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Découvertes archéologiques dans le Rhône : Jules César, fondateur d’Arles

L’annonce par le ministre de la Culture mardi 13 mai 2008 de la découverte d’un buste de Jules César dans le Rhône, à Arles, a suscité de nombreuses réactions ainsi que des communiqués de presse et des dépêches par dizaines sur internet. Avec un début de polémique : ce buste représente-t-il bien Jules César ? Une conférence de presse a été organisée rapidement pour faire le point et permettre aux journalistes de photographier et filmer l’essentiel des découvertes effectuées à Arles.

Le Musée départemental de l’Arles antique (MDAA) organisait dans l’après-midi du 21 mai 2008, dans la salle de restauration des mosaïques, une conférence de presse au cours de laquelle étaient exposés une trentaine d’objets remontés du Rhône par l’archéologue Luc Long. Le soir même, l’émission Des racines et des ailes (sur France 3, service public) diffusait un reportage sur les découvertes, montrant notamment des images sous-marines d’un navire antique (toujours in situ) et du mobilier découvert parmi les déchets qui jonchent le lit du fleuve. L’équipe des Racines et des ailes était donc dans la confidence… Car ces découvertes qui datent d’octobre 2007 ont été maintenues secrètes pour « éviter le pillage » (le site a été sécurisé) et donner un peu de temps aux archéologues et aux restaurateurs pour le travail de datation et d’identification des statues. Le consensus était cependant général lors de la conférence de presse : le buste en marbre blanc provient très vraisemblablement de Paros et représente avec une certitude presque totale Jules César. Il s’agirait de la plus ancienne représentation de l’empereur, ce qui en ferait une découverte archéologique majeure. Ont été confirmés les éléments suivants : le buste est typique de la série des portraits réalistes d’époque républicaine et date probablement de la fondation romaine de la ville d’Arelate en 46 avant Jésus-Christ, suite à un épisode connu de la lutte de pouvoir entre César et Pompée (les Grecs de Marseille, alliés de Rome, avaient pris le parti de Pompée. En 49, César vint à Arles et y fit fabriquer 12 galères pour engager le combat qui vit sa victoire et l’attribution à Arles du contrôle du territoire de Marseille et du fleuve). Par contre, ce n’est qu’hors micro qu’on apprenait la présence de deux fissures à l’arrière du buste, causées sans doute par l’existence de tenons vraisemblablement en plomb, mais disparus aujourd’hui. Ces deux fissures risquent de fragiliser la statue, comme nous l’ont confirmé Jean-Bernard Memet, expert chez A-Corros (entreprise spécialisée dans la lutte contre la corrosion) et Laurent Sauvage du laboratoire de mesures nucléaires du Département de technologie nucléaire de Cadarache. D’autres spécialistes entouraient l’archéologue sous-marin Luc Long, comme Michel L’Hour, conservateur au DRASSM (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines, dépendant du ministère de la Culture et de la Communication et installé au Fort Saint-Jean à Marseille). Il y avait aussi une représentante du ministre Mme Albanel et de Michel Clément, directeur de l’architecture et du patrimoine. Mais chacun, dans son domaine de compétences, s’est montré prudent face aux questions des journalistes. Comme le rappelait Claude Sintès, conservateur du MDAA, commence à présent un long travail d’étude scientifique, faisant appel à différentes disciplines, et à l’issue duquel seulement on pourrait éventuellement abandonner le conditionnel. Les statues ne seront d’ailleurs pas présentées au public avant septembre 2009.

Les plus belles pièces pour le Louvre ?

