Je ne connais pas bien Tariq Ramadhan. Je viens à peine d’avoir des précisions sur ce qu’il dit et sur ses origines, dans cet article bien informé. Musulman vivant dans un pays musulman, je n’ai qu’un regard extérieur sur la question islamique en Europe où j’ai résidé quelques mois. D’abord, des faits : le projet politique et économique occidental est en échec, après avoir perdu ses colonies et ses marchés extérieurs, et n’a plus de ressources que des créneaux nouveaux ainsi que des bulles boursières et financières, pour s’assurer une dominance mondiale, ainsi que la réduction drastique de la prospérité interne au détriment de la majorité de ses populations (chômage, attaques sur les systèmes de retraite, hausse de la pauvreté, aggravation des écarts de revenus entre les catégories les plus riches et les plus pauvres). Ajoutons à cela, un dépérissement démographique, où même le taux de renouvellement de la population est menacé en Occident, avec la réduction de la natalité et l’appauvrissement de la fécondité. Choses qui ne peuvent être comblées que par l’immigration. Ces deux éléments, concomitament à la montée de l’Islam, expliquent le changement de la structure démographique européenne . Et qui dit, immigration, dit intégration, ou communautarisme, du moins sur quelques générations. D’où des frictions, en situation de dépérissement ou de déclin de l’un et de montée de l’autre. De mon point de vue ; Tariq Ramadhan , tel que présenté ici, est consubstantiel, ou connexe si l’on veut, aux crispations adverses du genre discours lepéniste ou identitaire en France. Un musulman peut très bien s’adapter aux lois de la République française, sans renier quoi que ce soit de sa religiosité, en vivant normalement. La nourriture halal : très possible en mangeant des œufs et des poissons. PARTOUT en Europe et Occident. Sans exceptions. Les exigences de menus halal dans des restos et continent qui n’en font pas, sont exagérées et peuvent être considérés comme des abus qui peuvent être traités comme tels. La burqa et le Niqab : d’origine du Golfe et d’Iran, inconnus et encore rares au Maghreb jusqu’à ces dernières années, peuvent et doivent être interdits pour des raisons de sécurité uniquement. Tout comme la barbe islamique ou sikh ou tout simplement européenne doit être interdite en milieu hospitalier pour des raisons d’hygiène stricte. Les autres voiles (hijab entre autres) ou fichus sur la tête et les épaules ne sont pas le monopole des communautés islamiques. Ceci dit, les discours dominants sur la question ainsi que les prétendues objectifs de libération de la femme musulmane ne sont que des discours paternalistes sans effet sur des femmes qui ONT POURTANT FAIT LEUR CHOIX. C’est aux musulmanes, et à elles eules, de savoir où sont leurs intérêts et quelle est la meilleure manière de les défendre.
Observation du jeûne du Ramadhan : le musulman au travail n’a pas à exiger des horaires spéciaux, le jeûne n’étant obligatoire qu’entre le lever et le coucher du soleil, sauf en cas de poste de travail, particulièrement pénible à proximité de fours de sidérurgie ou d’émanations chimiques particulières. En cas de patron non compréhensif, il reste au musulman de prendre son congé annuel pendant cette période ou, au pire,de se mettre en congé sans solde. Au pire des pires, et devant la contrainte, et uniquement devant la contrainte, l’Islam permet au Croyrnat de s’abstenir de jeûner pendant ce mois, en attendant de le faire pendant son congé annuel, ou plus simplement encore de nourrir un pauvre pendant une durée égale au nombre de jours non jeûnés. Pendant les horaires du travail, la rupture du jeûne peut se faire, sur site, au poste, avec un verre de lait ou un croissant et café ou simplement avec un verre d’eau, le musulman pouvant attendre de sortir de son travail, rentrer chez lui et diner tranquillement.
Fêtes musulmanes : il y en a deux par année, obligatoires. Mais l’Islam n’en a jamais fait des journées chômées et payées. Au grand jamais. Polygamie : si j’en crois ce que j’ai lu à AV, en France, c’est beaucoup plus un phénomène africain (malien je crois). Cela fait longtemps que les musulmans ne la pratiquent que très rarement, et encore, dans les familles riches du Golfe, ou encore au Maroc en en Mauritanie en milieux traditionalistes. Enfin, les polygamies déguisées ou quais polygamies, pour soutirer quelques milliers d’euros en allocations familiales et autres subventions et soutiens aux ménages, ne sont pas le monopole des musulmans.
