La quarantaine marié trois enfants élevé à la campagne par des parents "de gauche", formation supérieure en commerce (ecole de management de Lyon), expérience professionnelle d’une dizaine d’année dans l’audit financier à Paris au sein d’un ancien "big-eight" et aujourd’hui "ouvrier polyvalent" dans le batiment
Vous dites que vous ne m’avez pas bien suivi, peut-être parce que je n’ai pas été assez explicite :
Vous écrivez que la capitalisation boursière des entreprises US a beaucoup plus augmenté (+10%) que la croissance US (+5%) :
pour rendre leurs entreprises côtées en bourse attrayantes et pour offrir une rémuération aux actionnaires à des taux de plus en plus élevés, les bénéfices US ont été très largement amputés par des dividendes, au détriment de beaucoup d’autres composantes de l’entreprise (modernisation de l’outil productif, recherche et investissement, et bien sûr les ressources humaines).
Cela ne signifie pas que les salaires ont été baissés.
Par contre l’on peut s’interroger sur l’utilisation qui est faites de la rémunération du capital qui n’est reinvesti ni dans l’outil (de "production" de valeur en général, pas forcément industrielle), ni forcément dans le pays et qui se trouve probablement dans quelques coffres ou chambres blindées (le marché des oeuvres d’art a très largement dépassé les bornes de l’admissable me semble -t-il). Donc des placements qui ne servent en rien le bien collectif.
Là où je vous donne raison, c’est que les bénéfices auraient dû profiter aux travailleurs US, avec la possibilité d’avoir une demande plus soutenue mais également un déséquilibre commercial encore plus important avec la Chine ou les pays exportateurs de pétrole.
Fondamentalement il n’y a pas d’issue pour les travailleurs quand un gouvernement dilapide autant de richesses dans la guerre. D’après des gens bien informés (ce que je ne suis pas), c’est la totalité de l’outil productif US qui aurait pu être renouvelé avec les sommes englouties par le développement de programmes militaires et le déclenchement des guerres (Golfe , Afghanistan etc...)
C’est l’intérêt particulier qui l’emporte sur l’intérêt général, c’est ce qui se profile aussi en France et cela n’a rien à voir avec la mondialisation, sauf à concevoir cette mondialisation comme celle de l’intérêt de quelques particuliers.
Je ne suis pas d’accord pour le traitement comptable du goodwill qui s’appelle survaleur en français et qui doit être amorti (donc une charge dans le compte de résultat).
Par ailleurs il y a des situations où le sur prix payé lors de rechat de titres n’a pas grand chose à voir avec des bénéfices futurs anticipés, à tel point que tous ces actifs ne sont pas loins parfois d’être fictifs....
En préambule je tiens à vous garantir qu’à plus de 99% j’apprécie vos articles et vos interventions sur Agora Vox.
Cependant en ce qui concerne cet article, je pense qu’à de multiples "carrefours" de votre reflexion, vous vous laissez guider par un mauvais chemin et au bout du compte la conviction que vous vous forgez n’est peut-être plus si évidente.
Si vous permettez je vais prendre juste un exemple de ces carrefours où, me semble -t-il, votre aiguillage n’est plus juste.
Vous avez écrit : "Depuis quinze ans, la valeur des actions aux Etats-Unis a augmenté de plus de 10 %/an. Dans cette période, la croissance américaine et mondiale n’a jamais dépassé les 5 %/an. D’où est donc venue cette augmentation phénoménale des profits (nb. à P/E constant) ? D’une révolution technologique ? On la cherche encore, la bulle internet ayant crevé. Il ne reste qu’une hypothèse : elle provenait de la baisse des salaires. La stagnation des salaires occidentaux ne l’explique qu’en partie. Elle s’explique mieux par le recours à de la main d’oeuvre à bas prix. Ailleurs. En Chine. Ce qui avait par ailleurs l’avantage de maintenir la pression sur les salaires. L’utilisation progressive d’esclaves chinois limitait le salaire des ouvriers américains"
La valeur boursière d’une entreprise et la richesse qu’elle permet de dégager sont des notions très différentes.
Si écart il y a (et c’est justement le point à souligner que cet écart est sans cesse grandissant en faveur de la capitalisation boursière) c’est que le cours de bourse est déconnecté des performances réelles et actuelles de l’entreprise.
Le cours boursier est piloté en partie par des annonces faites par l’entreprise au moyen de documents comptables et financiers savamment édulcorés. Tout est dans l’art de communiquer et il serait trop long et fastidieux ici d’en faire un catalogue. Toute personne douée de bon sens peut comprendre que la valeur d’une entreprise devrait "coller" avec l’approche financière traditionnelle qui est de valoriser suivant la méthode des "cash-flows" c’est-à-dire plus ou moins la somme actuele des bénéfices prévisionnels.
Pour faire simple, si le cours de bourse est très largement supérieur à celle des cash-flows, il y a une certaine inquiétude à avoir....
