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Melancholia

…ou comment une jeune femme, peu concernée par la vie, se révèle, à l’aune de l’apocalypse, beaucoup plus douée à gérer l’approche de la mort !

Lars Von Trier nous présente ici un très beau film crépusculaire tenant tout à la fois de la poésie et du fantastique.

Après un prologue onirique magnifié par la musique baroque de Richard Wagner (« La mort d’Isolde »), et des images, éclats instantanés mentaux, porteurs de présages funèbres, le film se divise en deux parties différentes (présentant deux magnifiques portraits de femmes : Justine et Claire) mais indissociables pourtant l’une de l’autre, l’une existant par rapport à l’autre, les deux se fécondant mutuellement.

Ce film « apocalyptique » métaphorique, qui va s’enfoncer peu à peu dans un huis-clos angoissant, étrange et beau, renvoie aussi le spectateur à lui-même, à une torpeur révélatrice de ressentis inconscients.

Dans la première partie, derrière un mariage conventionnel se voulant festif et heureux, mais où les protagonistes se révèlent, chacun dans son genre, assez perfide, derrière cette belle mise en scène qui se fissure avec les uns et les autres, se propage une réalité qui laisse apparaître tout d’abord le dérisoire des choses, puis laisse petit à petit planer une ombre inquiétante et évanescente. Quelque chose couve, une menace imminente…

Dans la deuxième partie, plus fantastique, plus onirique, éclairée par la pleine lune et la planète Melancholia, tour à tour rouge et bleue, qui va entamer une danse d’Eros et Thanatos, à travers un ballet onirique porteur de séduction et de mort, quelque chose s’accélère qui n’était pas prévu… On suit ainsi fasciné le mouvement de Melancholia qui semble instaurer un réseau de forces telluriques imperceptibles, voies invisibles et pourtant obligées, que seule Justine semble percevoir.

Incarnée par l’actrice Kirsten Dunst, Justine, fondamentalement marginale (derrière une apparente intégration : elle travaille dans la pub, elle se marie), qu’on sent étrangère au milieu où elle évolue, à ses motivations et valeurs, est une jeune femme qui vit ailleurs que dans ce que les autres, notamment sa sœur Claire (incarnée par Charlotte Gainsbourg), recherche… Elle vit une réalité qui lui est propre, dans l’infra-événementiel, une réalité singulière qui va s’imposer petit à petit à elle dans son évidence sensible.

Dès les premières minutes du film, on devine derrière son sourire, puis, au fur et à mesure du mariage, dans son refus évident d’obéir aux règles sociales, dans son détachement, une profonde fêlure intime. On sent qu’elle souffre de ne pouvoir se faire comprendre, de ne pouvoir s’expliquer, de ne pouvoir partager son ressenti…

Pourtant, lors du mariage, elle fait de son mieux, Justine, elle a envie d’y croire, à ce bonheur dont les autres parlent pourtant en termes si convenus. En brave petit soldat, elle y va, mais le sentiment de vacuité des choses prend le dessus, et elle devient de plus en plus absente, tout d’abord psychiquement, puis physiquement. Comme s’il s’agissait du mariage d’une autre. Absente à sa propre vie, à la vie surtout que les autres ont désiré à sa place. Mélancolique donc.

Ne me regardez pas dedans
Qu'il fait beau cela vous suffit
Je peux bien dire qu'il fait beau
Même s'il pleut sur mon visage

Derrière la façade qui se fissure, derrière la fêlure, se propage autre chose, de menaçant… dont Justine, clairvoyante, est la première à avoir le pressentiment.

Il y a des choses qui me rongent La nuit
Par exemple des choses comme
Comment dire comment des choses comme des songes
Et le malheur c'est que ce ne sont pas du tout des songes

Après la fête où s’est déjà deviné la tristesse des « masques et bergamasques », va commencer à peser ainsi sur les jours, de plus en plus crépusculaires, et les nuits, porteurs d’une lumière sacrificielle, une fatalité implacable. L’existence va lentement s’inscrire dans une dimension anxiogène qui la dépasse. Une force en marche s’échappe, quelque chose d’inquiétant qu’on ne saurait définir. Un danger occulte. Comme si une bombe à retardement était cachée tout près, une bombe dont le tic-tac rythme l’inexorable, l’obsédante certitude d’une échéance pourtant encore invisible.

