Immyr

 Mon cher Philou,

notre existence est notre corps. Je donne mon opinion selon ma philosophie.

Je crois avoir dit que je critiquais aucunement le mode de vie de la personne. Mais je pense pouvoir donner mon avis sur un ascétisme que je trouve morbide. Ai-je prétendu détenir la vérité ? Ai-je dit que je pensais qu’il n’était pas heureux dans l’existence ? Je pense avoir dit tout le contraire. J’ai dit juste que je trouvais une vie ascétique comme le sien, morbide.

Vous me trouvez prétentieux de donner mon avis ? Non, je ne connais rien de ses motivations. Je forme mes opinions selon les éléments en ma possession et donne un avis.

 Le yogi dit avoir rencontré une déesse au cours de son enfance qui lui a octroyé le don de vivre sans nourriture. Depuis étant donné son don, il vit à l’écart du monde, n’ayant aucune interaction avec ce dernier que sa présence physique, ne travaillant pas, ne se nourrissant pas, n’ayant aucune fonction corporelle. Et il passe son temps à méditer.

 Etant donné que selon ma philosophie (JE DIS BIEN MA et non LA), ma vie est mon corps.

 Il n’a aucune fonction corporelle, ne bouge presque pas mais pense et médite. Tant mieux pour lui si ça le rend heureux. Ai-je dit autre chose ? Je dis après que je préfère de jouir de mon corps et tout ce dont la nature m’a fait bénéficié, mes sens, mon système digestif, mes organes sexuels et autres... Et vous trouvez prétentieux d’avoir une opinion dans la vie ?

 En espérant avoir votre avis que j’estime. Très amicalement 

 Quand je tombe sur un article comme celui-ci, je vous avoue que mon côté rationnel prend rapidement le dessus.

Première question que je pose : est-ce vrai ou un hoax ? Je regarde et recoupe les quelques informations sur le web à propos de cet homme. J’en trouve de très très nombreuses. Donc le bonhomme peut exister.

Seconde question : est-ce possible ? Apparemment selon le guiness book des records, on peut aller jusqu’à 18 jours de jeûne  Donc, pourquoi pas.

Troisième question : dans quelle situation et par qui la surveillance de ce vieux yogi d’apparence très sympathique a été effectué ? Ahhh… par un médecin et son équipe qui sont déjà des habitués de ce genre d’informations et non par une équipe indépendante (comme le redoutable expérience du mémoire de l’eau de Benveniste payé par l’industrie homéopathique ou les résultats de l’institut de l’étude du tabac payé par les industriels du secteur montrant l’innocuité de ce dernier), la durée de l’expérience a été entre 10 et 15 jours… on n’en est pas sur… passons.

 Mais tout cela reste des détails amusants. Il y a des milliards de croyants dans le monde, des monothéismes, des polythéismes, des animistes, etc… Qu’il y ait des mutations ou des gènes, des corps particuliers qui puissent fonctionner dans des conditions extrêmes alors que tant d’autres corps mourraient, je veux bien (la petite haitienne ayant survécu 16 jours sous les décombres fait encore plus fort que notre yogi  )

 En fait 2 questions me viennent à l’esprit :

• La première d’ordre philosophique : très bien, ce yogi possède un corps, il vit, mais il ne fait rien, il a passé plus de 70 ans à méditer pour oublier son corps. On va au bout d’un ravin, on se jette dans le vide. Et Hop. Plus de corps. On va me rétorquer dans ce cas, qu’il a passé sa vie à méditer, qu’il doit avoir une vie intérieure des milliers de fois plus riche que la mienne. Et alors ? Je passe ma vie à jouir de l’existence, il passe sa vie à oublier son existence. Je suis heureux, il est heureux. Je meurs, il meurt. Plus de moi, plus de lui. Mon existence passé à apprendre à aimer la vie, son existence passé à apprendre à oublier la vie. J’ai déjà fait mon choix 

• La seconde est d’ordre politique : comment ça se fait que ce genre d’information démontrant qu’une vie pauvre, dénuée de tout, sans désir autre que celui d’oublier son corps sort dans un temps de crise économique où on demande à tout un chacun de se serrer la ceinture (mauvais jeu de mots ??), qu’on doit moins penser aux acquis sociaux qui rend le plus de gens heureux, etc… Non je ne suis adepte des théories de complots. Mais je pense que l’information est l’essence même du pouvoir et parler d’un coup de ce yogi connu depuis 2003, sans trop d’écho médiatique à l’époque, dans une toute nouvelle expérience récente est peut-être un signe subliminal de notre temps : même si vous êtes pauvre, même si vous avez faim, pensez à tous ces gens qui ont moins que vous, mais qui n’ont pas de corps, qui ne sont esprits (ou presque), devenez morts de votre vivant car c’est l’exemple à suivre, si vous souffrez, inutile de chercher ailleurs qu’à l’intérieur de vous les raisons de votre souffrance, c’est que vous n’avez pas assez de volonté…

 En bref, que ce yogi existe ou pas, que ce soit un hoax ou pas… je m’en contrefous (excusez mon langage). Il ne fait de mal à personne. Il vit sa vie. Il est tout à fait respectable. Mais tout ce qu’il représente en terme d’oubli de soi, du monde réel, des autres humains, voilà mon ennemi.

A partir du moment où un enfant en détresse était sur notre sol, il devenait notre responsabilité. Comme je le dis, ça n’a même pas à voir avec la loi et les conventions. C’est une question d’éthique. Après que l’enfant est sauf, on peut discuter du COMMENT ?

"On y trouve de tout : des philosophes, des médecins, des chanteurs, des gens d’extrême gauche, d’extrême droite, des ségolénistes, des pentecôtistes, des musulmans intégristes, des athées, des sionistes et j’en passe."

 Rapportez la phrase dans sa totalité et vous voyez que je mets le divers et les extrêmes dans le même panier.