Je pense que Sarkozy n’est pas de droite, et encore moins de gauche.
Pour moi, la vraie droite a des valeurs, le sens républicain, la valeur du travail... Tout ce que Sarkozy n’est pas.
Quant à la gauche, et ses ministres que Sarkozy a introduit au gouvernement, ils sont comme les autres ministres : des potiches qui servent tantôt de faire-valoir au chef, tantôt de fusibles. Et s’ils sont de gauche, c’est encore mieux car ils permettent de diviser le camp opposé, pour mieux régner.
Sarkozy n’est rien d’autre qu’un jet-seteur maladif. Grand opportuniste, il a trouvé le moyen d’assouvir ses passions en devenant président de la république, quitte à détruire la république, son parti, l’opposition, la société (oui, il fait beaucoup de dégats...). Il ne règne pas par sa grandeur, mais par sa faculté à casser l’autre. Et s’il est de "droite’, c’est uniquement par ce que ses modèles sont de grandes fortunes qu’il faut savoir brosser dans le sens du poil.
Fort heureusement, je ne pense pas que les français soient dupes. Du moins, ils ne le sont plus. Un des éléments marquant des cours de communication que j’ai eu était que la communication, c’est bien, mais il ne faut pas en abuser, à moins que le produit vendu soit véritablement exceptionnel. Dans le cas contraire, on a de très bons résultats au tout début, puis un spectaculaire retour de bâton par la suite, dès que les gens ont compris qu’ils se sont fait avoir. Une fois le pot-au-rose découvert, plus rien ne peut sauver le produit.
C’est ce qui se passe actuellement pour Sarkozy. Un produit médiocre, associé à une communication tapageuse. Le pot-au-rose est découvert. Sa réponse est dans la surenchère médiatique ; il ne sait faire que ça. Finalement, c’est assez bon signe : cela prouve qu’il est aux abois.
Samedi, nous nous sommes réveillé avec un président d’extrême droite.
Je ne m’étendrais pas plus sur le fond de sa proposition. Je rajouterai simplement que les premiers éléments de langage récités en cœur par l’UMP pour défendre le ministre Pampers (Woerth, même mouillé, il reste sec) ont été de comparer calomnieusement ce que faisait la presse à celle des années 30. Ironiquement, avec la proposition de Sarkozy, nous y sommes : aujourd’hui, tout le mal vient des étrangers (comprendre : beurs, maghrébins), tout comme on accusait les juifs à l’avant-guerre. On connait la suite de l’histoire. Je suis très mal à l’aise et perturbé de la grave dérive de la situation actuelle. Le dangereux type qui est au pouvoir est capable de tout pour se maintenir au pouvoir en 2012, y compris risquer de mettre un pays à feu et à sang. Question : son truc marche-t-il pour les hongrois de 2ème génération ? Et les auvergnats ?
Sur la forme, une fois de plus, sa proposition est du pipi de chat. Les bandits de banlieue (je refuse de les nommer « jeunes ») sont nés en France, et sont français. De quoi va-t-on les déchoir ? On ne peut les rendre apatride, ce qui serait contraire à l’article 15 de la déclaration universelle des droits de l’homme. Il y en a peut être qui, descendant d’immigrés de 2ème ou 3ème génération auraient encore la double nationalité, mais ils sont rares. En plus, c’est uniquement en cas de meurtre d’un gendarme ou d’un policier., pas si on vous brule votre voiture (une dizaine toutes les nuits à Grenoble, rythme de croisière normal parait-il). Bref, ça ne tient pas la route, et ça ne sert qu’à faire de l’appel de pieds à l’électorat d’extrême droite : « les gris dehors » (quel honte...).
Sur le renfort de policiers... Un quarantaine de policiers en plus... Whaou, quel effort ! Oui, mais il en a supprimé 120 depuis 2002. No comment.
Sur l’augmentation du nombre de caméras... Un nouveau rapport montre qu’elles sont inefficaces, voire contre-productive car consommant des budgets qui pourraient être mieux utilisés dans l’embauche de personnel par exemple. Sarkozy veut en ajouter 60000 de plus. Elles n’ont pas empêchées le braquage du casino pourtant truffés de tels dispositifs et sont considérées comme un échec à Londres précurseur dans ce domaine. Un tel acharnement à vouloir dépenser des fortunes dans quelque chose qui ne marche pas ne peut montrer qu’il doit y avoir des amis du Fouquet’s à la tête de sociétés de vidéosurveillance. Seul point positif : les caméras embarqués dans les véhicules de polices, comme aux USA. Elles permettraient de mettre fin à toutes les discussions stériles de bavure, toujours évoquées quand il y a un incident avec la police.
Donc voilà, du grand sarkozy : du vent, de la polémique, et en définitive : rien. Ce type me répugne tellement que je crois qu’il a vu comme une bonne nouvelle les incidents de Grenoble et de St Aignan. C’était l’occasion qui lui manquait pour faire une diversion médiatique et tenter de faire oublier le woerthgate. Ça marche bien. Alors, peut importe que les voitures continuent de bruler silencieusement par dizaine toute les nuits mettant en grande difficulté d’honnêtes citoyens beaucoup plus respectables que la clique au pouvoir, pourtant bardée de légion d’honneur, devenues des breloques qu’on se refile entre potes. L’avion présidentielle équipé de sa baignoire, sa cafetière et son four à pizza (démenti depuis) vole sans doute trop haut pour les voir.
