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(suite)
Ce sont les sionistes qui, en refusant au dernier moment de se servir du terme de Palestine pour nommer leur état, ont créé de facto une identité palestinienne regroupant tous ceux qui s’opposaient à l’émergence de l’état d’Israël. Il a fallu l’abandon volontaire du terme de Palestine par les sionistes, après l’avoir réintroduit, utilisé et banalisé pendant 70 longues années, pour en permettre sa récupération totale par le monde arabe.
Mais cette récupération ne fut pas aisée. Tout d’abord, le terme n’était pas en usage dans la population arabophone. Ensuite, il n’existe aucun cas de mouvement national qui emprunte le nom donné par des colonialistes pour désigner ce qu’il considère comme sa propre terre. Pour un peuple se libérant du joug de conquérants, la moindre des choses est de revenir à ses sources, c’est à dire à l’appellation originelle de sa terre. Or les arabophones, en récupérant le terme Palestine, se désignèrent comme des envahisseurs. Théoriquement, les "palestiniens" aurait pu envisager de revendiquer une identité cananéenne. Cela aurait été là un moyen de transposer dans un passé mythique le conflit, afin d’en renverser les termes et de transformer les conquérants arabo-musulmans en autochtones. Mais la chose ne fut pas possible car l’Islam reprit à son compte l’injonction biblique sur les cananéens maudits et voués à l’anathème .
Il devint donc impensable pour le palestinisme, en tant que fer de lance du pan-arabisme islamique, de s’affilier aux cananéens (1) . Conscients du fait que le terme ‘Palestine’ se rapporte aux philistins mentionnés dans la Bible, les dirigeants du Hamas et du Djihad islamique ne l’utilisent jamais dans leurs propos en privé. Ils en réservent l’usage aux déclarations officielles tournées vers l’étranger, l’utilisant comme un artifice médiatique destiné à gagner la sympathie du public non-musulman. Entre eux, les activistes islamistes nomment le pays comme il est désigné dans la tradition musulmane Ard Sham . En cela, ils restent fidèles à la logique qui animait jadis le mufti de Jérusalem (et allié de Hitler), un certain Hadj Amin El Husseini, à savoir la protection de l’intégrité de l’Umma, sans le moindre recours à un combat identitaire autochtone.
La stratégie est néanmoins différente en ce qui concerne l’OLP, qui conféra au terme ‘Palestine’ une signification réellement politique en le ‘naturalisant’, et ce afin de ne plus dépendre d’une définition dont on connaît trop bien l’origine. A vrai dire, la chose n’est pas très aisée. La lettre P n’existe pas en arabe. ‘Palestine’ est donc nécessairement un mot étranger. Afin de l’arabiser, les palestinistes ont prétendu que l’appellation originelle du pays était non pas « Palestine », comme l’ont transcrit grecs et romains, mais « Falestin », comme le prononcent les arabes. Or la transformation de Palestine en Falestin , même si elle sonne désormais ‘arabe’, ne lui octroie toujours pas de sens (2). C’est alors qu’il fut imaginé que « Falestin » était un mot composé : Fales et Tîn, Fales, un substantif signifiant plat et Tîn= glaise . Par cet artifice arbitraire et ridicule dans lequel un mot entier est scindé justement où il ne fallait pas , les propagandistes de l’OLP ont ainsi cru réussir à transformer le terme hébreu désignant les envahisseurs en un nom ayant enfin un sens dans la langue arabe : la glaise plate. Malheureusement le relief du pays ne se prête guère à cette manipulation linguistique. ‘Le plat pays qui est le mien’ est à chercher ailleurs.
La population arabophone « palestinienne », a donc été regroupée sous cette identité sur le simple fait qu’elle utilisait la langue arabe pour communiquer. Or l’usage d’une langue imposée par un conquérant ne peut en aucun cas être considérée comme le signe d’une identité ethnique. Et la population arabophone de la terre d’Israël ne fait pas exception à la règle. Même contraints ‘d’embrasser’ la religion musulmane, elle veilla à conserver son identité ethnique (originellement hébreue) en développant le plus souvent des formes hétérodoxes de l’Islam, ce qui limitaient les alliances matrimoniales aux membres de la secte. C’est pourquoi, lorsque les croisés rentrèrent dans le pays, après 460 années de domination arabo-musulmane, ils y trouvèrent une population arabophone, certes, mais pratiquant cinq formes d’Islam (ainsi que huit formes de Christianisme) toutes hétérodoxes . Même arabisée, la population a conservé son particularisme jusqu’au 20e siècle, n’ayant que faire, avant l’arrivé des britanniques, d’une ‘identité palestinienne’. Par contre, cela fut une véritable aubaine pour les arabes, réels descendants des envahisseurs venus du Hedjaz, tout comme ceux originaires des pays d’alentour récemment émigrés à la suite de l’essor économique sioniste. Elle représentait l’opportunité d’acquérir à peu de frais une dimension autochtone à leur arabité. Et cette faction a fini par imposer ses vues.
