Du peu de ce que j’ai pu lire et apprendre ça et là, il y a jamais eu, à mon humble connaissance encore je le rappelle, de grandes divergences d’interprétations et de divisions parmi les savants musulmans quant au rapport que devrait avoir les musulmans et la richesse et l’argent. La seule exception notable étant peut-être présente, chez certains « soufis » et « ascètes », du fait qu’ils ont constatés que les gens étaient absorbés par la poursuite de la réussite matérielle et les richesses de ce bas-monde, ils ont eux, au contraire, encouragés une certaine forme d’abstinence vis-à-vis de la poursuite des richesses... Malheureusement, certains parmi eux sont tombés à l’extrême opposé en allant jusqu’à pratiquer la mendicité, chose qui n’est nullement recommandé en Islam, loin de là. Cet ascétisme (allant jusqu’à la mendicité) poussé à l’extrême, n’est islamiquement pas correct.
Effectivement, son investissement, il ne le fait sans doute pas par charité, mais il n’y a aucun mal à cela du moment que l’argent qu’il a obtenu il l’a obtenu de façon licite et qu’il investit cet même argent de façon licite. Il est, du point de vue de l’islam, libre de disposer de son argent tel qu’il le souhaite. Après, c’est sûr que s’il fait le choix de construire un immeuble par exemple et qu’il l’offre à quelqu’un d’autre ou une association caritative, cela est un acte méritoire. D’ailleurs, beaucoup de bâtiments (autre que les mosquées) faisant partie des waqf (bien de main-morte) sont des biens que les gens décident d’offrir.
Car, dépenser en donnant de son argent ou ses biens, sans non plus le gaspiller, pour soi, sa famille, ses proches, la communauté, en faisant des dons etc, est un acte qui a été vivement recommandé (et à plusieurs reprises) dans le Coran et par le prophète (paix sur lui). Et je ne parle pas ici de l’aumône obligatoire sur chaque musulman ayant les moyens qu’est la zakât.
J’ai donc bien fait de poser ces questions afin d’éviter tout malentendu, je tâcherais donc modestement d’essayer de vous répondre sur ces quatre points.
Sur le fait qu’un religieux vit confortablement, au point d’être à la tête de grands groupes ou d’une importante fortune personnelle. Cela n’est nullement interdit en islam, les exemples de savants musulmans reconnus unanimement pour leurs connaissances religieuse, leurs piétés et leurs ascétismes. tout en ayant eus une situation aisée sont légions. Je me contenterais juste de citer, deux des plus fameux exemples de ce type de situation : -l’imam Abou Hanifa, de lui et de ses élèves découle une des quatres écoles de jurisprudence sunnite -l’imam Djounaïd Al-Baghdady, considéré comme un éminent savant et un pieux parmi l’ensemble de la communauté sunnite. Il est particulièrement connu pour son ascétisme, à tel point qu’il est une référence pour beaucoup de cheminants sur la voie de la perfection spirituelle notamment chez les soufis. A partir du moment où quelqu’un respecte les règles de l’islam en matière de transaction financière et commerciale, qu’il donne l’aumône obligatoire, aucun reproche ne peut lui être fait sur sa fortune tant qu’il ne devient pas « esclave de l’argent » au point qu’amasser des biens devient la première des priorités de sa vie. Donc islamiquement parlant, cela n’est pas un problème, après si cela vous dérange que d’autres aient de l’argent je n’y peux rien.
Quant au fait qu’un prédicateur musulman et récitateur du Coran soit riche, si ses biens proviennent d’autres activités (comme cela semble être le cas pour le Shaykh) il n’y a aucun mal à cela non plus comme on l’a écrit plus haut. Les deux savants que j’ai cité étaient commerçants par exemple. L’islam ne recommande ni la pauvreté ni la richesse aux musulmans en général, et aux porteurs des sciences islamiques en particulier. Bref, si vous voulez approfondir la question d’un point de vue islamique, je vous conseille la lecture de cet article -> L’islam recommande-t-il d’être pauvre ou, au contraire, de chercher à être riche : http://www.maison-islam.com/articles/?p=223 Cela vous permettra également de corriger l’idée que vous avez de comment l’islam et les prêcheurs voient la pauvreté...
Quand au fait qu’En-Nahda préfère se tourner vers l’Orient plutôt que vers l’Occident pour chercher de nouveaux investisseurs. Je ne maîtrise pas suffisamment la géo-politique, et l’économie pour pouvoir vous apporter une réponse satisfaisante. Mais cela est peut-être dû au fait qu’avec le départ de Ben Ali et de son régime, certains investisseurs du golfe reconsidèrent le fait d’investir en Tunisie ? Ou que la Tunisie souhaiterait diversifier la provenance des investisseurs ... Ou couper en partie les ponts et tourner le dos à certains pays qui ont soutenus jusqu’au bout un régime dont je me garderais de faire le moindre commentaire à son sujet.
Quand à la question de la rémunération pour la lecture du Coran, il me faudrait plus de détails sur son cas personnel et ce qui se fait en Arabie-Saoudite pour pouvoir vous répondre. Comme par exemple, connaître s’il touche de l’argent pour chaque cd de lui vendu, ou encore pour chaque prière dirigé à la mosquée ou si au contraire il touche une pension de l’état saoudien pour ses activités. Ce n’est pas parce qu’un article (votre source) qui se veut polémique affirme une chose, que je me devrais de le reconnaître, d’autant plus qu’aucune preuve n’est avancé pour étayer le fait qu’il ait fait fortune grâce à des activités liés au culte.
