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Ahhhhrrrgg, j’oubliais :
Si vous passez à Lyon au Kotopo, au café des mille et une langues (dont l’esperanto), demandez à Gijom, son principal tenancier, s’il n’a pas un viel ami helveto-quebecois dont toute la famille parle espéranto, par hasard. On sait jamais, ça vous ferait un témoin de plus.
Cher Krokodilo,
Le coeur ouvert et les mains vides, mais avec franchise, j’ai apporté un premier témoignage.
J’ai été surpris des doutes que, la première fois, vous émettiez à l’égard de l’ensemble de mon témoignage. Et ce à cause du seul contenu de mon post-scriptum que vous n’aviez pas compris parce que je ne l’avais pas expliqué. Je me suis donc donné la peine, il me semble, de clarifier pour vous ce point dans un second message. Je pensais naïvement que ça suffirait.
J’imagine que mon explication vous a pourtant convenu (pourquoi je citais H.M.), puisque vous ne revenez pas là-dessus. Mais vous affirmez ensuite douter encore plus, parce que vous avez relevé un mot en esperanto (mondano), dans mon second message, qui vous a fait tiquer.
Alors, par l’effet d’une naïve politesse, et parce que vous avez l’air sincère bien que méfiant, je vais répondre à vos remarques :
1) Je n’ai pas écrit en espéranto, parce que c’est un forum en français. Et que je n’ai pas pensé de le publier bilingue, comme vous le suggérez intelligemment. Tout simplement. Mais je me rattrape un tout petit peu en p.s. au bas de ce message-ci.
2) J’ai utilisé le mot "mondano" au lieu de "mondcivitano", uniquement parce que je ne faisais pas référence au mouvement existant qui s’appele "Citoyens du Monde" voir http://citmonde.free.fr/, où ce mot est en usage en espéranto pour désigner leurs adhérants, il me semble. Bien qu’il soit courant en français de se dire "citoyen du monde" sans se référer formellement à ce mouvement, en espéranto je leur laisse volontiers l’exclusivité du mot mondcivitano. Comme ce n’est pas spécifiquement d’eux dont je parlais, mais du fait que je suis plus tourné vers le monde que vers le mouvement "espérantiste", j’ai utilisé le mot mondano qui, ma foi, suffisait à mon propos.
3) Seul un non-esperantophone écrit en esperanto avec un accent francais.
Je cite : "après vérification auprès de meilleurs locuteurs que moi, votre phrase, quoique juste, sent un peu sa traduction mot à mot et très française, elle n’a pas la fluidité qu’on attendrait d’un espérantiste aussi expérimenté que vous prétendez être".
Ahh zut alors. Me voilà démasqué. Où ai-je écrit que je prétendais être un espérantiste expérimenté ?
J’ai écrit que j’ai appris l’espéranto il y a 20 ans et c’est vrai. J’ai écrit que mes deux fils le parlent aussi et c’est vrai.
Par ailleurs, j’ai précisé que je lisais peu en espéranto mais que je l’utilisais oralement assez fréquemment quand nous accueillons des visiteurs de passage dans le cadre du pasporta-servo. Et ça aussi, c’est vrai. Mais de là à me prétendre un espérantophone expérimenté... admettez que vous me prêtez gratuitement cette prétention. En fait, je suis un extra-terrestre et ma langue maternelle est le klingon. Mais n’allez surtout pas le répéter.
Blague à part, je ne me considère pas comme un espérantiste expérimenté. Je reste modeste et je sais pertinemment que je le suis bien moins que les Claude Gacond (mon premier prof), Claude Piron (mon témoin de mariage, paix à son âme), et autres Istvan Ertl (mon plus viel ami en espérantie) que j’ai eu le privilège de côtoyer. Istvan était chez nous il y a quinze jours, avec toute sa famille. Si vous le connaissez, posez-lui la question.
Eux, ce sont des espérantistes expérimentés. Moi, je me contente de les remercier de ce qu’ils m’ont transmis et de me réjouir qu’ils aient pu me faire crédit d’une certaine amitié, quand nos chemins se sont croisés. Et les deux d’entre eux qui sont encore en vie vous confirmeront que j’existe bel et bien, si vous leurt posez la question.