Et ce pressentiment va – enfin – relier Justine à elle-même. Car l’approche de Melancholia va lui insuffler une autre respiration. Après un état dépressif, où elle semble de plus en plus évanescente, étrangère à la vie – cf notamment la très belle scène où Claire, attentive, douce, bienveillante, essaye de lui faire prendre un bain alors qu’elle est prostrée, incapable du moindre mouvement – Justine va petit à petit s’inscrire dans une autre dimension, plus personnelle. Comme si elle s’éveillait, comme si elle était enfin reliée à son destin. Et que celui-ci s’adaptait au même rythme que la planète.

Ainsi, dans une très belle scène nocturne, offerte nue à la lumière de Melancholia, elle semble se relier à la planète, comme silencieusement informée, encodée secrètement, déterminée à son insu, dans une relation mystérieuse faite d’une complicité secrète.

L'étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure...

Fataliste, apparemment indifférente à la catastrophe qui se prépare, comme déjà résignée, déjà détachée de la vie, qu’elle n’a jamais probablement aimée (« la terre est mauvaise »), Justine se révèle alors à elle-même et aux autres, comme une clairvoyante qui se découvre, comme si elle « savait » depuis toujours ce qui allait arriver, comme si le pire qu’elle avait toujours envisagé comme la seule issue possible, était – enfin - en état de marche.

Je suis d'un autre pays que le vôtre, d'un autre quartier, d'une autre solitude

Je m'invente aujourd'hui des chemins de traverse

Je ne suis plus de chez vous, j'attends des mutants

Parallèlement à cette « révélation », Claire, la sœur rationnelle, pleine de bon sens, qui a les pieds sur terre, celle qui tente régulièrement de retenir sa sœur qui s’éloigne peu à peu, si attachée aussi à son fils, va petit à petit perdre pied. L’angoisse va insidieusement la submerger. Et celle qui semblait si peu douée pour la vie va alors accompagner et aider, par sa lucidité clairvoyante, celle qui se révèle, au final, bien moins douée pour affronter la mort.

La scène finale, filmée hors champ (Melancholia n’apparaîtra qu’aux toutes dernières secondes), avec l’étau de la menace qui se resserre, est saisissante. Le geste ultime si singulier et irrationnel de Justine pour adoucir la peur de ses proches, notamment de son neveu qu’elle aime tant, balaye toute rationalité. Ne reste alors que la solitude et la singularité de chacun face à la mort qui arrive.

Je suis le Ténébreux, le Veuf, l’Inconsolé
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie
Ma seule Etoile est morte, et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie

(Merci à Louis Aragon, Paul Verlaine, Léo Ferré, Gérard de Nerval... d'avoir accompagné ces lignes)


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29 réactions à cet article    


  • thelma745 13 août 2011 10:14

    Quel magnifique écrit !

    très très impatiente de voir ce film , et de vibrer, je l’espère, comme vous.

    je garde précieusement cette analyse-critique.

    et, m’en vais , très vite , visiter votre site.

    merci d’avoir titillé mes neurones, mon coeur , mon esprit et mes références poétiques.


    • sisyphe sisyphe 13 août 2011 10:49

      Très belle analyse du film. 


      J’y joins la mienne, déjà postée par ailleurs : 

      Un film dont on ne sort pas indemne. 


      Pour ma part, il m’a extrêmement remué...
      Film d’une sombre puissance, bouleversant ; peinture d’une terre se renfermant sur une dépression lourde, une mélancolie poissarde, qui s’étend du personnage de Justine à l’ensemble d’un monde condamné à la destruction finale. 

      Une histoire de fin du monde, vue à travers une famille où l’incurie des uns, la démission des autres, les codes de la bourgeoisie, l’argent, ne peuvent cacher une schizophrénie fatale...

      Images superbes et difficilement soutenables d’oppression, d’angoisse, d’un monde qui se fige, jusqu’à sa fin inéluctable. 

      A cet égard, le personnage de Justine est emblématique de cet autisme visionnaire : basculant dans la dépression au moment même de sa « réussite sociale », démolissant d’un coup l’édifice professionnel, familial, conjugal, elle sombre, parallèlement au monde qui l’entoure, pressentant l’inéluctable, d’une façon instinctive, animale, et sera la seule à affronter le cataclysme final avec calme et lucidité, presque comme un soulagement. 

      C’est du grand cinéma, porté par un souffle d’une puissance rare ; sombre, crépusculaire, désespéré, avec des images magnifiques d’intensité, de force brute, d’angoisse, allant crescendo jusqu’à l’inexorable...

      Un film dont on sort bouleversé, qui laisse son empreinte pour longtemps : une illustration particulièrement clinique de l’état mélancolique, une allégorie sombre et sans espoir d’un monde condamné à sa destruction.

      La fin d’un monde qui s’est déjà condamné lui-même. 

      Impressionnant. 

      • Valerianne Valerianne 13 août 2011 11:03

        Merci tous deux, pour vos réactions.

        Je ne suis pas très fan de LVT, dont je trouve souvent les films trop outranciers, et parfois même trop « tire-larme » (« Dancer in the dark » par ex), même si j’avais adoré « Breaking the waves » ! Mais ce dernier film, « Melancholia » est, vraiment, tout bonnement magnifique ! En tout cas, il m’a touché au coeur !

        thelma, je vous laisse l’adresse de mon deuxième blog, que j’ai ouvert très récemment, et sur lequel je posterai mes prochaines critiques de films et de livres. Le premier blog indiqué sur agoravox étant plus « politique »... http://www.chemins-de-traverses.com

        Bon week-end à tous.


        • sisyphe sisyphe 13 août 2011 11:23

          Il serait intéressant de savoir pourquoi certains internautes votent « moins » ; et sur l’article, et sur les avis exprimés ; un avis, une critique ? 


          Ou c’est juste pour faire de l’opposition, sans fondement ? 

          • sonearlia sonearlia 14 août 2011 19:28

            Raz le bol de ces films de fin du monde.


          • sonearlia sonearlia 14 août 2011 19:29

            Précision : je n’ai moisser aucun commentaire de cet article.


          • thelma745 13 août 2011 12:19

            Valerianne

            vous voyez , sur le net , on trouve...pour peu que l’on s’en donne la peine ...avec un esprit curieux et, j’ose le dire , avide , des trésors de personnes , personnages ...

            j’ai eu la chance , ce matin , de tomber sur votre belle analyse de melancholia...

            depuis , je suis heureuse (l’étant déjà naturellement malgré les épreuves de la vie )

            parce que j’ai trouvé l’echo dont j’aime à me nourrir !

            très belle analyse de sisyphe !(le pseudo , en lui-meme m’interpelle et me ravit !)

            moi, c’est une partie de thelma et louise !

            merci à toutes les 2 pour ce très beau début de journée !

            PS : je suis allée sur les chemins de traverses...que dire ? vous vous doutez bien que j’aime...j’aime... !


            • Valerianne Valerianne 13 août 2011 12:48

              Ca fait plaisir, en tout cas, de sentir que ce qu’on a écrit peu faire résonance à quelqu’un, même à une seule personne... c’est toujours assez magique ! (surtout venant de la part d’une « Thelma » : ce film, avec Susan Sarandon que j’adore, m’avait beaucoup marquée, comme plein d’autres personnes, au moment où il était sorti... ah la ballade en voiture dans les rocheuses au clair de lune !!... et la fin, bouleversante !...)

              J’ai un rapport mitigé au net, ceci dit... Sur agoravox, je me suis sentie injustement agressée (attaques ad nominem) suite à un article sur un sujet « politique » (l’affaire DSK) ; j’ai toujours du mal avec la violence de certaines réactions  ; depuis, je ne poste pas beaucoup d’articles, me contentant, sur le net, d’aller sur un forum médical (atoute, site étonnant, créé par un médecin non moins étonnant !) et sur allociné, où j’ai beaucoup de copains. Et depuis peu, je commence à oser poster des trucs persos sur un blog donc.

              En tout cas, ravie d’avoir croisé votre chemin ainsi que celui de sisyphe (dont la critique de « Melancholia » est aussi très juste ! A bientôt sur le net quelque part... smiley


            • Lutin Lutin 15 août 2011 09:39

              Bonjour C.

              A te lire on pourrait croire que le site médical dont tu parles est mentionné comme lieu de naissance sur tes papiers .....


            • Fergus Fergus 30 août 2011 09:50

              @ Valerianne.

