De plus en plus d’intervenants sur les sites dits ’alternatifs’ croient faire preuve d’intelligence et d’esprit critique en condamnant les labos pharmaceutiques, le « big pharma » et, partant de là, les médicaments ’chimiques’. De plus cela fait très gauche et très écolo.
Moi je suis (vraiment) de gauche. Je ne suis pas contre les labos mais pour leur nationalisation. Je ne suis pas contre la recherche pharmaceutique mais pour sa mise au service du peuple et pour sa libération des chaînes du profit. Je ne suis pas contre la science mais pour son développement.
Développer des médicaments permettant de combattre les maux qui privent l’être humain de ses facultés physiques et mentales et les mettre au service de tous, voilà qui aurait autrefois recueilli l’assentiment de tous. Hélas, aujourd’hui, la mode est de prôner le retour au 19ème siècle, aux herbes et aux guérisseurs et de s’en prendre aux médicaments de « confort ». Cela a l’avantage d’être en accord avec les gouvernements qui veulent progressivement priver le peuple de l’accès aux soins ... et les réserver à une minorité aisée.
Je suis consterné par le teneur de l’article et d’un grand nombre de commentaires.
La première grosse sottise sur le Viagra que l’on y trouve relève de l’esprit bauf-grivois bien de chez nous : Le Viagra, serait juste un truc pour être plus performant. Ce serait juste pour baiser plus, plus fort et plus longtemps ! Donc, en somme de la dope, un truc nul, superflu, pervers et macho.
Eh bien non, pas du tout. Pour les millions d’hommes qui, comme moi, souffrent de ’dysfonctionnement érectile’ (difficulté ou incapacité de bander) le Viagra est un médicament merveilleux, la seule solution qui permette de conserver une activité sexuelle. Ce n’est pas rien !
La deuxième grosse sottise qu’on trouve ici c’est l’affirmation totalement irréaliste que quand il y a Amour et tendresse il n’y a pas besoin de Viagra. On voit bien que les homme ou les femmes qui disent cela ne sont pas confrontés aux vrais problèmes d’érection.
La troisième sottise, c’est de dire que le bois bandé ou autres « solutions » naturelles sont préférables au Viagra. En réalité ce sont juste des placébos qui conviennent très bien aux hommes qui n’ont pas de vrais problèmes d’érection.
La seule chose pertinente que je lis ici sur le Viagra, c’est son prix prohibitif. Hélas, la façon bauf-grivoise adoptée ici pour aborber le Viagra revient en fait à justifier ce prix prohibitif puisque ce serait une substance dopante, inutile, dangereuse et superflue. Il faudrait au contraire insister sur son caractère médical et revendiquer son remboursement car c’est en réalité un MEDICAMENT de grande nécessité pour tous ces hommes (on avance des chiffres qui, selon les sources, atteignent 50% des hommes de plus de 50 ans) qui souffrent de problèmes d’érection.
Eh non, les médecins ne sont certes pas des fonctionnaires !
Les fonctionnaires, malgré la haine que la petite France réac leur voue, sont efficaces, obéissants et pas chers : La sécu, par exemple, a des frais de gestion moitié moindres que le privé ou les mutuelles. Le service des impôts, malgré les visages constipés qu’on voit parfois aux guichets, fait un boulot énorme à coût réduit et les infirmières d’hôpital sont souvent admirables. Tout ce petit monde est payé chichement et géré à coups de botte. Un prof certifié (catégorie A, indice début carrière 383, indice fin de carrière 664) commence sa carrière à 1500€ nets et la termine à 2600€. Les salaires de la fonction publique ont été gelés pendant 6 années consécutives avant le coup de pouce récent de 1,2%.
On peut discuter à l’infini de l’efficacité des médecins libéraux mais une chose est sûre : ils coûtent cher. Leur revenus ridiculisent par leur supériorité ceux des fonctionnaires et ceux de la majorité des Français. L’étude trisannuelle de la DREES sur les revenus des médecins donne les chiffres de revenus annuels nets (charges déduites) moyens suivants : Généralistes : 2008 : 76000€ 2011 : 83000 € 2014 : 86000€ Spécialistes (toutes spécialités confondues) 2008 : 121300€ 2011 : 133400€ 2014 : 141000€ Radiologues et anesthésistes : 2008 : 173000€ 2011 : 189000 Encore faut-il préciser que ces chiffres ne sont que des moyennes, « plombées » par des médecins qui travaillent peu. L’étude de 2011 relevait déjà pour le décile le plus « actif » des médecins 126000€ pour les généralistes et 282000 € pour les radiologues ... et nous n’avons pas les chiffres 2014 !
