La laïcité est une religion en ce sens qu’elle constitue une philosophie construite sur des bases idéologiques instituant un mode de vie idéal ou idéalisé, la nature des rapports établis entre les individus et le cadre de vie (institutionnel) dans lequel tous ces liens s’opèrent. Comme toute autre religion. Comme toute autre religion elle est issue d’un processus historique. En l’espèce à partir du XVème siècle en Europe, le processus d’émergence du capitalisme marchand et bancaire dont les pratiques (usure, esclavagisme, colonisation, élection divine des élites -la prédestination-, interdiction de l’idée même de progrès social -les luthériens qui colonisèrent l’Amérique créèrent d’ailleurs une société racialiste et ségrégationniste socialement en application stricte des dogmes de leur nouvelle foi) étaient en contravention avec les préceptes chrétiens. Son expansion nécessitait alors à la fois la création d’une religion dérivative ad hoc pour faciliter l’émergence de la nouvelle classe dominante financière et marchande, et la sape des idées chrétiennes, véritables freins idéologiques à la marchandisation des rapports humains institués par le protestantisme. Ainsi apparut le protestantisme, religion des libéraux, ainsi se sont faits plus mordants contre le christianisme en France les jansénistes (« trolls » de l’époque au sein de l’église). En France, le terme libéral employé chez les Anglo-Saxons est devenu « Lumières ». Au XVIIIème siècle d’ailleurs, la population qualifiait ces philosophes du vocable « secte » (des Lumières, des philosophes). Comme d’autres religions, la laïcité s’est définie en opposition avec la philosophie dominante qui l’a précédée. Les valeurs chrétiennes primitives se sont diffusées largement parce qu’elles étaient en opposition avec les valeurs du judaïsme. La laïcité s’est développée en opposition aux valeurs chrétiennes. La laïcité dispose d’une église, la république au sens moderne du terme (au sens romain, la république équivalait à un mode de gouvernement, des institutions, sans interdire les cultes privés et publics de ses servants), d’un clergé, la franc-maçonnerie, et d’un dieu. Dans le préambule de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ce dieu est désigné comme l’Etre Suprême. Son œil symbolisé qui figure sur le document original est aussi et toujours actuellement un des signes de reconnaissance de la franc-maçonnerie. Cet Etre Suprême se révèle au grand jour aujourd’hui, sous son nom plus prosaïque, le marché ou plutôt l’argent. Et c’est sa loi « divine » qui doit s’imposer à tous, en tout cas celle de ses détenteurs (les élus).
Par ailleurs, n’en déplaise à ceux qui ne sont pas Français, ici comme ailleurs, nous disposons de traditions ou usages ou pratiques ou façons de réfléchir et d’agir, appelez-les chrétiennes ou historiques comme il plaira à chacun de les qualifier, traditions qui font la spécificité, somme toute assez positive, vue l’attractivité de la France pour les non-Français, traditions qu’il est bon de partager si l’on souhaite que la communauté française s’épanouisse pacifiquement.