Baby boom, nées après 1946, celles qui ont eu 20 ans en 1968, sont nombreuses, ce sont aussi elles qui ont fait le moins d’enfants. Certaines ont considéré la grossesse comme une animalité, d’autres ont élevé leur enfant comme une personne adulte, la plupart ont privilégié leur vie professionnelle à leur vie familiale, et plus d’une sur deux ont divorcé. Alors que leurs enfants refont des enfants,[iv] elles deviennent de plus en plus, et à leur tour, grands-mères. Nous avons voulu comprendre comment elles vivent ce nouveau rôle, et quel bilan elles faisaient de mai 1968 Ce bilan n’est pas toujours celui que l’on pourrait penser. Ainsi, pour Dominique, une femme de 60 ans, qui était étudiante en Sociologie à la Sorbonne, chez les prochinois et sur les barricades, mai 68 a brouillé les repères et affaibli l’autorité parentale. « Parce que j’estime que j’ai complètement échoué dans l’éducation de mes enfants et, sans doute, que le « Fais ce qu’il te plait » ce n’est pas forcément un bon truc pour élever des gosses, comme « il est interdit d’interdire ». Les liens ne sont pas distendus avec ses fils, le problème est ailleurs. « Je ne leur ai pas donné ce qu’il fallait pour se positionner dans l’existence. Ils sont assez ‘anars’ et inadaptés à la cruauté du monde actuel ». En même temps, qu’en retire-t-elle ? C’était une période formidable, quelque chose de très joyeux. C’est l’impression forte, même si je suis très critique sur la naïveté et les dégâts qu’ont fait cette pensée » Elle pense avoir été mère trop jeune. Depuis, quelques années, elle apprécie son nouveau rôle de grand-mère, avec ses deux petites filles « Je me souviens des premières vacances que j’ai passées avec elles, elles avaient un an et demi et trois ans et demi. Je n’ai rien trouvé de mieux que de les emmener en Sicile, dans une ile qui était un caillou. Il y avait une chaleur monstrueuse. C’était aberrant. Je trouve que les parents étaient très courageux de me les avoirs confiés ».... Comme l’écrit Luce, une autre fille de mai « La marmite explose parfois, mais sans trop de dégâts (...) Et là, magique, une voix dit : On réfléchit. On se souvient. Et c’est pas triste ! » (3)

La sortie de l’étude est prévue en février, et celle du livre « Ces jolies filles de mai, enquête sur une génération pas comme les autres », (Editions Jacob Duvernet) en avril 2008. Ce livre est d’abord le portrait d’une génération de femmes, mais il va plus loin et n’élude pas le débat lancé par Nicolas Sarkozy. « Je vous invite à tourner la page de mai 68 ». Avril 2007 : En pleine campagne électorale, le candidat de l’UMP à l’élection présidentielle lance ce défi en meeting. Mai 2008 : Quarante ans après, cette page est-elle vraiment tournée ? Quelle a été et quelle est aujourd’hui encore l’influence ou les conséquences de ce mouvement sur la société contemporaine ? Faisant le bilan des changements intervenus depuis quarante ans dans la famille et le travail notamment, ce livre révèle les nouveaux défis de cette génération de 68, les babyboomers aujourd’hui mamy et papy boomers. Mais il va plus loin, et démontre que l’esprit de révolte n’a jamais disparu de la culture Française, et qu’il est même devenu un rite d’insertion nécessaire pour sa jeunesse. Au-delà, cet essai s’interroge sur l’état de la démocratie française, du dialogue entre les générations, sur l’art et la manière d’être grand-mères de ces jolies filles de mai 68... Comme le dit si bien l’actrice Charlotte Rampling, « Je ne pense jamais à mon âge, je pense à ma vie »[v](5)

Eric Donfu

20 janvier 2008

[vi]



[i]1°) Quelques slogans de mai 68 :

- Il est interdit d’interdire - Dessous les pavés, c’est la plage ! - Soyez réalistes, demandez l’impossible ! - Désirer la réalité, c’est bien ! Réaliser ses désirs, c’est mieux ! - La chienlit, c’est lui ! L’anarchie, c’est je ! - Les murs ont des oreilles. Vos oreilles ont des murs.. - Ici, on spontane. - Le rêve est réalité - L’imagination prend le pouvoir. - Ne vous emmerdez plus ! Emmerdez les autres ! - Le mandarin est en vous - J’ai quelque chose à dire, mais je ne sais pas quoi. - Ouvrons les portes des asiles, des prisons et autres facultés. - Nous sommes des rats (peut-être) et nous mordons les enragés. - Une révolution qui demande que l’on se sacrifie pour elle est une révolution à papaIl n’y aura plus désormais que deux catégories d’hommes : les veaux et les révolutionnaires. - En cas de mariage, ça fera des réveaulutionaires. - Les armes de la crique passent la critique des armes - J’emmerde la société et elle me le rend bien ! - Ne prenez plus l’ascenseur ! Prenez le pouvoir ! - Le respect se perd, n’allez pas le chercher - Contestation. Mais con d’abord. (Escalier C, Nanterre) - Dieu, je vous soupçonne d’être un intellectuel de gauche. (Condorcet) - Penser ensemble, non. Pousser ensemble, oui. (Assas) - Les murs ont des oreilles. Vos oreilles ont des murs. (Sciences Po) - Mettez un flic sous votre moteur. (Censier) - Jouissez sans entraves. Vivez sans temps morts. Baisez sans carottes. (Ascenseur, Cité U. Nanterre) - La liberté, c’est le droit au silence. (Censier) - Ne vous emmerdez plus ! Emmerdez les autres ! (Hall C, Nanterre) - Participez au balayage. Il n’y a pas de bonnes ici. (Beaux-Arts) - La liberté n’est pas un bien que nous possédions. Elle est un bien que l’on nous a empêché d’acquérir à l’aide des lois, des règlements, des préjugés, ignorance... (Nanterre)
- Quand le doigt montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. (Proverbe chinois, Conservatoire de Musique) - Ô gentils messieurs de la politique, vous abritez derrière vos regards vitreux un monde en voie de destruction. Criez, criez, on ne saura jamais que vous avez été castrés. (Galerie Lettres, Sorbonne) - Concours du prof le plus bête. Osez donc signer les sujets d’examens. (Sorbonne) - Ne vous emmerdez plus, merdifiez. (Censier) -Autrefois, nous n’avions que le pavot. Aujourd’hui, le pavé. (Nanterre) - Vous finirez tous par crever du confort. (Nanterre) - La forêt précède l’homme, le désert le suit. (Sorbonne) - Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront pas la venue du printemps. ( ?) - Le n’importe quoi érigé en système. (Nanterre) - Je suis marxiste, tendance Groucho. (Nanterre) - Le respect se perd, n’allez-pas le rechercher. (Condorcet) - Déboutonnez votre cerveau aussi souvent que votre braguette. (Odéon) - A bas le réalisme socialiste. Vive le surréalisme. (Condorcet) Laissons la peur du rouge aux bêtes à cornes. (Beaux-Arts) - La Beautée est dans la rue (Beaux-Arts, Toulouse)