Aussi, bien que très médiatisé Tariq Ramadhan ne représente pas cet
Islam normalement et moyennement constitué qu’est l’Islam maghrébin
malékite et hannafite, un Islam serein et bien dans sa peau : la
communauté musulmane, émigrée et maghrébine, ne causait pas tant
d’interrogations pendant sept à huit décennies au siècle dernier en
France. C’est le retour en force du wahhabisme rigoriste, d’origine
saoudienne, qui a tout gâché et en s’internationalisant à partir de
1973, grâce à la manne financière d’origine pétrolière, avec le puissant
soutien imbécile américain, à la faveur du pèlerinage annuel rassemblant des millions de musulmans et favorisant le prosélytisme, la solution capitularde pour la
question palestinienne et moyen orientale, et la guerre d’Afghanistan. Aussi, également, la question islamiste n’est qu’un retour de bâton de l’Occident devant sa propre création (le wahhabisme et Ben Laden avec ses afghans), et une source d’embarras et de tueries, et de terrorisme en pays musulmans. D’ABORD. Même les régimes stipendiés arabes ne sont, au fond, pas à critiquer, quand ils composent avec cet islamismo-wahhabisme importé de la sorte. C’est l’Occident qui a donné le mortel exemple pour s’abreuver en pétrole.
Israel, en plein discours de recherche de la paix sur initiatives internationales. Cet Israël trouve le moyen d’annoncer « pendant » ces initiatives, des projets de renforcement de la colonisation d’El Qods (Jérusalem), des projets d’atteinte à l’intégrité de la Grande Mosquée, des projets d’expulsion de milliers de palestiniens vers Gaza, et un autre projet de colonisation pendant la visiste du vise président des Ettats Unis, sans parler des menaces vis à vis de la Syrie et du LIban et sans parler de ses projets d’attaquer l’Iran. Même empêché ou sous pression de renoncer à ses velléités ou tout au moins de les réduire, cette attitude lui permet non seulement d’avancer ses pions mais aussi d’essayer de provoquer l’étincelle qui va tout déclencher ou d’amplifier le bruissement d’ailes du paillon : de graves provocations, sans plus. Sans le feu vert Us, Israël ne peut absolument rien, alors il lui faut provoquer. Les pays de la région n’ont d’autres ressources que de dénoncer avec véhémence et d’appeler la communauté internationale à tempérer les provocations du voyou israëlien, même s’ils essayent de se prémunir militairement, sans pouvoir prétendre à la parité stratégique.
Maths financières ? çà pouvait avoir, dans le temps, quelque pertinence en milieu fermé, un pays, une zone ou une région par exemple. L’homo economicus, l’homme à la rationalité économique, n’existe pas même si on s’en est approché pendant quelque temps dans quelques milieux assez limités. Maintenant que çà se mondialise et que çà s’interconnecte aussi facilement, les aléas, et les risques, sont infiniment plus nombreux : le capital et l’argent tendent à un profit maximal, et les limites physiques humaines et celles de la nature, et même celles de certains états apparemment fort riches, sont vite atteintes. Le succès des maths financières a pris des allures princières lorsque la finance a pris sa propre indépendance par rapport à l’économie réelle et , ensuite, avait pris le pas non seulement sur les entreprises mais sur les Etats. Sur quelques Etats du moins.
@ M. Paul Villach Le problème est là : peut-on employer les méthodes de la vente à ce qui
ne peut pas se vendre ?C’est l’objet de mon analyse.
Effectivement, le questionnement justifiait une analyse. J’avais été très étonné d’apprendre que des organisations humanitaires consacraient des budgets pour « vendre » leur image. Parmi celles-ci, Médecins sans frontières, si mes souvenirs sont bons. Cordialement
Merci, M. Koutouzis Excellent article qui rétablit encore une fois , toute la différence entre, en gros et à grands traits largement résumés, entre le vécu et le perçu et , pour ce qui est des journalistes et de la presse, le rendu, les deux derniers étant déterminants pour la perception finale. Le vécu, à quelques exceptions près,,’étant lui même généralement à son tour, qu’un rendu par une personnalité quelconque, chargé de communication ou personnalité politique. Les briefings quotidiens de presse organisés par la Commission Européenne à Bruxelles et, ceux intermittents du Parlement Européen et du Conseil Européen sont largement édifiants pour qui sait écouter, et confirment scrupuleusement, point par point, ce que vous venez de dire à propos de l’Europe. Ce qui est effrayant, à l’exemple de la guerre en Birmanie, c’est le nombre inouï d’évènements fabriqués de toutes pièces par les journalistes, entre eux seulement, en salle de presse et les mascarades de réunions rédactionnelles, à l’intérieur des journaux, pour constituer le « menu » qui ne sont que l’actualité restructurée de la prochaine édition, une hiérarchisation des évènements (quand il y en a) selon les souhaits des annonceurs, du patron ou des politiques, c’est selon. Ancien journaliste à la retraite, j’avais pris conscience du terrible pouvoir que je tenais entre mes mains lorsque je me mis à méditer en 1980 une phrase d’un ministre yougoslave : « l’important, ce n’est pas ce qui se passe, c’est ce que disent les journalistes ».
Quand j’y repense, j’ai mal à mon stylo et mon clavier