              Thelma et Louise, dans un genre évidemment très différent, est un film infiniment plus bouleversant que cet exercice de style esthétisant et longuet de Lars von Trier.


            • easy easy 14 août 2011 11:25

              Je réaliserais un film, j’y trouverais toujours à redire et je n’apprécierais donc que les critiques en thèse et antithèse.


              On peut cependant répondre que si une critique en thèse + antithèse devrait s’appliquer à un sujet où l’auteur se positionne fortement, elle ne peut s’appliquer sur un sujet où l’auteur reste vague.

              Je crois que même sur un sujet poétique où rien n’est décidé ou tranché, la critique -je parle de la seule critique, pas du traitement du film- devrait tout de même verser dans le jour et contre-jour, dans la plongée et la contre-plongée, dans le vu de l’intérieur et le vu de l’extérieur.

              Tiens, par exemple « La vie est belle ». Je critiquerais ce film, entrevoyant qu’il y a deux thèses possibles (Montrer à son enfant la réalité horrible du nazisme Vs le préserver de cette noire vision en lui faisant croire qu’on est dans un jeu), comprennant que toutes les victimes du nazisme ont eu à réfléchir et à choisir entre ces deux voies, j’en aurais dit un mot.



              Sur un autre plan. Puisqu’à l’évidence il y a une large part de gens qui n’ont pas apprécié de film, pourquoi en faire la critique sans dire un seul mot d’explication -posée en hypothèse- sur ce qui froisse les déçus ?


              Pardon de renvoyer à quelque chose de plus trivial mais ça me fait penser au rapport officiel sur le 11/09. Ceux qui ont rédigé ce rapport connaissaient par coeur les mille et une questions des sceptiques. En toute bonne foi, ils auraient donc dû, peut-être en annexe de leur thèse, y répondre clairement. Or ils ont joué le déni total. En aucun endroit de leur rapport ils ne montrent qu’ils considèrent les questions que les sceptiques se posent.

              Revenant alors à Melancholia, je trouverais non déniateur et plus partageur d’en faire la critique en essayant, au moins en partie, de reprendre quelques uns des arguments de ceux qui n’ont pas apprécié et de montrer pourquoi ou comment on peut les retourner.

              En somme, une critique, pour moi, ne devrait pas consister à dire seulement ce que l’on ressent mais à dire aussi ce que l’on comprend -en toute fraternité- dans la réaction des autres (des pour et des contre).


              • sisyphe sisyphe 14 août 2011 14:47

                Revenant alors à Melancholia, je trouverais non déniateur et plus partageur d’en faire la critique en essayant, au moins en partie, de reprendre quelques uns des arguments de ceux qui n’ont pas apprécié et de montrer pourquoi ou comment on peut les retourner. 


                Au milieu de toutes vos formules alambiquées, une conclusion s’impose : 

                - soit vous avez vu le film, et pas apprécié ; dès lors, écrivez donc vos critiques, vos arguments et vos raisons ; ça ferait avancer le « thèse-antithèse » que vous préconisez 

                - soit vous ne l’avez pas vu et, dès lors, il vous suffit de vous reporter aux critiques positives ET à celles négatives, pour vous faire une idée de votre envie ou non d’aller le voir. 

                Mais venir reprocher à ceux qui l’ont vu et en parlent selon leur ressenti est d’une totale incongruité. 

                Personnellement, je n’éprouve aucun besoin de « reprendre des arguments de ceux qui n’ont pas apprécié » ; c’est leur avis, et c’est à eux d’avancer leurs critiques et leurs arguments
                On n’est pas dans un devoir de philo. 

                Si vous l’avez vu, parlez en, sinon, allez le voir ou dispensez vous de vos conseils de sodomisateur de diptères : merci. 

                p.s. : si vous recherchez quelque chose de plus « déniateur » ; adressez vous plutôt  à un aquariophile 
                 smiley 

              • Valerianne Valerianne 14 août 2011 15:06

                Les critiques en « thèse » et « anti-thèse » m’ennuient profondément, surtout pour une oeuvre artistique... comme le dit sisyphe, on n’est pas dans un devoir de philo !  smiley

                Moi je revendique ma subjectivité dans les critiques de films, livres, expos... et c’est ce que j’aime, aussi, lire chez les autres !  smiley


              • easy easy 14 août 2011 15:18

                Ouais, vous avez tous deux raison.
                D’ailleurs tout le monde fait comme vous.