[ii] 2°) Rappel des acquis obtenus par les femmes depuis la Libération :

1944 : Ordonnance du Conseil National de la résistance su 21 avril signée par le Général de Gaulle et

Donnant aux femmes le droit de vote et d’être élues.

1946 : Le principe de l’égalité des droits entre hommes et femmes est posé pour la première fois

Dans le préambule de la Constitution.

1965 : Le mari ne peut plus s’opposer à l’exercice de l’activité professionnelle des femmes.

1967 : Loi Neuwirth autorisant la contraception.

1970 : L’autorité parentale se substitue à l’autorité paternelle.

1975 : Loi Veil autorisant provisoirement l’interruption volontaire de grossesse.

 : Instauration du divorce par consentement mutuel

1979 : Loi définitive sur l’interruption de grossesse.

1982 : Remboursement par la sécurité sociale de l’interruption volontaire de grossesse

1984 : Congé parental ouvert à chacun des parents salariés sans distinction de sexe.

1985 : Loi renforçant l’égalité des époux dans les gestions des biens de la famille

 : Possibilité d’ajouter au nom de l’enfant le nom de l’autre parent (en général celui de la mère)

1991 : Loi autorisant, sous certaines conditions, la publicité pour les contraceptifs.

1999 : Révision de l’article 3 et 4 de la constitution portant égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives.

[iv] 3°) Bilan démographique 2007

L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) a rendu public le 15 janvier 2008 son "Bilan démographique de l’année 2007". Il confirme la plupart des traits spécifiques déjà repérés depuis le début des années 2000.

La population de la France est estimé au 1er janvier 2008 à 63,753 millions d’habitants, soit 361 000 personnes de plus que l’année précédente (hausse de 0,6%). Cette augmentation est due d’abord à un solde naturel positif de 290 000 personnes (816 500 naissances contre 526 500 décès), le solde migratoire s’élevant quant à lui à 71 000 personnes (seulement un cinquième de l’accroissement total de la population). Cela n’empêche pas la poursuite du vieillissement (16,3% de plus de 65 dans la population contre 15,2 en 2000 et, surtout, augmentation de 9% en un an des 60-64 ans).

Le taux de fécondité français reste le plus élevé d’Europe avec celui de l’Irlande (198 enfants pour 100 femmes), mais cela s’accompagne d’importants changements sociétaux : les naissances hors mariages sont devenues majoritaires pour la première fois en 2007 (50,5%), l’âge moyen des mères est monté à 29,8 ans, le mariage continue de reculer alors que la progression du PACS se poursuit au rythme de 25% par an, l’espérance de vie a encore augmenté de 3 mois en un an.

[vi] 4°) Filles de mai. 68 mon mai à moi, Editions Le bord de l’eau. Bordeaux, 2004

5°) Psychologies magazine numéro 219, mai 2003

 


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38 réactions à cet article    


  • mimi 22 janvier 2008 11:23

    j’avais 20 ans en Mai,et ce fut une aventure fabuleuse : les gens se parlaient, jusqu’au bout de la nuit ,la conscience politique naissait,on refaisait le monde et surtout on apprenaient qu’ensemble tout était possible ( à NS a bonne mine !!!!!!!!!!) et surtout le pouvoir du NON

    Etudiante en ARCHI ,ma vie n’a été que choix.

    Choix d’avoir 2 enfants,choix de mon parcours professionnel,choix du successeur d’un mari,choix de mes amis et de mes ennemis. Aujourd’hui ,je suis grand mère , et je bosse toujours . Comme Charlotte Rampling ,quand je pense à ma vie je suis heureuse et fière ,je ne pense pas avoir renier mes idéaux bien que "ce ne soit pas nous qui modifions le monde mais le monde qui nous modifie". Mes garçons ont hérité d’un esprit crtique ,d’une morale,d’une philosophie de la vie basée plus sur l’être que de l’avoir. Les petits enfants ne sont là que pour le plaisir de les gater,leur transmettre l’amour de la vie et la joie. Alors les slogans tels que interdit d’interdire,sous les pavés... etc OUI OUI même 40 aprés


    • patrice69 patrice69 22 janvier 2008 14:35

      Et vous en avez bien profité chère mimi.

