Il faudrait que la trajectoire de ce missile soit connue, c’est normalement assez facile quand on sait d’où ont été prises les vidéos et au regard de la trajectoire du missile.
La piste d’un Boulava tiré depuis la Méditerranée est quasiment impossible, ce pour plusieurs raisons :
- un tel tir aurait requis l’accord des états du bassin méditerranéen ; il y a de nombreuses choses à respecter, notamment en matière de sécurité des sites lanceurs et récepteurs, des espaces aériens et maritimes concernés, etc. Il m’est avis qu’Israël n’aurait jamais accepté qu’un missile russe lui passe au-dessus de la tête.
- si le tir a été effectué sans l’accord des nations concernées par le test, cela correspond à un acte de guerre du point de vue légal, et la Russie n’aurait jamais tenté pareille aventure à mon avis. Les Russes sont très attachés au respect du droit international, c’est l’un de leurs seuls arguments phares vis-à-vis de l’OTAN et des Etats-Unis.
Si le missile a été observé d’autant d’endroits au Moyen-Orient, c’est parce qu’il devait avoir une altitude extrêmement élevée. A mon sens, ce qui a été observé ce soir-là n’est rien d’autre que le Topol-M tiré depuis la région d’Astrakhan en Russie vers une cible au Kazakhstan - ce qui pourrait être vérifié par les vidéos. Ce qui est tout à fait notable à propos de ce test est la chose suivante :
Lieu de lancement : polygone de Kapoustine Iar, Astrakhan, Russie
Cible : polygone de Sary Chagan, Kazakhstan
Type de missile : RS12M Topol
La distance séparant le lieu de lancement et la cible peut être calculé grâce aux coordonnées des deux sites.
Kapoustine Iar : 48 degrés 34 minutes Nord 45 degrés 44 minutes Est
Sary Chagan : 46 degrés 23 minutes Nord 72 degrés 52 minutes Est
Distance approximative entre les deux sites : 2042 kilomètres.
Le
missile utilisé était un RS12M Topol, un ICBM dont la portée est de
l’ordre de 10 000 kilomètres. C’est-à-dire que selon les informations
officielles fournies par la Russie, celle-ci a utilisé un missile
intercontinental pour détruire une cible avec une portée de 2000
kilomètres !
Que cela implique-t-il ?
Cela
explique la trajectoire anormale observée, qui est nécessaire pour
l’utilisation d’un missile intercontinental afin d’atteindre une cible
bien plus proche que la portée d’un ICBM. Des informations officieuses
font état du désir de l’armée russe de réussir à obtenir ce genre de
trajectoire pour pouvoir définitivement empêcher l’interception de ses
missiles par les intercepteurs occidentaux.
Pourquoi
utiliser un ICBM sur une portée de 2000 km ? D’une part, comme cité
précédemment, car la trajectoire du missile est lié à sa cible. Cela
permettrait de déjouer les défenses potentielles occidentales (et leur
bouclier antimissile). D’autre part, pour combler les lacunes de
l’arsenal russe qui ne dispose pas de missiles de moyenne portée.
Qui
est visé ? Potentiellement, tous les pays à 2000 km de portée des
frontières russes. Plus spécifiquement et au vu du contexte géopolitique
mondial, certaines régions apparaissent plus visées que d’autres.
Notamment :
- l’Europe de l’est (qui va accueillir le bouclier antimissile de l’OTAN)
-
le Moyen-Orient, et dont l’un des pays a dû avoir des sueurs froides le
7 juin dernier, évidemment Israël, dont l’intérêt vis-à-vis de la
politique des Etats-Unis est évident.
La
Russie vient de faire une démonstration de force : après le test réussi
d’un ICBM sur une portée de 10 000km, elle vient de montrer aux
Occidentaux qu’elle peut aussi utiliser ses Topol-M sur une portée plus
réduite, avec une trajectoire que les systèmes occidentaux sont peu
susceptibles d’intercepter à coup sûr...