Mais quelle mauvaise foi !
« Mais alors vous souhaitez un système extrêmement libérale où chacun paiera ce qu’il utilise ou estime avoir besoin. »
L’institution fiscale du mariage consiste en ceci : en échange de l’engagement que vous prenez devant la société de fonder une famille (faire des enfants), celle-ci vous accorde certains avantages fiscaux pour « ’service rendu », en quelque sorte. C’est un droit contre un devoir, c’est-à-dire, à peu près, la définition de la justice. Je ne vois pas ce que cela a à voir avec le « libéralisme » ?
Et ne venez pas me parler des couples stériles, qui ne veulent pas d’enfant, etc. ce sont des cas anormaux qui ne remettent pas en question le principe général. La norme humaine, quoi qu’en disent les idéologues fous, c’est un homme + une femme = des enfants (disant ceci, je ne considère pas le fait d’être « anormal » comme mauvais ou moralement condamnable, juste au sens de « non aligné sur la pratique dominante »).
"Je suis d’accord sur le fait que l’on devrait donner toujours la parole au peuple par voie référendaire. Mais c’est cocasse d’entendre ceux qui le refuser naguère pour le
traité européen, pour la réforme des retraites , exiger aujourd’hui un
référendum."
Personnellement, je n’ai jamais refusé un référendum sur le traité européen, donc, argument inepte.
"Vous vous bornez à constater dites vous en dénoncer la forme du débat
mais vous vous basez sur des sondages je présume. Je doute réellement
que l’on puisse se fier à des sondages."
La gauche bien-pensante est la première à mettre en avant les sondages lorsqu’ils lui sont favorables. Et à les remettre en doute lorsque le vent commence à tourner.
Ceci dit, la droite fait la même chose sur les sujets qui la concernent.
« Pour le TCE les sondages annonçaient tous que le oui gagnerait. »
Oui, et il y a eu référendum, et le non a gagné. Très bien : faisons donc un référendum sur le mariage et l’adoption homo comme vous semblez aussi le préconisez, et voyons ce qui gagne ! Et surtout, respectons le résultat (ce que n’a pas fait la droite avec le TCE).
"Mais sur le fond , c’est étrange de devoir avoir un débat pour donner
les mêmes droits à une partie de la population qui en est privés."
Il est légitime d’accorder le même droit à des gens en échange des mêmes devoirs. Il n’est pas légitime d’accorder les mêmes droits à des gens qui ne partagent pas les mêmes devoirs. Justice = égalité des droits à mérite égal, inégalité des droits à mérite inégal.
La partie de la population qui est actuellement privée des droits de l’institution du mariage est une population qui ne souhaite pas s’engager dans les devoirs de l’institution du mariage (procréer et élever des enfants avec un partenaire du sexe opposé). Tout ceci me semble parfaitement conforme à l’idée que je me fais de la justice, je n’y vois donc aucune espèce d’étrangeté.
« Mais les lois françaises et sa propre constitution affirment déjà que nous sommes tous égaux devant le droit. »
Oui, mais votre conception du droit est erronée. Un « droit » n’est pas un principe transcendant qui existe en dehors de toute réalité matérielle, c’est la contrepartie d’un devoir, d’un engagement, d’un mérite. Tous les couples hétérosexuels qui s’engagent maritalement devant la société acquièrent les mêmes droits, et réciproquement aucun couple qui ne s’est pas engagé maritalement devant la société ne bénéficie (entièrement) des mêmes droits : l’égalité devant le droit est donc respectée.
Prenons l’exemple d’une autre institution de la République : le diplôme. En échange du devoir d’avoir suivi une formation adéquate et réussi aux examens, l’Etat me délivre ou reconnaît un diplôme qui m’ouvre certains droits, comme celui d’exercer telle ou telle profession. Il serait bien entendu absurde que le premier quidam venu exige, au nom de l’égalité des droits, que l’Etat lui délivre ce diplôme sans avoir réussi à l’examen en question.
Le mariage n’est pas un droit absolu, c’est un droit conditionné à la procréation. Exiger ce droit par principe sans être en mesure d’assumer le devoir correspondant est absurde.
Encore une fois, j’exclus de ceci les couples malheureusement stériles qui voudraient néanmoins fonder une famille. La question se pose en revanche de la légitimité du mariage pour des couples qui ne veulent délibérément pas faire d’enfants : ils prennent devant la société un engagement, fonder une famille, qu’ils savent pertinemment qu’ils ne vont pas tenir. J’y vois, personnellement, une forme de malhonnêteté similaire à celle du « passager clandestin » de la théorie économique. Mais personnellement je ne connais pas beaucoup de couples refusant d’avoir des enfants qui néanmoins vont se marier à la Miarie (à la rigueur, ils se pacsent).