      Ca me fait plaisir pour vous, sincèrement.

      Ce nqui me plait moins, c’est que votre génération a mis la mienne au chomage.

      Et ce qui, me déplait, par contre complètement, c’est que la mienne mettera celle de mes mes enfants dans la misère.

      Beau programme, après nous le déluge.

      Et en plus on se gargarise.


    • mimi 22 janvier 2008 16:42

      @patrice 69

      Quelle véhémence et quelle amertume !

      Je ne me sens pas concernée par votre idée du chomage dont nous serions responsables ?

       je travaille et fait travailler un certain nombre de gens ,je ne pique pas le boulot de quiconque ,je gagne ma vie sans richesse superflue ,je ne surconsomme pas ( peut-être ça qui entraine le chomage ?) alors je ne comprends pas votre vindicte. Serait ce un péché de vouloir profiter de sa vie , je vous trouve trés réac


    • Yohan Yohan 22 janvier 2008 18:09

      Voilà un discours typique des gens de cette génération (la mienne d’ailleurs). C’est pas nous, c’est comme ça, nous n’avons fait de tort à personne. Désolé, mais je ne partage pas votre avis.

      Cette génération très égoïste a vécu sans penser à celle qui la suit. Elle s’est nourri de belles paroles qu’elle a vendu à tous ceux qui voulaient l’écouter, elle a consommé tant qu’elle a pu. Aujourd’hui, elle se bat pour préserver ses droits acquis au mépris des jeunes générations.

      D’ailleurs, cela explique pourquoi dans un premier temps, les femmes n’ont pas beaucoup enfanté. Puis, sur le tard, avoir avoir bien profité de la vie, elles s’aperçoivent qu’elles vont être seules pour leurs vieux jours, et alors, elles veulent des enfants.


    • mimi 22 janvier 2008 18:43

      c’est bien un commentaire de mec .................les femmes décident de faire ou ne pas faire des enfants hou..............la honte ,la solitude les attend ,c’est vraiment pas bien


    • mimi 22 janvier 2008 18:45

      @Johan

      Ah voilà un commentaire de mec ! les femmes peuvent choisir de faire ou ne pas faire des enfants :la honte et en plus elles vont être toutes seules hou..............


    • Djanel 23 janvier 2008 03:38

       

      Mimi les gamins des soixante-huitards ont été mal élevés.

      On dit souvent tel père tel fils.

      En lisant les postes Yohan (hihan) et du péteux grade 69, je me dis qu’au père prodigue succède l’enfant avare. Avec ces deux-là, c’est plutôt le crétinisme.

       

      Ils reprochent à la génération précédente son égoïsme et ne perçoivent pas qu’ils sont eux-même dans une démarche purement d’égoïste. Les pauvres Zombis.


    • Djanel 23 janvier 2008 04:08

       

      J’ai bien vu le nouveau arrivant Patrice 69 . A mettre dans la catégorie des MPN, des Hahahah et des hihihihi, des Black ader des Pallas des Lerma, des Frédéric de Lyon etc

       

      Je remarque le slogan de son logo.

       

      C’est bien vrai et ce Patrice 69 gît sous cette épitaphe au cimetière assassiné par l’envahisseur. « la connerie tue » Il n’a pas osé inscrire Mort pour la France parce qu’il ne sait pas rendu compte qu’il était déjà mort. Il mourut donc héroïquement par manque de savoir vivre.


    • patrice69 patrice69 23 janvier 2008 09:50

      J’attendais le premier rigolo qui parlerait du logo. Il l’aurais fait il y a deux jour, j’aurais gagné une bière dans un pari. Snif.

      Je me considère comme apolitique. J’imagine que cela ferai plaisir si je confessais ici à genou que je ne suis ni de tel bord ni de tel autre. Histoire de vous permettre de me situer. Mais j’ai autre chose à faire.

      Vous imaginez que parce que je ne suis pas pro-68, que cela fait de moi un gros franchouillard, un pro national, un reactionnaire, etc.

      C’est assez amusant, parce que je considère, moi, que les récationnaires ce sont précisemment ceux qui ne l’était pas il ya 40 ans, à savoir : les 68ards.

      Aucune réforme n’est possible, qu’elle soit de droite ou de gauche. Il en faut jamais toucher à rien.

      Qu’est ce que c’est celà, sinon être réac ?

      Je ne crache pas sur les apports indéniables de Mai 68. Mais je ne pense pas que la philosophie de l’époque soit adapté à notre époque actuelle. Il ne vous serait pas venu à l’idée en 1950 de considérer que la politique de 1900 était adapté. Et bien c’est pareil.


    • iris 31 janvier 2008 10:21

      nons ce n’est pas cette génération de 68 qui a vécu en égoiste-mais plutot celle d’avant-

      les 68ards on maintenant 60ans-

      celle de leur parents ont vécu sous les 30 glorieuses- ils étaint trop petits pour faire la guerre mème s’ils ont entendu des bombes-ils sont nés de 1927 à 1935 -calculez

      c’est à nos grands parents ceux nés entre 1850 et 1910 que l’on doit nos acquis sciaux et c’est eux qui se sont battus à la guerre, beaucoup travaillés, et participer au front populaire-

       

       


    • Yifu66 22 janvier 2008 14:08

      "Elles sont toujours aussi jolies les filles de soiàààssante-huit, nana...nanèèèreu..."


      • Yifu66 22 janvier 2008 14:14

        Ah ce cher Enrico, quel visionnaire !

         


      • patrice69 patrice69 22 janvier 2008 14:39

        Ce qui est amusant, c’est toujours de constater que pour certains, le progrès a été inventé avec les socialistes dans les années 30.

        Pendant environ 4000 ans, avant, il n’y a avait jamais de progrès, aucune idées. La France était telle quelle, sans bouger, pendant 2000 ans. Gouvernées par des fainéants qui ne faisaient rien.

        Au niveau local, les gens ne réformaient jamais rien, et ils était tellement cons, qu’il leur a fallu 40 générations pour s’apercevoir qu’on pouvait changer les choses.

        Ouvrez les yeux,, tout ceci n’est qu’un mythe. Chaque génération a réformé et evolué. L’arrivée du chemin de fer a été tout aussi detrminente pour la libération de l’homme et de la femme que le droit de vote. Mais cela nécéssite de faire gaffe aux anachronismes.


        • 5A3N5D 22 janvier 2008 15:21

          @ patrice69

          "Chaque génération a réformé et evolué."

          Pas la vôtre en tout cas. Jamais la génération de 68 n’aurait accepté la médiocratie qui est à la tête de notre France qui pourrait être si belle. Depuis mai 68, il semble que la contestation n’existe plus, ou, du moins, n’a plus la capacité de rassembler autour d’un idéal commun.

          Je voudrais ajouter une des principales idées de ce mouvement et qui manque dans le billet de l’auteur : le refus de la société de consommation. Sur ce point, beaucoup d’enfants de "soixante-huitards" ont "failli" et ne vous en prenez qu’à vous-même si vous avez choisi la voie du consumérisme outrancier. Tout espoir n’est pourtant pas perdu : si notre pays devait entrer en récession (ce qui semble probable, et même souhaitable pour certains), peut-être redécouvrirez-vous ce que fut l’ "idéal de mai 68", mouvement qui, comme chacun le sait, fut mené par une infime partie de l’élite intellectuelle bourgeoise de l’époque. Lorsqu’on n’a pas connu l’ "avant" au quotidien, on ne peut pas porter de jugement sur l’ "après".

          Quant à votre jugement sur les événements de 1936, je vous le laisse.

           


        • patrice69 patrice69 22 janvier 2008 16:10

          Interessant commentaire ou l’on dit en substance que ce sont des minorités qui ont fait mai68, tout en déplorant que la dite minorité n’agisse plus de nos jours...

          Et le reste des gens ? Qu’est-ce que l’on en fait ?
          Ont-ils le droit de s’exprimer... Apparemment non, puisque ce ne sont pas des contestataires. De facto, seuls celui qui conteste à le droit de parler ?

          C’est oublier que les gens de l’époque ont soutenus De Gaulle massivement, ce qui a mis fin à 68, du moins dans la contestation. Etait-ce de la démocratie ?

          Ce qui est très symptomatique d’une façon de penser : La minorité aurait raison, la majorité aurait tort. Des rebelles, des héros, qui font marcher l’Histoire, pour le bien être du quidam, trop stupide pour s’apercevoir qu’on l’exploite. On voit ici le monde tel qu’on le veut, et non tel qu’il est.

          N’allez pas croire que je me range d’un coté de ou de l’autre. Mais force m’est de constater que vous ré-ecrivez l’histoire pour qu’elle coincide avec votre manière de penser.

          Je ne pense pas que l’on puisse résumer mai 68 en deux phrases, et je pense que cette période a apportée tout un lot de changement très salutaires. Mais ces changements étaient dans l’air du temps, comme les inventions de l’époque. La preuve s’il en est que de tels changement ont eu lieu avant d’en d’autre pays du monde, ou juste après. La gauche l’a fait, la droite l’aurait fait en d’autre temps, ce n’est qu’affaire de circonstance.

          Regardez la colonisation, voulue par la gauche, défendu par la droite aujourdhui...

          De tout temps il ya eu des réformes. L’histoire de France n’est qu’une suite de réforme, de changement des institutions. Je sais bien que pour beaucoup, avant 1789, il n’y a que le mot "Roi". Mais c’est faux. Et ce n’est pas être de gauche ou de droite que de le dire. C’est être objectif.

          Nous ne valons pas mieux que nos ainés. Et mai 68 ne constitue pas une grande page de l’histoire de France. Si cétait le cas, on ne tournarait pas cette page seulement 50 après...


        • 5A3N5D 22 janvier 2008 17:22
          "Interessant commentaire ou l’on dit en substance que ce sont des minorités qui ont fait mai68, tout en déplorant que la dite minorité n’agisse plus de nos jours..."
           
          Bien. Je crois que, dorénavant, j’écrirai en gras ce qui doit être lu au second degré. Il est bien évident que c’est ce que nos dirigeants actuels s’évertuent à nous faire croire : mai 68 était un "évènement" dû à des petits contestataires bourgeois. On se demande même comment les CRS n’en sont pas venu à bout  !(Second degré.)

          "Et le reste des gens ? Qu’est-ce que l’on en fait ? Ont-ils le droit de s’exprimer... Apparemment non, puisque ce ne sont pas des contestataires. De facto, seuls celui qui conteste à le droit de parler ?"

          Donc vous n’étiez pas né - ou n’étiez pas assez âgé - en 1968. Votre phrase en témoigne.

          "C’est oublier que les gens de l’époque ont soutenus De Gaulle massivement, ce qui a mis fin à 68, du moins dans la contestation. Etait-ce de la démocratie ?"

