Merveilleux score de ceux qui « moinssent » ici : peut-on raisonnablement supposer qu’ils ont perdu de leur précieux temps à lire réellement ce que j’ai écrit ? Qu’ils sont assez éclairés pour en comprendre le sens exact (ou du moins celui que j’ai souhaité partager) ? Que leur sensibilité se traduit en humanité ? Quant à imaginer qu’ils disposent des lumières suffisantes pour s’exprimer de manière intelligible plutôt que par le biais du « pouce des cirques romains », je m’interroge. En tout cas, le temps semble leur faire défaut pour la discussion démocratique. Dans la droite ligne du sentiment qu’ils m’inspirent, le pouce baissé est une marque de mépris, symbole des rapports qui régissent en majorité nos sociétés.
Oh oui, mille merci ; je la cherchais tout à l’heure (en charge de). Elle m’est si insupportable que je l’avais effacée de ma mémoire proche... Et là, pas question de lire ou entendre quiconque encore capable de dire simplement « chargé de ». Désolant.
Je suis certain que ce genre de discussion déclenche une raillerie assez générale. Ce que ne comprennent pas les zélateurs du tout à l’égout linguistique, c’est que l’appauvrissement des mots témoigne de ou implique celui des idées. Et que le fait de manger des mots macdo, rares et gavés d’huile de palme non académique, dénature la pensée et les moyens qui lui sont indispensables. Trois mots pour exprimer la vie, l’amour, la destinée humaine, le lendemain ? C’est très insuffisant.
Autre fait majeur : les mots ont un sens, et vider le langage de certains d’entre eux pour les remplacer par d’autres répond à des impératifs cachés : qui se plaindrait de vider les poubelles quand l’éboueur est promu agent de propreté, ou de perdre des années de chômage quand il se trouve en situation de rebondir.
Fergus, avoir manqué la pire des dérive, la préposition « sur » qui remplace toutes les autres, montre à quel point cette déviance à brûlé les cerveaux disponibles.
Proposition : Comme je travaille sur Paris, sur une société de presse qui a des succursales sur la province, je me rends souvent sur CDG pour prendre l’avion. Parfois, c’est sur le TGV que je vais sur les itw plus proches, en particulier sur la fin de l’année quand les vols sont surbookés. C’est sur, enfin... je n’en suis pas sûr.
Très important aussi, remplace tes mots par des lettres qui ne signifient plus rien : en ce moment, je découvre avec bonheur l’itw de machin ou de truc ; la vie est plus belle quand on dispose de tant de micro secondes supplémentaires arrachées à l’infini par la contraction de la pensée qui nous ramène sur notre vraie condition. Qu’est-ce qu’on devient pointu sur la langue. Non, faire la liste des atteintes à la langue et au sens des mots, sans compter l’orthographe en totale perdition est une tâche probablement sans espoir, et je crains que les forums n’aident pas à garder espoir contre toute raison.
On
se raconte ce qu’on veut, n’est-ce pas. Moi en qui résonnent tant de beaux
discours et de conférences magistrales de Jean-Luc Mélenchon, je suis convaincu
que sa passion méditerranéenne lui nuit gravement, qu’il défend avec autant de
force que l’ensemble de ses convictions, ce qui très souvent braque l’auditeur
qui s’interdit toute analyse des thèses et arguments politiques. Qui niera que
la forme compte avant le fond lorsqu’il s’agit de séduire ? A ce titre,
Jean-Luc Mélenchon séduit par sa vigueur extraordinaire et sa manière directe
de présenter ses convictions. Il se reconnaît lui-même séducteur : mais
qui séduit-il ? Ce furent les foules immenses qui se rassemblèrent durant la
campagne présidentielle, faisant naître de vrais (et fous) espoirs de
changement. Cet extraordinaire engouement, cette passion collective s’est-elle
retrouvée dans les urnes ? Ce seraient les 4 millions, peut-être. Je
ne crois pas que le langage de la campagne soit valide aujourd’hui dans sa
forme, le long temps qui s’ouvre exige, pour les mêmes combats, non plus le
conflit qui fait de vous un mouton noir, mais une lutte inconditionnelle dont
la forme devrait être repensée.
