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easy easy 17 février 2012 18:15


Je vais sortir du cadre de l’autisme pour parler d’une problématique plus large


Comme je n’apprécie pas qu’un chirurgien se contente de dire à un patient au tibia éclaté « Essayez de vous rappeler comment ça s’est produit », je suis pro comportementaliste.

J’en ferais mon métier, je m’efforcerais de découvrir les comportements, comment on les éduque et ce qu’ils produisent à leur tour comme effet. Et j’interviendrais très tôt dans la mise en place des relations familiales.
Je me dirais aussi que dans le domaine psy, le seul fait d’intervenir sur un patient produit un effet sur lui et il ne lui est pas automatiquement bénéfique.

 

Laissons de côté le coût pécuniaire et imaginons un contexte où dès la naissance, un enfant et ses parents seraient suivis par un parrain assermenté. Disons qu’il viendrait chaque semaine prendre le thé dans la famille, pendant une heure. Disons comme le ferait une copine de quartier dotée d’une belle expérience éducative.
« Oh dis-donc, c’est quoi cette nouvelle couche, c’est bien pratique ça ! »
« Comment tenir ton bébé ? Bah, moi je fais comme ça, je lui soutiens la tête et je l’incline »
« De l’eau ? Ohhf oui, je lui en donne un biberon quand il fait chaud »

Dans ces conditions, mettons qu’un jour, l’enfant présente des signes de problème psychologique. Que se passe-t-il alors ? Et bien c’est toute l’équipe parents+parrain assermenté qui doit se creuser la tête. C’est la famille+la nation qui doivent s’interroger ensemble sur quoi faire.

Non seulement ça éviterait tous les cas de déviances parentales mais ça éviterait les ineffables et totalement improductives culpabilisations parentales. Autant ajouter que la présence très proche de ce parrain national régulerait aussi les relations entre les parents.

 


La situation actuelle n’est pas celle-là. Il existe certes une part de suivi pédopsychiatrique mais il est si distant du milieu familial qu’il n’est que théoriste. Le pédopsy ne voit l’enfant qu’une fois tous les 36 du mois et ça se passe dans son cabinet alors que si problème de comportement il y a, il ne se produit qu’à la maison. J’estime que c’est carrément exprès que les pédopsys ne mettent pas les pieds dans les foyers. Il leur est infiniment plus facile de s’exonérer ainsi de toute responsabilité en posant qu’ils tablent sur un comportement familial correct en sachant pourtant in petto qu’il y a de forts risques qu’il ne le soit pas tout à fait.

Alors que les parents sont immédiatement criminalisés en cas d’anomalie psy, ils n’ont pas le réflexe amont consistant à réclamer cette rencontre hebdomanaire et chez eux avec un parrain national. Ils préfèrent élever à leur manière. Ils préfèrent préserver le secret de leur méthode. Et c’est pourtant cette attitude trop privative qui va s’avérer très culpabilisante quand, une fois un problème devenu saillant, la nation va tout leur mettre sur le dos.

 


Edwige Antier a tenté de faire un travail relativement comportementaliste et relativement amont puisque tous les matins, à la radio, elle expliquait comment tenir son bébé, comment l’habiller, comment lui parler.
Mais là encore, là plus que jamais, cette entreprise était fondée sur le postulat que les parents auditeurs sont déjà des parents attentifs et soigneux. Partant de là, en dépit de sa voix doucereuse quotidienne, s’il survenait un problème dans une famille, cette psy ne se voyait en rien responsable et était donc tentée de balancer sur les parents. Elle n’est en rien responsable alors, surtout parce qu’impuissante à réparer, elle balance, au moins implicitement, sur les parents.

Se sentir co responsable d’un dégât ou se sentir en rien responsable change complètement l’attitude qui au lieu d’être solidaire, passe accusatrice.

Une fois que l’enfant démontre un problème, les parents sont effondrés et ont besoin de solidarité nationale, pas d’être accablés de reproches, implicites ou explicites.


Alors qu’Edwige Antier était allée dans la direction du comportementalisme amont en prodiguant des conseils médiatisés, elle s’est arrétée en chemin en restant trop campée sur un trône d’autorité. Ce n’est pas en donnant des conseils à distance depuis un trône qu’on se montre solidaire. Pour le meilleur certainement mais pour le pire certainement pas.
Elle (et les psys médiatiques) s’était placée dans une position telle que s’il y avait des lauriers à prendre ils allaient à elle mais s’il y avait des reproches à prendre, elle en était épargnée.

