L’internet tel qu’on le connait va-t-il disparaître ?
Pour beaucoup d’experts en technologie, l’internet tel qu’on le connait aujourd’hui, à savoir libre, presque sauvage, et à la fois facile d’accès et pas cher (30 €), c’est quelque chose qu’on va voir disparaître dans la décennie à venir.
Benjamin Bayart nous avait prévenu, Cracked.com l’ont inclus dans leur liste des 5 raisons pour lesquelles Internet pourrait disparaître à tout moment, et Xavier Niel a tiré le premier il y a quelques jours (bien que pour de différentes raisons) : l’internet tel qu’on le connait, libre, pas cher, illimité etc., ce sera bientôt fini.
À qui la faute ? Principalement au principe de neutralité des réseaux. Je m’explique.
La neutralité des réseaux correspond à l’attitude des FAI par rapport au contenu. Quand le principe est respecté (comme maintenant), les fournisseurs n’ont aucun impact sur ce qui transite dans leurs "tuyaux" : ils sont obligés d’acheminer dans les mêmes conditions tout ce que les utilisateurs demandent ou envoient sur internet. Donc que vous téléchargiez un film, écriviez un mail, uploadiez votre rapport de mission, lisiez Agoravox, ou regardiez un film pornographique, c’est le même tarif pour tout le monde.
L’avantage évident, c’est que les FAI ne peuvent pas "contrôler" le net en bloquant certains sites, ou en donnant d’avantage de bande passante à d’autres contre rémunération. Étant donné que les fournisseurs d’accès sont tout ce qui sépare le citoyen lambda de l’Internet, ça veut essentiellement dire que personne ne peut, à l’heure actuelle, contrôler le net par l’intermédiaire de son architecture physique.
C’est une bonne chose, car il y a déjà eu des précédents historiques : prenez la radio, par exemple. Au début, tous les particuliers qui disposaient du matériel adéquat pouvait librement diffuser ce qu’ils voulaient dans le spectre des ondes radios. Tout le monde pouvait revendiquer une fréquence et y passer ce qu’il voulait, ce qui, vous vous en doutez bien, a permis à beaucoup de gens de diffuser leurs idées ou leur musique au plus grand monde. Internet avant l’heure, en quelque sorte.
Seulement le problème, c’est qu’il n’existe qu’un nombre limité de fréquences radios, et au bout d’un moment il a été décidé de faire quelque chose pour "civiliser" les plaines sauvages qu’était devenu le paysage radiophonique (ça vous rappelle quelque chose ?).
Bilan : les fréquences ont été vendues au plus offrant, et seuls les gros groupes médiatiques ont pu se les procurer. Voilà pourquoi on ne capte qu’une petite dizaine de stations quand on allume la radio, et qu’elles sont sensiblement les mêmes partout : RTL, Virgin Radio, France Inter, etc... Pas (plus) de "blogs" radiophoniques, parce que ça coute tout simplement trop cher.
Malheureusement, ce principe de neutralité n’est pas sans défauts. Il signifie, entre autres, que les FAI ne peuvent pas gérer leurs réseaux, par exemple en ajustant les débits au plus précis pour faire en sorte que les tâches les plus lourdes (téléchargement, streaming etc.) ne dévorent pas toute la bande passante disponible. C’est particulièrement vrai pour la 3G ou d’autres réseaux sans fils, qui, par nature, sont assez limités, alors même que les smartphones, Iphone en tête, se répandent de plus en plus. Ajoutez à cela le fait que les réseaux coûtent très, très cher à maintenir (installation de câbles, de fibres optiques, de répartiteurs, de serveurs en tout genre, etc.) , et vous comprendrez que ça ne peut pas bien finir.
L’internet à 30 € de Free, c’était un modèle viable du temps ou une personne sur trente téléchargeait des fichiers lourds, et le reste se contentait de lire ses mails. Or de nos jours, c’est plutôt le rapport inverse, et il faut se rendre à l’évidence : on consomme pour plus de bande passante que ce qu’on paye, et ça ne peut pas tenir comme ça indéfiniment, surtout si les FAI ne peuvent pas ajuster ce qui se passe dans leurs tuyaux.
Voilà le problème. L’évolution d’internet dans les années à venir, c’est la peste ou le choléra, Charybde ou Scylla : soit la neutralité du net disparait et on entre dans un monde virtuel où tout est contrôlé par quelques sociétés de télécom (pensez télévision ou radio), soit elle est assurée et les prix des abonnements va augmenter, si la notion d’abonnement "illimité" (en temps et en volume de téléchargement) ne disparait pas complètement.
L’idée que l’on soit en train de vivre l’âge d’or du net est une idée qu’on voit un peu partout depuis que des lois apparaissent dans les pays occidentaux pour lutter contre le téléchargement : tout le monde craint une dérive, une utilisation abusive des dispositifs de contrôle, etc.
Avec la neutralité des réseaux en revanche, le problème est différent : peu importe que la bataille soit gagnée ou perdue, dans tous les cas, Internet et/ou ses utilisateurs vont trinquer.
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