Sachant, que s’il touche ou a touché une pension (pour couvrir ses besoins) versé par l’Etat, enfin, le trésor public, alors, cela est unanimement permis par les savants musulmans. Il est tout à fait possible qu’il ait touché à une période de sa vie une pension versée par l’état saoudien et qu’il a utilisé cet argent pour se lancer dans le commerce de tissus (comme l’article l’affirme) puis qu’il ait choisi de se diversifier. Bref, plutôt que de tirer des conclusions hâtives sur quelqu’un (comme l’auteur de l’article qui vous sert de source) j’estime que garder le silence sur ce sujet est mieux.
Quant au fait de toucher de l’argent pour un acte lié au culte en islam, je vous prie de lire l’article suivant, vous constaterez qu’il y a des nuances et des divergences entre savants musulmans sur certains points : Toucher un salaire pour une activité constituant du culte ou un service du dîn (qurba) : www.maison-islam.com/articles/ ?p=465
Ah, et je rajoute ceci, vu que je suis parti lire également votre source (l’article de kapitalis.com) après que ma connexion ait daigné enfin pu se connecter. Voilà, que je lis exactement ceci sur l’article :
"L’œuvre d’Al-Mohaisany comprend essentiellement des enregistrements de ses récitations et psalmodies du Coran.
L’homme,
qui n’a pas fait d’école de commerce ni n’a suivi le parcours habituel
d’un entrepreneur, se trouve aujourd’hui, grâce à sa belle voix et sa
profonde piété, à la tête d’un groupe d’entreprises.
De simple
commerçant de tissus prospère, il est devenu, aujourd’hui, le président
du conseil d’administration de l’Entreprise Al-Mohaisany pour
l’investissement et le développement, un groupe spécialisé dans la
construction de tours (à La Mecque et Médine), d’ensembles résidentiels
modernes. Mais aussi dans l’élevage, l’agriculture et même le transport
maritime. Qui a dit que les études coraniques n’enrichissent pas son
homme ?"
Ce passage soulève un problème car il ne dit pas, ce dont, vous, au contraire, vous n’hésitez pas à écrire : qu’il ait touché de l’argent pour ses récitations du Coran. Le fait qu’il soit connu pour son activité principale de prêcheur et de récitateur du Coran, autrement dit que ce soit son oeuvre principale, ne prouve nullement qu’il ait touché de l’argent pour cette activité. J’avoue que sur ce point, l’auteur du premier article est en faute, et m’excuse auprès de vous si je me suis un peu laissé emporté dans mes propos, car ces propos ne sont pas clairs et incitent à la confusion pouvant à la fois être interprétés comme signifiant qu’il ait gagné de l’argent par ce biais comme pouvant signifier qu’il est principalement connu pour cela sans nous avancer sur le fait qu’il ait pu ou pas toucher de l’argent pour cette activité.
J’ai lu et relu votre article et j’avoue que je reste perplexe ! Déjà que j’avais hésité à le lire, rien qu’en lisant le titre, on peut dire que le contenu est à la hauteur des préjugés que j’avais....
J’ai du mal à voir où est-ce que vous voulez en venir, pouvez-vous m’éclairer ?
Alors, je vous demande, quel est le problème que soulève cette histoire pour vous : Est-ce le fait qu’un religieux vit confortablement, au point d’être à la tête de grands groupes ? Est-ce le fait qu’un prédicateur musulman et récitateur du Coran soit riche ? Est-ce le fait qu’En-nahda préfère se tourner vers l’Orient plutôt que vers l’Occident pour chercher de nouveaux investisseurs ? Est-ce le fait qu’il ait pu touché une rémunération pour la lecture du Coran ? C’est bien le seul point qui peut être sujet à polémique selon moi, du fait, qu’il y a divergence parmi les savants musulmans quand à la licéité ou pas de cette pratique. Quand bien même c’est ce point qui vous poserait un problème, je ne vois pas en quoi un cas particulier vous permettrait de conclure de façon générale sur les religieux musulmans en général !
Ah, et quand aux banques islamiques, il faudrait savoir exactement de quoi on parle et de quels produits financiers... Chaque produit financier étant différent et pouvant être jugé ou pas comme étant licite par certains savants ou pas par d’atures. Et islamiquement parlant une banque islamique n’est pas un institut charitable mais un commerce avec tout ce que cela implique, et n’a donc pas vocation à distribuer des prêts à intérêts à taux nuls (sauf éventuellement de petites sommes)... et elle n’a évidemment pas pour vocation de faire des prêts à intérêts cela étant interdit. Mais effectivement, du fait de son activité commerciale, elle se base sur les taux d’intérêts habituellement proposés pour calculer sa marge dans certains contrats, notamment ceux de type Murâbahah. D’où peut-être le malentendu avec votre ami. ;)
ps : vous ne devez pas avoir écouté beaucoup de « psalmodieurs » pour écrire que psalmodier est le fait de réciter d’une voix monotone le Coran. ;) Le fait de psalmodier le Coran consiste à le lire en respectant scrupuleusement les règles de lecture du Coran en terme de prononciation des lettres, des sons, des pauses etc tout en embellissant sa voix. Bref, on est assez loin de la monotonie en général. ;)
Excusez moi pour cette réponse tardive mais je n’ai pris que récemment la résolution de lire la saga (fort intéressante) du début à la fin.
Ceci dis, dans cet article, il y a quelque chose qui me chipote :
« L’homme, avant de travailler chez INR s’était occupé de visas intéressants. (*2) »
Et en lisant la note de bas de page :
« Mrs. Kokal had previously worked in Consular Affairs where she was involved in the stricter vetting of visa applicants from mainly Muslim countries after the Sept. 11 attacks »
Alors, je me pose la question, est-ce qu’il était également transsexuel ? xD
Il me semble que ce n’est pas l’homme qui s’est occupé de visas intéressants mais sa veuve. Enfin, il se peut que j’ai mal lu.