« Festival de Wight 1970 » Un demi-siècle après... sa Plénitude
Mercredi 26 août 1970 ! Le rideau s'ouvrait sur le plus fabuleux festival Musical n'ayant jamais existé.
Et aujourd'hui Mercredi 26 août 2020 ! Jour pour jour donc, un demi-siècle vient de s'affranchir du temps de l'émotion et de la mémoire en faisant de cette date un événement historique digne de trôner au feeling du patrimoine universel.
Tout simplement parce que "Wight 70" ce gigantesque happening avait d'emblée atteint l'apothéose d'une manifestation à nulle autre paroxysmique... dans sa plénitude.
Nous le savions tous au matin du lundi 31 août 1970, ce que nous venions de vivre durant cinq jours et nuits n'avait absolument aucune chance de se reproduire à nouveau :
L'espace / Temps y avait été tellement magistralement condensé qu'il en avait saturé ad vitam aeternam le ressenti de chacun des participants.
Seuls en subsisteraient le souvenir ô combien sensitif et le sens à y apporter qui lui par la suite pourrait se renouveler à souhait.
En cette période du cinquantenaire, la sphère des vétérans de Wight 70, comme ils se dénomment eux-mêmes sur les réseaux sociaux, est sur le pont de la mémoire sensorielle, olfactive, visuelle et bien entendu affective.
Il est étonnant de découvrir à quel point cette aventure de fin août 1970 a marqué les esprits et l'imaginaire de ceux qui ont vécu cet événement a priori dans une relative insouciance et pourtant, désormais, comme l'une des expériences les plus fortes de leurs vies, voire pour certains revendiquée comme la plus intense, celle qui aurait eu le plus d'échos dans leur for intérieur.
Il faut dire que la plupart étant sexagénaire et davantage, c'est nécessairement avec la nostalgie de la jeunesse qu'est perçu aujourd'hui ce happening à la fois très localisé et, en même temps, doué d'une résonnance tellement universelle que le monde culturel en fait et continuera à en faire un marqueur musical bien sûr d'amour et de paix comme le signifiait l'idéologie hippie triomphante mais au-delà de ce cliché, l'enjeu d'un tel moment symbolique pourrait avoir été encore plus déterminant qu'il n'y paraissait formellement, comme si les forces d'un imaginaire générationnel s'étaient alors définitivement emparées de son propre logiciel existentiel en rupture avec les codes acquis.
Certes, on le savait déjà auparavant, la musique est un formidable langage universel mais là, en plus d'une manière quasiment tactile et implicite, c'était la propension à ressentir qui changeait de registre.
Chacun allait vivre cette expérience d'un point de vue subjectif avec son propre bagage vécu mais celui-ci allait entrer en résonnance avec des milliers d'autres au point de former ce vaste choeur qui, aux jours du cinquantenaire, se rend compte que ses véritables valeurs existentielles se sont forgées en ces instants à jamais magiques.
C'est aussi d'ailleurs peut-être pour cela qu'aujourd'hui un regard apaisé sur le site ''East Afton Farm'' est au moins aussi signifiant dans sa nudité naturelle quasi intemporelle que les photos tellement évocatrices prises à l'époque au même endroit nous en rappellent les reflets bigarrés avec une si douce mélancolie.
Comme il est troublant de superposer nos souvenirs avec la réalité d'un lieu qui semble avoir ainsi choisi d'être immuable. Il y a le ciel, le soleil et la mer... mais aussi les nuages, le vent, la colline et quelque chose qui ressemble à l'immensité du Paradis perdu sous ce relief vallonné dissimulant ses falaises.
Oui, le Festival de Wight 1970 se déroulait au bord de la plage et personne de ceux qui avaient pris place dans l'enceinte échafaudée à dessein ne pouvait le soupçonner.
Seuls ceux rebelles qui avaient choisi de résider sur la colline pouvaient savoir que sa crête plongeait sur l'autre versant directement dans La Manche.
Qu'ils ont eu raison les organisateurs de feindre de croire que les festivaliers renonceraient comme un seul homme à aller s'installer là où la vue était imprenable sur le Festival et même, paraît-il, le son souvent excellent... par vent favorable !
Là-haut, les réfractaires se voulaient sereins et en paix avec eux-mêmes tellement le spectacle était idyllique (C'est, de toute évidence, de cet endroit stratégique qu'ont été prises les meilleures photographies du site).
Au diable, le manque à gagner, ils étaient suffisamment nombreux en bas pour subvenir aux frais... en tout cas jusqu'au moment consensuel où le Festival serait déclaré gratuit pour en finir avec le rapport de forces contre-productif.
Chacun pourrait alors potentiellement choisir la place qu'il pensait être la meilleure pour assister à la fin du fameux " 3 days (+2) / 3 pounds ".
A titre subjectif, se positionner dès le premier jour dans l’axe de la scène sans en être trop proche nous était d’emblée apparu comme un excellent ajustement dont nous n’avons eu qu’à nous féliciter de manière empirique :
Panorama à 360 degrés, acoustique performante néanmoins sujette au « fading » lié au vent, 1 ou 2 déplacements quotidiens envisageables à l’extérieur de cette immersion... etc...
Selon ce compromis, la préférence quasi permanente faite à la musique devenait de facto exclusive et son souvenir impérissable… à l’exclusion toutefois du sommeil qui nous a joué quelques "tours".
De toute façon, il n'aurait pas été aisé de changer de place par opportunité tant il y avait du monde ! Nous étions donc 600.000 selon certaines estimations.
En tout état de cause, ce fut le plus gigantesque festival de l'histoire puisque Woodstook s'était lui empêtré en embouteillages automobiles monstres.
Point de transport individuel sur Wight. Tous en bus à impériale vert olive pour retour au Ferry-boat car, bien sûr, ce serait plus pratique qu'à la nage !
Bref, on s'en souvient comme si c'était hier !
Et effectivement c'était hier, il y a juste 50 ans.
Photos 1 à 3 & 5 à 8 © Jakez Morpain ( références )
photo 4 © Paul Coueslant
WIGHT FESTIVAL 1970 sur Theothea.com -
voir aussi Le Festival de Wight 1970... 40 ans après !
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