Sous couvert d’éthique et de générosité, le système médical est en train de transformer le corps humain en pièces détachées. Avec le système du consentement présumé chaque personne en bon état est devenue de fait un réservoir potentiel de pièces de rechange pour celles qui ne le sont pas. C’est un faux consentement car basé sur l’irresponsabilité.
La pénurie ne vient pas fondamentalement de l’insuffisance de donneurs par manque de générosité mais de l’augmentation du nombre de demandeurs ce qui est est très simple à vérifier. Grâce aux progrès de la médecine et de la prévention dans tous les domaines, les gens meurent de plus en plus vieux ce qui génère une augmentation des besoins de greffons alors que dans le même temps il y a de moins en moins de gens qui meurent en bonne santé ce qui tend à diminuer l’offre intéressante.
Nous sommes arrivés au limites du système de prélèvement d’organes tel qu’il est organisé et c’est cela qui provoque les trafics d’organes et les abus autour du décès des personnes.
Pour sortir de l’inanité du consentement présumé qui est facteur de dérives, il faudrait changer les règles avec le principe suivant : toute personne qui refuse le don d’organe à autrui - par inscription au registre national ou refus en cas de décès d’un proche - devrait être positionnée à la fin de la liste des receveurs le jour venu. Ce n’est pas du cynisme, c’est simplement l’application du principe kantien d’universalité et de symétrie des comportements : en effet le don d’organe n’existerait pas si tout le monde refuse d’être donneur, et comme on ne peut pas obliger les gens à être donneur, fusse avec le consentement présumé, la seule solution valable est s’appuyer sur le principe de responsabilité.