La vidéo est-elle vraiment indispensable ?
Le rugby, le faux exemple...
L’arbitre de rugby peut avoir recours a la vidéo pour valider ou non un essai ou une pénalité. Elle ne sert pas à savoir s’il y a en avant, pénalité ou autre mêlée. Si elle existait sur le même principe au foot, il serait donc hors de question d’y avoir recours pour savoir s’il y a hors jeu, pénalty, coup franc ou carton jaune et/ou rouge. Elle aurait à la limite pu servir lors de Angleterre-Allemagne. Mais là aussi une question épineuse surgit. A quel moment l’arbitre aurait pu y faire appel ? Au rugby, dans 99% des cas, s’il n’y avait pas eu la vidéo l’arbitre aurait accordé l’essai et donc arrêté le jeu ou refusé l’essai et également arrêté le jeu pour repartir par un renvoi au 22, une mêlée, une pénalité etc... Dans la foulée du but refusé à Lampard, les Allemands ont bénéficié d’un contre débouchant sur une occasion de but, le jeu ne s’arrêtant pas. Si l’arbitre avait eu recours a la vidéo, pendant le contre allemand, et qu’il s’avérait que le ballon n’avait pas franchi la ligne, la polémique aurait surgi, cette fois-ci en faveur des Allemands. Car, contrairement au rugby, après un ballon tutoyant la ligne de but on ne repart pas automatiquement par une phase arrêtée. On voit donc que le rugby n’est pas forcément le sport le plus représentatif pour les inconditionnels de la vidéo dans le foot.
….comme le tennis
Autre sport mis en avant pour l’introduction de la vidéo : le tennis et son système hawk eye. Un joueur a la possibilité d’y faire appel trois fois et, si il lui est donné tort, perd un de ses 3 challenges. Dans le foot, si on s’en inspirait, cela aurait pour effet de saccader le jeu (dans un sport beaucoup plus fluide que le tennis) et de le dénaturer en pouvant à tout moment y avoir recours. A l’image du rugby, se pose aussi la question de savoir quand y faire appel pour ne pas fausser la continuité de l’action incriminée. Et ce système n’est pas infaillible. Les ingénieurs du hawk eye le disent eux même : il existe une marge d’erreur de plusieurs millimètres, une sorte de technologie a échelle humaine. Se pose aussi la question d’autres polémiques. Une équipe grille tous ses challenges : par 3 fois, elle se trompe. Que dirait-on alors si sur une 4ème action, elle était lésée et qu’elle ne pouvait faire recours a la vidéo ? On instaure un 4ème challenge puis 5 puis 10 ? On n’en sortirait pas. Les sports les plus mis en avant par les fervents inconditionnels de la vidéo sont donc aussi de mauvais exemple pour eux. Ces sport ouvrent également des pistes alternatives.
D’autres pistes existent
Au tennis, le juge arbitre est assisté de juge de ligne qui contribuent tout autant à l’arbitrage. Au rugby aussi, l’arbitre est suppléé de nombreuses fois par ses assistants qui interviennent régulièrement pour indiquer à l’arbitre un événement (faute, agression, en avant...) en dehors de leurs compétences initiales qu’est la touche. De plus, ils sont écoutés par l’arbitre de centre. Dans le foot, l’interventionnisme des assistants est beaucoup moins présent. C’est une piste pour réduire les erreurs. Comme celle de l’arbitrage à 5, déjà testé cette année en Ligue Europa, qui mérite d’être creusée. Un tel arbitrage lors de France-Irlande aurait sans doute permis de refuser le but à Thierry Henry. On voit donc qu’a plusieurs, c’est plus facile. En changeant les mentalités aussi.
Changer les mentalités
Là encore, prenons l’exemple du rugby. Des gaillards de 2m et 120 kilos acceptent sans broncher les décisions arbitrales, justifiées ou non. Dans le foot, les attroupements de protestations après un coup de sifflet litigieux sont légion. Le respect de l’arbitre, a tous les niveaux (des drames se jouent tous les dimanche chez les amateurs), est primordial. Plus que la question sur la vidéo. Mais cela va aussi dans les deux sens. Si les contestations des joueurs sont nombreuses, c’est parce que l’arbitre de foot est souvent considéré, à raison dans de nombreux cas, comme un petit chef usant de son sifflet sans faire preuve d’aucune pédagogie, ce qui n’est pas le cas dans le sport au ballon ovale. Enfin, sur cette question des mentalités, il convient aussi de préciser que si les polémiques sont aussi amplifiées c’est par les enjeux de plus en plus grands qui pourrissent le foot. Le foot reste un sport où une la glorieuse incertitude et les erreurs humaines (d’un gardien anglais ou d’un arbitre) font partie du jeu. Du jeu. Et pas du grand cirque médiatico-financier.
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