Ayant constaté que l’univers est essentiellement composé d’une énorme quantité de vide, j’ai décidé de me contenter du reste. J’ai un peu la même attitude envers la société. Et envers moi-même.
Vous reconnaissez n’avoir rien compris au TCE. C’est normal, et je pense qu’il serait difficile de juger une constitution même simple ; il y a des questions d’équilibre des pouvoirs qui peuvent être extrêmement subtiles. Ce n’est pas pour rien que le droit constitutionnel est une discipline universitaire.
Mais alors comment avez-vous fait votre choix ? Comment, généralement, faisons-nous nos choix lorsqu’ils touchent à des sujets que nous ne maîtrisons pas, par exemple la relativité générale, ou la physique quantique ? Devons-nous rejetter ces résultats sous prétexte qu’ils sont « imbitables » ?
La procédure normale est de faire appel à des experts. Le tout est bien sûr de ne pas se tromper d’expert. On prendra l’avis d’un Hubert Reeves, par exemple, de préférence à celui d’un Rahel. Pour la constitution, c’est pareil. Personnellement, j’ai accordé ma confiance à un professeur à l’IEP et député européen, que depuis j’écoute tous les dimanche matin sur France Culture : Jean-Louis Bourlanges. Je le trouve très cultivé, intelligent et sympathique. Il a fait campagne pour le oui.
Et vous, avez-vous choisi un expert compétent ou... consternant ?
Le problème n’est pas vraiment celui de la souveraineté populaire, mais de savoir ce qu’on entends par Peuple. Quand au lendemain du référendum Marie-Georges Buffet dit que c’est une victoire du peuple, elle dit implicitement que les perdants, soit 45% des français, ne font pas partie du peuple. (Il faudra un sacré goulag pour mettre tout ça.) Ainsi, le peuple des communistes, qui est le Peuple Trahi, Exploité, bref, Victime, n’est pas le peuple des démocrates, acteur de son destin.
L’inversion proposée par Voltaire fonctionne avec la folie, pas avec la paranoïa, parce que celle-ci n’est pas un complot. Je n’ai accusé personne de complot, je ne vois donc pas ce qui vous permet de m’accuser de paranoïa.