                L’important, l’urgent, le vital n’est pas de comprendre mais d’être compris.
                Il n’est pas de connaître mais d’être connu.

                Je vous remercie de me l’avoir fort justement rappelé.


              • Francis, agnotologue JL 14 août 2011 15:25

                « Homme occidental, tapes-toi la tête contre les murs trois fois par jour ; si tu ne sais pas pourquoi, easy le sait » !

                 smiley


              • Valerianne Valerianne 14 août 2011 15:36

                Bah justement non... Tu t’exposes beaucoup plus à être incompris, voire rejeté quand tu critiques subjectivement (passionnément) une oeuvre ! Ceux qui, par contre, font les critiques que tu préfères (thèse - anti-thèse) ne prennent pas vraiment de risques, ils ne se positionnent pas vraiment clairement, peut-être parce qu’au fond, ils ont envie de plaire à tout le monde, d’être reconnu par le maximum de personnes...

                En tout cas, les critiques que tu préfères, moi je les trouve souvent tièdes !  smiley Je préfère de beaucoup les critiques subjectives et passionnées donc !  smiley


              • easy easy 14 août 2011 16:04

                @ Valerianne,

                En effet, les Livres de la Méditerranée affirment que dieu n’aime pas les tièdes.

                Ici, il convient donc d’adopter des positions passionnées et radicales. Avec prises de risques à la clef puisque ça conduit automatiquement à des affrontements. A moins que tout le monde soit exactement du même avis, ce qui n’est pas fréquent.


                Je répète donc que j’ai eu tort de suggérer des exposés de compréhension ou mixtes (qui obligent, comme l’a rappelé JL, de se casser la tête) et que vous avez tout à fait raison de faire comme d’habitude.

                Et là on n’en est qu’à parler d’un film.


              • sisyphe sisyphe 14 août 2011 16:08



                Par easy (xxx.xxx.xxx.174) 14 août 15:18

                Ouais, vous avez tous deux raison.
                D’ailleurs tout le monde fait comme vous.

                L’important, l’urgent, le vital n’est pas de comprendre mais d’être compris.
                Il n’est pas de connaître mais d’être connu.

                Quel rapport ????

                En l’occurrence, pour une critique de film, il ne s’agit pas de « faire comprendre » ; simplement d’exprimer sa propre appréhension, son ressenti, sa compréhension de l’oeuvre ; la façon dont elle se répercute en nous, les perspectives qu’elle décrit, qu’elle ouvre ; son retentissement : intellectuel, affectif, culturel.... 

                Il ne s’agit pas d’une « analyse » circonstanciée et détaillée : avec arguments contradictoires, comme, je le répète, pour une dissertation ou un devoir de philo. 

                Quant à votre référence sur « être connu », je dois avouer que je ne comprends pas un instant à quoi elle se réfère ????????

                Je ne peux que vous répéter ; la meilleure façon de vous faire une idée sur le film, est évidemment d’aller le voir vous-même. Si, ensuite, vous désirez en parler de façon contradictoire, ce sera possible, en échangeant des arguments. 

                Sinon, c’est du procès d’intention, qui ne fait en rien avancer le schmilblic...

                Désolé. 


              • easy easy 14 août 2011 16:52

                @ Sisyphe,


                Vous avez commencé votre intervention en demandant pourquoi il y avait des moinssages et vous avez semblé être intéressé d’obtenir des explications.
                Pour ma part je n’ai voté nulle part mais j’ai posé une réflexion précise.
                Elle ne portait certes pas directement sur le film mais d’emblée, vous l’invalidez (et c’est moi qui vais collectionner les - )

                Vous démontrez donc qu’il vaut mieux balancer les moins sans s’en expliquer pour ne pas se retrouver dénigré en aquariophilie





                Concernant la publication d’une oeuvre artistique, il y a régulièrement deux évènements possibles. Elle-même et les réactions du public.

                Bien des films sortent sans spécialement diviser. Dans leur cas, il ne reste plus à parler que d’eux-mêmes et chacun exposera donc son ressenti en toute conscience qu’il rejoindra le cas commun.


                D’autres films divisent d’emblée.