          Non, ce n’est pas De Gaulle qui a mis fin à 68, mais l’aboutissement partiel de revendications (accords de Grenelle) c’est-à-dire l’amélioration des conditions des ouvriers, essentiellement. De Gaulle, réfugié en Allemagne et menaçant de faire marcher les chars du général Massu sur Paris, a été contraint de dissoudre l’Assemblée Nationale. Il a perdu toute crédibilité sur ce coup-là et il s’est retiré du pouvoir l’année suivante, décrédibilisé par le résultat de son référendum (plébiscite) du 24 avril 1969.

          "N’allez pas croire que je me range d’un coté de ou de l’autre. Mais force m’est de constater que vous ré-ecrivez l’histoire pour qu’elle coincide avec votre manière de penser."

          Vous y allez un peu fort quand même ! Et c’est vous qui osez me parlez d’anachronismes ? 

          " Et mai 68 ne constitue pas une grande page de l’histoire de France. Si cétait le cas, on ne tournarait pas cette page seulement 50 après..."

          Je crois que c’est 40 ans cette année. Et on en parle toujours ! La page n’est donc pas tournée, et je ne pense pas que ce soit un hasard si le président actuel a tenté de discréditer mai 68, qui représente tout ce que sa caste pouvait détester alors.

          Avant de m’accuser de réécrire l’Histoire, relisez ce que vous écrivez.


        • patrice69 patrice69 22 janvier 2008 18:05

          Mouais. Je ne débat pas sur ce principe qui consiste à commenter chaque phrase. Si je m’avise de le faire, qui va y comprendre quelque chose... ? c’est la solution de facilité. Le fond de ma pensée revient à dire que cete formidable époque de mai68, et cette génération, laisse une France enn piteuse état. Cela suffirait presque à conclure.

          En ce qui concerne mes grosses conneries (c’est pas mon jour, il faut bien l’admettre)

          Oui, ca fait 40 ans smiley Vous m’avez appris à compter et je vous en remercie smiley
          et oui, je devrait effectivement me relire, là aussi vous avez bien raison. Quel con je suis !

          Sur le reste, n’avoir pas vécu les evénement ne m’interdit pas d’en parler. Il y en a bien qui font remonter nos problèmes à Charlemagne (je regarde dans Wikipedia pour voir si j’étais né, il semble que oui).
           


        • 5A3N5D 22 janvier 2008 20:18

          @ Patrice 69

          Je pense qu’on entre dans la dialectique du bouc émissaire : on ne peut quand même pas nier les avancées sociales issues de mai 68 ! Et jeter systématiquement l’anathème sur les "intellos" soixante-huitards, c’est leur faire un mauvais procès. Je crois franchement qu’il y a une période dont vous ne voulez pas tenir compte, celle du septennat libéral de Giscard : une catastrophe économique ! Et une crise pétrolière en prime (1973), les caisses de l’Etat totalement vides, le recours à l’emprunt obligatoire, une inflation à 13%, un chômage de 1,5 million à la fin de 1980.

          Je ne tiens pas à endosser l’uniforme de l’ancien combattant, mais croire que la génération de 68 a vécu dans la facilité et l’opulence est une contrevérité, voire certainement un élément de propagande. La belle insouscience du soixante-huitard est un mythe, d’autant plus que celui-ci a probablement vécu également la période de reconstruction de l’après-guerre (1945-50) qui n’était vraiment pas une époque très riche pour beaucoup, sur le plan matériel.

          Bien sûr que le fait de ne pas avoir vécu les événements n’empêche nullement d’en parler et de s’interroger, mais 40 ans, c’est peu et il y a encore une génération entière qui peut témoigner de ces événements. Négliger leur témoignage est, à mon sens, une attitude qui ne peut mener qu’à des conclusions biaisées.

          Enfin , quand je vous ai écrit de vous relire, ce n’était pas à cause de votre erreur sur le quarantenaire de ces événements (simple erreur matérielle), mais à cause de votre affirmation selon laquelle je réécrivais l’histoire à ma guise, ce qui, convenez-en, revenait à me taxer de mauvaise foi. Il y a certainement des choses critiquables (et discutables) dans mes commentaires, mais je ne pense pas mériter d’être taxé de "fraude historique" 


        • Djanel 23 janvier 2008 03:47

          Patrice 69, arrête de sucer ton pouce t’auras la bouche déformée. C’est pas le pouce qu’il répond. Et de lui répondre t’es bien enfermé dans un cercle vicieux..


        • patrice69 patrice69 23 janvier 2008 09:56

          @5A3N5D

          Oui, j’ai sans doute était un peu radical, tu m’en excusera je te pries.

          Ce en quoi, je ne considère pas que Mai 68 n’a pas apporté des réformes utiles. C’est précisemment ce que j’ai dis. Ce que je critique, c’est surtout un état d’esprit, pas forcément lié à mai68 d’ailleurs, et qui mine la société actuelle.

          PS : Djanel = demian west ?


        • maxim maxim 22 janvier 2008 14:44

          j’avais 26 ans en Mai 68 ,un soir,avec mon meilleur copain ,nous étions allés comme beaucoup voir ce qui se passait à Paris,nous habitions à 25 km banlieue Sud ...

          pour voir,nous avons vu,nous nous sommes trouvés nez à nez avec une escouade de CRS ,qui se dirigeait vers le BD ST Michel ,ç’était dans une rue adjacente ,j’ai chopé un putain de coup de matraque sur l’épaule ,avec mon pote on a réussi à faire demi tour ,passer dans une autre rue en cavalant comme des dingues ,c’était la nuit ,on a escaladé un échafaudage contre une façade en travaux,et on s’est mis à plat ventre sur le plancher ,je croyais que j’avais la clavicule pètée tellement j’avais mal ....

          on n’est jamais revenus pour voir ce qui se passait !!!


          • haddock 22 janvier 2008 14:49

            j’ ai préféré mes 69 que mai 68


            • Plum’ 22 janvier 2008 15:06

              Pour moi, ce qui marque d’abord 1968, c’est un formidable conflit de générations. D’un côté des « vieux » complètement coincés dans un mythe du « progrès » universel salvateur, engoncés dans leurs « valeurs ». De l’autre côté des jeunes qui refusent de se laisser enfermer dans un piège et qui doutent de tout, qui ne croient plus aux « valeurs » établies et en inventent de nouvelles.

              Un telle incompréhension générationnelle, personne n’en avait vue alors. Et personne n’en a vue depuis. En France et sans doute dans de nombreux autres pays. C’est la grande originalité de 1968, disons de 1968-1975, car 1968 n’a été que le premier et le plus fort soubresaut.


              • Internaute Internaute 22 janvier 2008 16:27

                Mai 68

                Mai, juin, juillet, août, septembre. Rentrée des classes le 1° octobre. Mai 68 c’est avant tout 5 mois de grandes vacances et le droit de fumer en classe. 

                Depuis, tout est interdit, interdit de fumer, interdit de circuler, interdit de parler, interdit de penser ou presque. La dictature des droits de l’homme nous est tombée dessus. Les élèves travaillent jusqu’au 15 juillet et reprennent le 15 septembre soit 2 mois à peine de vacances.

                 

                La liste des slogans de Mai 68 se trouve dans un petit livre de Tchou - Les murs ont la parole.


                • patrice69 patrice69 22 janvier 2008 16:32

                  "La dictature des droits de l’homme nous est tombée dessus"

                  Oui, quel enfer. J’aimais tellement mieux l’angleterre au 17ème, ou tout vol de plus de 15 shillings était punit de mort. Ah, c’était le bon temps.


                • Internaute Internaute 22 janvier 2008 18:46

                  Oui, il s’agit bien de la dictature des droits de l’homme, c’est à dire d’une pensée unique et inhumaine qui n’admet aucune contestation. On en arrive à l’absurdité citée dans le commentaire de Sandryne ci-dessous et qui est justement une preuve de cette dictature. Personne n’ose plus bouger ; on se regarde le nombril honteux en se disant qu’ils ont raison, qu’on doit bien être coupable quelque-part.

                  « Par exemple, chez les hommes de mon age, je suis frappée que certains ne veulent plus prendr de responsabilité sous prétexte de la parité »


                • patrice69 patrice69 22 janvier 2008 19:16

                  "Personne n’ose plus bouger "

                  Ah bon. Et vous bougez vous ?

                  Et cela veux dire quoi "bouger", prendre d’assaut l’elysée ?

                  Manifester dans la rue ?

                  Refuser de consommer ?

                  S’immoler par le feu ?

                   


                • chris11 22 janvier 2008 23:54

                  Prendre d’assault l’elysee serait une bonne entrée en matiere


                • Sandryne 22 janvier 2008 16:34

                  Une reflexion de fond qui nous invite au débat. J’ai 27 ans et je n’ai pas connu 68. Mai 68 m’évoque la liberté de choisir sa vie au même titre qu’un homme et d’être considérée comme un individu à part entière avant tout. Ce papier m’aide à me situer sans prendre position, et me fait prendre la mesure de cet évènement par rapport à la société d’aujourd’hui. Certains thèmes sont peut-être là où ne les y attendaient pas. Par exemple, chez les hommes de mon age, je suis frappée que certains ne veulent plus prendr de responsabilité sous prétexte de la parité.. Comme femme, j’e suis sensible à ces sujets. J’aimerais que d’autres jeunes femmes prennent la parole à l’occasion de cet anniversaire, car, si 40 ans celà semble loin, nos problèmes non résolus restent bien présents, même s’il ne s’agit plus de conquerir des droits, mais de les maintenir en vie. Je suis toujous étonnée de voir des manifestations antiavortement quarante ans après parce que c’est un droit qui me semble plus que légitime et que l’on ne devrait plus contester. Oui, un très bon papier, j’attends le livre avec impatience.


                  • meridien meridien 22 janvier 2008 17:38

                    votre long et bel article est une somme intelligente et que vous avez énoncé clairement de façon

                    fluide sans recherche de rhétorique ésotérique..

                    sans effet( de manche  ;bref c’est un résumé qui mérite attention et argumente le rejet de

                    certaines fanfaronnades sarkoziennes réduites à néant...

                    merci et bravo...meridien

                     

                     


                    • dan54 22 janvier 2008 17:50

                      J’avais 21 ans en 68, étudiante et bonne étudiante ! Divorcée , j’ai élevé seule 2 enfants qui ont aussi bien réussi leurs études. Je suis toujours rebelle et je crois l’avoir transmis.J’ai géré ma vie , et ces libertés gagnées je pense les avoir bien utilisées. Le monde souhaité à l’époque ne correspond pas à celui qui est aujourd’hui ; nous voulions être entendus et acteurs réels de notre souhait de vie de société.La tolérance , le droit à la différence, le droit à une vie digne pour tout humain du monde, le choix de la famille , travailler , étudier pour assumer une qualité de vie honnête et non matérialiste à toute fin.

                       Je suis encore dans le monde du travail aujourd’hui, et je pense transmettre encore ces valeurs autour de moi ou le mot bonheur malheureusement n’est lié qu’à l’argent. Je suis au travail depuis l’âge de 24 ans sans jamais un arrêt de travail , ni même l’aide une seule fois de " l’assistanat" de l’état. C’était cela 68, moins d’autorité, plus de libertés, la reconnaissance des femmes sur le plan individuel et professionnel et nous avons assumé.Je pense que nous n’avons pas déçu, mais l’évolution vers la mondialisation et le capitalisme a été contraire à nos souhaits. Aujourd’hui, j’ai l’impression que de nouveau tout le monde accepte ce que certains décident de ce qui est bon pour lui.

                       On peut dire tout ce que l’on veut sur les soixante huit, mais au moins avons nous eu le courage à un moment de bouger et de faire changer le cour de nos vies, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.La haine de l’autre existe partout, l’individualisme est au + haut, l’acceptation de tout et n’importe quoi se fait béatement.

                       Pourtant , au fond de chacun pris individuellement, les désirs sont encore les mêmes qu’à notre époque, mais on n’ose + le dire, et on suit le mouvement, les ouvriers arrivant même à créer des mouvements anti grèves contre d’autres ouvriers....

                       La révolte me tient toujours, car je pense que nous avons su assumer nos choix et avons eu une vie d’adulte responsable La qualité de vie peut se faire avec une vie professionnelle réussie, et arrêtons de nous prendre pour des moutons , à mois que cela plaise ...

                       

                       


                      • Véronique Anger-de Friberg Véronique Anger-de Friberg 22 janvier 2008 21:35

                        « L’esprit de révolte n’a jamais disparu de la culture Française, et qu’il est même devenu un rite d’insertion nécessaire pour sa jeunesse ». Je n’en suis pas aussi sûre que vous... Je me souviens des manifs anti CPE de 2006 où les ados manifestaient en effet ; mais accompagnés de leurs parents… Alors la rébellion avec l’assentiment de pôpa et môman, est-ce vraiment cela se révolter ?
                        Je n’ai pas connu 68… je marchais à peine en fait, mais j’ai une sorte de nostalgie de cette époque bizarrement. Les « baby boomers » nous en ont tellement parlée comme d’une période de grande liberté, de jouissance intellectuelle et physique que l’on peut se sentir frustré de ne pas l’avoir vécue ! Et puis, j’appartiens à une génération qui se réjouissait, à l’âge ado, de pouvoir faire tourner en bourrique ses parents… une manière bien puérile d’affirmer sa personnalité sans doute, mais les jeunes quadras d’aujourd’hui considéraient alors leurs parents (conservateurs plutôt que 68tards) comme de vieux croûtons empêcheurs de tourner en rond… Voilà qui me paraît assez sain finalement.
                        Plus sain que cet espèce de rapport fusionnel qui semble de plus en plus souvent la norme entre parents (tellement « cool », héritage de 68 ?) et leur progéniture qu’ils semblent vouloir retenir le plus longtemps possible dans le nid familial bien qu’ils s’en dédisent.
                        Il faudrait peut-être demander à ces ex jeunes filles de 68 si « élever » ses enfants, c’est bien les élever vers la liberté, l’émancipation ou, si le but inconscient serait plutôt de leur ôter tout goût de révolte à force de se montrer permissif, de partager leurs angoisses ou d’être trop souvent d’accord avec eux ? Je caricature bien sûr, mais c’est une question à laquelle j’aimerais bien avoir une réponse…
                        Le Journal de Montréal a publié hier un « Le Choc des générations »  sur le fossé qui sépare les baby-boomers et les jeunes. C’est très instructif et drôle quand on lit que : « Les baby-boomers trouvent en majorité que les jeunes d’aujourd’hui sont impolis, égoïstes et paresseux ».

                         


                        • Djanel 23 janvier 2008 04:28

                           

                           

                          Mai 68 çà n’a durée que le temps d’un printemps. Les acquis de mai 68 le seront dans le début des années 70 71 72 73 74 75, Hé !!! Oui sous Giscard. C’était le plein emploi. Les manifestations et les grèves étaient régulièrement organisées parce que les ouvriers ne craignaient pas de perdre leurs emplois sur d’en trouver un autre. C’était super, nous avions 20 ans et nous jouissions d’une liberté que les Français n’avait jamais connue durant toute leur histoire sans nous en rendre compte.

                           

                          Adieu soixante huit voici les années de plomb de la Sarkomania tristesse et décadence.


                        • mimi 23 janvier 2008 08:33

                          @Véronique

                          tous les jeunes n’ont pas été concerné par Mai 68.Il en a fallut des mots des actions des gréves pour les faire bouger . A la Fac ,les amphi nétaient que Forum et les discutions pour savoir si on continuaient ou pas étaient permanentes : durcir le mouvement,actions plus musclées,rameuter les ouvriers etc...........Aussi faire une génération 68 c’est amalgamer ceux qui étaient un moteur et les suiveurs sans parler des subisseurs. Quant à la suite ,nous avons élévés nos enfants comme tous les parents :comme on a pu !Je ne peux évidemment parler que des miens :enfants neveux et nièces .............Ce sont des individus à part entière ,responsables, et respectueux.biensur nous avons toujours beaucoup parlé, je sais ce qu’ils pensent ,ils savent ce que je pense .Il sont libres de leurs actions . Mais la conjoncture économique ne leur donne pas cette liberté que nous avons eue ;la vie est moins belle pour eux que pour nous ,et c’est la seule chose que je regrette ,car ce n’est pas cette société dont nous rèvions .