Pendant ce temps, il n’y a toujours aucun juge d’instruction nommé. Courroye peut continuer d’enterrer l’affaire Woerth.
L’audition de Woerth n’était qu’un somnifère médiatique permettant de faire croire aux spectateurs de TF1 qu’il y avait un juge (« élément de langage » sarkozien) sur l’affaire. Étant donné que « cette » justice est indépendante (« élément de langage » de Michèle Aliot-Marie), tout ce qui se dit notamment sur internet ne peut qu’être que ragots (« élément de langage » de Nadine Morano).
Voilà la stratégie d’étouffement de l’affaire. De la comm’, de la comm’, rien que de la comm’. Reste que les faits sont tenaces, et que nous sommes maintenant immunisés contre l’intoxication médiatique.
Sarkozy s’est pris pour un Jedi lors de son intervention télévisé en disant d’un geste de la main « il n’y a pas d’affaire »... mais ça ne marche pas.
De toute façon, c’est plié. La démission de Woerth est secondaire et ne changera rien à la suite de l’affaire.
Premièrement, cette affaire a montré le rôle bénéfique du juge d’instruction, que Sarkozy voulait supprimer en s’appuyant sur le scandale d’Outreau. Quand on voit les agissement de la Courroye de transmission, on comprend bien quel était le vrai but de la manœuvre. La suppression du juge d’instruction n’est plus à l’ordre du jour. Par contre, c’est au niveau du Parquet, affilié au pouvoir, qu’il y a des problèmes... Tout l’inverse de la stratégie élyséenne !
Deuxièmement : Sarkozy ne peut pas lâcher Woerth : il en sait trop, et pourrait se venger en entrainant Sarkozy dans sa chute. De plus, il enverrait un message négatif à ses soutiens financiers, indispensable pour se faire ré-élire dans la ploutocratie française. Il n’a pas d’autre choix que de garder Woerth, coûte que coûte, dont les relents de financements illégaux empoisonneront la campagne de Sarkozy pour 2012.
Ainsi, Sarkozy a été atteint par une flèche empoisonnée nommée Woerthgate. S’il l’enlève, c’est l’hémorragie fatale ; s’il la laisse, il meurt à petit feu.
Sarkozy est au pouvoir depuis 2002 en tant que ministre de l’intérieur, puis ministre des finances et de l’industrie (excusez du peu), président du principal parti politique du pays (ce qui est toujours d’actualité), puis président de la république avec majorité absolue à l’assemblée. Je n’évoque même pas le fait que les députés sont aux ordres de l’exécutif.
Il a donc eu toutes les cartes en main depuis 8 ans pour gérer ce dossier.
Que constatons-nous ? Des germes de guerres civiles dans les cités, où l’on tire à balle réelle sur les forces de l’ordre, où l’on est content qu’il n’y est que 15 voitures brulées en une nuit (car la veille, il y en avait 4 fois plus), un ministre de l’intérieur condamné à traiter le « trop tard », en faisant des visites éclaires (15 minutes à grenoble) là où ça a brulé.
Dans le même temps, on a assisté à une explosion des gardes à vues d’honnêtes citoyens (il faut faire du chiffre), un effort conséquent là où ça rapporte (les radars automatique des voitures). Il faut bien montrer des bons chiffres au journal de 20h00 de TF1, fussent-ils complétement artificiels.
Qu’a fait Nicolas Sarkozy ? il a supprimé la police de sécurité alors qu’il était ministre de l’intérieur. On en paye le prix aujourd’hui. Vous-même estimez que « ce n’est sûrement pas la meilleure idée qu’il ait eue ». Bel euphémisme. Il faut donc comprendre votre phrase « l’ex-ministre de l’intérieur avait fait un passage remarqué dans son ministère » comme du second degré.
Il a aussi décidé de ne pas remplacer un fonctionnaire de police partant à la retraite sur deux (de même pour les gendarmes). A Grenoble, plaque tournant de la mafia et de la drogue, c’est 20% de policiers en moins depuis 2008, au grand dam du maire de Grenoble, Michel Destot (PS), qui a appelé à un grenelle de la sécurité. Votre argument qui consiste à dire que c’est la faute des maires PS qui ne jouent pas le jeu tombe bien à plat.
Parmi les autres actions de votre champion de la sécurité, le développement des caméras de vidéo-surveillances. J’y vois là un transfert d’argent public vers le privé et ne serais pas surpris qu’il y ait quelques amis du Fouquet’s à la tête de sociétés de caméras. Pour leur efficacité tant vantée par le ministre de l’intérieur lors de l’attaque du jeune grenoblois à la sortie d’un tram (« c’est bien la preuve qu’il faut plus de caméras ») on repassera : elles n’ont pas empêché le braquage du casino de Grenoble (lieu pourtant bourré de caméras), pas plus qu’elles empêchent les voitures de bruler ni les insurgés de tirer à balles réelles sur les flics.
Le bilan sécuritaire de Sarkozy est calamiteux et il est bel et bien responsable de ce bilan. Sa rhétorique habituelle « ha, vous savez, m’sieur Pujadas, Président c’est pas un métier facile » est usé jusqu’à la corde. Si c’est si difficile pour lui, s’il n’y arrive pas, il n’a qu’à démissionner.