Quelques discours ont précédé la présentation des pièces, faisant ressembler la conférence de presse à un vernissage. Hervé Schiavetti, maire d’Arles et conseiller général des Bouches-du-Rhône, a repris les idées du communiqué du Conseil général du 13 glissé dans le dossier de presse : les découvertes, majeures, mettent en évidence la richesse du patrimoine antique dans la région et constituent une chance pour le MDAA. Le musée, récemment « départementalisé » (il fonctionnait auparavant sur un montage financier en partie municipal), est partie prenante des campagnes de fouilles sous-marines organisées par le DRASSM à quelques dizaines de mètres seulement du site muséal lui-même assis sur l’ancien cirque romain. Le conservateur du MDAA a déclaré lors de la conférence de presse : « ces découvertes sont pour nous comme la trouvaille d’un Van Gogh dans le garage du voisin d’un historien de l’art ! ». En filigrane, on devinait la problématique de conservation de cette nouvelle collection : les plus belles pièces ne vont-elles pas atterrir directement au Louvre, avec lequel le MDAA a passé un contrat de collaboration à long terme ? Le musée bleu arlésien ne doit-il pas être agrandi pour accueillir non seulement ces pièces, mais aussi le bateau découvert par Luc Long, voire les épaves de cinq chalands antiques repérés sur le site et qui servaient à la redistribution des denrées de consommation en Gaule et pour la traversée du fleuve ? Le Conseil général, semble-t-il, aimerait faire un tour de table avec ses partenaires avant de se lancer dans le financement d’une extension immobilière… D’autant que l’ensemble des personnes présentes s’accordaient à dire qu’on allait vers d’autres découvertes. La destination des objets relève in fine de l’autorité du ministre de la Culture.

Détails des découvertes

Luc Long a confirmé qu’il a trouvé, lors de ses huit campagnes (ministère de la Culture/CG des Bouches-du-Rhône/FFESSM) dans les eaux du Rhône, où rôdent des silures de plus de deux mètres, des centaines de pièces de monnaie et des dizaines d’éléments d’architecture. Progressivement se dessine pour lui l’image d’un quartier portuaire riche (aujourd’hui, la rive paraît bien déserte…), doté d’édifices publics, religieux et funéraires, qui témoignent des destructions et des réaménagements d’Arles entre l’époque césarienne et le IVe siècle de notre ère. L’archéologue a cependant refusé de s’avancer sur la raison effective de la présence de ces objets à cet endroit : dépotoir (le buste de César peut avoir été victime de la « décésarisation »), vandalisme ou autre. Par contre, il a présenté les principales trouvailles selon leur matériau (marbre, bronze ou calcaire) et leur usage : politique, religieux, portuaire ou funéraire. Il a confirmé que la zone avait été précédemment investiguée par lui sans résultat avant que la couche superficielle de limon soit sans doute emportée par une crue. Parmi les éléments architecturaux, l’équipe d’une vingtaine d’archéologues a découvert un énorme chapiteau corinthien en « marbre » (calcaire) de Beaucaire, de nombreux fûts de colonnes, des fragments d’entablements, corniches, bases, stèles, autels. C’est la statuaire cependant qui retient le plus l’attention, surtout le buste de César en état exceptionnel de conservation. César y apparaît marqué par l’âge. Un certain nombre de traits, rides de vieillesse ou calvitie, sont caractéristiques des représentations connues de lui sur les monnaies frappées de son vivant. Une statue de Neptune d’une hauteur de 180 cm est datée de 210 AD. Elle est fixée à un piédestal qui mentionne les trois Auguste et une corporation de bateliers, les lenunclarii. Parmi les bronzes, une superbe statue de Marsyas, ou de guerrier captif, est sans doute une copie romaine d’un original hellénistique. L’autre bronze, que l’on ne cessait d’humidifier durant la conférence de presse (en raison des sels encore présents), représente une victoire aptère, sans ailes, en bas-relief dans une tunique flottante, elle aussi d’influence hellénistique. C’est elle que l’on voit sur la photographie sous-marine diffusée par le ministère de la Culture. Chacun des bronzes mesure environ 70 cm. Les autres objets exposés : plusieurs amphores, de la vaisselle, une base de statue de lion, divers portraits de citoyens ou de militaires en marbre, un portrait de Junon en marbre, un torse de silène, une tiare d’Artémis d’Ephèse, un masque cornier de Bacchus, un fragment de tête de Bacchus, une statue d’Esculape acéphale, deux plaques de marbre dédiées aux Dioscures (brisées), un bras de statue en bronze, un fragment d’épaule, un glaive dans son étui en bronze ciselé…
Le DRASSM, le ministère, la ville, le MDAA et Luc Long ont conclu par l’annonce d’une campagne de fouilles sur le même site à l’été 2008.


Documents joints à cet article

Découvertes archéologiques dans le Rhône : Jules César, fondateur d'Arles Découvertes archéologiques dans le Rhône : Jules César, fondateur d'Arles Découvertes archéologiques dans le Rhône : Jules César, fondateur d'Arles

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32 réactions à cet article    


  • Tarouilan Tarouilan 22 mai 2008 15:10

    Le nom de César, pris par Octave comme fils adoptif de J. César, devint par la suite un titre que portèrent tous les empereurs et les princes romains, quoique étrangers à la famille des Césars, Le nom de César a donné le mot « Kaiser » en allemand, ainsi que le mot « Tsar » (ou « Czar ») en russe.

    En fait "Caesar" et l’équivalent "d’empereur" ou je me trompe ?


  • Tetsuko Yorimasa Tetsuko Yorimasa 22 mai 2008 19:17

    Si je me trompe pas en Italie a cette époque le Caesar désigne celui qui fabrique le fromage, la personne la plus importante du village qui d’ailleurs était souvent le chef.

    D’ailleur l’un des composant du fromage est la Caseine qui est dérivé du mon Caesar

    Le mot Caesar était déja un titre à cette époque là


  • killy 22 mai 2008 20:44

    César n’a jamais été empereur. Pour information son prénom est Caius, Julius est le nom de sa famille. Caesar est son surnom honorifique, qui sera effectivement aussi porté par les empereurs par la suite...



  • dalat-1945 23 mai 2008 08:03

    César n’a jamais été "Empereur" d’accord, mais je crois qu"il était "Général en chef" qui en latin se disait "Imperator" du verbe "Imperare : "Commander". Le terme Empereur vient bien de Imperator. Merci de m’éclairer, car mon latin (6 ans chez les frères), est un peu éloigné !).

    Cordialement.

    Michel DELAUNE


  • killy 25 mai 2008 19:23

     

    Le titre d’imperator est en effet porté par un chef d’armée qui a eu droit au triomphe à Rome. Il y a eu beaucoup d’Imperatores à Rome au cours du 2eme et 1er siècle av J-C, ils sont souvent issus de grande famille patriciennes mais il y a aussi des homines novi (Cornelii (Scipion) et Aemili, Marius, Sylla, Pompée, César, Auguste, Marc Antoine...). On assiste à des luttes très violentes entre ces hommes pour le pouvoir.

    L’imperium est le pouvoir détenu par les principaux magistrats (Consuls, Préteurs) ce sont des charges attribuées pour une durée d’un an, et théoriquement on ne peut être consul qu’une seule fois. Les généraux reçoivent un imperium militaire pour une période donnée et souvent sur une province précise, leur imperium s’exerce hors de la ville de Rome (Pomerium) il n’ont pas le droit d’y pénétrer armé avec leur légion sauf pour leur triomphe, à le fin de leur mission ils doivent remettre leur imperium au sénat et donc le commandement de leur légion.

    Tout le jeu de ces imperatores est de conserver leur imperium et de le cumuler (ou l’échanger) avec l’imperium domi en se faisant élire voir réélire consul... Par la suite l’empereur romain respecte en apparence les institutions de la république (il y a toujours un sénat et des magistratures à Rome sous l’empire), mais il s’arroge les principaux pouvoirs : celui du consul,  du tribun de la plèbe, et celui de chef des armées.

    Le terme d’ « empereur » romain employé communément, cache donc une réalité beaucoup plus complexe. On ne passe pas brusquement de la république à l’empire, il y a une évolution continue, avec des retours en arrière comme l’assassinat de César.

     

    J’espère que mon explication n’est pas trop confuse, mais c’est difficile à résumer.


  • killy 25 mai 2008 19:32

    Le terme empereur vient donc bien d’imperator, et tout comme celui de césar il est porté par les empereurs.

    Mais l’empereur cumule tous les imperium, en tout cas tous les pouvoir principaux, à la différence de l’imperator qui ne posséde qu’un pouvoir militaire et limité théoriquement dans le temps et l’espace.

    Jules César a été élu consul à vie juste avant d’etre assassiner, sans cet assassinat il aurait peut etre été considéré par les historiens comme le premier empereur romain...


  • killy 25 mai 2008 19:44

    bon d’accord ce n’est pas le consulat à vie, mais la dictature à vie, mais cela risque d’engendrer une confusion encore plus grande chez les lecteurs...

    La dictature est en effet une magistrature à Rome, rien à voir avec un tyran. On est élu dictateur, normalement pour une période de 18 mois, et dans le cas de César à vie, ce qui est exceptionnel...

    Le pouvoir d’un dictateur est plus grand que celui de n’importe quel autre magistrat y compris les consuls.


  • dalat-1945 26 mai 2008 08:34

    Merci Killy pour toutes ces explications.


  • armand armand 22 mai 2008 14:56

    Voilà le symbole de l’Europe qu’il nous faudrait !

    Une pétition pour que cette magnifique tête de César apparaisse sur les prochains Euros.

     


    • Tarouilan Tarouilan 22 mai 2008 15:03

      Intéressant, cela nous fait toucher la réalité du passé de l’hexagone, qui n’existait du reste pas encore à l’époque......., et nos racines lointaine.

      L’archéologie sous-marine et des fleuves et certainement encore riche de découvertes.... Luc Long semble être axé sur cette discipline.

      Toutefois, pour prendre du recul sur l’archéologie et ses avancées, il est surprenant, de constater.... que tous ces découvertes, prennent toujours le chemin des musés, un véritable enterrement officiel..., alors qu’il s’agit d’un patrimoine collectif..... qui à l’aire de l’Internet, devrait être à la disposition de tous, sous forme de photos en très haute définition qui permettrait d’apprécier ce patrimoine collectif au mieux..... aussi bien par les chercheurs..... que par tout public....dont les recherches sont financées par des budgets d’état...... donc par nous tous......

      Il est interdit de photographier dans un musé (le plus souvent)..... les justificatifs invoqués.......la vente de catalogues, de cartes postales et les produits dérivés..... arrétons ce mercantilisme déviant......

       

       

       


      • Pierre Polomé Pierre Polomé 22 mai 2008 16:20

        En effet, mais la confiscation par l’État d’objets du passé, leur marchandisation et la répression de l’investigation privée n’étaient pas le sujet de l’article. Je reconnais que c’est un sujet polémique et qu’il serait intéressant d’en discuter, j’ai d’ailleurs frôlé le sujet dans mon article sur Zahi Hawass et ses demandes de retour en Égypte de certains objets dispersés sur la planète. Le sujet est cependant très complexe et j’invite quelqu’un qui en maîtrise bien les aspects à rédiger quelque chose de nuancé là-dessus. Ça vous tente ?


      • catso 22 mai 2008 15:17

        La découverte se situe t elle près de Trinquetaille ?Pour Arles je connais des inscriptions de naviculaires de nautes d’utriculaires mais pas du collège dont il est question dans l’article.Quelqu’un peut t il me renseigner ?


