• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


easy easy 7 mai 2012 15:40

Je vois deux manières d’être un héros.
On peut l’être par la voie publique, même quand ce public n’est que minoritaire voire marginal. On se retrouve alors héros de ce public, si l’on a affronté son dragon.

Et on peut l’être par la voie intime, face à soi-même. On se retrouve alors automatiquement avec tout le monde à dos.

Exemple. Il se trouve qu’à peu près dans toutes les cultures, il existe des amours interdites. Interdites par tous les groupes et sous-groupes du public que comporte chaque culture. Interdites par tous au sein d’un pays donné.

Si d’aventure un individu se met à tomber amoureux d’un objet (à ne pas prendre au sens « chose ») que cet objet soit une personne, un animal ou un véritable objet comme un ballon ou une table, s’il s’engage envers cet objet interdit en un amour indéfectible et si ça se sait, s’il se retrouve menacé des pires tortures en raison de sa transgression mais qu’il maintient son engagement, s’il ne renie pas pour autant son amour fou, alors il est un héros absolu.

Marguerite Duras avait couché avec un Chinois alors qu’elle n’avait pas 16 ans.
Dès son retour en France, elle a tu ce fait. Participant à un ouvrage du ministère des colonies, elle avait même écrit que le Blanc ne doit pas se mélanger au Jaune. Le contexte était si raciste que si elle avait avoué son crime, elle aurait mal fini. La dernière exposition de Nègres en zoo, s’était tenue à Bruxelles en 1958.
Elle n’a donc pas été ultra héroïque (Et son amant non plus)
Toutefois, à peine cet ouvrage ministériel raciste publié, elle avait claqué la porte du ministère puis, au fil des années, elle s’est mise à écrire l’histoire d’une jeune française ayant aimé faire l’amour avec un Jaune. Elle aura tout de même attendu 1996 pour oser dire que la « fille » de ses romans c’était elle. A ce moment là seulement, elle était devenue un peu héroïque. Tardivement, mais tout de même.

Plus héroïque qu’elle c’était Marguerite de Ravalet, Marie Key Letourneau, Gabrielle Russier. Ces femmes, en dépit des pires menaces contre leur vie, n’ont pas dévié. Jusqu’à la fin, elles auront dit « Oui j’aime cette personne que vous m’interdisez d’aimer »

Il est même arrivé que ces amoureuses définitives et iréductibles soient déniées ou désavouées par l’objet même de leur amour (cas de Julien de Ravalet qui, tremblant devant le bourreau, avait fini en apostasie). Mais elles seront tout de même restées fermes sur leur ligne de fidélité.

Si Dieu est amour, alors ces personnes bannies des hommes sont certainement ses héros et héraults.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès