« Pour un renouveau
democratique , essayer d’imaginer des solutions du 18 eme siecle pour les
problèmes du 21 eme siecle est un non sens.
La « maison du citoyen »que vous appelez de vos voeux existe :
vous y etes en ce moment meme, sur internet.
Si on croit en la democratie, alors on est obligé de RENDRE compte et de
proposer DIRECTEMENT au peuple. Internet le permet.
En fait pour renforcer la democratie et la participation
du peuple, il faut tout simplement renforcer la participation (et les raisons
d’y croire) , l’ecoute d’internet, les referendums et ...eliminer une bonne
partie des parlements ! »
Internet, un outil
démocratique ? Beau mythe, que la superficialité du commentateur nourrit
avec générosité (tout est lancé comme des coups de maillochon, sans
illustrations, sans concepts). Qu’est-ce qu’internet en matière démocratique
(actuellement) ? Un lieu d’opinions. Qui dit « opinions » peut
effectivement renvoyer à une certaine représentativité populaire (car tout à
chacun peut en effet s’exprimer). Mais est-ce là, comme le signifie la notion
de démocratie, un lieu de POUVOIR ?Je vous pose à cet égard deux questions :
-qu’est-ce qui oblige le législateur à considérer les opinions
émises sur internet ? Si internet peut influencer l’opinion, il n’est pas
constitutionnellement articulé sur la création des lois. Sur ce point, l’élu
conserve la liberté de ne pas rendre des comptes au peuple.
-« Si on croit en la democratie, alors on est obligé de
RENDRE compte et de proposer DIRECTEMENT au peuple. Internet le permet. » :
où ça ? Où c’est visible ? Où c’est écrit ?
-Pourquoi les parlements ne parlementent-ils pas sur
internet ? Parce qu’internet n’est pas un lieu de débat mieux approprié
que les débats où des personnes argumentent ensemble, en présence et dans le
même temps. Nous n’avons pas gagné dans la qualité des échanges sur internet
par rapport à une délibération en présence réelle de personnes.
En bref, il faut concéder qu’internet permet le
développement d’une manifestation de l’opinion populaire (ce commentaire, comme
des milliers d’autres, ne fait qu’illustrer ce phénomène). En cela, il peut
être influent sur le politique. Mais rien ne garantit l’éventuelle force
coercitive de cette opinion sur nos représentants. De plus, internet n’équivaut
pas un lieu de délibération en présence réelle de délibérants (cet aspect,
d’ordre communicationnel, mériterait à lui seul de plus amples développements).
Enfin, internet ne permet pas de décompter les agrégations de préférences afin
de dégager une majorité dans ces agrégations, la règle de majorité permettant
seule de décider et d’agir.
Tout cela mériterait une étude
fine. Mais il est clair qu’internet n’est pas un outil pleinement démocratique
de par ses faiblesses internes.
Passons sur l’expérience de Porto Alegre et intéressons-nous au budget
participatif de la ville de Grigny par exemple : 1/4 du budget est voté par les
citoyens. Je ne dis pas que c’est une avancée démocratique majeure, je dis :
1/4 du budget EST VOTE PAR LES CITOYENS et ce point EST essentiellement
démocratique.
Quant au référendum d’initiative populaire, je vous demande ceci : où passe la
délibération des citoyens « ordinaires » ? Vous oubliez vite que la
démocratie est comme le football, elle se pratique, et elle se pratique non
seulement dans l’initiative populaire des lois (par référendum ou autre), elle
se pratique également dans la délibération, dans l’échange d’arguments, dans
l’impartialité, dans l’apprentissage de l’intérêt général. La notion
d’apprentissage est fondamentale si l’on veut éduquer les citoyens à l’usage de
la démocratie (c’est la fameuse paideia grecque). Et dans mon système
des Maisons des citoyens, le résultat des délibérations OBLIGE collectivement
le Parlement à l’observer (qu’il légifère ou pas, il devient responsable de sa
décision face au peuple ou disons plutôt - parce qu’une représentation
« totale » du peuple est impossible dans nos grands Etats : le
Parlement devient responsable devant des citoyens représentés par tirage
aléatoire par les Maisons des citoyens, autre procédure essentiellement
démocratique).
Le système que je propose
est plus riche, plus sophistiqué que les référendums d’initiative populaire (il
reprend le mot de Condorcetversus
Tocqueville : « il faut compliquer la démocratie »). En cela, je
crois qu’il est utopique car ce que je cherche, c’est pousser à fond la
démocratie au sein des principes du gouvernement représentatif : or, qu’en
est-il de la réalité ? : à un niveau général, probablement pas à un
désir de ce genre de démocratie.
« Et si les citoyens les plus éclairés se devaient de tracer les plans d’un nouveau modèle de société » : contre l’hypertophie de la privatisation des moeurs et la crise de la représentation, pourquoi ne pas créer des « Maisons des citoyens » qui inscriraient institutionnellement une « complication de la représentation » en favorisant nationalement la participation citoyenne ?
Je suggères quelques pistes théoriques et pratiques (et utopiques ?) ici. Je propose des procédures pour que ces « Maisons des citoyens » (que j’appelle aussi « Oikopolis ») puissent fonctionner. Ces procédures sont reprises à travers ces schémas.
Ce qu’on ne pointe pas assez chez Onfray, c’est son langage, c’est sa manière de scénariser la Révolution française ou Freud. La rhétorique onfrayenne est absolument populiste : il est provincial, les « intellectuels » (même psychanalystes) sont d’affreux parisiens exploitant l’innocence des « petits ». Ce langage aurait été pointé en son temps par un Roland Barthes comme « poujadiste » (il faut absolument relire l’article de Barthes : « Poujade et les intellectuels » dans les « Mythologies » pour y revoir la nudité discursive d’Onfray). Voilà le coeur du discours d’Onfray. Voilà ce qui enrobe lesdits savoirs qu’il prodigue. Onfray, un critique ? Non, un naturalisateur. Pour en revenir à l’exemple de Freud, celui-ci n’est qu’un phallocrate, un assassin, un psychopathe et j’en passe... Donc (conclusion mythique, stéréotypée et bien populiste) : Freud : pas bien (applaudimètre des « petits innocents exploités »).