@ JP Timothéa
Cher JP,
I - On est bien d’accord : mon analyse se limite à celle de la bande-annonce. Et ne serait-ce que pour vérifier l’écart éventuel entre cette affiche publicitaire et le produit qu’elle est censée vanter, ne doutez-pas que je verrai le film : j’en proposerai une analyse à AGORAVOX en octobre en la confrontant à celle que je viens de faire de sa bande-annonce.
Je déplore, en attendant, l’absence de critique dans les médias qui avaient un chroniqueur "accrédité" lors de sa projection : ils apportent seulement leur contribution gratuite à la promotion du film - est-ce le prix à payer de l’accréditation ? - en s’attachant avec soin à tourner autour du pot, à ne parler que de ce qui est extérieur au film ou à collecter les cris sommaires d’enthousiasme.
Le journal "La CROIX" m’a adressé les trois articles qu’il a consacrés à cette palme d’or pour tenter de me convaincre du contraire : je ne relève pas davantage dans ces articles la moindre analyse du film. On croit assister à un phénomène collectif de "sidération".
II - Puisque, vous, vous avez-vu ce film, vous êtes déjà capable de voir si l’écart est si grand entre sa bande-annonce et lui.
Reste à se demander pourquoi. L’exemple de l’imparfait du subjonctif que vous avez utilement replacé dans son contexte, alors que la bande-annonce l’en avait retiré , est un indice de cet écart. La survenue incongrue dans une classe de cette règle si élaborée de la langue pose tout de même problème : elle n’est pas forcément opportune et de première nécessité dans une classe où la langue officielle est un sabir de distinction clanique ou tribal qui prononce les mots à l’envers et accommode les constructions verbales à sa sauce : "je pense avec elle" pour "je pense comme elle", (dans la bande annonce).
Auteurs et producteurs ont-ils cru qu’en présentant cette séquence, le spectateur serait convaincu que dans cette classe on y apprenait tout de même quelque chose. Certains, peut-être, moi, non ! Affaire d’expérience devant une impéritie administrative - encouragée, je vous l’accorde, par un suivisme enseignant - dénoncée vainement depuis des années.
III- L’objection d’un commentateur, l’excellent Docdory, au regard salutairement clinique, ne doit pas être minimisée : combien de thuriféraires de ce film profiteront de l’assouplissement de la carte scolaire pour mettre leur enfant de préférence dans une telle classe et non dans un collège où la transmission du savoir est au centre des préoccupations de tous ?
Un autre commentateur a fait une remarque pertinente : il reste à souhaiter que ce film remplisse le rôle cathartique que les Grecs assignaient au théâtre et que le pays s’interroge sur les responsabilités pour qu’on n’en soit là après 120 années d’école laïque, gratuite et obligatoire, sans oublier le rapport de l’OCDE paru en 1996, "Faisabilité politique de l’ajustement", qui organise froidement la destruction du service public d’éducation sans provoquer de révolte. Paul Villach