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Commentaire de Pomme de Reinette

sur Netanyahu provoque un tollé en accusant les Palestiniens de l'Holocauste


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Pomme de Reinette 22 octobre 2015 21:05

Suite (et fin) - Extrait du livre d’Albert Londres, « Le juif errant est arrivé »

Mon père ferme la fenêtre et, confiant dans la solidité de notre porte, il se retire avec maman, mes deux sœurs, mon petit frère et moi dans une chambre du premier. Bientôt des coups de hache dans la porte. Puis un grincement : la porte a cédé. Mon père dit : « Ne bougez pas. Je vais encore aller leur parler. » Il descend. Au bas de l’escalier, en tête de l’invasion est un Arabe, son ami. Mon père lui ouvre les bras et va vers lui pour l’embrasser en lui disant : « Toi, au moins, tu ne me feras pas de mal, ni à ma famille. » L’Arabe tire son couteau de sa ceinture et, d’un seul coup fend la peau du crâne de mon père. Je descendais derrière, je ne pus me retenir. Je brisai une chaise sur la tête de notre ami.
Mon père s’affaissa. L’Arabe se baissa et lui redonna onze coups de poignard. Après il le regarda, le jugea mort et partit rejoindre les autres qui pillaient dans la pièce à côté.
–Bien !
–Après avoir pillé ils mirent le feu à la maison. Je fis sortir maman, mes sœurs, mon petit frère enfermés dans l’armoire. Nous allions traîner le père hors de l’incendie quand les furieux revinrent. Voyant du sang dans l’escalier ils dirent : « Les autres l’ont égorgé, cherchons son corps. » Alors, me tournant vers ma grande sœur, je criai en arabe : « Donne-moi le revolver, Ada ! » C’était une ruse. Nous n’avions pas de revolver. Ma sœur fait mine de chercher. Ils ont eu peur ! ils sont partis. »
Voici maintenant un vieillard qui larmoie dans sa blanche barbe. Il tient à me dire qu’il s’appelle Salomon Youa Goldchweig, qu’il a soixante-douze ans, qu’il est né à Safed, qu’il n’avait jamais fait de mal à personne, qu’on est venu chez lui, qu’on a tué sa femme, qu’on a voulu l’assassiner et que c’est quatre de ses voisins qu’il connaissait bien qui ont fait toutes ces choses. Et il me demande : « Pourquoi ? »
Surgit un jeune homme : C’est Habib David Apriat. Son père était professeur d’hébreu, de français et d’arabe. Trois des anciens élèves de son père, sont entrés chez lui, ont tué son papa, ont tué sa maman, ont coupé les doigts à sa sœur qui a fait la morte sur la maman. David Apriat s’en va, court. Où va-t-il  ? Il revient avec sa sœur – moins deux doigts, et tous deux ils me regardent et le jeune homme répète : « Voilà ! Voilà ! » Un autre apparaît.
–Je m’appelle Abraham Lévy, je suis sujet français. Algérien. Je suis gardien à l’École de l’Alliance israélite. J’ai tout vu. Quand ils sont entrés à l’école, ils ont dit : « Abraham est de nos amis, il ne faut pas le tuer, mais seulement lui couper les mains. » Je m’étais enfui sur le toit. «  Abraham ! criaient-ils, où es-tu ? Tu es notre ami, nous ne voulons que te couper une main ! »
Je les connaissais tous. Tous étaient de bons camarades. J’ai pu me sauver.
Et le grand rabbin Ismaël Cohen ? Trois mois auparavant, me promenant dans le ghetto de Safed, j’avais rendu visite au vieillard. Depuis dix ans, il n’avait plus touché de son pied le raide escalier de son nid de pierres. Quatre-vingt-quatre ans d’âge, une fière tête, un fameux savant du Talmud. Ils l’ont égorgé aussi !
Je repris le chemin de sa maison. Je gravis l’escalier. La porte n’était plus fermée. Sur le divan où naguère il était assis pour me recevoir, des loques ensanglantées traînaient. Une mare de sang séché, comme une glace vue de dos qui se serait brisée là, tachait le carrelage. Au mur, l’empreinte de ses doigts sanglants.
–Monsieur le grand rabbin, lui avais-je dit, à cette même place, permettez que mon ami Rouquayrol fasse un croquis de vous.
–Chers visiteurs, avait-il répondu, la foi de Moïse le défend, mais Ismaël Cohen ne voit plus clair, il n’en saura certainement rien ! Et il nous avait tendu sa main blanche. Sa main est là, aujourd’hui, sur le mur, toute rouge !
C’est ce que l’on appelle un mouvement national !


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