L’Argentine est en effet le plus français des pays d’Amérique du Sud. Tout comme en France, les votes s’achètent à coup de générosité médiatique, tout comme en France, la Gauche y a le portefeuille bouffi et la larme de crocodile empathique et tout comme en France, le déni de réalité y est un dogme.
Mais l’élève dépasse le maître sur bien des points :
- En France, nous ne nous sommes pas encore autorisés à prélever sur les dépenses futures des caisses de retraite pour payer les besoins de financements immédiats. Nous n’avons pas encore osé le discours des « biens substituables » pour justifier la division par trois du taux officiel d’inflation. L’argentine est un pays latin pur jus, où l’individualisme prime sur le sens de la citoyenneté, les lobbies publics se foutant royalement des souffrances qu’impose une bureaucratie étouffante à une population étranglée par le coût de la vie.
Il faut avoir mis le pied sur cette terre pour comprendre, loin des élucubrations intellectuelles franchouillardes, ce qu’est le quotidien d’un Argentin. Ca a la puissance dramatique du tango et la musique de fond y est aussi triste. Les veilles nocturnes au guichets automatiques pour tirer les quelques subsides mensuels accordés par des politiciens aux fortunes miraculeuses , les coupures régulières d’électricité, d’eau, les carences de carburant, la délinquance explosive dans le grand Buenos Aires, les 4 heures quotidiens passés dans les transports publics pour des emplois sous payés et intellectuellement peu stimulants. Et l’Argentin de soupirer, lorsqu’on lui demande s’il a un espoir de changement :« que sééé shoo », se sentant totalement impuissant face au « kilombo » politique de cette terre pourtant si généreuse, résolu à vivre l’instant le plus intensément possible parce qu’on n’est jamais sur du lendemain (une grosse différence culturelle avec la France).
Non, vraiment, Mr Asselineau, pour fonder un projet politique, il vaux mieux se baser sur la vertue que sur le vice, regardez plutôt au Nord de chez nous pour trouver des exemples de transparence et d’honnêteté et de cohésion sociale. Je ne souhaite à personne le quotidien d’un argentin sous l’administration Kirshner.