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L’immigré 27 décembre 2012 09:33

@Pelletier Jean :
Joyeux Noël !
Ravi de vous lire et de commenter votre article. J’essaierai de faire de mon mieux : je suis là pour comprendre.

Dans une certaine mesure, la Chine est une menace pour un certain équilibre du monde. Mais, n’oublions pas que récemment, il y eut la guerre froide qui mettait bien en avant la présence de deux forces antagonistes (États-Unis et URSS) qui s’affrontaient par pays interposés (Guerre du Vietnam et de Corée, par exemple). Cette guerre froide créa de facto une sorte d’équilibre qui fut brisé après la fin de la guerre froide.
Une autre forme de menace remplaça le bloc soviétique : les entreprises terroristes. La plus tristement célèbre est, bien entendu, celle dont la responsabilité des attentats du onze septembre fut attribuée. La particularité de ce genre de menace est qu’il reste ‒et restera‒ essentiellement invisible par rapport au temps de la guerre froide.

Numériquement, la Chine reste la première armée de la planète, mais, si on ramène cela au nombre d’habitants pour une comparaison plus pertinente, on constatera que l’armée chinoise est plus faible en effectifs que l’armée française : environ 1 pour 650 habitants pour la France, contre 1 pour plus de 1000 habitants pour la Chine populaire. En d’autres termes, il est peu probable que la Chine chercherait un conflit majeur avec un pays donné, même si c’était, en quelque sorte, dans ses intérêts.

Je dirais que l’armée chinoise, en faisant savoir au monde qu’elle possédait un porte-avions, fut-il de mauvaise facture, voulut lancer au monde un message symbolique du genre : « On ne compte pas pour du beurre. » Et, sur ce plan, la Chine a réussi quoi qu’on en dise. Hormis les États-Unis, les pays possédant un porte-avions, même obsolète, se comptent, il me semble, sur les doigts.

À mon humble avis, le problème est ailleurs. Je m’explique. En général, pour s’implanter en Chine, une entreprise est tenue de faire une concession importante : le transfert de technologie. Derrière cette expression, il est à noter la notion d’assistance technique qui inclut, sans y être limitée, la formation. Le constructeur de TGV français refusa, je crois bien, de telles exigences. C’est le constructeur allemand Siemens qui obtint le marché. Qui prit la bonne décision stratégique ? Je n’ose répondre : trop de facteurs et d’enjeux.

Quant à dire, au vu de certains commentaires, que les enjeux seraient dans le Pacifique, je crains que cela ne soit vrai. Les industries de pointe s’installent dans cette partie du monde : Chine, États-Unis, Japon, Russie, Thaïlande, Vietnam, etc. J’ai même ouï dire qu’on chercherait à y délocaliser la recherche, pour des raisons de rentabilité (et, pas seulement de rentabilité financière). Bien que l’Inde et le Brésil ne soient pas des pays limitrophes à l’océan Pacifique, on peut les considérer comme faisant partie des enjeux : l’Amérique du Sud est à l’Ouest du côté du Pacifique, l’Inde est plus proche du Pacifique que de l’Europe. Bref, dire que « avoir les yeux rivés sur le Pacifique » est exagéré est, de mon point de vue, une erreur d’analyse stratégique pour un pays qui en sous-estimerait l’importance. La Chine l’a compris et manifeste sa présence en ces lieux par un porte-avions pour devenir une pièce importante sur l’échiquier international dans la région et non un simple pion.

Enfin, au pays de « L’art de la guerre » de Sun Tzu, je doute fort que la Chine, même en position de force ‒ce qui n’est pas son cas‒, s’amuse à déclencher quelque hostilité tant qu’elle peut l’éviter.
Un homme responsable n’accuserait jamais l’autre en premier, avais-je écrit sur ce forum, et, donc, par extension, ne tirera pas le premier, même si j’admets qu’on ne fasse plus dans la dentelle de nos jours.

Bien entendu, j’invite les lecteurs à apporter la contradiction : je ne demande qu’à comprendre.

« Les américains ne sont donc pas inquiets pour eux-mêmes. »
Et, ils ne le risquent pas : les meilleurs centres de recherche au monde sont essentiellement basés sur leur sol, le record du monde des prix Nobel remportés l’atteste indiscutablement.

« la vélocité [que la Chine] manifeste en matière économique et industrielle pourrait lui permettre de rattraper très vite son retard. »
C’est sur ce plan que la Chine doit inquiéter à plus d’un titre le monde : j’ai lu quelque part que toute l’Europe ne produit pas plus d’ingénieurs que la Chine elle-même. Certains pourraient ergoter sur la qualité de leur formation, mais, on oublie beaucoup que les meilleurs chinois qui décident d’étudier à l’étranger étudient logiquement dans le top ten des meilleures universités de la planète (classement de Shanghai).
Par exemple, au début des années 2010 ‒je ne me rappelle plus quand‒, le meilleur supercalculateur du monde était chinois, c’est-à-dire, la conception et la fabrication de son (ses) processeur (s) principal (aux) sont, à ce que j’ai compris, entièrement chinoises bien que certains processeurs additionnels soient américains (notamment ceux de la firme Intel, Inc.). J’entends par « conception », la conception dite « sur papier » ‒c’est-à-dire, au moins un schéma technique‒ jusqu’à la maquette finale ou le prototype. J’entends par « fabrication », la réalisation matérielle (au moins, sous forme de prototype) d’un modèle répondant à un cahier des charges donné (normalisation technique, technologique, économique et sociale, par exemple) en vue d’une exploitation techniquement viable.

« l’étendue du potentiel militaire chinois  » révélée par les Américains
Évidemment, les Chinois sont loin d’être naïfs. Ils savent comme tout le monde que les satellites espions américains les observent. La Chine sait ce que l’Amérique sait de la Chine, sur le plan militaire. Ce qui me paraît intéressant est de savoir ce que l’Amérique a caché au reste du monde et pourquoi.

« Le contentieux prend une mauvaise tournure depuis les années 1970, date à laquelle d’importantes réserves pétrolières et gazières ont été découvertes. »
Partout dans le monde, c’est pareil : dès qu’on découvre un gisement stratégique qui risque d’empiéter chez le voisin, les revendications territoriales sont des prétextes à querelles, surtout en mer où la notion de frontière est extrêmement vague ‒sans vouloir faire de jeu de mots‒ dans l’esprit des gens.
Le contentieux de la Chine avec l’Inde concernant le Tibet n’est pas à sous-estimer non plus : l’Inde et la Chine sont les deux plus grands marchés du monde et possèdent toutes les deux l’arsenal atomique. C’est sur le plan juridique que la Chine détiendra toujours un avantage sur l’Inde : le droit de veto devant l’ONU.
Au niveau mondial, la Chine détiendrait un atout fondamental : les fameuses terres rares. Ce sont a priori les produits stratégiques du futur. Pour comprendre leur importance osons un schéma sur les produits stratégiques :
‒ alimentation : le blé et le riz, par exemple
‒ énergie : fossiles, nucléaire, par exemple
‒ technologie : les terres rares, par exemple
La Chine dispose, il me semble, de ces trois produits stratégiques. La France dispose-t-elle de terres rares ? Certes, je l’ignore, mais, je crois bien que non.


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