Ecrivain.
Auteur de Nid d'Eve, nid d'Adam (les différents visages de la prostitution) et de Moralopolis, parus aux éditions Tabou.
Française et résidente belge depuis trois ans.
Sonia, je la connais intimement. Elle parlait avec sincérité. Peut-être interviendra t-elle ici, je lui ai signalé votre commentaire.
Et oui, la prostitution n’est pas forcément facile ! Ça dépend aussi de la clientèle qu’on a. Grisélidis, la Catin révolutionnaire, en parle aussi, de ceux qui sont bourrés, qui puent, qui vous labourent sans ménagement. N’empêche qu’elle était volontaire et qu’elle revendiquait elle aussi l’honnêteté de cet argent gagné à « la sueur de son cul ». Et que ça ne l’empêchait pas d’avoir de la tendresse pour certains de ses clients. Il y a plein de métiers qui présentent des aspects désagréables mais qu’on fait pour survivre et/ou parce qu’on y trouve des compensations, des satisfactions.
« La prostitution est un Art, une Science et un Humanisme » (Grisélidis Réal, écrivain, peintre et prostituée). Une femme formidable à qui j’ai dédié mon essai « Nid d’Eve, nid d’Adam ».
Lisez ses écrits : « La passe imaginaire » ou « Le Noir est une couleur » en guise de mise en bouche. La vie d’une putain (elle aimait ce mot) qui n’avait rien d’une petite fille à sauver ! Car il y a aussi dans les prises de positions actuelles une incroyable infantilisation des femmes, qui ne sauraient pas ce qui est bon pour elles, surtout quand il s’agit de gérer leur sexualité (contraception, avortement, porno, prostitution : faut leur dicter leur conduite, sinon elles vont en pâtir - sous-entendu, elles sont incapables d’assumer leurs choix, des mineures en quelque sorte...). Et zou, de nouvelles lois liberticides à visées prétendument protectrices...
En 1975, le MLF exhibait des pancartes qui disaient « Nous sommes toutes des prostituées ! ». Ça, c’était couillu !!! Elles manifestaient contre le délit de racolage passif (qui fut réintroduit par Nicolas Sarkozy en 2003, soutenu par les mouvements féministes dans leur écrasante majorité...).
Il n’est pas question de faire la promotion de la prostitution, mais simplement de reconnaître aux gens la liberté de disposer de leur corps dans le cadre de relations sexuelles consenties, payantes ou pas, avec désir ou pas.
Le mépris des femmes à travers la prostitution, dites-vous ? Et le mépris des putes par nombre de féministes ? Ne sont-elles pas des femmes, ces prostituées ? Quand elles prennent la parole pour faire entendre les raisons de leur choix et qu’elles revendiquent des droits sociaux, qui les écoute ?
On préfère adopter une attitude paternaliste, verser dans la pénalisation du racolage (qui expose les prostituées à plus de violence, y compris policières). Et comme si ça ne suffisait pas, on envisage de pénaliser le client ! Retirer le gagne-pain de ces travailleuses indépendantes et vouloir les réinsérer avec condescendance... Favoriser l’explosion des IST et du proxénétisme, avec de bons sentiments (c’est pour votre bien ma p’tite dame).
Les prostituées volontaires qu’il m’a été donné de croiser voient des clients de toutes sortes, mais la plupart sont des gens respectueux et certains ont même noué avec elles des relations amicales sur des années...
Sonia, une amie qui s’est prostituée pendant plus de 35 ans (voir ci-dessous), m’a dit qu’elle aimait son métier et que c’était grâce à lui qu’elle avait appris à se tenir droite devant un homme, à les aimer aussi... Elle est très loin d’avoir été asservie ou méprisée ! Par contre oui, elle se sent méprisée par les féministes abolitionnistes.
La loi permet déjà de sanctionner le proxénétisme de contrainte et les réseaux mafieux. Qu’on l’applique donc ! Les jugements moraux décriant le porno et la prostitution évoquent à mes yeux le retour d’un puritanisme nauséabond où chacun voudrait gérer ce qui se passe dans le slip des autres. Et quand c’est l’État qui s’y colle, ça devrait interpeller tout le monde. Donner son aval à une politique qui veut sanctionner les rapports sexuels entre adultes consentants, fussent-ils rémunérés de manière directe, c’est lui octroyer le droit de définir ce qui est bon ou mauvais dans ce cadre. La porte ouverte à bien des dérives...
Les prostituées qui subissent un mac et sont contraintes à faire le tapin sont des esclaves, oui. Comme un travailleur clandestin auquel on a pris ses papiers et qu’on fait trimer du matin au soir pour un bol de riz. Celles qui font ça volontairement sont des travailleuses. Il est malsain d’assimiler prostitution volontaire et prostitution contrainte.
Non, Thikhomir, on ne pratique pas d’IMG en cas de risque mais en cas de confirmation par amniocentèse (qui permet d’avoir le caryotype du foetus).
Par contre, le dépistage actuel est effectivement basé en premier lieu sur une évaluation du risque (prise de sang et échographie). Parmi les femmes qui sont dans la catégorie dite « à faible risque » (et à qui on ne propose pas d’amniocentèse) figurent des porteuses de foetus atteints de T21 auxquels elles vont donner naissance.
Dans la catégorie « à risque » figurent des femmes dont le foetus n’est pas atteint. C’est à ces femmes que l’amniocentèse est proposée. Sachant que l’amniocentèse comporte un risque de fausse couche d’environ 1%, on perd donc aussi des foetus sains.
Il ne faut pas confondre l’IVG avec l’IMG. La première est une liberté concédée aux femmes (choisir d’interrompre une grossesse jusqu’à 12 semaines). La seconde est strictement encadrée par le corps médical (dont l’avis prévaut sur celui de la femme), avec des critères édictés par la loi.