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Christian Labrune Christian Labrune 10 janvier 2013 13:56

Pour éclairer un peu ce débat, il conviendrait peut-être de se pencher sur l’évolution des conceptions touchant à la fonction de l’école dans une république. Trop de gens ignorent que jusqu’en 1932, on parlait d’Instruction publique. C’est sous le gouvernement d’Edouard Herriot que le ministre Anatole de Monzie a imposé la dénomination Education nationale, probablement parce que cela correspondait mieux aux idées du temps et à une certaine fascination que pouvait exercer la montée des fascismes en Europe. On ne peut pas faire d’Anatole de Monzie un véritable fasciste : certaines mesures prises, touchant particulièrement à l’enseignement de la philosophie étaient assez judicieuses, mais enfin le bonhomme fut de ceux qui votèrent les pleins pouvoir à Pétain et que la « Révolution nationale » n’effraya jamais.

Instruire et éduquer, ce n’est pas la même chose. Lorsqu’on instruit, on développe l’esprit critique, on forme l’autonomie du jugement, on prépare l’individu à penser sa propre liberté. Eduquer, cela a toujours été la préoccupation première de tous les systèmes totalitaires. Jeunesses hitlériennes, Jeunesses communistes, Gardes rouges, tout cela, c’est de l’éducation pure : création de réflex conditionnés, de comportements programmés, lavage de cerveau, fanatisation des esprits.

Lorsque la gauche est arrivée au pouvoir en 81, la première chose qu’elle aurait dû faire, c’était renforcer le système d’instruction. Elle a fait le contraire, elle a voulu promouvoir l’éducation, c’est-à-dire le formatage qui lui permettrait de mieux crétiniser les masses. Tous ceux qui ont enseigné connaissent l’inévitable logorrhée du discours officiel à propos de la « citoyenneté ». Fabriquer des crétins sans autonomie intellectuelle, voués à répéter invariablement le catéchisme idéologique de la « gauche » (les guillemets s’imposent) à propos des « droits » de tout un chacun. Jusqu’à vouloir, dans l’école, « mettre l’enfant au centre », et s’appliquer à satisfaire son désir le plus immédiat, lequel est bien évidemment d’être diverti et non plus instruit. On a donc fabriqué dans l’enseignement public des masses d’abrutis dont on a encouragé et légitimé la seule activité dont ils fussent capables : celle de détruire toute possibilité d’enseigner. Dans la plupart des lycées des banlieues, le sens de l’émulation, par voie de conséquence, s’est peu à peu radicalement inversé. Le « bouffon », pour ces illettrés qui ignorent même le sens ordinaire des mots, ce n’est pas celui qui amuse, mais celui qui essaie de réussir et qui va à l’école pour apprendre. On le méprise quand on ne trouve pas une occasion de lui casser la gueule.

Sans l’instruction, il n’y a pas d’éducation qui vaille. On fabrique seulement des esclaves tout juste capables de répéter à l’envi les slogans des populistes. On en est là, y compris sur AgoraVox où l’absence d’instruction est partout perceptible.

Si on veut mieux comprendre la nature de tous ces problèmes, il suffit de taper dans Google : « Education nationale Instruction publique ». Beaucoup d’articles disponibles seront des plus éclairants.


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