Pour le reste, les espérantophones plus compétents que moi sont légions (à commencer par ma propre compagne, qui peut trouver du plaisir à réviser des traductions de 300 pages, que je fuirais en courant). Pour autant je n’ai pas à rougir de mon niveau, je pense, au sein de la communauté des espérantophones dans son ensemble. On est tous débutants un jour ou l’autre... et certains le restent toute leur vie.
Je lis toutefois que vous reconnaissez : "votre phrase, quoique juste". Merci, ça me rassure.
Oui, Krokodilo, il m’arrive encore souvent d’oublier l’accusatif, comme le premier francophone débutant venu (même pas honte !). Et c’est sûrement vrai que mes tournures de phrases "sonnent français".
Et j’échoue aussi parfois à accorder correctement un participe passé placé avant ou après un auxiliaire avoir. Personne n’en conclue que je ne suis pas francophone.
Les trois personnes que je mentionne plus haut m’ont notamment appris ceci : le fait qu’on reconnaisse grâce à sa terminaison le rôle joué par chaque mot dans une phrase en espéranto (verbe, substantif, adjectif, complément, etc.) permet justement à un Allemand de mettre son verbe là où il le mettrait si il s’exprimait dans sa propre langue, et pour un Hongrois ou un Finlandais la même chose. Et pourtant, avec un peu de gymnastique mentale de ma part, je comprends leur message. D’autant qu’il est plus facile de comprendre suffisamment une langue que de la parler correctement, et que les terminaisons des mots sont là pour me venir en aide. La flexibilité intrinsèque de la langue internationale permet à ceux qui s’y intéresse de l’apprendre et de la comprendre plus vite, grâce à cette caractéristique-là, entre autres.
En fait, Krokodilo, je suis triste d’être pris pour un menteur. Voilà.
Mais concluons...
Je veux bien tenir compte de votre seconde idée (je cite) :
"Ou encore, citer quelques noms ou pseudos d’espérantistes (...)
que j’aurais pu joindre par les forums ou indirectement, étant moi-même assez isolé du mouvement".
Citer des témoins ? Pourquoi pas. C’est pas ça qui manque.
Les trois quarts des membres de la Société suisse d’espéranto me connaissent. Le personnel de la Kvinpetalo, du Kastelo Gresillon m’ont eu comme gasto en juillet dernier. Et sur le chemin du retour en Suisse, j’ai mangé sur une terrasse avec la dame qui lutte pour la survie du Musée national de l’Espéranto, à Gray, sur la Saône. Elle s’en rappellera, vu que je me suis ammaré sous son balcon en péniche. Sans parler des clients passés au Centre d’espéranto de La Chaux-de-Fonds entre 1988 et 1992. ou des nombreux participants du Internacia Seminario de Nouvel-An, en Allemagne, durant la même époque. C’est tout juste si je n’ai pas pris le thé avec Edmond Privat (nan, je déconne, il est mort en 1962).
Mais vous ne pourrez pas vérifier auprès de tous ces gens que j’existe. Alors permettez que j’appele à la barre un "témoin" digne de confiance, puisque "actori incumbit probatio".
S’il vous importe vraiment d’avoir une preuve que je sais suffisamment parler en espéranto (quand je ne suis pas bourré ou que je ne "crocodile" pas, évidemment) et que j’ai bien deux fils pré-ados qui le parlent aussi (ce qui devrait suffire à authentifier globalement mon premier message, non ?), j’appelle à la barre pour témoigner en ma faveur... (roulement de tambour)
le vice-président d’Esperanto-France, monsieur C-y-r-i-l H-u-r-s-t-e-l.
De par sa fonction, c’est un personnage public, lui. C’est recevable comme témoin ?...
Il annonce sur son site web qu’il a participé à R.E.F. l’été dernier :
Voir son blog : http://benecyril.free.fr/spip.php?article74
R.E.F. ? Il s’agit de ces rencontres de familles espérantophones dont je parlais dans mon premier message. Cyril y était avec sa famille. J’y étais avec la mienne. Mais avant de lui écrire ou de lui téléphoner, allez déjà voir son article. Vous y trouverez un lien vers un reportage de France 3, tourné durant REF à Grésillon en juillet dernier.
