Etant policier moi-même, je vais vous dire comment se traduit à mon humble niveau la politique du « toujours plus de résultats » de sarkozy.
On demande aux policiers de terrain de faire toujours plus de chiffre en brandissant la menace pour ceux ayant intégré un service intéressant (BAC en civil par exemple) de les en retirer et de les remettre au service général (police secours) qui est plein de servitudes (garder des portes, accident de la route, etc etc) et donc consideré générallement comme une sanction.
Dans la tête de nos commissaires, le « chiffre » valable est une affaire résolue : Auteur identifié et interpellé.
Fort logiquement, les fonctionnaires en BAC ne souhaitant pas retourner au service général se mettent en quatre pour atteindre l’objectif de X interpellations par mois qui leur est fixé par leur patron et donc se précipitent sur les consommateurs de cannabis ou les étrangers en situation irrégulière (que ces derniers aient ou non ouvert un dossier de régularisation) car ces interpellations sont aisées. Tout cela au détriment des interpellation de détrousseurs de vieilles dames, de cambrioleurs ou même de dealers dont l’interpellation demande plus d’investissement en terme de temps et de moyens (sous-marin, planques interminables, etc etc) et impliquent un rendement moindre pour les statistiques chères à nos directeurs de sécurité publique.
Pour ce qui est des simples consommateurs de cannabis, le procureur de la république ne poursuit pas l’infraction jugée bénigne (tout au moins en ile de france où cela est très répandu) car ne créant pas de trouble à l’ordre public.
Ainsi, notre joyeux consommateur, interpellé, parfois placé en garde à vue pendant quelques heures, se voit remis en liberté avec le plus souvent pour seule sanction un « rappel à la loi » (ce n’est pas bien de faire cela, il ne faudra plus recommencer monsieur !!) effectué par le policier qui a geré la procédure.
Je vous laisse imaginer l’argent que ce genre d’interpellations stériles en terme de lutte contre la délinquance urbaine coûte à la collectivité en heures/fonctionnaires (interpellateurs, procédurier qui suit le dossier), en avocat et/ou médecin (si Garde à vue) etc etc.
Voilà ce vers quoi tend la politique du résultat tellement vantée par notre cher ministre. La police partout, la justice nulle part.
Sans compter que les policiers cherchant à faire du chiffre « tapent » là où ils sont le plus susceptibles de « faire une affaire » (excusez le jargon) et donc contrôlent sans cesse les mêmes jeunes qui finissent par ne plus trouver cela amusant du tout et par se rebeller, outrager les policers avec les conséquences que cela implique (c’est également une affaire résolue qui entre dans les statistiques...)
Pour lutter efficacement contre le trafic international de stupéfiants, il me semble que plutôt que d’interpeller les consommateurs (dont le nombre a plus que doublé en cinq ans malgré nos interpellations en forte hausse)il vaudrait mieux donner la possibilité aux producteurs de ces substances de produire autre chose tout en pouvant vivre dignement de leur travail.
De même que pour lutter contre l’immigration clandestine et le travail au noir il faudrait peut-être aider les pays en difficulté à développer une économie stable et forte plutôt que de les assassiner avec des dettes et en leur imposant le consensus de washington via FMI, OMC et Banque Mondiale.
Ce n’est que mon avis et je ne suis pas spécialiste en politique internationale ni en économie mais il me semble que cela relève du bon sens. Je sais que la route est longue.
Je suis flic et je ne voterai pas Sarkozy. Jamais.