Je
reste extrêmement peu convaincu de la justesse d’une marche forcée portée par
un vocabulaire guerrier et des intonations si souvent explosive, puisque
ce spectacle a fait basculer Jean-Luc Mélenchon dans le camp
des extrémistes, de par la volonté implacable de ses adversaires.
Or, je l’ai si souvent entendu dans des interventions extraordinaires où
il alliait une clarté de propos, une élévation de pensée,
une vision supérieure des enjeux du temps et des réponses possibles, tout ceci
sans la moindre attitude méprisante, que je suis convaincu qu’il peut aussi discourir
et convaincre sur un mode plus recevable pour tous ceux qui veulent bien
l’entendre par ailleurs, mais que sa verve renversante insupporte.
Il
y a des combats contre soi qui sont si importants qu’il faudrait les mener
presque en priorité. Jean-Luc Mélenchon ne fait pas seulement peur, et si ce
n’était que cela, il faudrait déjà s’inquiéter de ce que le public et nombre de
politiciens puissent éprouver ce sentiment. Bien plus grave, il est méprisé et
honni comme on le faisait de le Pen il y a 10 ans encore. La foule a besoin de
détester quelqu’un tout particulièrement, et le monde politique et la presse se
sont si bien attachés à faire de Mélenchon cette tête de Turc que, dramatiquement,
il a chuté dans ce piège mortel. Sa lutte contre Marine et le Front national est
justifiée, mais la personnalisation extrême qui en a résulté de par sa volonté irréductible
a fini par le condamner au statut même de celle qu’il combattait. En l’occurrence,
je trouve même légitime de la part du public de refuser de telles formes de
guerre politique.
Il
y a toutes ces colères de Jean-Luc Mélenchon, contre les journalistes en
particulier. Je pense que personne n’ignore désormais qu’il a (eu) contre eux des
mots et des attitudes jugées parfois irrecevables, au moins pour le spectateur
que la corporation ne manque pas de manipuler au besoin, sous la haute autorité
des patrons de presse et des politiques. Dans cette foire d’empoigne, il est
bien plus difficile de se souvenir qu’il a également loué plus d’une fois le
statut et la mission sociale et d’information du journaliste en tant que
professionnel, défendant sa position et son statut en butte aux pressions
formidables du système politico-médiatique. Cette attitude lui serait bien plus
profitable et l’honorerait mille fois plus si elle était connue.
Jean-Luc
Mélenchon ne fait pas seulement peur, c’est même à mon sens une erreur
fondamentale de voir la situation de rejet qui lui est infligée par ce prisme
déformant. Il est diabolisé à la manière dont le Pen père l’était, parce que
cette chasse-là est la plus facile, la plus mortelle. Il est dangereux de se
poser en victime tout comme de camper dans l’orgueilleuse pose du sauveur. Telles
ne sont pas les attitudes et convictions de Mélenchon, combattant politique
mais aussi, surtout, démocrate radicalement convaincu. Il doit bien y avoir une
manière plus recevable de faire passer les mêmes idées qui sont les siennes
mais aussi celles de nombreux camarades d’autres partis alliés, le programme
vital de l’Eco-socialisme ! Nous sommes nombreux à mettre de côté les « exagérations »
de l’homme (qui se reconnaît comme « exagéré parfois ») car nous l’aimons
pour lui-même et pour la mission qu’il se donne en faveur non seulement du
pays, mais de l’écosystème dont tous nous avons besoin pour vivre demain.
Ce qui me choque le plus, c’est la manière dont ce personnage prend toute la parole et les médias à témoin, jouant de sa notoriété, gueulant sa colère dans l’énorme porte-voix complaisamment offert par la clique médiatique. On s’en fout complètement, de l’indécence de ses déclarations. Nous avons de telles préoccupations ici-bas que les beuglement du gros devraient tout simplement n’avoir aucune audience. Depardieu a fait un choix, conforme au droit (et au sien) dont j’espère qu’il pouvait imaginer qu’il ne passerait pas inaperçu. Qu’il assume la tempête dignement et silencieusement, car toute autre attitude peut être ressentie comme une insulte par les millions de malheureux dont le nombre grandit en Europe (sans parler des centaines de millions au monde qui sont torturés dans les guerres, les dictatures et les famines). Un peu de décence, merci.