Je me permet de rajouter ici en complément de mon précédent post, cette chronique de Bertrand Renouvin que vous pourrez retrouvez sur son Blog : http://www.bertrand-renouvin.fr/
Il exprime avec une extrême clarté ce que j’ai essayé de d’écrire maladroitement en réaction à l’article de Monsieur Santi, qui à mes yeux défend encore très bien le système tel qu’il est
Face à la crise de la monnaie unique, les oligarques de tous
les pays concernés, leurs experts et les chroniqueurs accrédités de la
presse écrite et radiotélévisée ont tous tenu le même discours et lancé
les mêmes mots d’ordre. L’abondance et la cohérence des messages
impressionnent. Leur contenu est scandaleux.
Les oligarques dénoncent les grandes banques américaines et
deux fonds de pension américains qui spéculent sur les emprunts d’Etat
grecs et risquent de déstabiliser la zone euro. Mais c’est avouer que,
depuis le début de la grande crise, rien n’a été fait pour empêcher les
financiers de spéculer. L’an dernier, la rapacité des banquiers avait
failli emporter tout le système. Cette année, c’est avec l’argent versé
par les Etats pour les renflouer que les mêmes spéculateurs s’en
prennent aux Etats : après la Grèce, ils visent le Portugal, l’Espagne,
l’Italie… Pendant un an, les gloires du G 20 ont tenté d’abuser les
peuples par de belles promesses sur la moralisation du capitalisme, ce
qui n’empêche pas la banque suisse UBS de verser deux milliards d’euros
de bonus pour 2009 alors qu’elle est déficitaire. Ils n’ont rien fait.
Ni pour changer le système, ni même pour le réguler quelque peu. Et ce
sont les peuples américain et européens qui vont, une fois de plus,
payer les dégâts provoqués par le laxisme et la complaisance des
maîtres. Premier scandale.
Saisis d’angoisse à l’idée que la zone euro pouvait éclater
sous la pression des « marchés », les oligarques ont lancé leur
contre-attaque verbale. Thème commun : l’Europe doit montrer sa
solidarité, afin que « les marchés » soient rassurés. Terrible aveu : ce
sont « les marchés » (les banques, les fonds de pension qui spéculent à
mort) qui commandent aux Etats et aux divers organes de l’Union
européenne : Eurogroupe, Banque centrale européenne, Commission
européenne, Conseil européen. Pour Monsieur Sarkozy, pour Madame Merkel,
pour Monsieur Barroso, pour Monsieur Van Rompuy, le problème est
d’envoyer aux « marchés » un « signal fort » - suffisamment fort pour
qu’ils se calment. Ce signal, c’est la mise au point de programmes
d’austérité qui seront appliqués avec une froide brutalité aux peuples
de la zone euro. D’où un deuxième scandale que personne, à ma
connaissance, n’a jusqu’à présent dénoncé :
Le peuple grec a porté au pouvoir les socialistes. Leur chef,
Georges Papandreou, avait présenté un programme de gouvernement qui
comportait des mesures de réduction de la dette publique et du déficit
budgétaire, c’est vrai : mais le chef du Pasok avait aussi promis que
son gouvernement prendrait « des décisions difficiles, non pas contre
les salariés et les retraités, mais contre les grands intérêts » (1). En
majorité, les Grecs ont voté pour ce programme de centre gauche. Ils
auraient pu aussi bien choisir l’abstention puisque la volonté exprimée
au suffrage universel n’a pas été prise une seconde en considération :
c’est un programme ultralibéral, impitoyable pour les salariés et les
retraités, qui va être mis en application. Ceci par décision arbitraire
de Georges Papandreou, qui a devancé les désirs des eurocrates. Qu’on ne
dise pas que le chef socialiste n’avait pas le choix : la sortie de
l’euro, ou la menace d’une telle décision, lui aurait donné la
possibilité de négocier avec Bruxelles une aide effective et immédiate.
