S’il est prévu qu’un établissement confessionnel puisse servir de salle d’examen à des épreuves de l’école laïque (en étant indemnisé) sous condition de retirer ses insignes, ce chef d’établissement est en tort.
Toutefois, la république est bien irresponsable d’avoir envisagé ce cas de figure car s’il est possible de retirer un petit crucifix d’une salle, comment retirer une croix qui fait 5 m de haut et qui est gravé dans le marbre d’une façade voire dans le nom même d’un établissement catholique ?
Si les salles des établissements catholique ont une forme de croix on retire quoi ?
Cela dit, s’il nous arrivait une grande peste, un grand temblement de terre et que nous ayons à évacuer nos blessés dans des salles confessionnelles bourrés de signes religieux, les mourrants feraient-ils des histoires et des procès ?
Quand quelqu’un entreprend d’extirper notre enfant de notre voiture en feu, lui demandons-nous si ses papiers sont en règle, s’il n’est pas gitan, s’il n’est pas zoophile, s’il a bien retiré sa kippa, s’il s’est bien lavé les mains après être sorti des toilettes ?
J’abuse en plaçant la réclamation de cette professeure selon ces perspectives. Mais dans tous les cas de figure, nous devrions y songer pour nous aider à relativiser nos exigences de pureté, de probité, d’aseptie ou de neutralité des autres.
Dans le cas d’espèce, la professeure était dans son plein droit et avait de bonnes raisons d’insister. Mais j’estime que quand on est sûr de son enseignement, de sa foi, on ne redoute pas de l’exercer dans une pétaudière.
Face à la résistance du directeur de ce lycée, ne voyant pas d’intérêt à la dramatisation, je n’aurais pas insisté, je me serais contenté de prévenir chaque candidat que je n’en étais pas et je l’aurais invité à en faire abstraction si ça l’arrangeait.
Je cherche là à être conciliant et une ambiance conciliante est toujours favorable aux candidats. Mais la présence du dieu des abrahamistes est tout de même très comminatoire voire aposématique lors d’examen (ou lors de procès). Leur dieu est hyper inquisiteur, passe son temps à surveiller ses créatures, à les juger, à les condamner aux enfers, à connaître le futur et à en décider. Il impose donc une énorme pression à quiconque ne se sentirait pas en odeur de sainteté, autant dire tout le monde.
Soit on aurait le coeur chrétien, on n’aurait pas péché ni ce matin là ni la veille et on se sentirait soutenu par ce crucifix ce jour d’épreuve. Quel privilège !
Soit on aurait maté sa cousine ou l’on serait en conflit avec la chrétienté et on se sentirait alors en mauvaise posture. Quelle avanie !
J’ai fabriqué un crucifix dans mon enfance. Quel suivisme ! Quelle naïveté cataphatique et matérialiste !
Ce bout de bois n’est plus d’aucune influence sur moi.
Mais parmi les candidats, il peut y en avoir qui y sont soumis d’une manière ou d’une autre comme je l’étais autrefois. Si c’est cette considération qui a motivé cette professeure, je la comprends et je la soutiens.
Bien vu Chalot !