Accessoirement, à la 23ème seconde de cet extrait vidéo, le petit bonhomme en t-shirt bleu et en gros plan qui, les mains sur les joues, écoute attentivement la pièce de théatre jouée par les ados est mon fils ainé, celui dont je parle dans mon premier message.
Mais ô misère, ô malheur, bien qu’il soit de toute évidence en train de participer à la rencontre en question et qu’il semble même ÉCOUTER de l’espéranto, il ne prononce pas un seul mot devant les caméras de télévision, et rien ne prouve qu’il comprend ce qu’il écoute. Ni d’ailleurs qu’il s’agit bien de mon fils.
Donc peut-être douterez encore plus... une troisième fois !
Si j’avais su, l’été dernier, je lui aurais filé des coups de coude dans les côtes pour qu’il dise quelque chose, ou je me serais placé dans le champ des caméras de France 3, pour lancer discrètement un petit : "Coucou, Krokodilo, c’est moiiii !"
Donc, cette vidéo n’est pas une preuve, puisque je n’y apparais pas.
Seul Cyril, qui est interviewé, y apparait : est-ce que ça le crédibilise comme témoin.
Si oui, pour lever vos doutes, il vous restera à lui demander de venir lire cette page-ci, de prendre connaissance de mes interventions et de vous confirmer que j’existe. je vais pas faire tout le boulot pour vous, hein. Moi, je ne doute pas que j’existe Je n’ai aucune crainte, si Cyril lit cette page, il me reconnaitra illico (comme québéco-suisse, je suis grillé au au premier paragraphe, même sans l’accent).
Peut-être daignera-t-il alors vous rassurer de mon existence ?
Ou alors, il m’écrira pour me dire que je perds mon temps et que je lui fais perdre le sien, ce qui serait vrai aussi... Pour me faire pardonner, c’est donc lui que je serai obligé d’inviter pour une fondue suisse, au lieu de vous. C’est malheureux, non ?
En fait, n’importe laquelle des trois personnes qui apparaissent nominativement dans ce reportage (Gretel S., Philippe B. ou Nikola M.) me connait aussi. Alors posez-leur la question si ça vous chante.
Bon, comme je le disais au début de cette réponse : "le coeur ouvert et les mains vides, mais avec franchise, j’ai apporté un témoignage". Si celui-ci vous semble encore irrecevable, je suis désolé docteur, c’est incurable (ou alors il vous faut le médicament que je vous prescris en post-scriptum).
Dans le cas contraire, ayez l’élégance de le faire savoir.
L ’ Helveto
(qui ne parle trois fois de fondue suisse que pour mieux nous faire avaler son imposture, sans même un bout de pain)
P.s.
La plej rekta medikamento kontrau viaj duboj, kiun mi povus imagi, estas ke vi alvoku min telefone (bonvolu ne dum la laborhoroj sed eventuale inter la 12-a h. kaj la 13-a) je la numero de mia portebla telefono (sepdekses) kvarcentdudekkvin . kvardekok . dek (Vi versajne bezonos unue tajpi la kodon de Svislando, komence.)
Le 8 mars, Krokodilo écrit deux choses distinctes, un doute et une question :
"L’Helveto, mi iom dubas pri la vereco de via atesto.
Kial vi citas HM, kiu ne partoprenas tiun ĉi debaton, kaj senrilate al la temo ?"
Trois heures après, il ajoute : "Je traduis pour d’éventuels lecteurs, par politesse puisque c’est un forum francophone, mon message émet quelques doutes sur l’authenticité du témoignage de Helveto."
Ouh là là, il doute ! Euh... bon, je vais pas l’engueuler. Le doute n’est pas un fait mais un sentiment forcément intérieur. Puisqu’il l’exprime, je ne peux que le constater. Et éventuellement l’aider à lever le doute, si je le peux.
Pour l’authenticité, je peux fournir assez de preuves que je suis qui je suis et que mon témoignage précédent correspond à mon histoire. J’ai été assez proche de certains espérantophones pendant longtemps pour imaginer que Krokodilo et moi avons peut-être même des connaissances en commun, à Rotterdam, à Grésillon, à Bouresse, à La Chaux-de-Fonds ou ailleurs. Si il participe au Congrès mondial d’UEA, il connait même ma belle-mère (je parierais ma chemise). Qui sait, on s’est peut-être même déjà croisé par le passé... Mais je n’étalerai pas ici les détails qui lui permettrait de vérifier tout ça. Le web n’est pas la place pour ça. Même si n’importe quel esperantophone suisse qui nous lirait reconnaitrait tout de suite : "Ben, c’est évident. Je vois qui c’est". (Y’a pas plusieurs centaines d’enfants "denaskaj" qui ont l’esperanto comme langue acquise dès la naissance, n’est-ce pas ?). Et en plus, en Suisse, ma famille a déjà eu droit à une pleine page du journal Le Temps, sous la rubrique Société, et à des émissions radiophoniques ici ou là... Mais, c’est en Suisse évidemment. Etonnant, hein, ce cloisonnement pour deux pays francophones si proches ?
Quand à la question que me pose Krokodilo, elle n’est pas traduite, elle.
Bon, alors je veux bien me fendre d’une clarification, si besoin est. Par politesse, puisque mon commentaire est au bas d’un article publié par lui.
D’abord, j’ai souri en vous lisant, Krokodilo, me poser votre question EN esperanto. J’ai imaginé que vous vouliez vérifier si je le comprenais ? Ce serait un peu fort, car après avoir témoigné que je le parle depuis 20 ans et que mes enfants l’ont acquis comme langue de naissance, me tester pour voir si je peux lire votre question, c’est... comment dirais-je... irrévérencieux ? Mais vous avez peut-être raison, il y a tellement de mythomanes qui courrent les rues et le web, n’est-ce pas ?
Mais passons. Oui, j’ai compris votre message, et votre question (non retraduite) en français était : "Pourquoi citez-vous Henri Masson, qui ne participe pas à ce débat, et sans relation avec le thème.".
En effet, c’est d’abord ce point qui appelle une réponse, si la chose vous intéresse.
Effectivement, ce post scriptum n’est pas en rapport avec l’article. (Raison pour laquelle je l’ai mis en post scriptum, justement). Mais j’aurais dû en effet préciser à quelle phrase je réagissais.
En fait, avant de publier mon commentaire, j’ai d’abord LU l’article et tous les autres commentaires. Notamment celui de l’intervenant Jovitourtiste, qui, deux jours avant, écrivait :
"(...) J’ai lu - ou plutôt survolé, aucun être humain ne dispose d’une vie suffisament longue pour lire en entier un pavé de Masson - un article de votre gourou, c’est tout à fait éloquent. Ce qui prouve à quel point votre cause est futile, puisque vous vous mangez dans la main. Comment peut-on vous prendre au sérieux ? (...) "
Comment peut-on vous prendre au sérieux ? Qui "vous". Les gens qui ont appris, ou qui utilisent, ou qui font la promotion de l’esperanto ? Tous, là, comme ça, en vrac ? Ouh là, là...
Quiconque parle une langue ne défend pas forcément une cause ! (Oups, je demande pardon à mes amis basques, catalans, québécois, miao, etc.)
Je disais au début de mon long témoignage que je n’intervenais pratiquement jamais sur les forums. Or, ici, c’est ce passage spécifique qui m’a donné envie d’intervenir. Parce que, bien que mon témoignage exposait pourquoi je ne ressens pas le besoin d’opposer l’esperanto et l’anglais, il se trouve qu’apres 20 ans d’esperantophonie, il y a quelque chose qui m’énerve ENCORE PLUS que ce débat-là, c’est l’amalgame fréquent (né de la peur et de la méconnaissance, je le comprends bien) qu’on nous rabâche entre la langue internationale esperanto et les sectes : "Ah, vous êtes esperantISTE ?" Et dans la bouche de ceux qui s’étonnent, ce mot sonne beaucoup plus comme "adventiste" ou "intégriste" que comme, disons, philatéliste, dentiste ou radio-sansfiliste.
Vous voyez ce que je veux dire ?
