Unik d’Orange : un pas de plus vers la fin de la vie privée ?
Orange lance le 5 octobre l’Unik, solution de « quadruple-play » maison qui permettra de bénéficier des communications gratuites et illimitées jusqu’ici réservées aux personnes scotchées à leur « box ». Une étape supplémentaire sur le chemin d’un terminal capable de tout faire, nous liant avec tout Internet et, a fortiori, toute notre « vie virtuelle ».
Au fond, l’information n’est pas si capitale que ça en elle-même : on pourra à présent basculer du GSM au WiFi en cours de conversation, et bénéficier ainsi de la gratuité des communications, permise par l’arrivée des box dans nos salons. Pour une exclusivité révolutionnaire, on a fait mieux : avec un Pocket PC doté du WiFi et du logiciel Skype, on pouvait déjà avoir une certaine mobilité autour de l’îlot de gratuité que représente le hotspot. C’était simplement une question de temps pour permettre l’adaptation de la technologie aux téléphones portables, et Neuf Cegetel a dans ce domaine été plus efficace qu’Orange.
Non, l’information principale est ailleurs : au fur et à mesure, les outils et accessoires, qu’ils soient matériels ou logiciels, disparaissent peu à peu pour faire place à une technologie de plus en plus centralisée. On dispose maintenant d’Internet, d’un agenda et de mille autres raffinements sur son mobile, on peut retrouver tous ses albums photos quel que soit l’endroit via Picasa, toutes les informations arrivent directement sur notre page d’accueil via des initiatives telles que Linked Feed ou Google Ig, et encore bien d’autres exemples. Tout va dans le sens d’une plus grande commodité pour l’utilisateur qui pourra accéder à tout les contenus et services (photo. de famille, dernier film sorti en DVD, réservation d’un billet pour le prochain train) grâce à son futur mobile dont l’équipement ressemblera plus à celui d’un PDA qu’à celui de nos téléphones actuels. Tout ceci est pour demain : un smartphone avec disque dur de 1,5 Go est déjà sur le marché au Japon, la 3G (qui permet déjà le streaming) sera bientôt remplacée par le WiFi et le WiMax, et les solutions de stockage en ligne (tout comme celles de bureau virtuel et de "suite office" server-side) sont déjà disponibles (il suffit de voir la page "Plus" de Google, ainsi que le site Writely, pour s’en rendre compte).
Tout ceci est bien beau, et pourquoi s’en plaindre : c’est la liberté absolue, qui nous affranchira définitivement de notre ordinateur et permettra des déplacements, un partage et un accès à la culture tout à fait formidables, nous permettant d’envisager des expériences pronétaires poussées réellement au bout du raisonnement. Mais bien entendu, le revers de la médaille se rappelle rapidement à notre bon souvenir : tout ce qui n’est pas bien au chaud chez nous, sur nos disques durs, est forcément chez quelqu’un. Et quand ce quelqu’un s’appelle Microsoft, Google ou Yahoo, on peut se faire du souci.
Certains se diront : peu importe, je n’ai rien à cacher et je peux donc en profiter, dans le cas de données vraiment sensibles je reprendrai alors un bon vieux disque dur. D’autres refuseront catégoriquement toutes ces atteintes à la vie privée, défendant farouchement leurs parcelles d’intimité. En effet, il ne faut pas se leurrer : tout ce beau monde peut très bien fouiller dans nos "tiroirs " (pour preuve les publicités ciblées sur Gmail) en toute impunité, mais aussi espionner nos rendez-vous (Google Agenda) ou encore nos projets professionnels (Google SpreadSheets). Sans oublier non plus qu’il est relativement aisé d’usurper une identité sur le Net, et un mot de passe accompagné d’un login peut, pour une personne malintentionnée, se révéler très utile. Bien entendu, il ne faut pas plonger en pleine paranoïa : à moins que vous ne soyez un proche collaborateur de Thierry Breton, ou un ami de longue date de la famille Olmert, il y a peu de chances pour que vous soyez intéressant. Cependant, une porte ouverte constitue toujours une opportunité quand le besoin se présente.
Car l’actualité nous le montre, par exemple via EasyNeuf : l’informatique se dirige de plus en plus vers une organisation server-side, moins lourde pour nos machines (mais pas pour la bande passante) et beaucoup plus propice au matraquage publicitaire. Le risque est que, disons dans une décennie, la bascule ait eu lieu complètement, et plus personne ne disposera alors de disque dur (ou de port USB sur la machine) pour sauvegarder ce qu’il considère comme confidentiel. Il y aura sûrement des coffres-forts online, mais là encore, même si une parfaite confidentialité était assurée, un petit malin pourra toujours forcer la serrure et s’emparer de vos "trésors".
En définitive, quelle attitude adopter : refuser tout ce progrès et ces facilités, en crainte des dérives potentielles ? Ou profiter pleinement de toutes ces possibilités, en faisant confiance au "Don’t Be Evil" des fondateurs de Google pour nous préserver des scénarios catastrophes à la sauce Orwell ? A mon avis, la bonne attitude sera de prendre les bon côtés, tout en restant suffisamment éveillé pour pouvoir conserver un espace de liberté et d’intimité inviolable. Facile à dire, me répondrez-vous.
En tout les cas, le débat est ouvert : à vous maintenant de choisir et préparer "l’avenir technologique" qui vous inspire.
NB : l’auteur de ces lignes est un utilisateur convaincu de Gmail et de la pléiade de services de la firme Google.
Crédits de l’image : www.ipc.on.ca
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