La récupération du terme ‘Palestine’ par le pan-arabisme aurait normalement dû être vouée à l’échec. Les références étymologiques renvoient à l’hébreu, où le mot désigne l’envahisseur. De plus, ce terme rappelle à tous les crimes commis par l’empire romain, que même les chrétiens ne pouvaient oublier. Enfin, le terme de « Palestine » était foncièrement associé aux britanniques et aux sionistes, ce qui devait être amplement suffisant à un mouvement nationaliste arabe pour le rejeter en bloc.
Mais en dépit de toute logique, une "palestinité" a non seulement émergé, mais elle a progressivement récupéré la plus grande partie de la légitimité du mouvement hébreu de libération. La preuve en est le soutien massif dont bénéficient aujourd’hui le palestinisme de par le monde, soutien qui tranche avec les manifestations d’hostilité envers le sionisme de la part de militants engagés dans les combats anti-colonialistes.
Le revirement sémantique opéré par les sionistes en 1947 est bien sûr pour beaucoup dans la légitimation du terme Palestine. On ne peut impunément usé et abusé du terme « Palestine » pendant plusieurs décennies pour l’abandonner juste avant l’indépendance.
C’est ce qui a produit immanquablement l’impression que l’entité politique nommée Israël se superposait à une réalité plus ancienne, « palestinienne ». Il devenait ainsi aisé aux palestinistes de récupérer cette identité à la fois orpheline et autochtone, du moins en apparence. La manœuvre de récupération ne nécessita même pas la mise en place d’un stratagème élaboré. Il suffit aux palestinistes de reprendre à leur compte l’appellation dont se défirent les sionistes. C’est donc le volte-face subit des sionistes, se définissant au début comme palestiniens puis ensuite comme israéliens, qui est la cause directe, sinon unique, de la revendication identitaire arabe palestinienne. Par l’adoption, même temporaire, du terme Palestine, les premiers sionistes ont conduit à une légitimation implicite d’une identité palestinienne aussi bien par le monde scientifique que par les instances internationales et l’opinion mondiale. Face à l’aura d’objectivité dont se paraît le nom "Palestine", "Israël" devenait l’expression politique d’une revendication purement religieuse, d’essence messianique, et donc appréhendée comme irrationnelle. Un tel transfert de légitimité n’a cessé de fonctionner depuis 1947.
Jusqu’aujourd’hui, le terme « Palestine » n’a point perdu de sa validité, même en Israël. Il y est couramment employé par les historiens et les archéologues pour parler du pays des Hébreux dans les temps les plus reculés. Dans leurs publications scientifiques, ils évoquent une ‘Palestine de l’âge du bronze’ ou encore traduisent l’expression « Talmud Yeroushalmi (Talmud de Jérusalem) en « Talmud palestinien ». De même, l’académie israélienne des sciences édite une encyclopédie de la flore locale nommée ‘Flora palaestina’. Cet usage n’est pas le reflet d’une opinion politique, mais simplement un souci des scientifiques israéliens d’user de la même terminologie que celle de leurs collègues du monde entier. Mais un tel respect des ‘conventions internationales’ continue à entretenir le "flou artistique" entre "Israël" et "Palestine".
Si les sionistes avaient conservé l’appellation de « Palestine » après l’indépendance, il n’y aurait jamais eu de ‘problème palestinien’. Mais, en contrepartie, le mouvement de libération national hébreu se serait d’un seul coup complètement vidé de sa substance. Le piège qui s’est refermé sur le mouvement sioniste en 1947 fut posé par les premiers pionniers, à la fin du 19e siècle, de par leur utilisation erronée du terme « Palestine ».
