Le football n’est pas français
N'étant ni un footeux ni un footix, je ne cesse de m'étonner que le sport que "les Français" préfèrent, mais qui reste aussi éloigné de mon quotidien que la hausse du pouvoir d'achat, soit encore défini avec des termes incongrus.
Des femmes refusant le titre d'entraineuse préfèrent entraineure ou même entraineur, voire coach (qui vient du français coche « voiture »). Doit-on supprimer tous les mots qui ont une possible connotation défavorable ? Quant à leur staff, ce terme est emprunté à l'anglais issu du vieil-anglais stœf désignant un bâton.
Les supporters n'ont droit à une appellation francisée (supporteurs) qu'au féminin, ce qui est rare tant ces supportrices sont peu visibles.
L'Académie française nous rappelle que naguère les jeunes sportifs étaient répartis en catégories d’âge aux noms évocateurs. On était poussin, puis benjamin, minime, cadet, junior, espoir avant d’être senior. Chacun de ces âges, à l’exception bien sûr du dernier, durait deux ans. Depuis peu, ces appellations disparaissent et les jeunes sportifs sont strictement regroupés par âge, ceux de moins de 15 ans, de moins de 16 ans, etc. Si on peut comprendre cette volonté de resserrer les limites des catégories, l'Académie déplore que nombre de documents officiels ne présentent ces jeunes athlètes qu’avec l’anglicisme U (pour under) 15, U 16, etc.
Malgré les homophonies [Le foot, les Français s'en foutent. Quel foutage de gueule et quel foutoir !] le mot football est emprunté à l'anglais britannique tout comme soccer formé de soc (de association football, abrégé en association, puis assoc. et enfin réduit à soc) et d'une finale -er, sur le modèle de rugger, forme populaire de rugby en Angleterre.
Ce sport est aussi le moyen de rappeler que le choix des mots et de leurs graphies restent une prérogative élitiste : on continue à lire des pénalties ou penalties, des matches, et d'autres pluriels à la mode anglaise.
Le futsal préfère aussi le calembour du foot sale à l'appellation foot en salle. Le fédération organise des tournois d'e-foot au lieu de foot électronique, ce qui est une marque de mépris envers le public non anglophone, ou, à tout le moins, de grave ignorance de ce qu’il est, selon l'Académie française.
Croyant apporter une dimension pédagogique à ce sport de masse, la règle MBappé (m devant m, b ou p) a été vantée par l'intégralité des médias et même le ministre, alors qu'elle est peu fiable vu le nombre d'exceptions : un bonbon, une bonbonnière, une bonbonne, un dieffenbachia, un funboard, un hanbalisme, une hornblende, un minbar, un monbazillac, un sainbois, un steenbok ou un steinbock, une vinblastine, un erlenmeyer, une mainmise, il est mainmortable, une mainmorte, néanmoins, nous tînmes, nous nous abstînmes, nous appartînmes, nous contînmes, nous détînmes, nous entretînmes, nous maintînmes, nous obtînmes, nous retînmes, nous soutînmes, nous vînmes, nous circonvînmes, nous contrevînmes, nous convînmes, nous devînmes, nous disconvînmes, nous intervînmes, nous parvînmes, nous prévînmes, nous provînmes, nous redevînmes, nous nous ressouvînmes, nous revînmes, nous nous souvînmes, nous subvînmes, nous survînmes, un embonpoint, un input, un kronprinz, il est nonpareil, un perlimpinpin,...
La seule évolution notable me semble être le goal généralement dénommé gardien de but... qui est une abréviation de goal-keeper, un faux anglicisme qui ne tient compte ni du sens de chacun des termes du mot composé anglais ni de l'ordre déterminant-déterminé de l'anglais, dont la forme abrégée ne peut être que keeper « gardien ».
http://www.academie-francaise.fr/u-15-u-16-etc-pour-moins-de-15-ans-moins-de-16-ans-etc
http://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=8351604
http://www.academie-francaise.fr/e-learning
http://www.cnrtl.fr/definition/
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