J’avais rarement lu un laïc reprendre principalement les arguments des évêques pour contester un mot politique...
Remettons le mot de Sarko dans son contexte :
N. S. : [...] L’être humain peut être dangereux. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons tant besoin de la culture, de la civilisation. Il n’y a pas d’un côté des individus dangereux et de l’autre des innocents. Non, chaque homme est en lui-même porteur de beaucoup d’innocence et de dangers.
M. O. : Je ne suis pas rousseauiste et ne soutiendrais pas que l’homme est naturellement bon. À mon sens, on ne naît ni bon ni mauvais. On le devient, car ce sont les circonstances qui fabriquent l’homme.[...] Il y a beaucoup de choses que nous ne choisissons pas. Vous n’avez pas choisi votre sexualité parmi plusieurs formules, par exemple. Un pédophile non plus.[...] Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons.
N. S. : Je ne suis pas d’accord avec vous. J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d’autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l’inné est immense.
Je constate qu’il a voulu avant tout répondre à un Onfray qui affirmait qu’on est déterminé par notre environnement ; si l’adjectif « génétiquement » fut très mal choisi -et révèle peut-être des influences dangereuses- remplacez le terme par « par le jeu de prédispositions » et tout va bien, non ?!
En est-on arrivé où tout est social, rien n’est hérité ? Ce qui marche pour les maladies physiques (prédispositions au cancer, par exemple) ne fonctionnerait jamais, par essence, pour le psychisme ? D’autant qu’on découvre de la compassion chez Sarko, qui évoque une « douleur préalable » qui n’a rien à faire avec la génétique mais relève, plutôt, de la psychose.
Ceux qui s’excitent sur cette déclaration devraient réfléchir au raisonnement inverse : le pédophile est responsable ? S’il ne l’est pas, la psychanalyse est la panacée ? Soyons sérieux, les pédophiles ont la plupart du temps besoin de médicaments et ne guérissent pas par le « simple » travail sur soi. La castration chimique est souvent considérée comme le seul moyen de les empêcher de s’adonner à leur vice. Est-ce pour autant fascisant ?
Par ailleurs, je salue avec force le fait que Sarko cherche à déculpabiliser les entourages lorsqu’il dit que les parents ne sont pas responsables du suicide de leur enfants. Ca, c’est de la compassion ! Certainement socialement -et pour les intéressés- plus utile que des considérations sur le déterminisme de l’entourage...