                On verra ce qu’il en sera dans un an mais pour l’instant, Melancholia divise.
                On peut bien entendu faire comme Valérianne, se contenter de dire son propre ressenti. Et on aura raison de procéder ainsi.
                On peut aussi traiter les deux évènements. On traitera donc en plus la polémique en proposant des explications à cette division.


                Ici, il ne s’agit que d’un film et déjà vous posez qu’il est absurde de procéder de mixité (Valérianne n’étant pas aussi radicale que vous)


                Moi, je dis que si nous ne savons pas nous entraîner à procéder de thèse + antithèse pour des broutilles, nous ne saurons jamais le faire pour des conflits plus dramatiques.


                En 1945, prenant le contrôle de la France, De Gaulle, sans aucune consultation démocratique, décide de reprendre l’Indochine en main comme avant (en grande partioe pour réhausser l’orgueil de la France. Leclerc est envoyé sur place et là, il voit que les choses ont lourdement changé. Il écrit donc à De Gaulle (qui n’est jamais allé en Indochine) et il lui présente thèse + antithèse.
                De Gaulle jette l’antithèse directement à la poubelle.
                L’armée Française se réinstalle donc là-bas et 9 ans plus tard, elle est humiliée à Dien Bien Phu (Avec une très forte incidence « négatives » sur toutes les autres colonies)




                Dans le film Ridicule, Bernard Giraudeau en « Abbé Vilecourt » fait un discours tendant à démontrer l’existence de Dieu. La Cour applaudit. Mais l’abbé, grisé, poursuit sur sa lancée intellectualiste et ajoute qu’il pourrait tout aussi bien démontrer le contraire. Et là, le Roi est contrarié. L’abbé tombe illico en disgrâce.

                Est-ce juste ?


              • Valerianne Valerianne 14 août 2011 17:09

                easy,

                L’argumentaire « thèse - anti-thèse - synthèse », je la trouve personnellement très scolaire, mais utile dans certains contextes. Par ex, pour les débats « politiques », histoire d’apprendre à prendre du large, à moins réagir « émotionnellement », à avoir un peu de recul...

                Pour la « critique » d’une oeuvre d’art (film, livre, tableau, sculpture...), elle ne me séduit pas - sauf, bien sûr, dans le contexte d’un court d’histoire de l’art ou/et d’analyse critique d’un film (j’aime bien par ex les sites du cine club de caen, et de cadrages pour cela). Mais l’oeuvre en elle-même fait appel à l’émotion avant tout (en tout cas pour moi), en positif comme en négatif d’ailleurs (j’aime bien lire aussi des critiques révulsées sur certaines oeuvres... surtout sur des artistes contreversés, LVT en faisant d’ailleurs partie), elle touche - ou pas - et c’est justement par le biais de l’émotion que j’aime, moi aussi, être touchée dans le cas de critiques (qui n’empêchent pas, par ailleurs, d’être argumentées). Venant en tout cas de la part de spectateurs, comme je suis et comme je revendique de l’être (je ne me positionne pas ici comme « critique »).

                Mais par contre, c’est vrai que j’apprécie, dans des débats sur des sujets de société par ex, ou des sujets politiques, des avis - non pas complètement objectifs (j’aime bien aussi, là encore, la subjectivité !), mais essayant d’aller au-delà de l’émotionnel, et donc de faire part à l’analyse du « pour » et du « contre ».


              • easy easy 14 août 2011 17:25

                Oui Valérianne,

                C’est certainement sur le sujet de l’art qu’on peut s’éviter thèse et antithèse selon le principe des goûts et des couleurs.

                C’est donc l’endroit où nous pourrions le mieux nous y entraîner sans arracher les yeux ou le coeur de qui que ce soit.


              • Francis, agnotologue JL 14 août 2011 17:10

                easy,


                je note que dans votre post de 16H04 vous faites une bien curieuse interprétation de la boutade que j’ai écrite à votre intention. Passons.

                Pour ce qui concerne l’abbé Villecourt, vous demandez si sa disgrâce est juste ! Quelle question stupide : il a humilié publiquement le roi qui, je vous rappelle, tient son pouvoir « de droit divin. »

                En outre, dieu on y croit ou on n’y croit pas : on ne peut ni en démontrer l’existence ni l’inexistence. En agissant comme il l’a fait, il a humilé également les courtisans, en démontrant à son insu mais à tous, qu’ils ont applaudi soit par bêtise soit par hypocrisie.