                           


                        • morice morice 23 janvier 2008 01:21

                          par dan54 : bravo, il y a longtemps que je n’ai lu aussi beau texte. Merci d’avoir transmis à vos enfants cette énergie. Ceux qui souhaitent mépriser mai 68 actuellement n’’y ont rien compris : c’est essentiellement Henri Guaino, qu vient d’appliquer fort tardivement les principes, en ayant un bébé à un âge assez avancé (il a 51 ans) avec une dame beaucoup plus jeune que lui, ou presque, déjà mère de 2 enfants. C’est à se tordre, à le voir vitupérer autant mai 68 !!!


                          • Djanel 23 janvier 2008 05:01

                             

                            Eric Donfu

                             

                            Votre article est trop long, je ne l’ai pas lu non pas parce que je suis fainéant ou que votre prose soit mal écrite mais parce que vous n’êtes pas seul rédacteur et que je n’ai pas le temps à perdre sur des points de vue purement subjectifs.

                             

                            Que sont devenues les filles de mai 68, la réponse est facile. Nos femmes. Je voulais venir sur le fil voir ce qu’elles avaient à dire. Bof !!! A peine, si elles sont présentes. Le fil a été envahi par des trolls réactionnaires qui préfèrent affronter les femmes avec des arguments de machos que de réfléchir sur leur propre connerie.

                             

                            Adieu un coup pour rien Monsieur l’amiral sociologue.


                            • patrice69 patrice69 23 janvier 2008 09:59

                              Vous n’avez pas lu l’article, et vous venez en débattre... Tout est dis.


                            • martial meziani 24 janvier 2008 17:21

                              bonjour,

                              j’ai moi-même participé à l’enquête d’Eric Donfu. il est fort intéressant de constater plusieurs choses.

                              tout d’abord, toutes les femmes interrogées parlent de cette effervesence de l’époque. elles parlent aussi de l’apport qui a suivi par la suite dans leur "émancipation". elles font elles-mêmes ce lien sans même qu’on ait à leur demander. l’une d’entre elles regrette même de voir que les jeunes femmes d’aujourd’hui ne se rendent pas compte de "leur chance" et d’ajouter "en 68, on était toutes féministes".

                              Cependant, la grand-parentalité reste toujours un nouveau passage, un nouveau stade. "on est plus parent". certaines se sont réinvesties dans leur travail. d’autres ont été heureuses de devenir grand-mère. les personnes que j’ai vues se considèrent plutôt comme classique jusqu’ici, bien que leurs grand-mères, selon elles, n’aient pas du tout le même type de rapport qu’elles avec leurs petits-enfants.

                              de plus, pour comprendre, le point de vue de ces femmes sur cette période qu’il soit positif ou négatif, il faut d’abord regarder si la suite de leur cheminement personnel et familial furent eux-mêmes perçus plutôt dans un sens ou dans un autre.

                              après 68, c’est là que tout a commencé (dans sa carrière) pour une enseignante devenue professeur émérite interrogée sur le sujet. de plus, sa vie familiale n’en a pas pati. leur couple n’a pas été dissout, car leur relation semblait dépasser l’époque et le milieu dans lequel ils étaient. alors, il est certain quà ses yeux, mai 68 soit producteur d’un très bon vin.

                              A contrario, une ancienne étudiante à la sorbonne considère avoir échoué dans l’éducation de ses enfants, eux-mêmes très influencés par cette pensée ’anar’. et, à ses yeux, il est ’iinterdit d’interdire’ fut une grave erreur, bien que cette époque et les années 70 aient apporté beaucoup de liberté aux femmes.

                              Ensuite, il en est une agée d’une cinquantaine d’années qui voit tout cela de manière très ambigue. bien sûr, elle n’est pas grand-mère (et n’est pas même mère) et était adolescente en 68. mais issue d’un milieu très strict, l’attitude de certains de ses frères et soeurs l’a profondément marquée. habitués à ne jamais remettre en cause l’autorité paternelle (et non parentale), il y eut après ce mois de mai une véritable révolution familiale. de cela, cette cinquantenaire fut très engagée dans les années 70.

                              elle ressentait une "exaltation", elle aussi. elle s’est investie dans les coopératives bio et parlait déjà d’environnement (nucléaire, larzac). cependant, cette croyance que tout était possible, pour elle, fut difficile à gérer car, elle devenait "exigente". il y avait, dans la vie de couple et dans l’idée de faire des enfants un idéal qui ne pouvait se lier avec le réel.

                              Il ne s’agit que de quelques exemples parmi d’autres. ceci dit, il me semble aussi comme l’a dit une grand-mère que "mai 68 a apporté cette liberté, et aussi ce laxisme". pour le dire autrement, la liberté contrairement à ce que l’on pourrait croire apporte plus de responsabilités. la contrainte de l’autorité devient celle de la responsabilité.

                              le choix aussi implique la possibilité de faire des erreurs, mais aussi de grandes réussites.

                              pour terminer, je dirai que chacune des femmes qui ont parlé de la période précédent mai 68 ont parlé de cette "chape de plomb" qui retenait les individus. Qui serait donc prêt à retourner à cet état de fait ?

                              qu’on le veuille ou non, en France et dans d’autres pays, nous avons grandi et vécu ndepuis 40 ans dans une atmosphère, une vie sociales qui bien que parfois dérangeante et angoissante qui nous permettent de dépasser de nombreux clivages insurmontable aupraravant.

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