@ Pierre
"Toute intéressantes que soient vos explications sur le prénom Vladimir, j’ai le regret de vous dire que je n’en ai lu aucune confirmation sur Internet. Tous les sites francophones traduisent « mir « par paix."
Réponse : J’avoue ne pas consulter les sites internet sur ces questions, étant donné que je suis linguiste de formation. Mais puisque vous persévérez, je me permets de vous renvoyer vers les sites russes.
En voici un : http://www.translit.ru/
Vous y trouverez la confirmation de ce que je vous disais. Le caractères en cyrillique sont donnés sur un clavier virtuel. Toutefois, je ne suis pas sûre que vous réussirai à vous en servir. Voici donc les résultats web sur ce site :
"Mir" (en cyrillique) :
- "Je ne vois pas pourquoi vous dite que j’ai défendu mon point de vue bec et ongles étant donné que je n’ai évoqué ce point qu’une seule fois et que vous m’avez fait douter de l’étymologie".
- Parce que, cher Pierre, indépendamment du niveau de connaissance du russe, il me semble linguistiquement difficile d’accorder le verbe "dominer" avec une abstraction substantive telle que "paix", et cela vaut, je l’ai dit, pour toutes les langues indo-européennes. En plus, vous connaissez d’autres mots géographiques composés sur le verbe "vladet’", et vous avez pu observé qu’il s’accorde avec les désignations "géographiques" (Orient, Caucase, ainsi de suite). J’ai aussi évoqué l’emploi ambivalent du mot "mir" dans le titre du roman de Tolstoi, et je croyais que vous étiez au courant. Passons... Cela dit, j’ai toujours l’impression que vous vous débattez bec et ongles, non pas parce que vous ne comprenez pas ce que signifie vraiment le prénom "Vladimir", mais parce que, chez vous, les prégujés l’emportent sur le raisonnement...
(B) Les minorités géorgiennes
"Je n’ai aucun problème à dire que la liberté est fondamentale dans une société mais la liberté dans le respect des minorités. La démocratie moderne, ce n’est pas une majorité qui impose ses choix à une minorité. Là j’en reviens à la Géorgie et à son premier gouvernement de Gamsakhourdia qui a supprimé l’autonomie pour l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, ce qui a déclenché de la première guerre de sécession de ces deux entités".
- La population abkhaze ne formait que 17% de la population de la république autonome. A présent, il n’y pas plus de géorgiens qui y vivent. 17% est donc devenu 100 %. Avez-vous jamais vu qu’une 17% chasse 83% de la population ? La réalité c’est que la Russie, au moment de la dissolution de l’URSS, a voulu conserver le contrôle sur les points nevralgiques du Caucase.
- On trouve bien 17% de basques et de corses qui veulent être indépendants. C’est la même chose en Espagne (Catalogne), en Grande Bretagne et en Allemagne. Etes-vous là aussi pour que tous ces pays accordent la souveraineté à des 17%, voire plus ? Si oui, alors vous aimez décidément la pagaille.
- Il faut savoir aussi que la terre dite "abkhaze" aujourd’hui a accueilli les abkhazes sur ce qui était une des principautés géorgiennes, comme le montrent, entre autres, les vieilles eglises orthodoxes géorgiennes. Raison pour laquelle l’Eglise RUSSE n’a pas reconnu leur indépendance et s’est ouvertement opposé au gouvernement russe. Le geste de Gamsakurdia était parfaitement justifié : après la dissolution de l’URSS, je ne vois pas à quoi pouvait servir les unités administratives conçues pour que l’URSS soit facilement gouvernable. D’autant plus que jamais la Géorgie n’abandonnera ces terres-là...
(C) "Notre admiration pour Gorbatchev, vous le savez bien, n’est pas du tout partagée par les Russes qui lui donne, je pense, moins de 10 % d’opinions favorables".
Et quand il a entrepris le combat contre l’alcoolisme qui fait des ravages en Russie, il a été carrément détesté. Vos arguments mathématiques sont très choquants. Je ne comprends pas qu’on puisse encore y recourir après la deuxième guerre mondiale, et après l’exemple de l’Allemagne hitlérienne....
(D) "Nous devons expliquer nos valeurs, être cohérents, ne pas avoir de doubles standards et écouter, considérer ce que les autres ont à nous dire."
Je suis plus terre à terre que vous. Je préfère me battre pour que la vérité soit faite sur la mort de Politkovskaïa, pour qu’on libère de prison la juriste de Ioukos, enceinte et mère de deux enfants ; et pour qu’on dise toute la vérité sur ce que représente Poutine pour la Russie et pour le monde, ce que je vais continuer à faire. Ce ne sont pas les observations de Vedrine qui m’arrêteront.
