@Pelletier
Jean :
Joyeux Noël !
Ravi de vous lire et de commenter
votre article. J’essaierai de faire de mon mieux : je suis là
pour comprendre.
Dans
une certaine mesure, la Chine est une menace pour un certain
équilibre du monde. Mais, n’oublions pas que récemment, il y eut
la guerre froide qui mettait bien en avant la présence de deux
forces antagonistes (États-Unis et URSS) qui s’affrontaient par
pays interposés (Guerre du Vietnam et de Corée, par exemple). Cette
guerre froide créa de facto une sorte d’équilibre qui fut
brisé après la fin de la guerre froide.
Une autre forme de
menace remplaça le bloc soviétique : les entreprises
terroristes. La plus tristement célèbre est, bien entendu, celle
dont la responsabilité des attentats du onze septembre fut
attribuée. La particularité de ce genre de menace est qu’il reste
‒et restera‒ essentiellement invisible par rapport au temps de la
guerre froide.
Numériquement, la Chine reste la première armée de la planète, mais, si on ramène cela au nombre d’habitants pour une comparaison plus pertinente, on constatera que l’armée chinoise est plus faible en effectifs que l’armée française : environ 1 pour 650 habitants pour la France, contre 1 pour plus de 1000 habitants pour la Chine populaire. En d’autres termes, il est peu probable que la Chine chercherait un conflit majeur avec un pays donné, même si c’était, en quelque sorte, dans ses intérêts.
Je dirais que l’armée chinoise, en faisant savoir au monde qu’elle possédait un porte-avions, fut-il de mauvaise facture, voulut lancer au monde un message symbolique du genre : « On ne compte pas pour du beurre. » Et, sur ce plan, la Chine a réussi quoi qu’on en dise. Hormis les États-Unis, les pays possédant un porte-avions, même obsolète, se comptent, il me semble, sur les doigts.
À mon humble avis, le problème est ailleurs. Je m’explique. En général, pour s’implanter en Chine, une entreprise est tenue de faire une concession importante : le transfert de technologie. Derrière cette expression, il est à noter la notion d’assistance technique qui inclut, sans y être limitée, la formation. Le constructeur de TGV français refusa, je crois bien, de telles exigences. C’est le constructeur allemand Siemens qui obtint le marché. Qui prit la bonne décision stratégique ? Je n’ose répondre : trop de facteurs et d’enjeux.
Quant à dire, au vu de certains commentaires, que les enjeux seraient dans le Pacifique, je crains que cela ne soit vrai. Les industries de pointe s’installent dans cette partie du monde : Chine, États-Unis, Japon, Russie, Thaïlande, Vietnam, etc. J’ai même ouï dire qu’on chercherait à y délocaliser la recherche, pour des raisons de rentabilité (et, pas seulement de rentabilité financière). Bien que l’Inde et le Brésil ne soient pas des pays limitrophes à l’océan Pacifique, on peut les considérer comme faisant partie des enjeux : l’Amérique du Sud est à l’Ouest du côté du Pacifique, l’Inde est plus proche du Pacifique que de l’Europe. Bref, dire que « avoir les yeux rivés sur le Pacifique » est exagéré est, de mon point de vue, une erreur d’analyse stratégique pour un pays qui en sous-estimerait l’importance. La Chine l’a compris et manifeste sa présence en ces lieux par un porte-avions pour devenir une pièce importante sur l’échiquier international dans la région et non un simple pion.
Enfin,
au pays de « L’art de la guerre »
de Sun Tzu, je doute fort que la Chine, même en
position de force ‒ce qui n’est pas son cas‒, s’amuse à
déclencher quelque hostilité tant qu’elle peut l’éviter.
Un
homme responsable n’accuserait jamais l’autre en premier,
avais-je écrit sur ce forum, et, donc, par extension, ne tirera pas
le premier, même si j’admets qu’on ne fasse plus dans la
dentelle de nos jours.
Bien entendu, j’invite les lecteurs à apporter la contradiction : je ne demande qu’à comprendre.
« Les
américains ne sont donc pas inquiets pour eux-mêmes. »
Et,
ils ne le risquent pas : les meilleurs centres de recherche au
monde sont essentiellement basés sur leur sol, le record du monde
des prix Nobel remportés l’atteste indiscutablement.
« la
vélocité [que la Chine]
manifeste en matière économique et industrielle pourrait lui
permettre de rattraper très vite son retard. »
C’est
sur ce plan que la Chine doit inquiéter à plus d’un titre le
monde : j’ai lu quelque part que toute l’Europe ne produit
pas plus d’ingénieurs que la Chine elle-même. Certains pourraient
ergoter sur la qualité de leur formation, mais, on oublie beaucoup
que les meilleurs chinois qui décident d’étudier à l’étranger
étudient logiquement dans le top ten
des meilleures universités de la planète (classement de
Shanghai).
Par exemple, au début des années 2010 ‒je ne me
rappelle plus quand‒, le meilleur supercalculateur du monde était
chinois, c’est-à-dire, la conception et la fabrication de son
(ses) processeur (s) principal (aux) sont, à ce que j’ai compris,
entièrement chinoises bien que certains processeurs additionnels
soient américains (notamment ceux de la firme Intel,
Inc.). J’entends par
« conception », la conception dite « sur papier »
‒c’est-à-dire, au moins un schéma technique‒ jusqu’à la
maquette finale ou le prototype. J’entends par « fabrication »,
la réalisation matérielle (au moins, sous forme de prototype) d’un
modèle répondant à un cahier des charges donné (normalisation
technique, technologique, économique et sociale, par exemple) en vue
d’une exploitation techniquement viable.
« l’étendue
du potentiel militaire chinois »
révélée
par les Américains
Évidemment, les Chinois sont loin
d’être naïfs. Ils savent comme tout le monde que les satellites
espions américains les observent. La Chine sait ce que l’Amérique
sait de la Chine, sur le plan militaire. Ce qui me paraît
intéressant est de savoir ce que l’Amérique a caché au reste du
monde et pourquoi.
« Le
contentieux prend une mauvaise tournure depuis les années 1970, date
à laquelle d’importantes réserves pétrolières et gazières ont
été découvertes. »
Partout dans le monde, c’est
pareil : dès qu’on découvre un gisement stratégique qui
risque d’empiéter chez le voisin, les revendications territoriales
sont des prétextes à querelles, surtout en mer où la notion de
frontière est extrêmement vague ‒sans vouloir faire de jeu de
mots‒ dans l’esprit des gens.
Le contentieux de la Chine avec
l’Inde concernant le Tibet n’est pas à sous-estimer non plus :
l’Inde et la Chine sont les deux plus grands marchés du monde et
possèdent toutes les deux l’arsenal atomique. C’est sur le plan
juridique que la Chine détiendra toujours un avantage sur l’Inde :
le droit de veto devant l’ONU.
Au niveau mondial, la Chine
détiendrait un atout fondamental : les fameuses terres rares.
Ce sont a priori les produits stratégiques du futur. Pour
comprendre leur importance osons un schéma sur les produits
stratégiques :
‒ alimentation : le blé et le riz,
par exemple
‒ énergie : fossiles, nucléaire, par
exemple
‒ technologie : les terres rares, par exemple
La
Chine dispose, il me semble, de ces trois produits stratégiques. La
France dispose-t-elle de terres rares ? Certes, je l’ignore,
mais, je crois bien que non.
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