Que dire à part, vérifiez toujours ce que vous dîtes : au 2ème tour les cadres ont voté à 54% pour Sarkozy, les employés à 55% et les ouvriers à 52% (étude du CEVIPOF http://www.cevipof.msh-paris.fr/PEF/2007/V2/PEF07V2-SarkozySS.pdf). Les seuls à avoir véritablement voté en masse pour lui sont les agriculteurs et lespetits commerçants (respectivement 78 et 71%).
Vous parlez d’acquis sociaux qui leurs sont propres : lesquels ? Le seul, il me semble, est bien les quelques jours de congés supplémentaires donnés à des gens qui travaillent plus de 12 heures par jour, et pour certains sur une base officielle de 217 jours par an, sachant qu’ils ne peuvent pas toujours bénéficier de l’ensemble des jours de congés dont ils disposent.
Quant à votre passage sur celui qui doit être le premier à perdre ses avantages sociaux, je constate que vous ne concevez les rapports sociaux que comme des conflits, c’est votre droit, vous n’êtes pas le premier ("la lutte des classes est le moteur de l’histoire"). Notez que les cadres du privé ne sont pas en position de se battre pour quoi que ce soit, ce "devoir" et ce "plaisir" étant reservé à certaines catégories protégées...
Etre cadre n’a rien d’une "conception de soi-même", c’est, au sens le plus strict, une des catégories socio professionnelles de l’INSEE (soit 3 millions de personnes, en excluant les enseignants, les professions libérales et les chefs d’entreprise). Dans un sens un peu moins strict, ce sont toutes les personnes qui disposent d’un tel contrat de travail.
Croyez si ça vous chante que ces personnes sont au service de ces "salauds de capitalistes". Par contre, il me semble que vous assimilez un peu cavalièrement les cadres dirigeants avec les cadres non dirigeants : ceux que vous décrivez comme souhaitant l’augmentation de la productivité, etc. se comptent parmi ces derniers ! Les premiers subissent des situations parfois très dures, et ne sont pas réellement défendus.
Que certains soient des courroies de transmission zélées des dirigeants, je vous l’accorde, mais sont, je pense, beaucoup plus nombreux ceux qui n’ont pas voix au chapitre et qui subissent autant que tous les autres certaines décisions de leur direction !
Par ailleurs, j’aimerais beaucoup que vous disiez où se trouve Boboland, un tel pays aurait devant lui un grand avenir . Plus sérieusement, certaines catégories de diplômés dont il est dit qu’elles manquent en France (comme les ingénieurs informaticiens par exemple) peuvent facilement aller travailler ailleurs, pour un salaire supérieur, une charge de travail équivalente, un nombre de jours de congés aujourd’hui inférieur mais semblable demain. Ceci me semble être une menace pour le pays : pour maintenir à flots notre système de protection sociale, pour créer des emplois (la France ne pouvant rivaliser dans un modèle Low cost, il nous faut tout faire pour garder et faire venir sur le territoire des gens très qualifiés et faire en sorte de faire partager au plus grand nombre leur qualifications).
Enfin, je ne vois pas quoi il serait interdit aux cadres de critiquer fort les parachutes dorés, les pratiques scandaleuses des banques d’investissement (telles que celles mises à jour par la crise des subprimes, etc.). Selon ce raisonnement (et en le caricaturant un petit peu), il serait interdit aux être humains de critiquer les habitudes de leurs semblables au prétexte que nous sommes de la même espèce...
Une remarque en passant : la juxtaposition des verbes "vivre" et "consommer" ne témoigne pas d’un objectif universel et absolu. D’autres que toi pourraient préférer "vivre" et "s’amuser", "vivre" et "voyager", "vivre" et "lire", "vivre" et "surfer sur internet", etc. toute sortes d’activité qui nécessitent du temps !
D’autre part, je pense que tu te fais quelques illusions : tu crois que l’abolition des 35h s’accompagnera d’augmentations salariales considérables, mais il n’en sera rien ! N’oublies pas que les congés en France sont des congés payés. Aujourd’hui donc, la base de calcul du salaire journalier est de 261 jours par an, demain, ça sera exactement la même chose dont 17 jours payés 10% de plus que les autres. Il s’agit donc d’une augmentation de 10% sur 17 jours dans l’année, soit environ 0,7% pour l’année. Crois-tu sincèrement que les entreprises donneront davantage en ces "heures difficiles" (crises financière, immobilière qui pointe le bout de son nez, etc.) ? J’entends déja les chefs d’équipe/managers/etc. nous sortir ce type d’argument !
Yvance, je ne suis pas tout à fait d’accord avec toi sur le point 1). Le gouvernement avait commencé par mettre en place un dispositif intéressant et qui était une véritable traduction du "travailler plus pour ganger plus". Il permet à l’employé de revendre à son employeur ses RTT non consommés avec une majoration. Au lieu d’harmoniser le fonctionnement de ce dispositif simple, pragmatique, dans lequel tout le monde trouve son compte, il a préféré en adopter un autre, nettement plus idéologique et, j’en ai peur néfaste.