        • Pierre Polomé Pierre Polomé 22 mai 2008 15:57

          Oui, en effet, je ne l’ai pas mentionné dans l’article mais les découvertes ont été réalisées "sur" la rive droite du Rhône, c’est à dire à une certaine distance du bord (on le dit dans le reportage de F3, je crois) mais plutôt du côté du quartier actuellement nommé Trinquetaille. C’est aussi ce quartier que Luc Long désigne dans ses recherches comme lieu où s’est développé le port antique d’Arles. Or, quand on visite la ville actuelle, tous les monuments antiques sont situés sur la rive gauche (amphithéâtre, forum et cryptoportiques, théâtre, nécropole des Alyscamps). Les investigations archéologiques du futur, hors fleuve, se dérouleront probablement plus sur la rive de Trinquetaille que sur le site de la ville antique actuellement visitée par les touristes. Autre précision : les fouilles se passent à un profondeur de 8 à 15 mètres sur une zone de cent mètres de long et quarante mètres de large.


        • armand armand 22 mai 2008 16:07

          Je crois me souvenir que certains des plus beaux sarcophages d’Arles qu’on peut admirer dans le musée lapidaire provenaient de Trinquetaille.


        • Pierre Polomé Pierre Polomé 22 mai 2008 16:31

          En effet. Dans cette région, on a trouvé des sarcophages (et des mausolées et autre matériel funéraire) dans maints endroits entre Orange, Nîmes, Beaucaire, Arles, Saint-Rémy, etc. Disons cependant que la nécropole des Alyscamps (voir la fameuse allée des sarcophages peinte par Van Gogh) était une des plus grandes de Gaule romaine. Alors, il y a sans doute beaucoup à découvrir à Trinquetaille, les archéologues "terrestres" présents à la conférence de presse au MDAA n’avaient pas de doute là-dessus. J’en profite pour signaler au passage que le MDAA est aussi impliqué dans le chantier de fouilles de la basilique paléochrétienne dans le quartier de la Hauture. À Arles, si tu creuses, tu trouves…


        • JeanGuy78 22 mai 2008 15:50

          Des chantiers récents tout proches ? Pont de Trinquetaille et ses fondations, quai récent peut-être même berge réalignée avec sans doute palplanches et fouilles préalables faites sans reconnaissances... et si ces débris avaient été brisés et dispersés un peu plus par des travaux récents ?

          Voire de la récup aurait eu lieu à l’époque. Quelle était la berge ou la rive avant ces travaux de réalignement habituels ?

          On ne va pas voir à dix mètres dans ces fond très difficiles, alors qu’il semblait que ces pièces étaient recouvertes de bien d’autres débris sans biscuits préalables. Ou alors décharge sauvage d’un autre siècle - pas réaliste, car pas la peine.

          Sur le comment on est allé voir là, sur quelles découvertes fortuite préalables, ou trafiquant coincé, rien sur ces circonstances préalables dans l’émission aur la TV Des racines et des ailes très récemment. JeanGuy78 .


          • Pierre Polomé Pierre Polomé 22 mai 2008 16:15

            Euh, si je comprends bien, vous faites allusion au comment de cette collection à cet endroit. C’est vrai que sur ce point, les archéologues sont plutôt flous. Michel L’Hour, de la DRASSM, a signalé une tentative de pillage du site par une "équipe organisée" mais n’a pas voulu en dire plus. Quant à l’histoire de cette rive, elle est plutôt mouvementée. Il y avait à Trinquetaille une tour médiévale qu’on voit sur d’anciennes photographies et qui n’existe plus du tout. Le quartier a été bombardé pendant la seconde guerre mondiale et c’est aussi en 1944 que les Alliés ont détruit les ponts sur le Rhône pour couper la retraite aux nazis. Sur des cartes postales, on peut voir le pont SNCF qui reliait Lunel et la gare d’Arles (sur la rive gauche) brisé et fiché en partie dans le Rhône. Il est resté longtemps comme ça (des travaux de restauration des lions qui flanquaient les piles sont en cours mais pas le pont lui-même). On a construit un pont pour la voie rapide dans les années soixante. Actuellement, la rive de Trinquetaille est un espace pas bien net, on y voit des bâtiments industriels plus ou moins abandonnés, des barrières qui signalent des zones interdites (car propriétés d’entreprises ?), rapidement la ville se termine et hors des activités portuaires, il y a des décharges sauvages, de la végétation squattée par des SDF… Le fleuve lui-même, très pollué, monte et descend, on voit apparaître des caddies de chez Géant, des tas d’objets divers, d’anciens maçonnages… Dans le reportage de F3, la présentation est glamour (le "trésor englouti") et rappelle les documentaires sur les fouilles de la baie d’Alexandrie par Franck Goddio et son équipe…