Pour finir, un article paru sur le site résiliencetv (site à prendre avec des pincettes), mais c’est l’article de D-A Belhassen qui m’intéresse ici de reporter afin d’éclairer sur le fond de l’ouvrage "La Haine Maintenant ?"
J’espère, Oudeis, que cela vous apportera les éléments de réponse et de débat aux remarques que vous formuliez.
Quant à vous,Paradisial qui n’y voit que littérature - outre le fait que citer la Bible et autres Ecrits Sains n’est pas une preuve scientifique même lorsqu’on s’attache à flooder sans cesse - je vous invite à en prendre connaissance dans le but d’en discuter sérieusement en confrontant sources et points de vue, et non pas comme vous vous y abaissez si souvent à traiter de noms d’oiseaux ceux qui critiquent vos références et développement. Ce jugement vaut également pour certains des contradicteurs de Paradisial qui n’ont que des épithètes tout-faits pour délégitimer son propos (islamo-machin, propos anti-musulman-musulman qui ne pourrait être que "moyen-ageux" selon eux...et autres noms d’oiseaux s’avérant totalement contre-productif).
Pour en finir avec l’usage du terme "Palestine" (1/3)
Par David André Belhassen le 05/12/2006
Alors que la polémique fait rage autour du "voyage de Ségolène Royal en Palestine", ce dernier nom, je veux dire "Palestine", jouit du consensus général et même d’un grand prestige. Son usage politique, quoique récent et ne remontant qu’au début du 20e siècle, est universellement employé dans tous les livres d’histoire, les manuels d’archéologie, les cartes de géographie, les encyclopédies et dictionnaires, les revues scientifiques et les ouvrages de vulgarisation, les magazines et les quotidiens, les contes d’enfants et les films documentaires ou de fiction. Bref, c’est le nom que tous utilisent (y compris, chose pour le moins surprenante, les israéliens eux-mêmes !) pour désigner la contrée qui englobe approximativement la superficie de l’Etat d’Israël et celle de l’Autorité dite "palestinienne". Bien sûr, les israéliens diront qu’ils ne sont pas dupes et que "Palestine" n’est autre que la contrée que la Bible nomme Israël, Pays de Canaan, Pays des Hébreux, ou encore Qedem. Mais lorsque l’on aborde la question, somme toute légitime, de l’origine historique de ce nom (et son étymologie), toutes les langues cessent de se délier, celles des israéliens et des palestiniens en premier. Cet article a pour objet de remédier à la lacune.
Aperçu historique
"Palestine", sous la forme "Paleshet", apparaît pour la première fois dans l’histoire, sur des fresques, des stèles, des papyrus, datant du 12ème siècle avant J.C, et relatant les victoires des pharaons Ra’amses et Merneftah sur les "peuples de la mer". Cette même expression "peuples de ma mer" est aussi en usage dans la Bible (en particulier dans les parties les plus anciennes, tel "Le livre des Juges" ), quoique souvent supplantée par son homologue "philistins" (en hébreu : "Plishtim"). Ce fut en effet le nom que les hébreux donnèrent à ces hommes "venus des îles" (La Crête en particulier) qui débarquèrent sur la côte et envahirent le littoral sud du pays (entre Gaza et Ashdod), désigné comme "Philistie" (en hébreu : PLeShet ). Grammaticalement parlant, Philistie ou Pleshet est le substantif formé sur la racine hébraïque PLSh (envahir, occuper, faire incursion, faire intrusion). Il signifie "territoire occupé", territoire qu’il faut donc libérer des mains de l’intrus (= Plishti ).
Mis au pluriel, Plishtim, (les fameux "philistins" dont parle le récit de Samson) peut donc se traduire littéralement par "envahisseurs". En moins de trois siècles, la plupart de ces "philistins" furent boutés hors du pays et les autres se fondirent dans la population hébreue indigène au point de disparaître en tant qu’entité ethnique séparée. Pourtant, tout au long des siècles suivants, le terme revenait ci et là dans la littérature biblique tardive, quoique de manière anachronique et atavique, pour fustiger l’ennemi symbolique d’Israël .
Après la chute successive des royaumes d’Israël et de Juda, au 8ème et 6ème avant J.C, respectivement sous les coups de boutoir des Assyriens et des Babyloniens, la langue araméenne fit irruption dans la région. C’est sous son influence que le suffixe hébreu –im, désignant le pluriel, fut parfois prononcé –in, à l’araméenne. Et c’est ainsi que plishtim devint plishtin. Notons au passage que le mot étant déjà au pluriel, on devrait le retransmettre en français par "palestiens" et non palestiniens .