"Mais la Géorgie doit trouver seule son identité, qu’elle souhaite actuellement comme médiévale et cathare puisque son drapeau affirme son appartenance à la caste des "chevaliers du christ"."
Saakashvili a changé la symbolique du pays dans l’espace d’un jour, sans qu’aucune explication ou débat n’ait précédé (et même suivi) ce changement. Très franchement, je ne crois pas que les Géorgiens connaissent et adhèrent sciemment à la mouvance religieuse que le drapeau géorgien actuel affiche. Je ne parle évidemment pas de petites gropuscules. Mais dans l’ensemble, le pays reste très profondément enraciné dans l’orthodoxie du type byzantin (médiéval, je te l’accorde), et cela au point qu’ils manifestent parfois assez violamment leur rejet de nouvelles formes de religiosité importeés tout droit des Etats-Unis. C’est ce qui explique d’ailleurs une certaine forme d’affection qui persiste toujours envers la Russie d’avant Poutine.
Une partie de la population russe elle-même a du mal à comprendre cette politique de Poutine qui consiste à contraindre presque les ex-républiques soviétiques à tomber dans les bras des Américains. C’est à croire qu’il le fait exprès, ou alors il est vraiment écervelé.
Cher Pierre, Votre réponse m’a laissée un peu perplexe et m’a fait comprendre que nous n’avons pas la même idée de la Russie. Aussi, pour que cet échange ne dégénère pas en une inutile chicane, je préférerais m’arrêter là.Vous trouvez ma vision de liberté idyllique. Et vous poursuivez : "La Russie l’a essayée pendant 10 ans et cela ne lui a apporté que sarcasmes..." Mon avis diverge radicalement du vôtre (il n’est d’ailleurs pas que le mien, beaucoup d’historiens français le partagent et vous le trouverez mieux exposé ailleurs). Je pense que cette période de 10 ans lui a redonné, au contraire, une véritable estime d’elle-même, et lui a permis de renouer avec son essence, c’est-à-dire avec la Russie de Pierre le Grand ou d’Alexandre II. Je vous parle de l’époque où la Géorgie était d’ailleurs harmonieusement intégrée à l’empire, et où les intellectuels géorgiens considéraient la Russie comme la « fenêtre sur l’Europe ». Certes, cette courte période à pein longue d’une décennie, n’avait rien d’idyllique, mais je trouve que les réformes qu’a entrepris alors Goratchev (pour qui j’ai beaucoup d’admiration) n’avaient d’autre but que d’échapper à l’effondrement de l’Etat russe, et à sa dissolution définitive dans un empire dans l’empire artificiel des « soviets ». Il n’est secret pour personne que le projet "soviétique" lénino-stalinien a eu pour but, quant à lui, d’enterrer la nation russe en tant que telle, ce qu’ils ont réussi en partie. Jusqu’aux annéex 80-90. Et c’est reparti sur les rails soviétiques avec Poutine qui, malgré les apparences, pourquit, lui, le projet clairement « soviétique ». Vouloir retrouver la puissance de l’URSS comme il le dit, équivaut à en finir avec la nation russe, qui se cherche toujours (suffit de voir la polémique qui entoure le soi-disant « marche russe » proposé par les parlémentaire et à laquelle d’autres préfère le dénomination « marche des la Russie »). Très curieusement, vous m’accusez de mauvaise fois : "Me dire qu’on ne connaît pas Rousseau ou Diderot ou Voltaire au fin fond des steppes relève de la mauvaise fois. Je parlais de milieux intellectuels. »Or, premièrement, j’ai été l’àécole à l’URSS et je sais très bien ce qu’on vous y apprend de la littérature russe (n’en déduisez pas, je vous prie, que je ne connaîtrais les programmes actuels). Deuxièmement, je connais aussi les milieux universitaires de quelques universités de Sibérie et ils ne sont pas pro-poutiniens, loin de là. Alors, je ne pouvais pas imaginer que vous compriez les intellectuels parmi les 80% qui s’inscrivent dans la charte de l’obéïssance. Ce qui ressort de vos commentaire, c’est une sympathie presqu’inconsciente poru la « grande puissance », comme c’est souvent le cas en France, étant donné son passé colonial. Vous confondez la Russie avec votre idée de cette super-puissance. Et comme je me sens impuissance à vous aider, je pense que cette polémique est parfaitement inutile. Dernier point, enfin. Vous dîtes avoir une connaissance rudimentaire de la langue et vous débattiez bes et ongles sur l’étymologie du prénom « Vladimir ». Bizarre…