Suaire de Turin : Sciences et Avenir répond aux critiques
Auteure de l’enquête publiée par Sciences et Avenir dans son n° 767 du mois de janvier, je réponds bien volontiers aux critiques formulées par Cazab sur Agoravox.
Sur la Zététique
Contrairement à ce que laisse entendre l’article de Cazab, cette enquête n’est pas un recueil de « certitudes zététiques » : seuls deux chercheurs zététiciens (Luigi Garlaschelli et Henri Broch), mentionnés clairement comme tels, ont été interviewés dans le dossier. Leurs travaux n’ont également pas été présentés comme « définitifs » et j’en ai bien souligné leurs limites. Bien d’autres chercheurs sont interviewés ou mentionnés, qui ne sont nullement des zététiciens. Outre Timothy Jull, je citerais Robert Hedges, Jacques Evin encore André Marion. L’un d’eux, Paolo di Lazzarro est même un sindonologue, spécialiste des images achéiropoiètes (non formées par la main de l’homme) qui a publié dans une revue scientifique reconnue.
Sur les attaques concernant Timothy Jull :
C’est Sciences et Avenir qui, par évidente déontologie, mentionne que Timothy Jull, directeur du laboratoire de radiocarbone d’Arizona, est aussi l’éditeur de la revue Radiocarbon, dans laquelle a paru l’article. Il ne s’agit donc pas d’une révélation de la part de Cazab.
C’est bien parce que Timothy Jull est l’un des auteurs historiques du dossier que son travail a du poids. Son souci de répondre au seul article scientifique démontant son travail est donc légitime et fait partie du jeu classique de la science
Sur les prétendus « étranges oublis » de Sciences et Avenir
La règle de Sciences et Avenir est de ne relater que les articles scientifiques ayant passé le filtre critique des revues à comité de lecture, c'est-à-dire ayant été relus et acceptés par des pairs. Le journal n’a pas donc vocation à discuter le contenu de bulletins ou lettres savantes (y compris électroniques), livres, films, etc, aussi passionnants soient-ils. Lorsque nous ne mentionnons pas certains travaux –dont nous avons pour la plupart pris toutefois connaissance- il ne s’agit donc pas d’ « étranges oublis », mais au contraire de la volonté de maintenir pour nos lecteurs la crédibilité de notre revue.
Sur la controverse statistique
C’est un sophisme de dire que l’article de Jull répond à une critique statistique. Il répondait à la critique d’un chimiste, Raymond Rogers. Toutefois, la controverse sur le sujet n’a pas échappé à Sciences et Avenir, qui a dument contacté Marco Riani et Anthony Atkinson, auteur d’un article sur le sujet en 2010. Atkinson nous a précisé par mail que leur article, publié sur le site de la London School of economy, avait été refusé par les revues à comité de lecture. Nous l’avons toutefois mentionné comme une piste critique possible, ce qui n’a pas échappé à Cazab, qui s’en est emparé… pour mieux nous le reprocher. Pour être équilibré, il faudrait signaler que les articles critiques statistiques publiés à ce jour le sujet ont tous eu leur réfutation dûment argumentée.
Sur l’échantillon du suaire :
Il est tendancieux de prétendre que Sciences et Avenir n’a pas lu l’article de Raymond Rogers, au prétexte que nous avons écrit que « nul ne peut dire » aujourd’hui comment Raymond Rogers s’est procuré certains échantillons du suaire pour ses analyses. Rogers a en effet avancé que les échantillons lui avaient été fournis par Luigi Gonella, l’un des acteurs historiques de la datation. Mais Gonella a formellement démenti l’avoir jamais fait, ainsi qu’il l’a été rapporté au symposium de Paris de 1999 (lire à ce sujet la revue Montre nous ton visage, MNTV n°34). Dans ce débat passionné, nous n’avons pas voulu trancher, d’autant plus que Raymond Rogers, aujourd’hui décédé, ne peut plus faire valoir son point de vue. Il ne s’agit donc pas d’un travail bâclé, mais de respect de notre part.
Sur la prudence nécessaire et sur le fond
Les précisions apportées ci-dessous auront certainement éclairé le lecteur sur la prudence de la démarche de Sciences et Avenir.
A notre connaissance, aucun autre article que celui de Rogers, publié dans une revue sérieuse, n’est venu sérieusement contester la datation au carbone 14 de 1988, comme le souligne le spécialiste Jacques Evin dans notre dossier. Partant, il nous semble présomptueux de le qualifier de « rapiéçage » truffé de « résultats incohérents », comme le fait Cazab. Les multiples critiques non validées par la science portant sur la datation ont toutefois l’objet d’un encadré spécifique dans le dossier. La violence, l’outrance de certains de ses détracteurs ne nous ont pas empêché de nous pencher sur leurs arguments sur le fond et de vérifier s’ils faisaient l’objet de publications à caractère réellement scientifique.
Bien entendu, Sciences et Avenir est prêt à rouvrir le dossier, dès lors que de nouveaux éléments sérieux seront apportés au débat.
Lauren Demaxey.
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