Ce papier est très incomplet : parler d’industrie en panne en n’évoquant que les ventes des quotidiens nationaux (une petite dizaine seulement !), c’est vraiment survoler la question.
Car quid des quotidiens régionaux ? Ouest France, c’est près de 800000 exemplaires diffusés chaque jour.
Et quid des hebdomadaires régionaux, dont certains ont des croissances annuelles à deux chiffres ? Ils sont petits, mais ils sont très nombreux. Le plus important, La Manche Libre, c’est près de 75000 exemplaires avec + 1000 exemplaires par semaine en moyenne depuis 4 ans.
Et les journaux people, et les journaux télés ? Certains crèvent les plafonds.
Et en ce qui concerne les news magazines ? Mis à part Le Nouvel Obs (stable), les autres ont une diffusion en augmentation notable : Le Point, Marianne, L’Express, Le Courrier International...
C’est vrai, une partie de la presse est en crise mais pas sa totalité, loin de là. Aujourd’hui, le lecteur appréhende différemment l’information. Certains ont su s’adapter, d’autre pas.
Peut-être s’est on mal compris. Mais ta vision de ce métier est très manichéenne : « un magma de propagandistes » ? Pfffff... Et sur Agoravox ?
Franchement, dans mon activité, j’ai parfois reçu des pressions politiques, plus rarement des pressions économique ("on ne vous fera plus de pub" qu’ils disaient), et j’ai toujours envoyé valser ces interlocuteurs. Mon patron me fout une paix royale (au tarif où il me paye, y’a intérêt), je n’ai jamais subi de censure. Et parmi les confrères/concurrents que j’ai pu côtoyer en dix ans de carrière, les rares qui ont eu des problèmes avaient vraiment merdé par non vérification d’une information ou par un parti pris trop ouvertement... propagandiste (faire un dossier sur un sujet chaud sans contradiction, c’est pas du boulot). Mon job, c’est de transmettre une information claire au lecteur. Et en cas de polémique, de confronter les versions contradictoires. Ensuite, c’est au lecteur de juger, pas à moi. Il est pas content ? Il n’achètera plus mon canard, point barre.
Ce n’est qu’un témoignage subjectif, évidemment, et surtout qui n’est pas populaire : c’est tellement plus commode et facile de tirer sur une profession dans son ensemble, alors que l’on ne mesure pas toute sa diversité. Les journalistes ”bullocrates", pour reprendre l’expression de JFK, ne sont, pour moi, qu’une minorité. Mais bon, ça va à contresens de l’Intelligensia d’AV. Tans pis.
Parce que tu crois que Lagardère, Bouygues, Dassault et Arnault emploient TOUS les journalistes de France et de Navarre ? Et le service public, c’est de la roupie de sansonnet ? Et si tous les titres français avaient la même ligne éditoriale, ne crois tu pas que l’ensemble de la presse française aurait disparu depuis longtemps ? Et en plus cette presse française se cantonnerait aux frontières de l’Ile de France ?
Franchement, faut revoir vos ordres de grandeur. Ca pèse quoi, Le Figaro ? 344000 exemplaires diffusés sur l’ensemble de la France. Le Monde ? 358000. Libération ? 139000. La Croix ? 105000. L’Humanité ? 53000.
Or je me répète, les cinq quotidiens du groupe Ouest France diffusent, chaque jour, plus d’un million d’exemplaire, sur une partie restreinte du territoire. Le Dauphiné Libéré, c’est 249000. Le Progrès de Lyon ? Plus de 200000. Le Télégramme de Brest ? 207000. La Nouvelle République du centre-ouest ? 217000. La Montagne ? 198000. L’Est Républicain ? 194000. Je continue ? Je pourrais faire une liste d’une cinquantaine de titres de presse quotidienne régionale. A votre avis, qui a le plus d’influence entre presse quotidienne nationale et PQR ?
C’est étonnant cette logorrhée qui englobe tout le monde, alors qu’elle ne concerne finalement qu’une élite journalistique parisienne, qui pèse finalement peu en vente comparé à l’ensemble de la presse française.
Si les journalistes pensent comme ça, ils ne servent plus à rien. C’est à nous de digérer l’information et de savoir ce qu’on veut en faire, leur rôle est uniquement de nous la mettre à disposition.
Evidemment que les propos de cette journaliste sont débiles. Pour l’être moi même (journaliste, pas débile, enfin j’espère), jamais je n’ai considéré que c’était mon rôle. Mais ce débat entre journalisme engagé et journalisme factuel et/ou neutre n’a pas de sens : certains journaux ont une ligne éditoriale très engagée, d’autre beaucoup moins. Or in fine, c’est le lecteur qui a toujours raison, par son acte d’achat ou non. Eh oui, nous ne sommes pas dans une dictature : vous pouvez aussi bien lire L’Humanité que Le Figaro, Le Canard enchaîné que Valeurs actuelles... Alors le discours victimaire du pauvre citoyen dont on bourre le mou, très peu pour moi. Chacun a la liberté de s’affranchir des idées préconçues. Encore faut-il qu’il en ait la volonté, mais c’est un autre débat...
Ca, c’est de la fine analyse. Bouh, sont tous méssants les journaleux, tous téléguidés par le grand capital. C’est aussi fin que de dire que tous les fonctionnaires sont des fainéants, tous les chômeurs des assistés, tous les jeunes de banlieue des racailles... Bref, le genre de commentaire globalisant et définitif (tous dans le même sac) très à la mode. D’ailleurs, c’est marrant, en 2001, Marianne avait réalisé un sondage sur les intentions de vote des journalistes avant la présidentielle. Seuls 6 % avaient annoncé qu’ils voteraient pour l’un des candidats de droite... Alors oui ce n’est qu’un sondage, mais la tendance est tout de même énorme. Alors oui (bis), ça date un peu, mais on ne va pas me faire croire qu’elle s’est complètement inversée en un quinquennat chiraquien !
Cependant, et parce que j’adore les paradoxes (ce monde est trop complexe pour moi, voyez vous...), je vous rejoins sur la problématique de la concentration et de l’indépendance des médias : est-il normal que Bernard Arnault ait racheté les Echos alors qu’il détient l’empire LVMH ? Evidemment non. Et Bouygues ? Et Dassault ? Et Bolloré ? Mélanger les torchons et les serviettes n’est pas sain.
Par contre, personne n’évoque jamais la politique hégémonique du groupe Ouest France sur un grand quart nord ouest du pays (Bretagne, Pays-de-la-Loire, Normandie, Ile-de-France, Picardie), dont la force de frappe médiatique est loin d’être négligeable, avec tous ses quotidiens (Ouest France, La Presse de la Manche, Presse Océan, Le Courrier de l’Ouest, Le Maine Libre = 1 million de journaux diffusés par jour ! C’est autant que Libération, Le Figaro, Le Monde, L’Humanité, France Soir et La Croix réunis), ses gratuits (20 minutes, Top Annonces), ses hebdos (une soixantaine, c’est considérable), voire ses télévisions locales (Rennes, Nantes, Angers) et sa radio (Hit West). Etonnant non ?