          • Antenor Antenor 22 mai 2008 18:07

            Continuer les recherches archéologiques sur un empire romain qu’on connaît relativement bien, n’est-ce pas gaspiller des moyens déjà très limités qui pourraient être affectés à des périodes plus anciennes et moins bien connues ? César et Neptune Wahou ! Quelle trouvailles ! La découverte de la ville et du palais de Vix est autrement plus importante pour la compréhension de notre histoire mais elle a eu hélas un retentissement médiatique beaucoup plus modeste. L’archéologie est-elle aussi victime de la "pipolisation" ?


            • Pierre Polomé Pierre Polomé 22 mai 2008 18:34

              En effet, la personnalité de César fait vendre, on peut le voir comme un people alors que des découvertes plus structurelles, moins incarnées, plus difficiles à saisir vont être moins appréciées… Mais bon, si vous vous intéressez à l’archéologie de près, on trouve des tonnes d’articles, de livres, de documents sur des sujets micro-locaux ou très complexes. Personne n’est obligé de rester au niveau des "Racines et des ailes"… Il y a quelque chose à creuser dans votre remarque : à notre époque de budgets réduits (c’est déjà un cliché) et de traitement managérial de la culture (ceux qui reçoivent des subventions rendent des comptes), ne va-t-on garder que les secteurs de fouille susceptibles de ramener des trésors et de l’audience médiatique ? Il y a déjà de ça depuis un certain nombre d’années, dans le spectaculaire égyptien, dans le choix des épaves fouillées, etc. Et spécifiquement dans le domaine sous-marin car la France possède, selon le DRASSM, la deuxième superficie mondiale en termes de zone économique exclusive (11 millions de km2). On va tout fouiller sans donner la priorité à ce qui est susceptible de "rapporter" ?


            • Antenor Antenor 23 mai 2008 11:22

              C’est un cercle vicieux. En admettant que cette découverte et sa médiatisation permettent à l’archéologie d’obtenir de meilleurs budgets, il y a le risque de voir ces budgets consacrés uniquement à ce type de découvertes spectaculaires mais pas vraiment instructives. C’est sympathique d’avoir un nouveau portrait de César, mais cela ne nous apprend pas grand-chose.


            • brieli67 22 mai 2008 18:50

              quand on a vu toutes les destructions de sites.... sur les tracés du TGV EST et les contournements des agglomérations..... c’est honteux !

              Dès que des questions se posent sur le haut-moyen-âge ou qui dévient de l’histoire traditionnelle jacobine la Boite de Pandore se ferme. On a vu même des flics qui défendent des sites nuit et jour.... alors que tout le "remblai" se faisait poids-lourder ailleurs.... Quand le bâtiment va tout va......

              Je confirme dès qu’une piéraille ressemble a du gallo romain hélléne et trusqu’à plume .... ou à une auge néolithique .... les officiels bougent peu ou prou. Les sites évacués et dégradés par des "boîtes privées" le désastre sur champs et fouilles. 

               

              Faites des ballades sur les grands chantiers qui éventrent la terre de vos anciens.... nul besoin de détecteurs et autres gadgets et imposer à l’Etat de faire son boulot CONVENABLEMENT. Rien qu’en déterrant des débris d’autres siècles on peut barrer la route à moultes projets de zones artisanales industrielles. Il y a des sites " Histoire" point barre ! 

               

               

               

               

               

              Que c’est amusant que notre Armand veuille nous imposer la gueule de bling bling dictateur métrosexuel sur nos thalers et autres piécettes sonnantes et trébuchantes. 

               

               

              Cave canem !


