Il y un rapport entre ces questions autour de la valeur travail et la façon de considérer comptablement le travail comme une charge. Du fait que le capitaliste n’accorde à la rémunération du travail que la stricte part qui lui permet de s’en assurer la disponibilité, aussi longtemps que les employeurs ne paieront leurs salariés que le minimum possible, il est illusoire de croire qu’il suffira de taxer tous les revenus du travail un peu plus afin de payer aussi les individus qui ne font rien.
Par ailleurs, il est illusoire de croire que le revenu de base permettrait de renverser les rapports de force entre les possédants et les « possédés », et aucun raisonnement ne pourra rien démontrer ni dans un sens ni dans l’autre.
La proposition d’un revenu de base est une bonne réponse à une mauvaise question : c’en est même une réponse qui crée les conditions de sa pertinence, puisque le fait de distribuer de l’argent à tous en échange des services publics est de nature à accélérer le processus de privatisation de tous les secteurs d’activité. Le revenu de base ou de vie est incompatible avec le maintien des
services publics. Dans une société démocratique correctement
administrée, la question d’un revenu universel est donc une question
saugrenue.
Par conséquent, la question du revenu universel est une question idéologique, une question de choix de société : voulons nous, oui ou non, une société compétitive de marché où tout se vend, tout s’achète ? ou bien une république forte et fraternelle qui organise la paix sociale et le vivre ensemble ? Voulons nous vivre comme des cow-boys au Far Ouest, ou bien comme des gens civilisés sur un territoire qui est notre patrimoine commun.