Alors, quand j’ai lu "(...) un pavé de Masson - un article de votre gourou (...)", j’ai décidé d’apporter mon témoignage.
Et c’est pour cela, spécifiquement, que j’ai ajouté mon P.S. ou je mentionnais qu’on pouvait parler esperanto sans trop vraiment savoir qui est Henri Masson spécifiquement (mais c’est vrai, j’aurais dû être plus clair).
Maintenant, juste en passant, c’est tout à fait possible, même à l’époque d’internet, d’être passé à côté de ce personnage par ailleurs sûrement incontournable. D’abord parce que je suis en Suisse, et pas en France (peut-être). Ensuite, parce que j’utilise régulièrement l’espéranto mais après la période initiale où j’ai travaillé dans un centre d’espéranto pendant quelques temps, j’ai suivi mon propre chemin, et j’ai lu plus de livres pour enfants en esperanto (à mes enfants) que de livres sérieux qui parlaient de l’esperanto comme tel, peut-être. Ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas lu il y a longtemps des bouts de son livre "L’homme qui défia Babel". (Je viens de vérifer, j’avoue que j’avais oublié qu’il en était co-auteur).
En fait, je ne reçois pas et ne lis que très occasionnellement (dans les rencontres, où on les trouve souvent sur les tables) les revues "Esperanto", ou les publications de Esperanto-France, de Sat-Amikaro, etc. Pourquoi ? Je ne sais pas. Par inclination personnelle sans doute. Je lis plus volontiers du Albert Jacquart, du Umberto Eco ou du Jared Diamond, pour en nommer trois en vrac parmi plusieurs, que je ne lis la presse esperantophone en général.
Et, par rapport à l’esperanto, je ne suis pas prosélyte. Pendant que d’autres donnent des conférences SUR l’esperanto (dont je reconnais l’utilité), moi, je l’utilise dans ma vie de tous les jours, et j’accueille chez moi sans frais des gens qui voyagent dans le cadre du ’pasporta-servo’ (une dizaine de fois ces deux dernières années).
[Krokodilo (ou n’importe quel autre lecteur qui a accès au pasporta-servo) venez manger une fondue, si vous passez en Suisse... ]
L’été (comme je le disais avant, je participe régulièrement à R.E.F. Ainsi j’utilise l’espéranto pour communiquer avec des gens de nombreux pays différents, mais je ne suis pas personnellement membre de UEA et je n’ai JAMAIS participé à U.K..
Eh oui, ça existe aussi, des esperantophones qui sont plus —phones que —istes. Ma foi. C’est comme ça
Et si ce second long témoignage devait apporter quelque chose, c’est -il me semble- de faire réfléchir à la diversité.
Comme dans la nature, où la vie foisonne sous des milliers de formes différentes, dans la société humaine aussi, les gens sont divers. C’est ça qui est bien. C’est pour ça qu’il faut reconnaitre et préserver les cultures, les langues, etc. C’est pour ça que le meilleur des mondes d’Orwell n’est pas enviable du tout... Et c’est aussi pour ça que l’internet (incluant AgoraVox, Wikipedia, ou même wwww.esperanto.net) est une invention géniale.
C’est pour ça que j’ai appris l’esperanto. Mais pas pour militer.
Je m’attriste de tout ce qui veut niveller par la base, et je me réjouis de tout ce qui élève, que ce soit en littérature, en science, en oecuménisme, en arts, etc.
Vouloir que les autres soient comme soi en espérant inconsciemment que ça va abolir la peur qu’ils me causent, c’est insidieux. Et c’est pourquoi j’ai appris l’esperanto. Pour parler à ceux qui sont différents de moi (de ma société, de ma culture). Et j’ai été servi, par exemple après avoir compati avec un convive de 75 ou 80 ans qui, autour d’une raclette il y a longtemps, me racontait sa participation à la deuxième guerre mondiale. Il nous parlait en esperanto (évidemment). Il racontait le froid, la faim et les privations, dans ces régiments ou il avait été enrolé (à 17 ans). Je le trouvais très courageux d’avoir traversé tout ça, et le remerciait intérieurement.
Je me disais que c’était grâce à des types comme lui que le nazisme avait été repoussé... jusqu’à ce que je réalise qu’étant polonais, c’est en fait dans l’armée d’Hitler qu’il avait servi de force... Uhhhhhh ! ça a été un choc immense. Pour moi comme pour lui.
Quand il s’est aperçu que je n’avais pas compris ça, vous auriez dû voir sa tête ; il m’a sûrement pris pour un martien, mais il a été très très gentil avec moi ! Je vais vous sembler naïf (avec le recul, je trouve aussi), mais c’était en décembre 1988, j’étais jeune, j’arrivais du Québec, et je n’étais pas très au clair à l’époque avec la diversité et l’histoire des pays d’Europe. Je n’avais pas immédiatement tiré les conclusions qui s’imposaient du fait qu’il était Polonais (ce que je savais pourtant). Son témoignage en esperanto avait parlé à mon coeur, et je n’avais tout simplement pas réalisé, pendant une bonne heure... qu’il était dans l’autre camp ! J’ai alors compris que l’ennemi, c’est la haine et la guerre, et pas les "humains" qui sont en face.
L’esperanto m’a donné de nombreuses occasions d’élargir ainsi mes horizons. En discutant avec des bulgares, des japonais, des hongrois (j’adore la Hongrie), et d’autres. Pour moi, l’esperanto est un pont vers les autres, pas un milieu fermé où me réfugier. Je suis plus "mondano" que "movadano". (Euh, Krokodilo, ça va là ? J’utilise assez de mots en esperanto de manière juste pour lever vos doutes ? Sinon... kion mi devus ankorau fari por forpeli la dubon el via menso ?).
En conclusion, j’ai bien conscience que tout ceci ne répond qu’à votre commentaire et ne concerne nullement l’article principal comme tel. Que les lecteurs d’AgoraVox qui auront lu l’article et tous les commentaires qui s’ensuivent veulent bien me pardonner, en se disant au moins in petto que mes explications montrent que les esperantophones du monde sont tout aussi différents entre eux que les autres membres de la société. Si ce seul point pouvait faire la nique à un éventuel à-priori de "sectarisme", ça n’aura pas été inutile.
L’Helveto
Bon, il est vraiment exceptionnel que je laisse un commentaire sous un article, mais après avoir lu toutes les interventions ci-dessus, y’a quand même quelque chose qui me titille... alors je vais "claviériser" une petite remarque.
Je suis canadien ET suisse. Je suis aussi bilingue français / anglais. Je bosse dans les technologies de l’information (où l’anglais technique "computerenglish" est évidemment un must). Et à part ça (comme si ça ne suffisait pas) ça fait 20 ans que j’ai appris (et que j’utilise plutôt régulièrement) la langue internationale espéranto dans des contacts réguliers avec des gens de tout un tas de pays.
Alors, des débats comme celui ci-dessus : "l’esperanto ceci, oui.. mais. Et puis non, parce que l’anglais cela, et puis après ceci..." qui finissent par être ponctués de "ben, t’es con ou quoi ? et patati, et patata... !", Dieu sait combien ça me prend la tête et combien j’en ai croisé au cours de ces 20 longues années.
J’ai compris depuis belle lurette que la langue [la sienne notamment ], c’est une chose qui touche aux émotions, qui est rattachée aux premiers rapports avec les autres humains, dans nos toutes premières années. Donc c’est toujours un sujet éminemment explosif. Aborder ce sujet ne va pas sans se sentir vite pris aux tripes, ce qui donne envie (trop souvent) d’agresser l’autre.
Comprendre ça m’a permis d’acquérir une certaine "sagesse" (entre gros guillemets) me semble-t-il, quand vient le moment de parler avec quelqu’un de l’apprentissage des langues.
Mais y’a quand même un truc que j’ai pas encore pigé :
C’est ***pourquoi faut-il qu’il y ait constamment une mise-en-opposition entre l’esperanto et l’anglais ???***
Je connais bien les arguments d’un côté comme de l’autre, le genre David contre Goliath, dès qu’on parle de ça.
Chaque camp tire vite à boulets rouges...
