Plus premier degré que cet article, tu meurs.
Tous les parents (ça fait du monde) savent que leurs enfants ont des potentialités dangereuses. Depuis les moindres jusqu’aux pires. Et même quand ils appellent leur enfant « Mon ange ».
Certes, il y a certaines maladies mentales dont je ne préciserai pas l’étiquette médicale qu’on leur colle tant ils sont déjà stigmatisés, qui font que 1 à 3 % des enfants ont d’emblée un profil dangereux au sens où ils sont imprévisibles. Et déjà ces enfants là sont la plupart du temps maintenus dans le circuit commun. C’est évidemment un risque mais je trouve qu’il faut avoir le courage d’accepter ce risque, comme cela se fait depuis toujours car sinon on va droit à l’eugénisme, à Gattaca, à l’hyper ghettoïsation, au castisme.
En plus de ces enfants officiellement malades, il y a un très grand pourcentage d’enfants qui passent assez facilement à l’agression verbale puis physique. C’est des centaines de fois par jour que dans les écoles il se passe des agressions dures, des bousculades à tuer dans les escalier, des provocations au suicide, des incitations à la drogue...
Là encore, même s’il m’est arrivé de déplacer un de mes enfants trop agressé, je reste à considérer qu’il faut accepter le risque que mes enfants soient agressés en considérant que les autres parents doivent également accepter le risque que mes enfants agressent les leurs. Impossible, absolument impossible de ma part de certifier qu’en aucun cas un de mes enfants ne passera pas agressif ou ne blessera pas par accident.
Si donc, les 30% de parents très informés que la dangerosité établie de leur enfant (insultes, larcins, dégradations, vandalisme, provocations, insolence, coups, exhibition...) l’écartaient du circuit, on sera déjà dans Gattaca.
Car plus cet écartement sera prononcé, plus il deviendra essentiel, plus il sera sévère et moins il restera d’enfants dans le circuit. Le circuit Bien sera alors composé de 15% de la population totale. Et ces 15 % d’enfants Bien ne le seront que jusqu’à ce qu’ils basculassent Mal.
Tiens, rien que l’alcool. Des milliers de parents savent ou devinent que leur enfant s’alcoolise peu ou prou. Et qu’il conduit.
Il faudrait donc qu’ils aillent à la préfecture pour signaler cette dangerosité de leur rejeton ? Bin ça ferait déjà 40 % d’automobilistes en moins. Mais aussi de camionneurs, mais aussi d’ambulanciers, mais aussi d’infirmiers, mais aussi de chirurgiens mais aussi de politiques, mais aussi de professeurs, mais aussi de chaudronniers.
Alors dès la maternelle, tout enfant comprendra que ses parents sont ses tout premiers flics et dénonciateurs. (En comprenant bien que dans le milieu scolaire, l’attitude des enseignants et directeurs doit être parallèle à celle des parents)
Et les maladies contagieuses ? Au Japon, on porte un masque quand on est malade pour ne pas polluer autrui. Qui fait ça en France ?
Un masque est-il suffisant ?
Et pour ceux qui ont le Sida, l’hépatite B, la tuberculose, on fait comment ?
Et pour les ados qui répandent des idées ultras où il est question de tout incendier, on fait comment ?
Puis il y a la question de l’oubli.
C’est une vieille question, très traitée par Victor Hugo, qui, avant les cartes d’identité avec photos, étaient résolues par une amputation bien visible, un tatouage, un fer quelconque ou une carte de déplacement (il y a encore un siècle, on ne circulait pas d’une ville à l’autre sans permission).
Si c’est pour nous ficher à vie (zéro oubli), autant nous implanter à tous une puce et chacun sur son écran ou à travers ses lunettes verra tout le casier de ceux qu’il croise, depuis ses fautes les plus légères aux plus lourdes. Qui voudra alors épouser quiconque n’aura pas un super casier hyper vierge ?
Mais vierge sur combien de générations, puisque les chiens ne font paraît-il pas des chats ?
Sur 10 générations ?
Qui aura un hyper casier encore vierge dans ces conditions ?
Le crédit qu’on accorde soit en toute connaissance de cause à un délinquant, soit systématiquement à n’importe qui, forme la confiance.
Or notre société est dite aujourd’hui sans repères parce que nous ne faisons plus confiance en personne, pas même en nos anciens conjoints, parce que la défiance règne déjà.
Autant la défiance enferme les gens dans une case et les contraints à s’y faire donc à persister dans le Mal, autant la confiance invite chacun, forcément casserolé quelque part, à changer de case, à poursuivre sa vie en Mieux.
Que cette confiance soit parfois ou souvent vaine ou trahie, qu’il y ait parfois ou souvent des rechutes, ne devrait pas nous amener à ne plus faire confiance, à nous rendre hyper méfiants de tout et de tout le monde. Car dans un climat de méfiance totale, nul ne fera plus le chemin du Mal vers le Bien, plus personne ne visera la réparation et chacun restera dans la case du Mal où les autres veulent le maintenir.
Il y a un prix à donner pour espérer un Monde meilleur et ce prix consiste à accepter le risque d’être égorgé par celui qu’on prend en stop, qu’on héberge ou qu’on protège d’un lynchage. C’est ce prix que les Moines de Tibérine se sont montrés disposés à payer et je crois qu’ils ont eu raison.
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