Marcella Iacub a tout à fait raison de souligner ce désir populiste d’un homme providentiel et exemplaire jusque dans l’intimité de ses choix sexuels, et, au vu de certains commentaires, de la terrifiante incapacité à penser cela. Puisque ni elle ni vous ne considérez le fait du viol, réel ou supposé, avéré ou fantasmé, ce n’est pas ici la question. Comme il est relevé on ne peut plus clairement, le propos ne porte pas sur le comportement de DSK dans la suite new-yorkaise (d’ailleurs dans cette affaire que j’ai suivie mollement, ce sont les soutiens immédiats au potentiel présidentiel qui m’ont écoeurée, en particulier le « trousser une domestique », puis évidemment la grande comédie de l’affreux gonadien suivie de celle de l’épouvantable menteuse) : la question est celle de l’exemplarité exigée de la part d’hommes politiques.
En France, jusqu’à présent, nos présidents (donc des présidentiables élus) menaient leur vie sexuelle sans vraiment que quinconque ne s’en offusque : les frasques mitterrandiennes, le Chirac guilleret, tout ceci appartenait à leur folklore privé, soulevant critiques morales ou gausseries dans tous les cafés des 36 000 communes.
Aujourd’hui, nous avons pris le chemin des Amériques, et gare à l’écart ! Iacub le dit très bien : quand bien même cette sordide histoire avec N. Diallo ou même T. Banon n’aurait pas eu lieu, les moeurs sexuelles de DSK livrées en place publique et à la vindicte ont quelque chose du bouc-émissariat de toutes les frustrations sociétales et, en boomerang, de ce désir d’absence de pénis, corollaire du désir de pénal cher à Muray ?