Pourquoi y a-t-il si peu de commentaires qui fassent la part de l’ouverture, de la diversité des langues, et pourquoi pas de l’humanisme (respecter l’humain, en respectant aussi qu’il soit attaché à sa propre langue —allez demander aux Québécois ce qu’ils en pensent— sans pour autant rejeter les autres langues, nationales ou construite).
Voici ce que je dis à mes deux fils concernant l’anglais ET l’espéranto : Ne perds pas ton temps en bagarres stériles qui opposerait ces deux langues. L’anglais existe et occupe en ce moment la position que l’on sait. L’espéranto a aussi le mérite d’exister, de s’être développé depuis 130 ans et de jouer dans la communication humaine un rôle différent de celui de l’anglais, c’est déjà indéniable. Aussi, la seule attitude que je me sens capable de défendre pour le bien de mes fils, c’est de les encourager à les apprendre LES DEUX. C’est le seul choix qui me semble logique pour leur avenir (abstraction faite de leur recommander d’apprendre le mandarin, dans les 30 prochaines années). Je leur dis donc : bien sûr l’anglais te sera utile, voire indispensable, sur le plan professionnel, pour voyager dans les gares et les aéroports, et aussi pour accéder à un immense savoir (conférences internationales professionnelles dans de nombreux domaines), ou même pour goûter à la culture anglo-saxone (ouh... j’en vois qui s’offusquent, chez les francophones radicaux, mais il existe bien une immense culture anglosaxone, comme il y en a une française, ou allemande... on ne comprend juste pas assez l’anglais habituellement pour la goûter vraiment).
Donc, je dis à mes fils : apprenez l’anglais. Cependant, ils parlent aussi déjà tous les deux l’espéranto (de naissance, tout comme une brochette de leurs meilleurs copains). Et ils sont copains avec eux parce que ça leur permet d’être véritablement et rapidement en communication non frustrante avec ces enfants hongrois, serbes, flamands, norvégiens, allemands, catalans... et Jean Passe (il est de toutes les fêtes celui-là). Je ne parle pas ici de théorie, ni d’amis uniquement "potentiels", voire virtuels. Non. Je parle de leurs copains, qui débarquent chez nous à Pâques ou aux vacances de ski avec leurs parents. Je parle de leurs copains qu’on rencontre en partie chaque été, qui sont donc des enfants et des ados en chair et en os, avec des prénoms comme Jon, Bojan, Gretel, Marie, etc. Faut les voir jouer ensemble aux petites voitures, ou aux échecs, ou au foot, sans barrières linguistiques comme l’espéranto le leur permet, alors même que plusieurs d’entre eux se débrouillent pourtant AUSSI en anglais... pour comprendre que le débat qui consiste à opposer ces deux langues est un faux débat. Ils utilisent l’espéranto entre eux parce qu’ils sont cette langue facile en commun, et ils utilisent leur anglais dans les circonstances où ils en ont besoin. Eux en tout cas n’y voient rien d’étrange !
Mon aîné (11 ans tout juste) a tout naturellement développé une curiosité pour les langues, de par la proximité avec ces autres enfants qui viennent de pays aussi divers. Pardi, quand on est déjà bilingue avant l’école, on est suffisamment affranchi des structures parfois rigides de sa propre langue pour aborder l’apprentissage d’une autre (n’importe laquelle) en souplesse, et on est vite rassuré sur sa capacité à investir une troisième langue, fut-elle l’anglais, l’allemand, ou le serbo-croate ! Cet avantage est connu et documenté comme l’effet propédeutique de l’espéranto, qui facilite l’accès aux autres langues. Les enfants de plusieurs classes primaires genevoises qui avaient fait une année d’espéranto à l’école, suivie de 5 années d’allemand avaient, au terme de cette expérience, un niveau d’allemand nettement supérieur à celui des classes témoins (j’ai failli écrire "normales") qui avaient étudié 6 ans l’allemand.
Et cet effet existe aussi, évidemment, pour l’apprentissage d’autres langues, dont l’anglais. Mes fils ont aujourd’hui ce net avantage sur leur père, moi qui n’ai appris l’esperanto qu’à 27 ans.