Mais cette transcription erronée n’est pas récente. Elle date de l’historien grec Hérodote (5e siècle avant notre ère) qui, à cause de sa méconnaissance de l’hébreu (et de l’araméen), employa dans ces écrits la forme au pluriel, sous la forme grécisée : "Palaïstinae" , pour désigner la "Philistie". A sa suite, et ignorant tout de l’origine hébraïque du terme, certains historiens modernes se sont évertués à faire de ces "philistins" un véritable peuple, les Pélasges de la Grèce préhellénique, ou les mystérieux « palaïstes » dont on ne connaît rien d’autre que le nom déformé.
5 siècles plus tard, ce furent les romains qui banalisèrent l’usage du terme pour nommer non plus la bande côtière, comme Hérodote le faisait, mais l’intégrité de l’ancien royaume d’Israël. L’intention cette fois-ci était claire : Le toponyme latinisé "Palaestina" fut forgé en représailles aux rébellions contre l’empire Romain qui éclatèrent depuis "La guerre des juifs" en 66-70, et jusqu’à la révolte de Bar Kohba en 132-135. Soucieux de rayer de la carte ceux qui osèrent défier le tout-puissant empire romain, l’empereur Hadrien, mu par une véritable pulsion vengeresse visant à effacer jusqu’à l’identité du peuple qui y vivait, lui refusa un droit d’existence non seulement politique, mais encore une dimension ethno-culturelle.
C’est pourquoi, il rebaptisa La Judée " Palaestina", et Jérusalem "Aelia Capitolina" (du nom de sa famille). Il est remarquable néanmoins qu’à l’époque, ce nom de "Palestine", symbole de l’ultime humiliation, ne fut jamais utilisé par les indigènes de cette contrée. Les Evangiles eux-mêmes, bien que retranscrits et canonisées à une époque où le terme ‘Palestine’ était déjà officialisé par les romains, ne l’emploient pas même une seule fois. Elles nomment systématiquement cette terre « le pays d’Israël » ou « la terre d’Israël ».
L’usage du terme « Palestine » représentait pour les disciples de Jésus une insulte au peuple hébreu dans son intégralité, en rappelant aux yeux de tous la barbarie de l’empire Romain. Ce qui n’empêche pas aujourd’hui certains curés et prêtres chrétiens de parler de "Jésus le palestinien" (sic). Il semble d’ailleurs que ces chrétiens ne se sont jamais posés la question pourquoi les Evangiles s’interdisaient l’usage du terme "Palestine", ou alors, ils n’ont pas voulu comprendre que, plus que tout autre terme, « Palestine » symbolisait l’oppression romaine. Alors que "Terre d’Israël" était fièrement arboré par les hébreux, le terme Palestine était considéré comme un affront. Son apparition exprimait une volonté délibérée d’effacer l’identité originelle du pays, peine réservée par les romains contre toute région qui osait se rebeller contre l’autorité de l’empire. C’est aussi pourquoi "Palestine" ne fut jamais, au grand jamais, utilisé parmi les juifs avant l’émergence du mouvement sioniste, qui paradoxalement fut le premier à l’employer (nous en verrons par la suite les raisons profondes).
Le nom « Palestine » fut donc en usage du second siècle de notre ère jusqu’à la fin de l’empire romain, et durant toute l’époque byzantine. Puis, il tomba progressivement en désuétude. Dans l’Europe chrétienne du Moyen Âge, les voyageurs, les pèlerins et les croisés désignent le pays comme « la terre d’Israël » ou comme « la Terre Sainte » .
Lorsque le terme « Palestine » refît surface, au 19e siècle, ce n’est pas du tout pour des raisons politiques. Par pure convention, le latin était devenu la langue de référence dans le monde scientifique. La raison était tout d’abord le traditionnel usage du latin dans les universités en tant que langue savante. Ensuite, ce choix exprimait le désir à la fois d’uniformiser la terminologie, et d’éviter la prédominance d’une des langues vivantes sur les autres. C’est pourquoi la terminologie inventée par les romains, au départ uniquement destinée à effacer l’identité hébraïque du pays après les révoltes du premier et deuxième siècle de l’ère chrétienne, fut systématiquement adoptée par les historiens, les géographes, les géologues, les naturalistes et mêmes les anthropologues. Avec l’usage du latin, le découpage du monde introduit par l’empire romain reçut soudain un cachet d’objectivité scientifique. C’est ainsi que non seulement « Palestine », mais encore « Syrie » et « Arabie » resurgirent du néant, et ce au nom d’illusions pseudo- scientifiques.
