lloyd henreid,
chaque vie est unique, chaque vécu marqué par les circonstances, et je ne doute
pas que foufouille endure ou connaisse des personnes qui endurent une situation
inhumaine. Mais, que ses propos me fassent très peur, que je me sente agressé
par leur répétition, qu’à un moment le couvercle saute tient justement à ce que
la violence et la haine montante dans le monde sont en train de détruire ce que
j’avais d’humain en moi. Et ce propos insultant que je n’aurais pas imaginé
employer m’est arrivé, ce sentiment que je ne maîtrise plus comme je le voulais
et le devrais encore. Dire que je le regrette ? Nos souffrances de tout genre
pourraient-elles nous rendre meilleur parfois ? Je ne le pense pas, et j’ai
peur de cette descente qui ne semble pas avoir de fin. Faut-il que les
personnes soient broyées pour que, tout au fond du cul de basse fosse, elles
cessent de crier ? Ne jugeons pas des douleurs des histoires individuelles d’inconnus.
Parler de la souffrance des autres est bien
difficile ; cette échelle du malheur ne peut que nous ramener tous au niveau
d’horreur que nous avons connus dans l’histoire, parce qu’il sera toujours
possible de contester et arracher à l’autre un petit bien que l’on n’a pas.
L’équitation, je comprends que ça puisse ne pas sembler indispensable, mais la
musique ? Et si ce n’est la musique, la lecture ? Et le musicien, celui-là
qui infuse un peu d’art ou de délivrance du quotidien trop lourd, qui tisse des
liens sociaux, qui éveille l’esprit de jeunes et moins jeunes, faut-il donc lui
retirer sa raison d’être en contestant la nécessité pour les pauvres de
conserver un peu de chaleur au coeur et peut-être de dignité ? Lui aussi vit
parfois si simplement que la simple réduction de son activité va lui faire
rejoindre les rangs des vrais nécessiteux… Je suis frappé de voir combien la
misère appelle la misère, les miséreux semblant si souvent non pas exiger le
respect de la société qui leur permettrait de revenir à la vie, mais bien plutôt
de tirer les survivants dans les bas-fonds dans lesquels ils sont relégués.
Je sais que l’on interdit parfois à ceux qui
n’ont pas passé par le feu de l’épreuve de s’inquiéter pour les victimes, sous
prétexte qu’ils seraient incapables de comprendre et d’apporter réponse, et
parce qu’ils ne témoigneraient que de l’égoïsme de celui qui craint de perdre,
de sombrer. Quel est le bon moteur contre l’injustice et la misère, la plus
grande violence faite aux plus faibles et aux plus petits, si ce n’est déjà
l’indignation des « nantis » (celui qui possède un peu plus que vous ?) à
qui il reste quelque chose à défendre, non seulement pour eux ainsi qu’on
préjuge, comme si l’être humain était incapable de penser plus loin que
lui-même ?
Préjugeons tant que nous pourrons, c’est loin
de nous rendre meilleurs et plus ouverts aux autres, pas plus que la peur du
lendemain ne libère la pensée positive. Quant à la violence, il n’y a rien
d’ironique de ma part à la déplorer, tant je souffre de la mienne, qui gangrène
mon existence toujours plus. Ce constat de la montée des haines et de
l’angoisse qui les poussent est mon constat quotidien, au coeur même (pour ce
qui m’en reste) de ma déchéance programmée. Il faut entendre le désespoir des
gens, comprendre sans excuser les accès de violence, et le fait qu’en êtres
contradictoires, nous sommes souvent déchirés.
Alors oui, « la laideur, la méchanceté, la haine du prochain » me font horreur, et
ce n’est pas de l’humour, mais la vérité. Sur cette base encore existante,
construisez votre propre espoir de ne pas voir le monde sombrer dans la guerre
que je vois possible aussi. S’il était envisageable, comme cela devrait,
d’éditer ses propos, je reviendrais sur mon agression inutile et indigne. Mais
je ne lutterai pas de toutes mes forces pour cela, étant avéré que je reste
heurté par les mots et la vision de foufouille, aussi explicable soit-elle.
J’ai longtemps cru possible de partager des opinions dans un certain respect
mutuel, c’était une illusion de plaisancier par beau temps. J’ai espéré avoir
ma place dans ce monde, je n’y crois plus, et j’imaginais que tous nous
parvenions à cette dignité qui nous serait due. Pour m’être tant fait insulter
depuis quelques années, je suis en train de prendre un virage dangereux, toutes
illusions en berne.
ZenZoe écrit :
Dans un pays où les gens sont de plus en plus divisés, pourquoi toujours tenter de faire croire que certaines professions valent mieux que d’autres et méritent plus d’être défendues ? Je n’ai rien contre les profs,
Ça, c’est votre lecture. Personnellement, lorsque je lis quelque chose sur le suicide, je pense au mien dont le spectre m’occupe depuis des décennies. En fait, je pense aussi et surtout à la détresse de tous les candidats, et au contraire de vous, au fait que parler d’un suicide dépasse la seule personne et/ou sa profession. Vous partez d’un préjugé curieux, que l’on peut opposer et que l’on oppose sans modération en fait à tout cas particulier, dont on peut pourtant généralement tirer un enseignement plus large. Ainsi, lorsque l’on dénonce le cas d’une caissière licenciée pour avoir récupéré un bon d’achat gratuit dont un client ne voulait pas, ce n’est pas Carrefour qui est visé ni la profession des caissières défendue par un lobby des auxiliaires de vente... Cette déviance qui consiste, qu’on le veuille ou non, que l’on en ait conscience ou non, à opposer les enseignants aux tourneurs fraiseurs, et ceux-là aux médecins, qui auraient plus à faire valoir que les policiers, dessert toutes les défenses qu’en bonne foi on chercherait à opposer à l’injustice et à la violence de ce monde.
Et puis je vais peut-être vous peiner, involontairement, mais le « je n’ai rien contre les profs » sonne un peu comme le « je n’ai rien contre les xxx, (mettre le mot de son choix...) » Si ce n’est pas diviser que d’employer une telle formule, c’est inciter tout autant à la démission et au consensus mou : ah oui, nous sommes tous alcooliques, déprimés, surbookés, mal logés, peu payés, etc, que voulez-vous que l’on fasse...
En passant par ici, j’en profite pour rappeler le souvenir confus d’une mesure gouvernementale qui fut proposée et si bien combattue immédiatement qu’elle ne vit jamais le jour, qui aurait consisté à taxer le litre de supermarché pour soutenir l’existence des stations services hors grande distribution. On pourrait rêver, vu l’importance de ce que représente l’obligation bien réelle du déplacement motorisé, d’une équité presque parfaite entre les prix des stations sur le territoire. Cela aurait de la gueule...