Cela fait rire de voir cette manière de nier l’évidence. Les nouveaux adhérents du Modem n’auront évidemment pas de mal à transformer leur préadhésion en adhésion, le geste de préadhésion est le geste d’engagement qui compte pour eux. Dans les sections on en voit qui viennent militer un peu partout, quoique non adhérents de l’UDF et encore non adhérents du Modem pour des raisons administratives.
Non, nous ne nous construirons pas sur les décombres du PS. Il y a assez d’espace au centre, les présidentielles l’ont prouvé, pourquoi le nier ?
L’idée selon laquelle l’insuffisance du PS, très profonde, serait en cause dans l’émergence du Modem me semble complètement erronnée. L’insuffisance du PS pourrait faire voter Bayrou à des présidentielles, pas adhérer à un nouveau parti et à ses idées, pour militer. Il y a une adhésion profonde, avec des personnes qui n’ont jamais milité, pas plus au PS qu’ailleurs. Le vote Bayrou n’était pas un vote de rejet des autres mais un vote d’adhésion, on le constate simplement aujourd’hui.
J’irais plus loin : le problème du mode de scrutin ne concerne que les législatives ; aux présidentielles, européennes, rien n’empêche un vrai pluralisme ; aux régionales, proportionnelles autrefois et encore en partie proportionnelles, aux municipales avec combinaison de listes au second tour, c’est réalisable en bonne partie d’avoir du pluralisme.
Et aux législatives, nous avons déjà eu (1986) de la proportionnelle. Rien n’empêche de changer ce mode de scrutin. Il n’est pas constitutionnel et ne tient qu’à une loi. Evidemment, la majorité gardera ce scrutin puisqu’elle l’avantage. Ne pas faire de ce genre de choix qui relève du bidouillage légalisé favorable aux deux gros partis une espèce de règle qui s’imposerait en raison de la constitution.
Cela dit, il n’y aura pas de changement de mode de scrutin sans que soit élu un nouveau président hors de l’UMP et du PS, qui obtienne une majorité hors de ces partis. Vivement 2012 qu’on vote Bayrou.
Je crois qu’après avoir commencé à poser le problème correctement, vous manquez complètement l’essentiel, ce qui fait nouveauté.
Ce qui manque chez les Verts et les démocrates n’est pas le contre-projet social, au contraire (les avez-vous lus d’ailleurs ?). Avec cependant une énorme différence :
- chez les Verts, on ne s’est pas donné les moyens de la liberté qui permet de développer un projet propre, on est resté soumis au PS, on lui mendie les postes et demain peut-être à nouveau les ministères, sacrifiant complètement ses convictions pour cela, acceptant d’intégrer au vrai projet écologiste des éléments de gauche qui ne font pas sens ; du coup, le grand mouvement de Waechter qui avait fait naître un véritable espoir d’une politique différente s’est perdu dans les sables et les sympathisants de l’écologie politique votent ailleurs (Bayrou surtout, Royal ensuite aujourd’hui, et des miettes pour Voynet) ;
- le centre démocrate social s’est donné les moyens de poser un contre-projet propre en prenant son indépendance, avec les risques nécessaires de la liberté ; il peut donc faire valoir son contre-projet et c’est parce qu’il y avait une adhésion forte à son contre-projet que Bayrou est à 18,6% ; mais l’idée qu’un contre-projet ce serait faire naître « une gauche » c’est faire un contre-sens dû à vos préjugés (de même que l’idée que « la gauche vient d’en bas », risible historiquement) : on peut construire de partout une défense des petits ignorés par la « France du haut » du PS et de l’UMP ; ne cherchez donc pas les idées et les tendances d’hier dans les propositions d’aujourd’hui.
L’attention à la société civile est tout sauf la conséquence d’une absence d’idéologie chez verts et démocrates : ce sont des défenseurs du rôle des divers corps intermédiaires entre le peuple et le pouvoir, syndicats, associations, etc, simplement. Lisez Bayrou et vous constaterez l’importance dans la reconstruction de la société de ces intermédiaires pour lui. Et cela est dans la ligne idéologique ancienne des démocrates sociaux... on pourrait dire même séculaire. Il vous manque une perspective historique.
Les Verts, monsieur Lipietz, feraient bien de se libérer du PS et d’exister par eux-mêmes ou de rejoindre le centre avec qui ils sortiraient de leur longue histoire de soumission aux socialistes. Cela leur ferait du bien.