@ Nemotyrannus :
Il me semble que l’on doive réexplorer la notion de complémentarité. Le mot n’est d’abord pas une injure, comme parfois des réactions virulentes le laisseraient penser. Un certain nombre de rôles sont interchangeables, pas tous. Sur les chantiers de construction les hommes portent des sacs ou des parpaings, les rares femmes sont contremaîtres (euh... ou contremaîtresses... ? )
La complémentarité n’est pas opposée à l’égalité, je pense au contraire qu’elle consolide et justifie l’égalité de droit en reconnaissant des différences de fait, de nature et d’historicité de la répartition des espaces selon les sexes. Car l’égalité c’est l’égalité de droit, on ne doit pas l’oublier. Elle ne doit pas être confondue avec une quête de la similarité, de l’indifférenciation ou de l’interchangeabilité systématique.
La relation à la mère dans la petite enfance est différente de celle au père parce que l’enfant est imprégné du physique, du son, du goût, du rythme de la mère. Un père peut très bien élever un nouveau-né mais ce n’est pas du hasard si c’est plutôt la mère qui le fait. Elle-même, en général, a un attachement particulier au nouveau-né - ce qui est heureux, sans quoi elle ne lui donnerait peut-être pas le sein et ne le nourrirait pas. Cet attachement maternel fait partie de la survie de l’espèce. La grossesse et l’attachement maternel orientent plus les femmes que les hommes vers la nutrition et les soins, la préservation de la santé, l’attention aux besoins. Un homme peut le faire mais chez la femme c’est une sorte de prolongement d’elle-même. A mon sens ce n’est pas pour rien si les rôles ont été élaborés. L’économie de l’espèce gagnait à ces spécialisations.
La grossesse, l’accouchement, la nutrition sont donc des éléments de différence qui induisent une complémentarité de fonction, non seulement biologique mais aussi sociale. La femme sur le point d’accoucher ou en allaitement aura quelques difficultés à sauter dans un arbre pour échapper à un ours. L’homme, en moyenne plus musclé, défend le territoire et la famille.
Cela ne signifie pas que la femme ne peut pas faire la plupart de ce que fait l’homme, d’ailleurs cela a toujours été le cas. Les femmes ont bossé, fait tourner le monde quand les hommes disparaissaient dans les guerres. Mais tout n’est pas interchangeable, même à notre époque où les ours ne courent pas les rues des villes... . La racine de fond existe toujours et elle a modelé les représentations. On ne change pas cela en un siècle, si même il faudrait le changer, ce dont personnellement je ne suis pas convaincu.
La sexualité est un autre domaine de différence complémentaire. Le mouvement de l’homme est d’ouvrir une porte, pénis en avant. Le mouvement de la femme est aussi de l’ouvrir mais de l’autre côté, de laisser entrer. Cette image très simple, voire simpliste, est en réalité une représentation très profonde de ce double mouvement. Cela ne donnerait-il pas des psychologies différentes ? Je connais peu de femmes qui n’apprécient pas le fait de sentir le pénis entrer en elle, car il exprime le mouvement de désir de l’homme pour elles, désir qui les stimule aussi. Qu’elles prennent l’initiative est aussi agréable, mais la femme assise sur le ventre de l’homme n’a pas la même satisfaction en général, celles que j’ai connu et avec lesquelles j’ai parlé aiment revenir à une position où elles sentent le mouvement de l’homme. Donc l’homme va vers, la femme accueille.
C’est schématique et la réalité est plus complexe et nuancée, plus individualisable aussi, mais ce schéma mérite mieux que ce que l’on lit par exemple sur le site "Je putréfie le patriarcat", où l’idée du pénis dans le vagin est combattu avec force arguments (la vieille peur de la « domination masculine », qui ici est en réalité le mouvement de l’homme souvent attendu par la femme). La sexualité sans la pénétration. C’est aussi une bonne contraception. C’est l’amour lesbien. Ce n’est pas la reproduction de l’espèce, ni l’acceptation positive des différences, ni la reconnaissance du droit de l’homme à vivre pleinement sa masculinité - qui passe d’évidence par le pénis - et ce n’est pas une valorisation du masculin différent.
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