Troisième scandale, mineur, provoqué par la propagande
imbécile qui a précédé la réunion en urgence, le 11 février, du Conseil
européen : confrontés à l’échec de la prétendue « monnaie unique », enfin
reconnu dans maints articles, les oligarques de Paris et de Bruxelles,
relayés par leurs commis de la grande presse, ont réclamé un
« gouvernement économique » européen. Il s’agit d’une ânerie naguère
proférée par Jacques Delors : gouverner est un acte politique qui ne
peut pas conduire à séparer le domaine économique des enjeux sociaux,
monétaires, culturels. Or un gouvernement européen impliquerait une
constitution fédérale qui réduirait à peu de choses les souverainetés
nationales. Le traité de Lisbonne ne permet pas cette « fédéralisation »
(le mot a été employé ces jours derniers) ce qui signifie qu’il
faudrait négocier, rédiger et faire adopter une « Constitution
européenne ». Cela prendrait des années et il faudrait que les peuples
soient consultés par référendum, sinon le déni de démocratie serait trop
patent. Bien entendu, on ne fera rien, de peur de désaveux encore plus
cinglant. Donc on disserte à vide, pour sauver la façade idéologique
d’une construction européenne ébranlée dans ses fondements. Mais il
fallait bien préparer les formidables décisions qui devaient résulter de
la réunion bruxelloise du 11 février. Un envoyé spécial annonça même
qu’un directoire était en train de se mettre en place ! Un directoire
prêt à « voler au secours de la Grèce » selon l’expression cent fois
entendue au cours de cette journée qui promettait d’être historique.
Il y eut en effet proclamation solennelle du résultat de
plusieurs jours d’agitation : décision est prise de ne rien faire. Des
« mesures déterminées et coordonnées » seront prises « si nécessaire »
mais, contrairement à ce que l’on avait cru comprendre, il n’y a pas
urgence parce que Madame Merkel s’est opposée à un soutien rapide de la
Grèce pour des raisons juridiques et par principe si l’on en
croit le « Guardian ». Le Premier ministre grec n’a demandé
« aucun soutien financier » mais il s’est engagé à durcir son programme
sous la surveillance de la Commission européenne. La mise en tutelle de
l’Etat grec se fera par voie de « recommandations » de la Commission
qui agira en liaison avec la BCE et « en s’appuyant sur l’expertise
technique du FMI ». Cela signifie qu’on appliquera les techniques du FMI
sans l’intervention directe du FMI : les fonctionnaires, les salariés,
les retraités grecs vont être pressurés et la même opération punitive se
prépare au Portugal et en Espagne.
Tel est le scandale majeur : les peuples, je l’ai dit, vont
payer la facture. Ils vont même payer toutes les factures : celle de la
spéculation financière, celle du libre-échange, principale cause de la
crise, celle du traité de Lisbonne, qui interdit l’aide de la Banque
centrale européenne aux Etats, celle de la confusion croissante des
organes de l’Union européenne.
Pas d’autre solution que la mobilisation populaire et le
blocage, dans la rue, du train de mesures criminelles que des
gouvernements qui ont violé leurs engagements démocratiques se préparent
à imposer.
J’aime ces articles économiques purement techniques, faisant abstraction totale de la réalité et aussi cette « morale à géométrie variable » en fonction des circonstances et des acteurs.
Je vous cite : "Un renflouement de la
Grèce précèderait une lente liquéfaction de règles Européennes«
Parce que, lorsque les Etats ont volé aux secours des banques privées faisant exploser le pacte de stabilité et leurs budgets, les règles Européennes et celles du Marché n’ont pas été plus que violées ???
Le fait que la BCE prête de l’argent à ces mêmes banques à 1% alors que la Grèce se voit contrainte d’emprunter sur les marchés à plus de 6% n’a pas l’air de vous émouvoir.
Lorsqu’on apprend que la Grèce et l’euro font l’objet d’une attaque spéculative de 7 à 8 Milliards de la part d’une grande banque américaine et de quelques Edges Funds associés (dont par une curieuse pudeur, personne n’ose citer le nom !!) ,
Si l’Europe n’est pas en mesure de répondre ( 7 à 8 milliards en regard des sommes que vous évoquez, c’est vraiment ridicule ) et de casser les reins à la spéculation, de deux choses l’une, soit nous avons affaire à des glands (ce que je ne crois pas) soit nos dirigeants sont complices....
Vous poursuivez : » Certains pays qui n’auraient plus aucune raison de limiter leurs
dépenses ou de résorber leurs déficits. Une banqueroute grecque
focaliserait quant à elle les attentions - ainsi que l’appétit vorace du
marché - sur la prochaine victime, en l’occurrence le Portugal ! "
Mais vu la tiédeur de la réponse de Bruxelles aux difficultés Grecque ( A moins qu’il ne s’agisse d’une ruse pour endormir les Marchés et préparer la réplique vigoureuse contre la spéculation que nous serions en droit d’attendre) A la place de Papendréou, j’adopterai la position Islandaise, à savoir : nos dettes sont votre problème chers créanciers, soit on négocie, soit vous vous asseyez dessus.....
Vous poursuivez : Pour autant, le sauvetage de la Grèce aurait sensiblement les mêmes
conséquences que le renflouement de Bear Stearns, à savoir la
disparition du « moral hazard », cette sanction qui pèse en permanence sur
tout intervenant économique : Quelle enseignement a-t-on tiré de la
crise si les comportements à risque et peu rigoureux ne se traduisent en
effet pas par une disparition économique ?
Là je suppose que c’est de l’humour, mais j’ai un gros doute ?!? Sans les états, toutes les Banques auraient fait faillite en 2008 et si les budgets déjà calamiteux sont dans un tel états aujourd’hui, c’est parce qu’on a socialisé des pertes privés !!!
Cette même Goldmann-Sachs qui s’est dépêché de changer de statuts afin de pouvoir bénéficier du TARP se permet aujourd’hui de conseiller L’état Grec dans ses émissions d’emprunt et de jouer sa faillite sur les marchés, N’y aurait-il pas conflit d’intérêts et délit d’initié ??? Je vous retourne la question : Quels enseignements à t-on tiré de la crise et du comportement de la finance, quelles règles ont été mises en place pour casser la spéculation sur les CDS ????
Celle-ci n’est pas mal non plus : " Nos Etats ayant allègrement et le coeur léger intégré les actifs
toxiques du secteur bancaire au sein des comptes publics via l’argent du
contribuable. «
Ils n’avaient pas le choix et ce n’est certainement pas d’un cœur léger qu’ils l’ont fait. Je me bornerai juste à constater qu’en échange de cette généreuse contribution, ils auraient pu au moins prendre les commandes des dites banques... Ces dernières ont moins de scrupules lorsqu’il s’agit de récupérer la maison d’un emprunteur insolvable....
Et l’apothéose : » Dès lors, quel sens y a-t-il à être sévère avec le
système financier accusé de manquer de discipline si même des Etats
appartenant à l’Union Européenne ne se montrent pas capables d’auto
régulation ?"
Enfin votre comparaison entre Bear Stearns et la Grèce est erronée dans la mesure où si l’on peut fermer une banque et virer ses employés, on ne peut pas fermer un pays et licencier ses citoyens et ceux-ci à un moment ou à un autre vont tout de même s’inviter dans le débat et là de crise systémique financière, nous passerons à une crise politique majeure....
Pour ceux qui souhaite une vision plus nuancée (doux euphémisme) sur la situation du Venezuela et de Chavez je vous conseille la lecture des articles de Michel Collon http://www.michelcollon.info/ ainsi que ses conférences
Mais le mieux est encore d’écouter directement ses discours, c’est d’une autre tenue que ce que nos politiques nous ont donné à entendre depuis des décennies. Alors oui ce n’est pas le paradis, mais il faut garder en tête d’où vient le pays et ce qui a été accompli en dix ans, de même dénoncer le régime cubain en oubliant Batista et l’embargo américain que subit encore ce pays vingt ans après la chute du mur de Berlin, c’est faire preuve de beaucoup de mauvaise foi.
Ce que j’ai du mal à m’expliquer, c’est la raison pour laquelle le PS, ne soutient pas la révolution Bolivarienne, enfin si un jour il tombe sous les balles américaines ou autres, il aura droit lui aussi à des avenues et des MJC à son nom comme Allende ....