              • sisyphe sisyphe 22 mai 2008 19:53

                Alors, c’est Jules, ou c’est pas Jules ??


                • dalat-1945 23 mai 2008 08:20

                  Sisyphe est probablement un sacré "Jules" mais le "Jules" de qui ?On aimerait bien savoir !


                • rocla (haddock) rocla (haddock) 22 mai 2008 20:02

                  D ’ après les yeux on dirait Isidore ...


                  • Le Hérisson Le Hérisson 22 mai 2008 20:03

                    A l’auteur

                    J’ai trouvé votre article intéressant. J’ai également vu un reportage au journal de France 2 qui présentait ce buste comme la grande découverte du moment, soulignant l’aspect réaliste de la sculpture, indiquant que c’était là le seul buste véritable de César, etc...

                    A vrai dire, cela me laisse circonspect ; Je me trompe peut-être, mais ce buste ne se démarque pas tellement des représentations de César que l’on connaissait jusqu’alors.

                    Ensuite, comme souvent, nous analysons et interprétons cette sculpture avec nos yeux d’aujourd’hui. Or, sous l’Antiquité, un buste revêtait tout un aspect symbolique (et déformant par rapport à la réalité) que nous ne connaissons pas aujourd’hui, la photographie aidant... (Le travail de peintres comme Wélasquez, Rembrandt, etc... aussi...). Ainsi, lorsque l’on faisait le portrait d’un souverain, il y avait toujours un aaspect idéalisant prépondérant, y compris si ce dernier posait pour le peintre ou sculpteur. Le souci était moins de représenter la personne, que le pouvoir qu’il représentait. Le portrait devait représenter le souverain, certes, mais surtout délivrer un message de puissance au peuple qui ne possédait pas l’écriture.

                    C’est la raison pour laquelle, par exemple, les portraits du Christ ou de Marie que nous connaissons n’ont aucun rapport avec les personnes véritables, si tant est qu’elles aient réellement existé.

                    Par conséquent, évoquer ce buste comme s’il s’agissait DU portrait véritable de César me parait plus que sujet à caution.


                    • Pierre Polomé Pierre Polomé 22 mai 2008 21:51

                      Pas forcément : le portrait antique n’est pas forcément idéalisé. Justement ce buste appartiendrait à une phase "réaliste" de la figuration à l’époque républicaine. Réaliste car César, né en 100BC, apparaît marqué par l’âge : plis du coup, rides de vieillesse et d’expression, pomme d’Adam saillante, forme du visage, calvitie frontale naissante. Ça correspond aux caractéristiques des pièces de monnaie frappées à la fin de sa vie (44BC). Il y a cependant une polémique comme je l’ai signalé dans l’article. Je ne peux pas vous dire dans l’immédiat quels spécialistes ont été consultés pour arriver à une quasi certitude de "l’identité" du buste mais je peux obtenir cette information si vous pensez que ça peut faire avancer les choses.


                    • Yohan Yohan 22 mai 2008 23:15

                      D’accord avec Tarouillan

                      Quel beau métier que celui de découvreur de trésor. J’en ai toujours rêvé. Mais rappelons quand même que la DRASSM est financé par l’Etat et par l’impôt. Il faudrait veiller à ne pas trop "bogarter" la trouvaille entre ministres et haut dignitaires autorisés.

                      César sur le Tour de France, ça aurait de la gueule. Non mais !! J’espère qu’on va pas nous faire encore le coup du bébé fragile.


                      • Le Hérisson Le Hérisson 23 mai 2008 08:45

                        a Pierre polomé,

                        Lisez bien votre lien :"les traits très marqués du visage montrent assez clairement L’IMAGE que la classe dirigeante veut donner d’elle même"...

                        Certes, on appelle cette époque "réaliste", mais elle n’a rien à voir avec le réalisme du IXXème siècle que nous connaissons. Il s’agit toujours d’une représentation idéalisée. Simplement, l’idéal que ces bustes entendent mettre en valeur a changé par rapport à l’époque précédente.