En occident, le terme « Palestine » envahit progressivement tous les ouvrages de littérature et de science, à une époque où l’archéologie, l’histoire et « l’orientalisme » non seulement connaissaient leur plein essor, mais encore bénéficiaient de l’engouement du public. Et puis, de par l’exigence de laïcité, « Palestine » remplaçait avantageusement l’appellation d’Israël ou de Terre sainte, trop chargées de connotations religieuses. C’est pourquoi, à la ruine de l’empire ottoman, rien n’empêcha de revêtir une dimension politique au terme « Palestine ».
Est-ce par le choix d’un tel terme que les premiers sionistes aspiraient à se mettre en phase avec la « communauté scientifique » ? Essayaient-ils de faire correspondre leur volonté de réveil identitaire hébreu avec des conventions poussant à l’adoption du latin en tant que « langue savante » ? Or ces deux réalités sont foncièrement contradictoires.
(à suivre)
Et...
Une interview d’un des deux auteurs David André Belhassen, paru dans metro quelques mois après la sortie de l’ouvrage et reporté sur ce forum (www.bladi.net/forum/71778-israel-hebreu-dire-athee/)
“En Israël, un Hébreu ne peut se dire athée” : INTERVIEW
DANS La Haine maintenant ? Sionisme et palestinisme, les sept pièges du conflit*, coécrit avec Gérard Nissim Amzallag, David André Belhassen propose une analyse à contrecourant du conflit israélopalestinien.
Selon vous, le sionisme a perverti le mouvement laïc de libération hébreu ?
Tout à fait. Dans cette contrée, il n’est plus permis à un Hébreu de se revendiquer en tant qu’athée. L’Etat d’Israël se définit prétendument laïque et démocratique, mais en réalité il procède de considérations théologiques et d’une législation religieuse. Si, par exemple, un Hébreu de confession juive décide de changer de religion, il perd automatiquement le bénéfice de la “Loi du retour” sur la terre de ses ancêtres. Quant aux “Palestiniens” arabophones – en fait, des Hébreux-Cananéens, tout comme les Israéliens –, l’aliénation religieuse atteint son paroxysme depuis que le Hamas a pris le pouvoir. Bien que déjà, la charte de l’OLP stipulait que “Le peuple palestinien fait partie intégrante de l’Umma”, la communauté des musulmans, selon l’idéologie panarabo-islamique.
Israël aurait également été indûment réduit au rôle d’Etat abri ?
Sous l’influence de Theodor Herzl (auteur de L’Etat des Juifs, 1896), le mouvement de libération hébreu a été réduit à la revendication d’un Etat refuge contre l’antisémitisme, “un foyer juif” qu’il convient d’acheter, parcelle par parcelle. Plus de cent ans plus tard, cette perversion idéologique a été récupérée à des fins propagandistes par le président iranien Ahmadinedjad qui veut faire d’Israël une résultante de la Shoah et appelle les Européens à régler leurs complexes de culpabilité et leurs problèmes de conscience en aménageant chez eux un Etat pour les juifs !
Quel accueil a reçu l’ouvrage ?
Il a été boycotté par la communauté juive, sans parler de la communauté musulmane. D’autre part, une interview devait paraître dans Témoignage chrétien. Et finalement, la thèse défendue dans l’ouvrage a été jugée par trop iconoclaste. L’analyse allait à l’encontre “des vérités admises”, selon eux. L’expression “vérité admise” en dit long à ce sujet. Evidemment, le processus de laïcisation qui doit avoir lieu des deux côtés du mur de Sharon ne se fera pas en un jour, ni en un an, ni en dix. Mais ce n’est pas parce que la lueur d’espoir est très mince qu’il faut se décourager. Et puis, pour combien de temps encore géopolitologues et autres apprentis sorciers vont-ils continuer à cacher au grand public la vérité sur l’histoire et la nature même de ce conflit, qui risque d’embraser le globe ?
