Merci à Gélézinas Vilkas et à Eric.
Jean Soler identifie la source de la violence monothéiste à l’ordre de brûler les idoles, au dieu jaloux. Aucune autre religion n’a inventé un tel dieu ni donné un tel ordre.
Gelezinis Vilkas, il me semble que vous tombez dans l’erreur de nombre de représentants du judaïsme qui consiste à dire : ce n’est pas nous qui sommes prosélytes et violents, mais les chrétiens et les musulmans. Le fait est peu contestable, mais la conclusion est fausse. La violence est dans l’ordre de brûler les idoles ; elle est restée contrainte dans le judaïsme par sa priorité ethnique. Vous avez raison de dire que c’est l’universalisme qui a libéré cette violence, mais 1) le potentiel de violence, le dieu jaloux, est déjà là dans le judaïsme, 2) les juifs eux-mêmes s’affichent comme universalistes : lisez Isaïe, Haïm Korsia, etc (encore une fois cet universalisme était bridé par la priorité donnée à l’ethnique), 3)qu’il faille reconnaître les différences de par le monde est une chose, bannir l’universalisme en est une autre , qui revient à renier la nature humaine.
La preuve que ce n’est pas l’universalisme qui est la cause première de la violence nous est donnée par le bouddhisme, lui aussi universaliste, mais non-violent (au moins dans ses fondations, et incomparablement moins violent que le monothéisme dans les faits).
Le grand intérêt de ce fil est que tous ici reconnaissent l’existence d’une violence religieuse monothéiste bien supérieure à la violence religieuse dans le monde non-monothéiste. Il suffit de voir les affirmations péremptoires y compris d’un Didier Long (cf sa réaction à l’article d’Onfray), pour voir que ce fait est largement méconnu. Il faut je crois commencer par là. Je regrette qu’il n’y ait pas d’étude d’historiens sur la question (j’ai engagé à titre perso une enquête dans ce sens, merci à celles et ceux qui voudraient y contribuer)
Ensuite l’analyse. Pour moi la cause racine, pour simplifier, et n’en déplaise au monde judaïque, c’est le dieu jaloux et ses avatars, l’ordre de brûler les idoles, la vérité unique, les textes sacrés sacralisant un principe d’hétéronomie. Ajoutez à cela le complexe de victimisation, qui conduit à diaboliser tout adversaire.
Quant à Jésus, pour remarquable qu’il ait été, il était un juif pieux, il n’a voulu que réformer, intérioriser le judaïsme, mais sans remettre en cause son fondement exclusiviste.
Les chrétiens (hier) et les musulmans (aujourd’hui) alimentent l’antisémitisme, les chrétiens et les juifs stigmatisent l’islam, les juifs se récrient ce n’est pas nous, c’est eux qui sont violents. Bref tous se repassent le mistigri, plutôt que de reconnaître que leur problème est commun : celui de l’exclusivisme monothéiste, du dieu jaloux.
Quant à René Girard, certaines critiques à son égard sont légitimes, mais il ne faudrait pas jeter le bébé , sa thèorie du sacrifice, avec l’eau du bain . Appliquez la d’ailleurs dans le domaine des dieux, ajoutez-y la toute puissance, et vous aboutissez à l’éradication des autres dieux par le monothéisme. Pour voir le bébé, sa valeur, ses limites, les besoins d’approfondissement, lire Lucien Scubla.