Effectivement, les médias courtisans ont liquidé le peu d’âme qui leur restait avec le traitement journalistique misérable qu’ils ont réservé à l’affaire Merah. D’ailleurs, il ne fait plus sens de parler ici de journalisme. Nous assistons davantage au grand spectacle de collusion qui se joue entre les milieux du pouvoir, de l’argent et des médias, spectacle aussi grossier que triste à pleurer.
Dans les lueurs crépusculaires de cette fin de quinquennat, la tuerie de Toulouse-Montauban ressemble fort au dernier orgasme mortifère de l’oligarchie sarkozyste. Ce soubresaut du diable fait jaillir tous les reflets du terrorisme d’Etat, à l’identique des gerbes d’anomalies qui caractérisaient, trente ans plus tôt, la Stratégie de la tension.
Le Grand Soir a publié hier, 11 avril, la traduction d’un article du Financial Times intitulé Les médias français dans le lit du pouvoir, stigmatisant « les liens presque hilarants de Nicolas Sarkozy avec les barons de la presse » et « la petite amie journaliste de François Hollande ». Mais les chroniqueurs américains tirent trop facilement sur la ficelle de la sexualité dès qu’ils évoquent la France. Si les médias français sont effectivement couchés, la tête écrasée dans les draps, ce n’est même plus pour se faire baiser par les puissants, c’est parce qu’il sont morts.
Les médias courtisans auront vécu une agonie de sept minutes, le 22 mars dernier, dans le concert des tirs que le RAID offraient aux commentateurs aveugles et aux micros tendus depuis plus de trente heures dans l’ignorance et la bêtise.
Que vivent les médias citoyens. Seuls ces derniers savent encore tenir debout. Si on ne les exécute pas.