PROPOS RECUEILLIS PAR CLAIRE COUSIN
* éd. La Différence, 330 p, 20 €
Source : http://www.metrofrance.com/xpresstags/pdf/lyon.pdf
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Pour ma part, je souhaite me situer du côté de cette lueur d’espoir plutôt que d’un côté ou l’autre du mur idéologique séparant les protagonistes de ce "conflit".
J’en vois se battre sur les chiffres des morts, certains parlant de manipulation israelienne, d’autres de manipulation palestinienne. Il est vrai qu’il est dur d’avoir une image parfaitement objective de la situation et de la répartition entre morts civiles et morts de combattants. Il s’agit, comme souvent, d’une guerre de l’information. Toujours est-il que des civils innocents meurent, leur seule culpabilité étant de vivre sous le règne du Hamas. Sans compter l’extreme difficulté qu’ils ont pour quitter la bande de Gaza !
En complément le commentaire d’un lecteur de "La Haine maintenant ?" (ici : www.defiscalisation-conseils.com/livres/shop.php ) :
Les recherches génétiques ont trouvé des résultats similaires
Dans un article de l’Observer International du 25 novembre 2001 intitulé
"Journal axes gene research on Jews and Palestinians",
il est question d’un résultat de recherche génétique menée par le
Professeur Antonio Arnaiz-Villena de l’ Université Complutense de Madrid
"’The Origin of Palestinians and their Genetic Relatedness with other Mediterranean Populations’"
et dont la publication dans la revue de prestige "Human Immunology" fut étonnament retirée
suite à une grande polémique et certaines pressions politiques.
Il est vrai que la conclusion énoncée
"Jews and Palestinians in the Middle East share a very similar gene pool
and must be considered closely related and not genetically separate, the
authors state. Rivalry between the two races is therefore based ’in cultural
and religious, but not in genetic differences."
a des implications politiques bien au delà d’une simple recherche scientifique.
En tout cas, il est heureux de constater que les recherches menées par les auteurs de ce
livre arrivent finalement aux mêmes conclusions qu’une recherche génétique menée 5 ans plus
tôt et qui démontre que Palestiniens et Juifs du Moyen Orient ont un seul et même peuple
pour origine de par leurs gènes.
@ Oudeis
Tout d’abord, merci à vous, Oudeis, d’avoir pris le temps de prendre en considération mon intervention et de vous attacher a y donner le change. Je ne commenterai même pas la remarque formulé par l’intervenant qui n’y voit là que "littérature"... alors que j’indique le titre d’un ouvrage fondé sur des recherches sérieuses par deux universitaires faisant autorité dans leur domaine (archéologie, histoire).
Si seulement vous aviez raison ...
Malheureusement la majorité des Palestinien a voté pour le Hamas (comme le rappellent assez souvent les "défenseurs" des Palestiniens ici-même). Or le Hamas est un mouvement qui indique explicitement que son but est de tuer tous les Juifs (article 7 de la Charte du Hamas) et qui est opposé à tout règlement pacifique.(article 13 de la même Charte). Il est donc à craindre que la majorité des Palestiniens ne sont pas opposés (pour ne pas dire plus) à ces objectifs et aux moyens appliqués.
Quant aux Israéliens - même s’il y a bien entendu également des extrémistes en leur sein - force est de constater qu’aux dernières élections, c’est Kadima - le parti fondé par Ariel Sharon dans le cadre du retrait de Gaza en geste de bonne volonté vers la paix - qui a été majoritairement choisi.