Ce détail se voit dans ce qu’elle a écrit à la suite du procès intenté contre elle ou son association pour détournement de fonds. Voici ce qu’elle a écrit à son auditoire habituel

 

«  »«  »«  »Chers amis, chères amies, Chers parents,
Vous avez tous entendu le verdict à mon encontre. Il est important que chacun sache que je n’ai rien à me reprocher, heureusement pour tous les enfants et leurs parents qui me font confiance, je n’ai jamais détourné 1€ d’une association.
Aujourd’hui, je suis en instance de divorce et donc je me bats seule pour rétablir la vérité.
Je fais appel car je ne laisserai jamais salir mon honneur après 35 ans de vie au service des enfants et de leur cause. Au nom des femmes qui se battent tous les jours pour leur dignité, je veux donner l’exemple du courage dans l’épreuve pour se faire respecter. Mon nom de pédiatre ne sera pas sali. Les enfants ont besoin de penser qu’il existe des adultes référents qui les protègent, et je suis l’un d’eux. Edwige Antier.«  »«  »«  »

A en croire cette dernière phrase, elle se sera toujours posées, au moins implicitement et en tous cas explicitement ici, en parent référent

Qu’est donc un parent référent ?
N’est-ce pas un parent de référence donc un parent insoupçonnable et parfaitement bénéfique à l’enfant ?
N’est-ce pas un parent doté d’un statut d’inexpugnabilité, contrairement aux parents ordinaires qui peuvent du jour au lendemain être traités de parents indignes ?

Pour autant que sa prétention à être une mère parfaite ait transpiré pendant 20 ans dans les médias qui portaient sa parole, ça fait 20 ans que des parents se sentent infériorisés par elle. Et qu’ils sont alors d’autant plus vulnérables à la sape de l’auto culpabilisation


C’est pour cette raison que j’ai proposé, dans mon schéma initial, que le parrain DPLG qui vient prendre le thé chaque semaine, ne soit certifié par l’Etat que pour sa technicité non pour sa moralité. Ce point est très important vis-à-vis des autres parents tellement vulnérables à une accusation de mauvaise moralité. Nous acceptons tous manquer de technicité, y compris comportementale mais pas de moralité.

C’est pour cela que j’ai proposé qu’il papote avec les parents, chez eux, sur un ton de technicien non de moraliste. Et son statut indiquera sa responsabilité technique dans son suivi technique, comportementaliste. Il sera comportementalement co-responsable avec les parents


J’ai dit plus haut que la présence soutenue d’un parrain DPLG aiderait aussi à réguler les relations entre parents. Le cas Edwige Antier nous prouve qu’elle aurait eu besoin elle aussi, de cette présence puisque globalement, à la croire, son mari aurait détourné les fonds à son insu.
Il y aurait donc eu un défaut de communication entre eux ou alors elle n’aurait rien vu des troubles de son mari.

Déjà un parent lambda aurait besoin de cette présence très participative et systématisée, obligatoire, d’un parrain DPLG pour s’éviter des départs en vrille avec son conjoint. Mais un parent qui en vient à s’autoproclamer parent modèle est forcément aveuglé par son autorité et sa supériorité totale, technique et morale. Il aurait plus que d’autres ou en tous cas autant que d’autres besoin d’un parrain DPLG pour le recadrer.

 

 

Si notre société ne jetait pas aux chiens les parents ayant un enfant qui part en vrille, ce parrainage étatique serait inutile. Il se produirait chaque jour mille expériences éducatives dans les maisons et nous ferions avec l’hétérogénéité qui en résulterait.
Or notre société est hyper répressive contre les parents et en tant que parents.
Sans jamais dire exactement comment un parent doit laver ou embrasser son enfant, elle l’attend à la sortie et si l’enfant est de travers, elle va hurler à l’anormalité éducative. Elle ne dit pas la norme éducative mais punit très sévèrement tout résultat anormal.

Il faut donc choisir entre la relaxation systématique des parents parce qu’on le les aura pas formés
Ou les former à une norme, les accompagner de très près et se montrer techniquement solidaires d’eux en cas d’accident avant la majorité de l’enfant


Si c’est cette seconde solution qui est adoptée, les psychanalystes qui ont pour réflexe de renvoyer leur impuissance à réparer vers la culpabilisation des parents, devront effectuer un virage en posant que les désordres de leurs patients ont pour cause un défaut national, un défaut du système entier.
Comme ça ne leur sera pas aussi facile que d’accuser leur cible favorite que sont les parents dans la brume d’un passé inaccessible et dont on peut tout faire dire, ils devront forcément se concentrer sur les solutions, sur les remèdes, sur des expériences à tenter en direction du futur.
Ils passeront comportementalistes de la réparation. « Pour sortir de cette angoisse, essayons le comportement suivant... »
Et ils conduiront cette entreprise de réparation de concert avec tous les acteurs de la vie de l’enfant, même devenu adulte, à savoir ses parents, le parrain national et la nation. Fin des mises en quarantaine des parents.


Un garagiste répare notre voiture accidentée sans nous bassiner des causes, sans nous culpabiliser, sans nous faire perdre confiance, sans nous humilier. Il serait grand temps que les psys commencent à en faire autant.

 


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