On voudrait souvent justifier des revenus élevés par des mérites exceptionnels ou des études très longues. Dans le cas des médecins, on parle de 10 ou 12 ans d’études, semblant dire 10 ou 12 ans sans rien gagner. Ce n’est pas exact. Comme un enseignant ou un ingénieur, ils font 6 ans de fac sans salaire. Ensuite, ils sont internes et un interne 2ème année gagne 1800€ par mois. Autant qu’un prof en début de carrière. Ce que disent, par contre, les revenus, c’est l’appartenance à un groupe sociologique. Manifestement, nombre de médecins appartiennent à la France qui gagne, à la France qui compte, qui est défendue en haut lieu, qui méprise les petites gens de façon de plus en plus cynique ... et qui compte bien conforter ses privilèges. Ainsi, les syndicats de médecins agissent-t-ils depuis des années (au mépris de la santé publique) pour que le numérus clausus en fin de première année entretienne la pénurie de médecins afin de doper le statut social et les revenus de la profession. En passant de 23€ à 25€ la consultation, ils obtiennent 8% d’augmentation pendant que les salariés font du sur-place. Et puis à partir du 1er novembre 2017, le généraliste (de secteur 1) peut facturer 46 ou 60€ un certain nombre de consultations « complexes » comme par exemple ... annoncer à un patient qu’il a un cancer !
Merci pour ce magnifique article que j’attendais depuis longtemps et qui est sans doute une des contributions les plus fondamentales faites sur AgoraVox depuis bien longtemps.
Son mérite est de montrer l’ampleur réelle de l’effondrement de la gauche française :
1) Il affecte la quasi totalité des formations de gauche comme vous le dites si bien. Généralement les critiques de la gauche « libérale » ne portent que sur la droitisation du PS. En fait, l’ensemble des formations de gauche a été convertie au capitalisme néo-libéral, PCF et France Insoumise inclus, c’est à dire ce qu’on appelle (à tort) la « gauche radicale » ou « gauche de la gauche ».
2) L’effondrement n’est ni électoral, ni ponctuel : il est idéologique et donc fondamental et interdit désormais toute analyse de classe à l’échelle nationale ou internationale.
3) L’effondrement idéologique n’est pas seulement celle des élites de la gauche (élus et dirigeants) mais de la plus grande partie des militants ou sympathisants des formations de « gauche radicale » qui, au fil des années, ont été formatés culturellement au discours droit-de-l’hommiste, à la « gauche des valeurs » (humanisme, « démocratie », soutien aux minorités, LGBT, ...) ainsi qu’à la haine du communisme réel. Ils sont d’ailleurs totalement ignorants de ce communisme réel puisqu’ils ont été nourris à la propagande. Propagande anti-soviétique de guerre froide, falsification de l’histoire enseignée à l’école (communisme = nazisme), Méa Culpas permanents des partis communistes reconvertis à l’économie de marché ... Ils sont aussi totalement ignorants des réalités de la lutte des classes et notamment du fait que si un gouvernement met en oeuvre une politique (même timidement) de gauche, il est immédiatement combattu par les possédants nationaux et internationaux et menacé d’un renversement par tous les moyens et que, si il veut survivre, il doit se défendre.
@Aristide Non, Aristide. Je n’ai aucune prétention à régir la vie de qui que ce soit en écrivant « un révolutionnaire se doit ... ».
Si je dis « un curé se doit d’être chaste », je ne demande pas à tout le monde d’être chaste. je dis simplement que son rôle à lui est de l’être.
Or le rôle de quelqu’un qui se pense révolutionnaire au sens anti-capitaliste du terme, c’est de lutter contre l’abrutissement des gens qui pourraient se révolter, abrutissement mené (entre autres) à coups de vedettes de ci ou de ça ou d’embrigadement dans des hystéries de masse. Mais je n’ai aucune prétention à vous faire embrasser ce rôle.