Je voudrai pour commencer par vous faire remarquer qu’il ne faut amalgamer les votants et tous ceux qui ne votent pas. Je persiste à affirmer que la majorité souhaite la paix, bien qu’il est nécessaire d’apporter un bémol explicatif à cette affirmation. Bien entendu, je ne prends pas mes rêves pour la réalité et je peux aisément imaginer que 60 ans d’occupation et de prise en otage par une autorité corrompue, laché par les Etats Arabes qui n’ont jamais voulu de la création de la Palestine dans ses frontières, quelquesoit l’époque depuis 1947 (et on pourrait remonter plus "en arrière") et faisant face à une armée israélienne, qui quelquesoit le dégré d’humanité ou d’inhumanité qu’on lui impute, reste une armée... Nul n’ignore l’incroyable travail sur le terrain par les gens du Hamas (le Hezbollah au Liban itou) dans le travail de terrain (d’’aide aux démunis et autres causes humanitaires). La victoire du Hamas s’explique en partie par la situation subi par un peuple depuis plus d’un demi-siècle (quels qu’en soient les divers responsables) et par ce travail de terrain par lequel le Hamas s’attire la sympathie à l’opposé d’une autorité politique impuissante (que d’aucune décriront comme corrompue et d’autres ne disposant pas d’une marge de manoeuvre enorme eu égard à sa dépendance envers son voisin...) qui laisse son peuple dans l’impasse, la misère. C’est également le fruit d’une endoctrinement commençant à l’ecole ou les figures antijuives étaient (sont ?) savamment utilisées dans des manuels scolaires officiels. Mais cette éducation là, si condamnable, soit elle, est également le fruit de la situation particulière et des blessures que ce conflit a créé depuis qu’il a débuté. On ne peut toutefois pas sérieusement dire que les derniers gouvernements israéliens ont favorisé la tache de l’autorité palestinienne, qui s’est peu à peu délégitimée aux yeux d’un grand nombre de palestiniens. Restons objectif. Les choses ne sont ni blanches ou noires dans ce conflit, ses multiples épisodes nous le prouvent quelle que soit la légitimité que l’on attache à tel ou tel acte.
Je n’ignore pas l’impératif de la destruction de l’Etat d’Israel contenu dans la charte du Hamas
Quant à Kadima, effectivement, il s’agit du parti que Sharon a créé lorsque l’aile droite du Likoud ne lui permettait pas de mettre en application son virage stratégique (le retrait de Gaza). On peut y voir un geste... Sur le papier mais quelles ont été les réelles conditions de ce geste sur le terrain ? N’y a t’il pas au sein de Kadima des élements plus ou moins modérés ? Soutenir le retrait de Gaza est-il une garantie de "modération" quant au traitement de la question israélo-palestinienne dans son ensemble (frontières, blocus,etc) ?
"peuple dont la véritable identité pour une grande part n’est ni arabe, ni juive, mais hébreu-cananéenne"
Cette hypothèse peut être intéressante ... si ce n’est que le peuple cananéen (langue, culture, religion ...) a disparu il y a des siècles (de même que le peuple philistin).
Le peuple juif, descendant des hébreux (si ce n’est génétiquement, à tout le moins de la même manière que les Français déscendent des Gaullois) et les peuples arabes ont peut-être (et même vraissemblablement) une même origine. Mais les écarts entre ces peuples (religieux, culturels, historiques ...) se sont tant creusés (sans même parler du conflit contemporain) qu’il me semble illusoire d’y voir encore aujourd’hui un peuple unique.
Je vous invite à prendre connaissance des recherches menées par les deux chercheurs ayant publié l’ouvrage que j’invite chacun à lire afin de vous faire une idée précise de leurs "découvertes" et de la teneur de leur thèse. N’étant pas moi même un spécialiste sur ses points précis, je ne saurai (surtout à 05h47 du matin...) en discuter avec vous sans avoir au préalable recoupé les éléments contenus dans ce livre.
Je n’en fais pas ma "Bible" mais reposant sur des données sérieuses et sur des éléments dérangeants pour les deux idéologies qui s’affrontent je pense que sa lecture s’avere stimulante pour voir ce conflit d’un autre oeil, au delà des passions qui de toute part écrivent et réecrivent l’histoire d’un conflit qui a créé une montagne de ressentiment qu’on ne saurait raser sans en rediscuter les bases.
Concernant l’intervention sur Gaza, il est sans doute légitime pour le gouvernement israeliend’en bombarder les caches d’armes (pour répliquer aux roquettes que le Hamas lance sans cesse) mais dans le même temps obligatoirement criminel d’agir ainsi vu la densité de la population dans ce territoire, la difficulté voire l’impossibilité pour ses habitants de fuir ses tirs et d’échapper à nombre d’entre eux lorsqu’ils ont le malheur d’habiter près d’un entrepot à armement bombardé...
Pourquoi ne pas réflechir à un démantélement de la faction armée du Hamas en donnant les moyens concrets à l’autorité palestinienne et en collaborant intelligemment avec elle, de mener à bien ce travail ?
Je persiste à penser que les Nations Unies doivent intervenir dans ce conflit.
Pour finir, oudeis, nous aurons, je l’espère, plus profondément l’occasion de revenir sur le sujet du livre qui est au centre de mon message initial et de vos commentaires.
Bien à vous.
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