                        • Emile Mourey Emile Mourey 23 mai 2008 10:19

                          Mais bien sûr qu’il s’agit de Jules César. Le contexte historique est tel qu’on ne voit pas quel autre personnage aurait pu justifier une sculpture de cette qualité dans un style "impérial" aussi caractéristique. Il existe d’autres représentations de Jules César beaucoup moins expressives mais qui montrent bien qu’il s’agit du même personnage. Le front dégarni et la mèche de cheveux qu’on ramène vers l’avant, c’est un peu comme un signature sachant que c’était un souci de César de vouloir cacher cette calvitie naissante dont certains se moquaient. Le portrait écrit qu’en donne Suétone est conforme.

                          Mais ce qui me surprend le plus est cette manie des archéologues à émettre des hypothèses qui suscitent le doute. Pourquoi penser que cette sculpture ait pu venir de Paros ? Cela n’a pas de sens. Dans ce cas, il faudrait penser, de même, que le bas-relief de l’église Saint-Sernin de Toulouse (musée des Augustins) vient également de l’étranger parce qu’en Gaule, on était incapable de sculpter !!! (je précise que sur ce bas-relief est sculptée l’inscription suivante : "hoc fit factum tempore Julii Cesaris", ceci a été fait au temps de Jules César).

                          Que ce buste ait été jeté aux détritus en même temps que le quartier ait été détruit quelques siècle après J.C., cela fait penser aux grands bouleversements qui a marqué le règne des empereurs gaulois. Ce "putsch" a marqué une scission avec Rome et probablement le retour en Italie de la probable colonie romaine qui s’était installée face à l’Arles antique.

                           


                          • Pierre Polomé Pierre Polomé 23 mai 2008 11:03

                            Émile, juste une précision pour éviter les ambiguités : c’est le marbre qui vient certainement de Paros, c’est un fait que l’on peut vérifier scientifiquement. Quant à dire où ce bloc de marbre a été sculpté, c’est une autre paire de manches. Les archéologues évoquent la provenance du marbre car c’est très signifiant en regard de l’histoire, des autres sculptures en marbre de Paros connues et aussi de celles qui sont en marbre de Carrare, par exemple. Je ne suis pas historien mais je sais que cette info a des significations complexes (marbre de Paros réservé à certains usages, dans certains cas par exemple) et qu’elle n’est pas donnée au hasard. Peut-être un lecteur de ce commentaire pourrait nous éclairer là-dessus, merci.


                          • Emile Mourey Emile Mourey 23 mai 2008 12:21

                            à Pierre Polomé

                            Merci de cette précision. Que la pierre dans laquelle la sculpture a été réalisée ait été importée de Paros, c’est possible. Ce qui m’interpelle est l’explication que l’on donne au contexte historique alors que cette mise au jour devrait obliger les archéologues à se remettre en question. Vu l’antiquité et l’importance de la ville d’Arles, il me semble aberrant qu’e certains puissent puissent encore penser que César et les Romains en aient été les fondateurs de fait. La logique, qui devrait guider la réflexion, serait de penser que le buste de César a été réalisé par, et surtout pour la colonie romaine qui s’est installée à Arles après la défaite de la puissance arverne en - 121 avant J.C. Et que, par conséquent, il est logique de penser que cette colonie "étrangère" se soit installée de l’autre côté du fleuve pour faire concurrence à la ville gauloise.

                            Evidemment, cela a pour conséquence de retirer aux Romains l’exclusivité des grands monuments de la ville et d’y voir le développement normal d’une grande ville gauloise.

                            D’après la légende, dans laquelle il y a probablement un fond de vérité, Arles aurait été fondé par un titan, fils de Cronos. Pour ceux qui veulent secouer ce lieu commun que les Romains nous auraient tout apporté et tout construit, je signale mon article de mardi dernier "Bibracte, Gergovie, Pergame : le combat des géants et des dieux" qui montre bien le rayonnement de la culture gauloise avant l’arrivée des Romains.

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