                • easy easy 14 août 2011 17:35

                  Parce qu’il faudrait en plus que j’interprétasse de façon qui ne vous semblât point curieuse ?
                  Ecrivez-moi mes réponses, vous serez ssurément mieux servi.

                  Ahhh ! Alors c’est parce que le Roi est fondé sur l’Eglise-dieu patin couffin qu’il avait mal pris la chose ?
                  Et bien, j’en aurais appris avec vous.

                  Ahhh bis ! Alors comme ça on ne peut pas démontrer l’existence ou l’inexistence de Dieu ? Oh la la, que ne vous ai-je rencontré plus tôt cher JL !
                   
                  Merci beaucoup !
                   


                • Francis, agnotologue JL 14 août 2011 18:00

                  easy,

                  vous êtes un sacré comique, hein ?

                   smiley


                  Psst : Si vous savez démontrer quelque chose en matière de dieu : je suis preneur. Pour ma part, je ne sais pas si dieu existe ou pas (j’ai ma petite idée), mais je sais qu’il est impossible d’en démontrer l’existence, par définition ! Vous savez ce que cela veut dire, « par définition » ?

                  Quant à démontrer qu’il n’existe pas, évidemment c’est infaisable, comme pour tout ce qui n’existe pas : autant essayer de remplir un tonneau sans fond !


                • Lila K Juasugi 14 août 2011 17:58


                  [*] Est-ce que vous avez scruté le ciel, fébrilement, dès votre sortie du cinéma ?

                  [**] Juste après avoir vu le film, avez-vous eu envie de dire à vos proches combien vous les aimez, comme si vous alliez les voir pour la dernière fois ?

                  [***] Est-ce que la scène où l’on voit Justine allongée sur l’herbe au milieu de la nuit, « offerte nue à la lumière de Melancholia », vous a donné envie d’en faire autant, un soir de pleine lune, au bord de l’eau ? 

                  _ _

                  [*] Oui, fébrilement, mais les nuages cachaient totalement le ciel...
                  [**] Oui, sauf que mes proches étaient trop éloignés pour leur dire en face. Un autre jour peut-être...
                  [***] Oui, la lumière de la lune suffira à mon bonheur...
                   

                  • patroc 15 août 2011 12:23

                     Quel film ! Quelle deuxième partie (claire) ! En m’endormant, j’y pensais encore et ce matin, bien sûr, j’ai La Mélancolie !.. Une première partie un peu longue (justine) sur l’instant mais çà, c’était avant d’avoir vu la deuxième ! 

                     Un film qui remue. Profondément.


                    • BCourcelle BCourcelle 19 août 2011 11:26


                       La présentation du film dans cet article est excellente.

                      J’y ajouterais la remarque que ce film
                      (le meilleur que j’ai vu récemment avec Une séparation) 
                      est tout à fait athée :
                      un mariage et la fin du monde sans la moindre allusion religieuse.
                      Bien sûr, il est fait par un européen.

                      Chaque fois que je lis les nouvelles, je regrette de n’y pas trouver l’annonce de l’approche
                      de Melancholia ou d’un gros astéroïde qui détruirait tout une bonne fois pour toutes.

                      Ce film est d’une actualité (mythique) remarquable

                      B Courcelle


                      • Lila K Juasugi 25 août 2011 23:50

                         ? Vous lisez les nouvelles en espérant y trouver l’annonce de la disparition imminente de l’Humanité ? 
                         ! NON !
                        Moi je lis les nouvelles en espérant y trouver les signes que l’Humanité va en s’améliorant. En espérant que le pire a déjà été fait et que ça ne pourra qu’aller mieux. 
                        Les bonnes nouvelles sont rares il faut bien le dire... 
                         

                      • Fergus Fergus 30 août 2011 09:44

                        Bonjour, Valérianne.

                        Malgré un final aussi irréaliste que superbe, ce film souffre d’une première partie totalement inutile car ce que l’on sent monter n’est absolument pas l’angoisse liée à la proximité d’une apocalypse mais uniquement l’arrivée de la dépression de Justine. Et c’est lent, beaucoup trop lent, mais il est vrai que cela contribue à montrer l’ennui que dégage un pareil mariage (comme la plupart des mariages d’ailleurs). Magnifique jeu des acteurs en revanche.

                        Cordialement.

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