Mon fils ne côtoie pas vraiment de véritables anglophones (un peu en fait, 5 jours par an environ), il n’a pas (encore) commencé l’anglais à l’école (en Suisse, ils ont d’abord l’allemand comme langue "seconde"). Et pourtant, il a maintenant un vocabulaire de compréhension immédiate de l’anglais que j’évalue entre 400 et 500 mots. Et ça ne déclenche chez nous aucune réaction épidermique ; les sceptiques peuvent-ils croire cela possible dans une famille qui s’avère être aussi espérantophone ?
Donc mon opinion personnelle dans ce débat, découlant de mon vécu de tous les jours, c’est tout bonnement que l’un n’empêche pas l’autre. Punkt schluss.
L’anglais ne menace pas l’espéranto. Et (évidemment) l’espéranto ne menace pas l’anglais. Ce sont deux langues différentes, dont l’usage diffère aussi. Comme mon vélo qui me permet d’aller partout à ma guise et à mon rythme ne menace pas l’avion de ligne que je prends pour aller au Canada. Comme je peux affirmer sans avoir besoin d’insulter mon voisin que j’aime autant le gigot d’agneau que le tiramisu. J’aime le calme des pâturages de nos montagnes, comme j’aime l’animation de Paris ou de Barcelone. Puis-je préférer la bière blonde sans qu’un amateur de bière brune se sente agressé ?
J’adore le français. Mais de même que je parle couramment l’espéranto, de même je ne crains pas d’affirmer que j’aime AUSSI l’anglais. Même si j’ai grandi au Québec. Et de plus en plus, d’ailleurs. C’est pourquoi le débat stérile des "pro-" et des "cons" m’exaspère. (So what ? mon attitude serait-elle trop "mojosa" ? — comprenne qui pourra).
Si vous avez consacré jusqu’à maintenant au moins 30 ou 40 heures de votre vie à débattre ou discourir CONTRE l’anglais, ou CONTRE l’espéranto (même futilité), vous auriez eu meilleur temps (expression suisse) d’investir ces quelques heures à au moins apprendre les seize règles de grammaire et les structures de l’espéranto, pour ensuite utiliser ces mécanismes pour à la fois vous ouvrir de nombreuses frontières et à la fois [pourquoi pas] vous consacrer enfin sérieusement à l’amélioration de votre niveau en anglais. Vous seriez alors gagnant sur les deux tableaux. Et puis voilà...
[Et parlant de tableaux : Ô joie, le tableau des mots when, where, what, always, never, someone, why, because, everywhere, nowhere, etc. enfin "apprenables" de manière structurée et logique en les disposant comme le tableau des 45 mots correlatifs de l’espéranto : une pure merveille qui ferait gagner un temps fou aux enfants des écoles. Pourquoi on ne m’a pas enseigné l’anglais comme ça, à Montréal ??? ]
Pendant que nous débattons, d’autres écrivent quelques lignes (même malhabiles) à leur correspondant esperantophone (tout aussi débutant qu’eux) ou regardent un bon film, mais en version originale anglophone sans sous-titres. Ou autre chose, de leur choix... pourvu que ça soit positif (POUR quelque chose, plutôt que CONTRE). Oui, je sais, pendant que nous débattons, d’autres meurent de faim, ou sautent sur des mines anti-personnel. Mais c’est un autre débat.
Bref, je crois que vous avez maintenant suffisamment compris ma position...
Je recommande à quiconque croit que l’anglais est mieux que l’espéranto ou vice-versa de vite apprendre la seconde (amusant et utile), pour ensuite apprendre plus profondément la première (souvent nécessaire). Y’a pas d’opposition, en fait.
C’est du moins mon témoignage, qui n’est évidemment basé que sur ma propre expérience.
Pour vos commentaires en réponse à ce commentaire, on se les fait (au choix :->) en anglais ou en esperanto... d’ac ?
L’Helveto.
PS. Je n’ai pas souvenir d’avoir lu plus d’une page écrite par Henri Masson dans toute ma vie (je ne suis pas Français), mais si la question des langues au sein du parlement européen vous intéresse, lisez en tout cas le livre Le défi des langues, de Claude Piron, publié à L’Harmattan.
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