Mais en aucun cas ce différentiel n’est le résultat d’une pressurisation accrue des salaires. Car celle-ci serait immédiatement prise en compte au niveau comptable (bénéfice actuel et prévisionnel).
L’embranchement du carrefoiur que vous suivez n’est donc pas forcément la plus judicieuse et la mondialisation n’explique par pour l’essentiel la dérive du système capitaliste.
En d’autres termes, il y a certes mondialisation et paupérisation des travailleurs, et appauvrissement des états mais il n’est pas juste intellectuellement de faire porter le chapeau à la seule mondialisation.
C’est en cela que votre article ne me satisfait pas, car la mondialisation n’est pas le grand méchant loup que l’on voudrait bien nous faire croire.
De même que l’Europe n’est pas la (seule) cause de tous nos soucis.
J’aurais tendance à dire sans chercher à vous provoquer que la mondialisation comme la réalisation de l’Europe seraient des chances pour tous et notamment dans l’optique de la paix mondiale. Il faut croire que cet objectif ne peut-être accepté par certains qui tirent les ficelles (pour l’instant) car elle signifierait l’abandon de beaucoup de "marchés porteurs" avec au premier plan les guerres et la vente d’armement.
Le projet d’interconnecter de façon humaine et tolérable l’ensemble des populations mondiales n’est pas un projet blamable, à condition que tous les encephales bien remplis (pour reprendre une de vos expressions) jouent le jeu et travaillent efficacement au plus grand défi de l’humanité.
J’ai bien peur que ceux là ne souhaite en fait que piper les dés et jouer, dans leur propre partie, l’espèce humaine.
Pour conclure, le chaos n’ira pas jusqu’à son dénouement ultime car ceux qui en ont les moyens n’ont aucun intérêt à scier l’arbre de la vie (tout au plus quelques branches). Et pour rejoindre les propos de M.ALLARD, les forces militaires qui font (ou feront) office de police mondiale joueront également la partition qui leur est donnée .
Sans compter tous les "valets" ici et là, dans toutes le forces vives des nations qui entreront également dans la danse pour contenir d’éventuels débordements populaires (médias et spécialistes officiels en tous genres).
Nous sommes déjà entré dans le nouvel ordre mondial, bien que l’on ne sache pas très bien encore à quel désordre l’on doit s’attendre.
Mais non l’économie (des puissants) n’est pas prêt de s’effondrer ...
non, dans votre commentaire vous sous-entendez qu’il y a quand même industrie et économie réelle.
Une réponse à la question est la suivante :
on crée de la richesse à partir de rien (cela signifie que c’est une richesse potentielle, virtuelle ) en utilisant du crédit pour engranger des bénéfices financiers grace aux outils modernes dévoyés au service de la spéculation (par exemple les contrats à terme).
Mais il faut tout de suite préciser que ces "bénéfices" n’ont pour pendants que des crédits ici et là qui ne sont jamais remboursés. Le système tourne sur l’idée que le "crédit global en cours " ne cesse jamais.
Or en période de tensions économiques et sociales, la confiance n’étant plus au rendez vous, on peut s’apercevoir que la masse des crédits représentent beaucoup beaucoup plus que la richesse tangible, qui dans une optique de liquidations pourrait être vendue pour rembourser les dettes. Et il n’y a aucun "boni de liquidation" à attendre , qu’un énorme et abyssal "mali" mondial.
Certes des actifs réels existent bien , même s’ils ont tous été très sur-évalués, alors la conséquence sera que ces actifs vont aller dans les mains d’une petite élite à qui l’on a confié la gestion de la monnaie. Pour eux il n’y aura que des moins values "comptables" mais il seront bel et bien propriétaires de valeurs bien réelles : des terrains, des immeubles, des savoirs faire, de l’or et des matières précieuses, des forêts, des lacs et des îles, que sais je encore. Enfin de quoi vivre très confortablement tandis que ceux qui pouvaient encore flamber au casino iront prendre leur soupe aux resto du coeur du coin !
je ne suis pas toujours de votre avis (!) mais la lecture de votre article me sied plus que celle de Forest !!!
Votre analyse me semble plutôt bien tenir la route et je pense comme vous que la crise (sociale dans le fond) et financière par sa forme est largement utilisée dans la perspective d’împoser un "nouvel ordre mondial".
Peut-être un story telling :
Comme en temps de guerre, cette crise "mondiale" ne va pas appauvrir tout le monde.
Les casinos vont peut-être fermer car ils sont devenus trop "populaires", les très pauvres vont plus que souffrir, les classes moyennes vont devoir serrer les fesses, et les riches se contenter d’être aisés. I Mais il y aura toujours quelques salons très très privés.
Une toute petite élite , au passage, pourrait bien également avoir envie de voir la population mondiale diminuer, histoire d’avoir de la place pour les sorties du week-end....